Sur les quais parisiens, LFI fait la fête pour préparer les européennes

Le député français de La France Insoumise lors d'un rassemblement pour protester contre une frappe israélienne contre un camp de Palestiniens déplacés à Rafah qui a tué 45 personnes (Photo, AFP).
Le député français de La France Insoumise lors d'un rassemblement pour protester contre une frappe israélienne contre un camp de Palestiniens déplacés à Rafah qui a tué 45 personnes (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 30 mai 2024

Sur les quais parisiens, LFI fait la fête pour préparer les européennes

  • De nombreux jeunes sont venus directement de la place de la République voisine, où une manifestation se tenait contre les frappes israéliennes sur Rafah
  • Quand un fan lui demande un selfie, Louis Boyard s'exécute et lui donne en échange un tract de soutien aux syndicalistes de MA France

PARIS: Le député Louis Boyard dansant sur scène sur de la musique palestinienne avec son collègue Sébastien Delogu, fraichement exclu de l'Assemblée. Pour mobiliser les jeunes à l'approche des européennes, les Insoumis ont étrenné mardi soir un nouveau rendez-vous, mélange de réunion politique et de soirée festive.

Sur les quais branchés du canal Saint-Martin, fréquentés par la jeunesse parisienne avide d'apéros, le député de 24 ans anime depuis un camion scène le premier de ces cinq "ManiFestivals" organisés par LFI dans des grandes villes de France avant l'élection du 9 juin.

Alors que la sono crache les derniers tubes d'Aya Nakamura, Jul ou DJ Snake, des centaines de militants ou de sympathisants du mouvement de gauche, le plus souvent une bière à la main, sont venus faire la fête avec les élus insoumis.

"Nous sommes la génération qui va la faire cette révolution!", lance Louis Boyard à la foule, ravie de l'entendre dire qu'il y avait dans les temps actuels "un air de mai 1968".

Devant la presse, l'ancien chroniqueur de Cyril Hanouna se défend de toute récupération politique: "Vous croyez que les jeunes vendent leur voix pour une teuf?".

"Les manifestations et les mouvements de lutte ce n'est pas que des trucs tristes avec des mines déterrées", ajoute l'élu du Val-de-Marne, qui se réjouit d'une "convergence des luttes".

Quand un fan lui demande un selfie, Louis Boyard s'exécute et lui donne en échange un tract de soutien aux syndicalistes de MA France, présents à ses côtés.

Face à la scène, Guillaume, un militant de 30 ans venu de Nanterre avec des amis, apprécie ce nouveau type d'évènement.

"On ne renie pas les formes classiques de militantisme, mais c'est bien d'ajouter de nouvelles choses. Une manif-fête c'est marrant", détaille-t-il, en soulignant que la période s'y prête: "C'est la bonne saison, en ce moment tout le monde a envie de se poser en terrasse".

«Danse pour la Palestine»

De nombreux jeunes sont venus directement de la place de la République voisine, où une manifestation se tenait contre les frappes israéliennes sur Rafah.

"Il faut aussi danser pour la société palestinienne", lance le DJ au public, alors que l'ambiance festive de l'évènement tranche avec la gravité de la situation à Gaza, qualifiée de "génocide" par les Insoumis.

"On est venu pour l'ambiance, mais avant tout pour soutenir la cause palestinienne", explique Guillaume, le militant venu de Nanterre, bien conscient du "télescopage des deux actualités".

Présent au "ManiFestival", Sébastien Delogu, exclu de l'Assemblée quelques heures plus tôt pour avoir brandi un drapeau palestinien dans l'hémicycle, est acclamé à son arrivée sur scène.

Quand il décrit les vidéos des victimes gazaouies et demande des sanctions contre Israël, le silence se fait.

"On est censé faire la fête pardon", se reprend-il avant que la musique ne reprenne de plus belle quelques instants plus tard.

