Ukraine: l'Otan écarte les menace russes d'escalade

Des policiers inspectent un immeuble de bureaux lourdement endommagé à la suite d'une frappe aérienne russe à Kharkiv, le 25 mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. Une autre frappe a touché le centre de Kharkiv, faisant 14 blessés dans une zone où se trouvent un bureau de poste, un salon de coiffure et un café, a déclaré le maire de la ville, Igor Terekhov. (Photo de SERGEY BOBOK / AFP)
Des policiers inspectent un immeuble de bureaux lourdement endommagé à la suite d'une frappe aérienne russe à Kharkiv, le 25 mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. Une autre frappe a touché le centre de Kharkiv, faisant 14 blessés dans une zone où se trouvent un bureau de poste, un salon de coiffure et un café, a déclaré le maire de la ville, Igor Terekhov. (Photo de SERGEY BOBOK / AFP)
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Publié le Vendredi 31 mai 2024

Ukraine: l'Otan écarte les menace russes d'escalade

  • Trois personnes ont été tuées et 23 blessées dans des frappes russes sur la ville de Kharkiv située dans le nord-est de l'Ukraine
  • Selon un rapport du Pentagone, publié mercredi, la Russie emploie des missiles balistiques nord-coréens en Ukraine

PRAGUE: Le secrétaire général de l'Otan a écarté vendredi à Prague les menaces russes d'escalade après que Joe Biden a autorisé Kiev à attaquer des cibles en Russie pour défendre la ville ukrainienne de Kharkiv, massivement bombardée par les forces de Moscou à l'offensive.

"Il n'y a rien de nouveau", "cela fait partie des efforts" du président russe Vladimir Poutine "pour empêcher les alliés de l'Otan de soutenir l'Ukraine", a-t-il déclaré avant le début d'une réunion de l'Otan.

Trois personnes ont été tuées et 23 blessées dans des frappes russes sur la ville de Kharkiv située dans le nord-est de l'Ukraine, non loin de la frontière russe, ont annoncé vendredi les autorités régionales.

Des missiles S-300 et S-400 ont été lancés depuis le territoire de la région de Belgorod, en Russie, frontalière de l'Ukraine, selon le bureau du procureur régional, qui fait état de cinq frappes.

D'autres personnes pourraient toujours se trouver sous les décombres, a précisé le maire de la deuxième ville d'Ukraine, Igor Terekhov.

Kharkiv est la cible quasi-quotidienne de bombardements venant principalement du territoire russe, dans le cadre de l'offensive lancée début mai dans la région par Moscou, qui gagne du terrain face à une armée ukrainienne en difficulté.

Et une attaque massive de missiles sur Kiev a été lancée dans la nuit de jeudi à vendredi mais tous ont été abattus, selon l'administration militaire de la capitale ukrainienne.

Berlin autorise l'Ukraine à utiliser des armes allemandes contre des cibles en Russie

L'Allemagne autorise l'Ukraine à utiliser des armes allemandes contre des cibles militaires en Russie pour se défendre des attaques lancées par Moscou notamment dans la région de Kharkiv, a annoncé vendredi le porte-parole du chancelier Olaf Scholz.

"L'Ukraine a le droit, garanti par la législation internationale, de se défendre contre ces attaques. Pour ce faire, elle peut également utiliser les armes fournies à cet effet", "y compris celles que nous avons livrées", a déclaré Steffen Hebestreit dans un communiqué.

"Ces dernières semaines, la Russie a préparé, coordonné et exécuté des attaques, en particulier dans la région de Kharkiv, à partir de positions situées dans la zone frontalière russe immédiatement adjacente", a-t-il précisé.

"Ensemble, nous sommes convaincus que l'Ukraine a le droit, garanti par le droit international, de se défendre contre ces attaques", a ajouté M. Hebestreit.

L'Allemagne, comme d'autres pays alliés, avait jusqu'ici exclu l'usage des armements qu'elle fournit à Kiev sur le territoire russe, par crainte d'une escalade, avec en filigrane la menace de l'utilisation de l'arme nucléaire par le président russe Vladimir Poutine.

Mais plusieurs pays ont désormais fait évoluer leur position, dont la France et depuis jeudi les États-Unis, mettant le chancelier sous pression.

