Cercueils à la Tour Eiffel: les trois suspects, placés sous le statut de témoin assisté, demeurent libres

Les trois hommes soupçonnés d'avoir déposé des cercueils samedi au pied de la tour Eiffel, dans une possible opération d'ingérence étrangère, ont échappé lundi à une mise en examen et demeurent libres. (AFP).
Les trois hommes soupçonnés d'avoir déposé des cercueils samedi au pied de la tour Eiffel, dans une possible opération d'ingérence étrangère, ont échappé lundi à une mise en examen et demeurent libres. (AFP).
Short Url
Publié le Lundi 03 juin 2024

Cercueils à la Tour Eiffel: les trois suspects, placés sous le statut de témoin assisté, demeurent libres

  • Les trois hommes sont le chauffeur de véhicule ayant transporté les cercueils, de nationalité bulgare et âgé de 38 ans, et deux autres hommes, l'un âgé de 25 ans, né en Allemagne, l'autre, de 17 ans, né en Ukraine
  • "L'interrogatoire de première comparution de mon client est terminé, j'ai obtenu son placement sous le statut de témoin assisté", a indiqué à l'AFP, Me Assia Kaci, l'avocate du ressortissant allemand

PARIS: Les trois hommes soupçonnés d'avoir déposé des cercueils samedi au pied de la tour Eiffel, dans une possible opération d'ingérence étrangère, ont échappé lundi à une mise en examen et demeurent libres.

"Le juge d’instruction a placé sous le statut de témoin assisté les trois personnes qui lui ont été présentées, ne retenant pas la qualification de violences pour les faits reprochés", a indiqué lundi soir le parquet de Paris, qui avait requis la mise en examen pour "violences avec préméditation" de ces trois mis en cause de nationalité étrangère.

"Ces personnes demeurent donc libres. Il appartient au juge d’instruction de décider des suites qu’il entend apporter à sa saisine", a ajouté le parquet.

Les trois hommes sont le chauffeur de véhicule ayant transporté les cercueils, de nationalité bulgare et âgé de 38 ans, et deux autres hommes, l'un âgé de 25 ans, né en Allemagne, l'autre, de 17 ans, né en Ukraine.

"L'interrogatoire de première comparution de mon client est terminé, j'ai obtenu son placement sous le statut de témoin assisté", a indiqué à l'AFP, Me Assia Kaci, l'avocate du ressortissant allemand.

Me Marie Debien, avocate du chauffeur bulgare, s'est dite satisfaite de la décision du juge, "qui est conforme à la réalité du dossier", alors que le parquet avait "sollicité le placement en détention provisoire" de son client.

"Mon client se tient à la disposition de la justice française pour faire toute la lumière sur ces faits", a-t-elle ajouté à l'AFP.

Vers 09H00 samedi, sur le quai Branly, ces trois personnes ont déposé "cinq cercueils de taille réelle recouverts d'un drapeau français, avec mention +soldats français de l'Ukraine+", avait indiqué une source proche du dossier à l'AFP.

Les cercueils "contenaient du plâtre", avait-elle ajouté.

Le chauffeur de la camionnette a ensuite été "interpellé aux abords" de la tour Eiffel, selon cette source.

L'exploitation de son téléphone a démontré un lien avec un homme, lui aussi de nationalité bulgare et qui avait été "identifié" par les enquêteurs dans l'affaire des tags "mains rouges" sur le Mémorial de la Shoah mi-mai, a précisé une source policière.

Deux autres personnes ont ensuite été interpellées vers 16H00 à la gare routière de Bercy, alors qu'elles s'apprêtaient à "prendre un bus pour Berlin", selon la source proche du dossier.

Payés 400 euros 

Entendu, le conducteur a affirmé aux policiers ne pas connaître les deux jeunes ayant déchargé les cercueils. Il a dit les avoir rencontrés "la veille avec les cercueils et leur avait demandé de les ouvrir pour s'assurer qu'aucun corps n'était présent", a détaillé à l'AFP une source policière.

Les deux plus jeunes ont déclaré s'être "rencontrés une fois à Berlin mais être venus séparément en France", a ajouté cette source.

Tous trois ont dit "être sans emploi et avoir besoin d'argent", a encore dit la source policière. Le conducteur a déclaré "avoir été payé 120 euros pour cette mission et les jeunes 400 euros".

Les investigations ont été confiées à la Sûreté territoriale de Paris. L'enquête devra établir "une éventuelle ingérence étrangère", avait dit dimanche la source proche du dossier.

Le dépôt des cinq cercueils est "considéré comme un geste de violence psychologique, n'ayant pas causé d'incapacité de travail", avait précisé le parquet de Paris lundi matin. Ce délit est passible d'une peine de 3 ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende.

Cet incident fait écho à deux récentes affaires où existent les mêmes soupçons de manipulation étrangère.

Dans la nuit du 13 au 14 mai, des mains rouges avaient été taguées sur le mémorial de la Shoah à Paris et les policiers soupçonnent trois personnes ayant fui à l'étranger.

En octobre, après le début de la guerre Israël-Hamas, des étoiles de David avaient été taguées sur plusieurs façades d'immeubles en région parisienne. Les faits, pour lesquels un couple de Moldaves a été interpellé, ont été imputés par les autorités françaises aux services de sécurité russes (FSB).

Dans les deux cas, ce sont "des commanditaires payés pour déstabiliser et appuyer sur les clivages de la société française", a estimé mi-mai le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné.

 


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
Short Url
  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
Short Url
  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Short Url
  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.