Le Liban incite la Syrie à favoriser le retour des réfugiés

Des enfants réfugiés syriens marchent derrière une femme dans un camp installé à l’extérieur du village de Miniara, au nord du Liban, dans la région du Akkar, près de la frontière avec la Syrie, le 20 mai 2024. (AFP)
Des enfants réfugiés syriens marchent derrière une femme dans un camp installé à l’extérieur du village de Miniara, au nord du Liban, dans la région du Akkar, près de la frontière avec la Syrie, le 20 mai 2024. (AFP)
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Publié le Mercredi 29 mai 2024

Le Liban incite la Syrie à favoriser le retour des réfugiés

  • Le Premier ministre, Najib Mikati, a déclaré que, pour la première fois, le Liban disposait d’un «plan d'action clair et spécifique» sur la question des réfugiés syriens
  • «Le retour volontaire se fait sur la base du volontariat justement; les réfugiés ne devraient pas y être contraints», déclare Josep Borrell

BEYROUTH: Le Liban a intensifié ses efforts en faveur du retour des réfugiés syriens dans leur pays d’origine avec l’annonce de la création d’un comité ministériel chargé de négocier directement avec le gouvernement syrien à ce sujet.

Le vice-Premier ministre libanais, Saadeh al-Chami, dirigera le comité, qui a été créé mardi lors d’une réunion du gouvernement visant à accélérer le processus de rapatriement.

S’exprimant à l’issue d'une conférence à Bruxelles lundi sur l’avenir de la Syrie et de la région, le Premier ministre, Najib Mikati, a déclaré que, pour la première fois, le Liban disposait d’un «plan d’action clair et spécifique» sur la question des réfugiés syriens.

M. Mikati indique que le ministre des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, qui représentait le Liban au forum de Bruxelles, a appelé à trouver des zones sûres en Syrie afin que le processus de retour puisse commencer le plus rapidement possible.

Les ministres arabes des pays accueillant des réfugiés syriens, notamment la Jordanie, l’Irak et l’Égypte, ont été invités à se mettre d’accord sur un plan commun pour communiquer avec le gouvernement syrien et «soutenir un redressement rapide en Syrie».

«Lors de la conférence, le Liban a souligné la nécessité de fournir un soutien pour encourager les Syriens à rentrer dans leur pays», précise Najib Mikati.

Dans son discours, M. Bou Habib met l’accent sur la coopération continue du Liban, et non la confrontation, avec les organisations internationales affiliées à l’ONU.

Les bailleurs de fonds internationaux, menés par l’Union européenne (UE), se sont engagés, à la fin de la conférence, à fournir 5,4 milliards de dollars (1 dollar = 0,92 euro) aux Syriens vivant en Syrie et aux réfugiés dans la région, en plus de 2,5 milliards de dollars de prêts à taux réduits aux pays d’accueil.

Le Liban estime qu’il y a au moins deux millions de réfugiés syriens dans le pays, y compris ceux enregistrés auprès du HCR, les travailleurs, les résidents légaux et ceux entrés illégalement.

L’hostilité envers les réfugiés syriens au Liban s’est aggravée après l’enlèvement et le meurtre de Pascal Sleiman, un responsable local du parti des Forces libanaises.

Au cours des deux derniers mois, les discours de haine contre les réfugiés syriens se sont intensifiés et des restrictions de travail leur ont été imposées pour accélérer leur retour.

Le Liban poursuit son projet de rapatriement des Syriens entrés illégalement dans le pays, organisant des retours volontaires. Cependant, la participation reste faible, avec seulement deux cent vingt-cinq personnes qui ont rejoint un convoi il y a deux semaines.

À l’ouverture de la conférence de Bruxelles, le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, a rejeté toute discussion sur le retour des réfugiés en Syrie.

«Nous considérons qu’il n’existe actuellement aucun retour sûr, volontaire et digne des réfugiés en Syrie», a-t-il déclaré.

«Le retour volontaire se fait sur la base du volontariat justement; les réfugiés ne devraient pas y être contraints. La situation en Syrie est aujourd’hui plus périlleuse qu’il y a un an. Les besoins humanitaires n’ont jamais été aussi grands et les efforts en faveur d’une solution politique demeurent dans l’impasse.»

Dans le même temps, les forces de sécurité libanaises continuent d’expulser des familles syriennes vivant dans des logements illégaux à l’intérieur des villes et villages du mont Liban et du nord, dans le cadre d’une campagne de répression.

Mardi, quelque mille Syriens à Koubba, dans la région de Batroun, au nord du Liban, ont été expulsés sur ordre de Ramzi Nohra, le gouverneur du Liban-Nord.

En amont de la conférence de Bruxelles, Amnesty International a exhorté les participants à «veiller à ce que les fonds promis pour soutenir les réfugiés syriens au Liban ne contribuent pas à des violations des droits humains, notamment à des expulsions forcées vers la Syrie».

L’association de défense des droits humains a cité des réfugiés au Liban affirmant qu’ils «vivent dans la peur, évitent de quitter leur foyer, d’aller travailler ou d’envoyer leurs enfants à l’école».

Des dizaines de municipalités ont imposé des couvre-feux aux réfugiés syriens et fermé de nombreuses petites entreprises et magasins employant des Syriens ou gérés par ces derniers dans tout le pays.

La direction générale de la Sûreté générale du Liban a suspendu les procédures d’octroi ou de renouvellement des permis de séjour par le biais de contrats de location, de parrainage libanais ou de garanties financières. Elle a également mis en garde contre le recrutement ou l’hébergement de réfugiés syriens sans papiers.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Netanyahu annonce l'envoi d'un représentant israélien pour une rencontre avec des responsables au Liban

Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
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  • M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban"
  • Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mercredi l'envoi d'un représentant pour une rencontre avec des responsables politiques et économiques au Liban, "première tentative pour établir une base de relations et de coopération économique entre Israël et le Liban".

M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban", indique un communiqué de son bureau.

Le texte ne précise pas quand cette rencontre doit avoir lieu.

Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban.

Accusant le mouvement islamiste Hezbollah de violer le cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an en se réarmant dans le sud du pays, l'armé israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban la semaine dernière sur ce qu'elle a présenté comme des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.