Lors d'une conférence de presse commune en Allemagne avec Emmanuel Macron mardi, il était encore resté évasif, déclarant que l'Ukraine avait le droit de se défendre en vertu du droit international, sans spécifier si cela incluait l'emploi d'armes occidentales sur des sites militaires en Russie.

Feu vert de Biden 

Face à ces événements, le président américain Joe Biden, qui s'y refusait jusqu'ici, a donné jeudi son feu vert pour que l'Ukraine frappe sous certaines conditions des cibles sur le sol russe, dans la région de Kharkiv, a indiqué jeudi un responsable américain.

"Le président a donné pour mission à son équipe de faire en sorte que l'Ukraine puisse utiliser des armes américaines afin de contre-attaquer dans la région de Kharkiv, de manière à riposter lorsque les forces russes les attaquent ou se préparent à les attaquer", a rapporté cette source.

Ce responsable, qui a requis l'anonymat, a toutefois ajouté que les Etats-Unis continuaient à s'opposer à des frappes ukrainiennes en profondeur sur le territoire russe. "Notre position d'interdiction de l'utilisation d'ATACMS ou de frappes en profondeur à l'intérieur de la Russie n'a pas changé", a-t-il affirmé.

Les ATACMS sont des missiles de longue portée fournis par les Américains à l'Ukraine, pouvant aller jusqu'à 300 km de distance.

M. Stoltenberg, qui pousse les capitales occidentales à lever des restrictions qui "lient les mains dans le dos des Ukrainiens", a minimisé vendredi la portée de la décision américaine en soulignant que des armes occidentales avaient déjà été livrées sans aucune restriction sur leur usage.

"Le Royaume-Uni par exemple fournit déjà des missiles Storm Shadow depuis longtemps sans aucune restriction", a-t-il souligné.

Une position à laquelle se sont ralliés plusieurs pays, dont la France.

Le Kremlin a pour sa part reproché à l'Alliance atlantique de lancer "un nouveau cycle d'escalade".

En riposte aux attaques russes, l'Ukraine a lancé dans la nuit de jeudi à vendredi des attaques de drones visant notamment la ville portuaire de Novorossiïsk et un dépôt pétrolier à Temriouk dans la région de Krasnodar, dans le sud de la Russie, où un important incendie s'est déclaré avant d'être circonscrit quelques heures plus tard, selon les autorités locales.

La frappe à Temriouk a fait plusieurs blessés parmi les employés du dépôt pétrolier, a précisé sur Telegram le gouverneur de la région de Krasnodar, Veniamine Kondratiev.

Le ministère russe de la Défense a annoncé vendredi qu'un total de 29 drones ukrainiens avaient été neutralisés dans cette région de Krasnodar, riche en stations balnéaires prisées par les Russes l'été.

A Novorossiïsk, la frappe "n'a pas fait de victimes, ni de blessés, grâce à la réaction éclair" des militaires qui ont "repoussé l'attaque", selon le maire de la ville, Andreï Kravtchenko.

Aide militaire allemande 

Le ministre de la Défense allemand, Boris Pistorius, a promis jeudi un nouveau paquet d'aide militaire d'une valeur de 500 millions d'euros à l'Ukraine, dont de "l'artillerie", de la "défense aérienne" et "des drones" pour la reconnaissance et le combat en mer Noire, lors d'une visite non annoncée à Odessa, ville portuaire du sud de l'Ukraine, où il s'est entretenu avec son homologue Roustem Oumerov.

Mercredi, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait laissé entendre que les Etats-Unis avaient infléchi leur position en termes de frappes ukrainiennes sur le sol russe.

"Alors que les conditions ont changé, alors que le champ de bataille a changé, alors que la Russie a modifié la manière de conduire son agression, nous nous sommes adaptés et ajustés et je suis convaincu que nous continuerons de le faire", avait-il dit à la presse lors d'une visite en Moldavie, pays frontalier de l'Ukraine.

Selon un rapport du Pentagone, publié mercredi, la Russie emploie des missiles balistiques nord-coréens en Ukraine - au vu de l'examen de débris retrouvés en janvier dans la région de Kharkiv, qui provenaient d'un missile balistique de courte portée produit en Corée du Nord.