"Aujourd'hui on danse et on fait du bruit pour la Palestine", abonde en arrivant la tête de liste insoumise pour les élections européennes, Manon Aubry.

La fête coute cher

Sur scène, l'eurodéputée s'ambiance sur un morceau de techno, "Abattez la citadelle", qui remixe des extraits de discours de Jean-Luc Mélenchon.

"On veut faire de la politique avec les codes de la jeunesse", explique-t-elle à la presse, assurant que même dans cette démarche festive, il existe un message politique.

"Pour les jeunes faire la fête coûte cher, aller dans les bars coûte cher, aller dans les festivals aussi", détaille-t-elle.

Si elle fait des bons scores parmi les moins de 30 ans, La France insoumise reste consciente que cet électorat est difficile à mobiliser, notamment pour des élections européennes. Ce qui risque de pénaliser le score de la formation de gauche radicale, créditée d'environ 8% dans les sondages.

Le parti tente donc de mettre toutes les chances de son côté: il doit sortir mercredi un jeu pour ordinateur et smartphone, également appelé "Abattez la citadelle", dans lequel à l'aide de tortues, l'animal totem de Jean-Luc Mélenchon, le joueur doit venir à bout des adversaires de LFI.


Les députés approuvent la mise en place d'une taxe de deux euros pour les «petits colis»

L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
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  • La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes"
  • Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites

PARIS: L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits.

208 députés contre 87 ont approuvé cette mesure proposée par le gouvernement dans le cadre de l'examen en première lecture du budget de l'Etat. Le RN a voté contre, la gauche, la coalition gouvernementale et le groupe ciottiste UDR, allié de Marine Le Pen, pour.

La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", quand la ministre Amélie de Montchalin (Comptes publics) a défendu une "redevance" destinée à contrôler des produits souvent "dangereux".

Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites.

"Ce n'est pas une taxe pour empêcher la concurrence déloyale chinoise, c'est une taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", a dénoncé le député Jean-Philippe Tanguy (RN).

"Faire croire aux Français qu'en taxant les petits colis, vous arriverez à augmenter de manière spectaculaire le nombre de contrôles, c'est se moquer du monde", a renchéri la présidente du groupe, Marine Le Pen, soulignant que "l'année dernière, 0,125 % de colis ont été vérifiés".

La France insoumise s'est également dite soucieuse des répercussions de la taxe sur les consommateurs, exigeant pour les protéger que les plateformes soient taxées directement et non les colis, et menaçant de voter contre la mesure.

Le gouvernement a déposé un amendement destiné à répondre à cette préoccupation, permettant que la taxe soit payée via "le tuyau de la TVA", qui est "alimenté par les plateformes". Cela a convaincu LFI de soutenir la proposition gouvernementale.

La taxe devrait rapporter environ 500 millions d'euros, destinés selon Mme de Montchalin à financer l'achat de scanners pour contrôler les colis et embaucher des douaniers.

Elle s'est félicitée que la France mette en oeuvre la taxe "dès le 1er janvier", comme la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, neuf mois plus tôt que les autres pays de l'UE.

"Ceux qui ce soir ne voteront pas cette taxe (...) n'ont pas choisi la France, ils n'ont pas choisi nos commerçants, ils auront choisi la Chine et sa submersion", a-t-elle tonné.

Elle a par ailleurs rappelé que les ministres des Finances de l'Union européenne se sont accordés la semaine dernière pour supprimer l'exonération de droits de douane dont bénéficient ces petits colis.

Juste avant minuit, les députés ont en revanche supprimé un autre article du projet de loi, visant à fiscaliser l'ensemble des produits à fumer, avec ou sans tabac ou nicotine.

"Nous sommes 700. 000 personnes à avoir réussi à arrêter de fumer grâce à la cigarette électronique", une alternative efficace pour "sauver des vies" qui est "bien moins dangereuse que la cigarette", a argumenté le député Renaissance Pierre Cazeneuve. Parmi elles, de nombreux députés, dont lui-même.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).