De son côté Pékin, qui a assuré ne fournir d'armes à aucune partie dans le conflit, a jugé vendredi "difficile" de "participer" au sommet international sur l'Ukraine prévu en Suisse pour les 15 et 16 juin, sans présence russe.


Ukraine: une proposition sur les concessions territoriales soumises à Trump (Merz)

Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
Des délégués de pays européens assistent à une commémoration en l'honneur des défenseurs tombés au combat en Ukraine, dans un cimetière militaire à Lviv, en Ukraine. (AFP)
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  • L’Allemagne a transmis à Washington une proposition portant sur de possibles concessions territoriales ukrainiennes, tout en soulignant que seules les autorités ukrainiennes peuvent en décider
  • Les Européens cherchent à influencer les négociations de paix sans céder aux exigences russes, tandis que Washington presse pour une avancée rapide dans les discussions

BERLIN: Une proposition concernant des concessions territoriales ukrainiennes dans le cadre d'un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine ont été soumises mercredi au président américain Donald Trump, a annoncé jeudi le chancelier allemand Friedrich Merz.

"Il existe une proposition dont (M. Trump) n'avait pas encore connaissance au moment où nous nous sommes entretenus au téléphone (mercredi), car elle n'avait pas encore été transmise aux Américains. Nous l'avons fait hier en fin d'après-midi. Il s'agit avant tout de (savoir) quelles concessions territoriales l'Ukraine est prête à faire", a déclaré M. Merz lors d'une conférence de presse à Berlin avec le secrétaire général de l'Otan, Mark Rutte.

Le chancelier n'a pas apporté de précisions, relevant que c'est "au président ukrainien et au peuple ukrainien" de répondre à cette question.

M. Merz, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keith Starmer se sont entretenus mercredi avec M. Trump.

Les Européens, qui font bloc autour de Kiev, tentent de peser sur les pourparlers visant à mettre fin à la guerre en Ukraine sans céder pour autant aux revendications maximalistes de la Russie.

Le président Trump s'est lui montré impatient, disant avoir eu des "mots assez forts" lors de l'entretien, et prévenant que les États-Unis ne voulaient "pas perdre (leur) temps".

M. Merz a, lui, décrit "un entretien téléphonique très constructif au cours duquel les positions respectives ont été clairement exposées et le respect mutuel exprimé".

Selon de hauts responsables ukrainiens interrogés par l'AFP mercredi, l'Ukraine a envoyé à Washington une nouvelle version du plan de sortie du conflit, sans en divulguer les détails.

La proposition américaine initiale était jugée bien trop favorable à Moscou, celle-ci prévoyant notamment de céder à la Russie des territoires ukrainiens qu'elle n'a pas conquis.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a confirmé mardi que le plan en cours d'élaboration avait été divisée en trois documents: un accord-cadre en 20 points, un document sur la question des garanties de sécurité et un autre sur la reconstruction de l'Ukraine après la guerre.

Le chancelier allemand a, lui, relevé jeudi que le plan devant poursuivre trois objectifs: un cessez-le-feu, des garanties de sécurité "robustes" pour l'Ukraine et une solution négociée préservant les intérêts sécuritaires européens, Moscou étant considéré comme la menace continentale.


Macron, Starmer et Merz se sont entretenus avec Trump sur l'Ukraine

Le chancelier allemand Friedrich Merz, le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président français Emmanuel Macron s'assoient avant une réunion au 10 Downing Street, dans le centre de Londres, le 8 décembre 2025. (AFP)
Le chancelier allemand Friedrich Merz, le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le président français Emmanuel Macron s'assoient avant une réunion au 10 Downing Street, dans le centre de Londres, le 8 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a tenu un appel de 40 minutes avec Donald Trump, Keir Starmer et Friedrich Merz pour discuter des efforts de médiation américains et d’une solution durable au conflit en Ukraine
  • Les dirigeants ont souligné un moment critique pour l’Ukraine et la sécurité euro-atlantique

PARIS: Emmanuel Macron a annoncé mercredi s'être entretenu au téléphone avec le président américain Donald Trump et d'autres dirigeants européens au sujet de l'Ukraine, "pour essayer d'avancer".

L'appel a duré 40 minutes, selon le président français. Le Premier ministre britannique Keir Starmer et le chancelier allemand Friedrich Merz ont pris part aussi à cet entretien, a précisé l'Élysée à l'AFP.

De même source, les dirigeants ont "discuté des derniers développements de la médiation engagée par les Etats-Unis et salué leurs efforts pour parvenir à une paix robuste et durable en Ukraine et mettre fin aux tueries".

"Ce travail intensif se poursuit et va se poursuivre dans les prochains jours", a ajouté l'Élysée. "Ils ont convenu qu'il s'agissait d'un moment critique pour l'Ukraine, pour son peuple et pour la sécurité commune de la région euro-atlantique", a-t-on complété.

Les trois dirigeants européens se sont réunis lundi à Londres avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, pour lui apporter leur soutien appuyé au moment où il est de nouveau sous la pression des États-Unis pour faire des concessions afin de mettre fin à la guerre avec la Russie.

Emmanuel Macron et Keir Starmer doivent aussi présider jeudi une nouvelle réunion, par visioconférence, de la "coalition des volontaires", qui rassemble les soutiens de Kiev disposés à lui apporter des "garanties de sécurité" dans le cadre d'un éventuel futur cessez-le-feu ou accord de paix.


Guerre au Soudan: Washington sanctionne un réseau colombien

Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
Les membres des Forces de soutien rapide célèbrent la prise d'El-Fasher en octobre. Les États-Unis ont sanctionné des individus et des entreprises pour leur implication présumée dans un réseau recrutant d'anciens militaires colombiens afin d'aider le groupe paramilitaire soudanais. (AFP/Fichier)
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  • Les États-Unis sanctionnent un réseau majoritairement colombien accusé de recruter d’anciens militaires — y compris des enfants soldats — pour soutenir les Forces de soutien rapide (FSR) au Soudan
  • Washington intensifie ses efforts diplomatiques avec l’Égypte, l’Arabie saoudite et d’autres partenaires pour obtenir une trêve

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé mardi des sanctions à l'encontre d'un réseau principalement colombien, qui recrute des combattants en soutien aux forces paramilitaires au Soudan, tout en poursuivant leurs efforts diplomatiques en vue d'une trêve dans ce pays ravagé par la guerre.

Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio s'est entretenu ce même jour avec ses homologues égyptien Badr Abdelatty et saoudien Fayçal ben Farhane, sur "la nécessité urgente de faire progresser les efforts de paix au Soudan", a indiqué le département d'Etat dans des communiqués.

La guerre au Soudan, qui a éclaté en avril 2023 et oppose les forces paramilitaires à l'armée soudanaise du général Abdel Fattah al-Burhane, a fait des milliers de morts et déplacé des millions de personnes, plongeant le pays dans la "pire crise humanitaire" au monde selon l'ONU.

Washington a récemment durci le ton vis-à-vis des Forces de soutien rapide (FSR), et appelé à l'arrêt des livraisons d'armes et le soutien dont bénéficient les FSR, accusés de génocide au Soudan.

Les efforts diplomatiques en faveur d'une trêve se sont récemment intensifiés, notamment de la part du président Donald Trump qui s'est dit "horrifié" par les violences dans le pays, sans résultat pour le moment.

Concernant le réseau sanctionné, il "recrute d'anciens militaires colombiens et forme des soldats, y compris des enfants, pour combattre au sein du groupe paramilitaire soudanais", selon un communiqué du département du Trésor.

"Les FSR ont montré à maintes reprises qu'elles étaient prêtes à s'en prendre à des civils, y compris des nourrissons et des jeunes enfants", a déclaré John Hurley, sous-secrétaire au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, cité dans le communiqué.

Les sanctions américaines visent quatre personnes et quatre entités, dont Alvaro Andres Quijano Becerra, un ressortissant italo-colombien et ancien militaire colombien basé dans les Emirats, qui est accusé de "jouer un rôle central dans le recrutement et le déploiement d'anciens militaires colombiens au Soudan".

Ces sanctions consistent essentiellement en une interdiction d'entrée aux Etats-Unis, le gel des éventuels avoirs et interdit de leur apporter un soutien financier ou matériel.

Selon Washington, depuis septembre 2024, des centaines d'anciens militaires colombiens ont combattu au Soudan aux côtés des FSR.

Ils ont participé à de nombreuses batailles, dont la récente prise d'El-Facher, la dernière grande ville du Darfour (ouest) tombée dans les mains des FSR fin octobre.