Européennes: dernier jour de campagne, les oppositions ciblent Macron

Un volontaire du parti d'extrême droite français Rassemblement National (RN) colle une affiche de campagne du président du parti et principal candidat aux élections au Parlement européen Jordan Bardella à Lyon le 6 mai 2024, avant les élections du Parlement européen du 9 juin. (Photo de JEFF PACHOUD / AFP)
Un volontaire du parti d'extrême droite français Rassemblement National (RN) colle une affiche de campagne du président du parti et principal candidat aux élections au Parlement européen Jordan Bardella à Lyon le 6 mai 2024, avant les élections du Parlement européen du 9 juin. (Photo de JEFF PACHOUD / AFP)
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Publié le Vendredi 07 juin 2024

Européennes: dernier jour de campagne, les oppositions ciblent Macron

  • "Si demain la France envoie une très grande délégation d'extrême droite, si d'autres grands pays le font, l'Europe peut se retrouver bloquée", a averti le président
  • A chaque fois qu'Emmanuel Macron parle, il crée des électeurs pour le Rassemblement national", a taclé Marine Le Pen sur RTL

PARIS: Dernier jour d'une campagne tendue pour les élections européennes: les candidats multiplient les interventions, les oppositions ciblant particulièrement Emmanuel Macron accusé d'avoir instrumentalisé les commémorations du Débarquement avec son interview télévisée jeudi soir.

La campagne officielle s'arrêtera à 23h59 avant le vote qui débutera samedi midi en outre-mer, puis dimanche dans le reste de la France.

Les ultimes enquêtes confirment les tendances, avec 33% pour le Rassemblement national selon un sondage OpinonWay vendredi pour CNews, Europe 1 et le JDD, loin devant la majorité (15%) et la liste PS-Place publique (13%).

Jeudi soir, l'interview d'Emmanuel Macron sur TF1 et France 2 a rassemblé 7,6 millions de téléspectateurs, selon Médiamétrie. Le chef de l'Etat a estimé être "dans son rôle" en s'exprimant à trois jours du scrutin, en premier lieu pour appeler à voter en raison du fort niveau d'abstention attendu, autour de 50%.

Il a aussi justifié son intervention par la montée de l'extrême droite. "Si demain la France envoie une très grande délégation d'extrême droite, si d'autres grands pays le font, l'Europe peut se retrouver bloquée", a averti le président, appelant à "un sursaut" par "patriotisme" et mettant en garde contre "un vote défouloir".

Le chef de l'Etat s'est exprimé à Bayeux vendredi dans le cadre des cérémonies marquant les 80 ans du Débarquement en Normandie, avant de recevoir le président américain Joe Biden en visite d'Etat samedi.

Macron au service du RN pour Le Pen 

"A chaque fois qu'Emmanuel Macron parle, il crée des électeurs pour le Rassemblement national", a taclé Marine Le Pen sur RTL. "Je viens dire aux électeurs, mettez-lui des limites".

La présidente du RN, "opposée à l'envoi d'instructeurs sur le sol ukrainien", a accusé le chef de l'Etat "d'instrumentaliser le conflit ukrainien", notamment à travers la prise de parole de Volodymyr Zelensky à l'Assemblée nationale vendredi matin.

Ce duel entre Emmanuel Macron et le RN exaspère les autres candidats, "comme si c'était le débat auquel on était condamné pour toujours", a critiqué François-Xavier Bellamy sur Sud Radio.

"Le 9 juin au soir, il ne se passera rien. Jordan Bardella ment en disant +Votez pour moi et Macron va partir+", a commenté Eric Zemmour (Reconquête) sur Europe1/Cnews.

Interrogé sur les conséquences de l'élection, Emmanuel Macron a renvoyé aux résultats de dimanche soir : "J'aime bien faire les choses dans le bon ordre".

Pour conclure une campagne difficile, la tête de liste de la majorité Valérie Hayer participera à un banquet républicain dans la Mayenne, d'où elle est originaire, en compagnie du Premier ministre Gabriel Attal. "Le vote des pro-européens, le vote utile, le vote du bilan, le vote du projet, c'est nous", a lancé la tête de liste macroniste lors de son dernier meeting jeudi soir à Nice.

Son concurrent, Raphaël Glucksmann, tient lui son dernier meeting vendredi soir à Lille, avec le soutien de Martine Aubry, figure de la gauche et maire de la ville. "C'était important de terminer chez Martine Aubry, pour ce qu'elle incarne et pour son père", Jacques Delors, artisan de la construction européenne, décédé en décembre, a relevé un proche du candidat.

L'espoir néerlandais pour Glucksmann

M. Glucksmann voit un heureux présage dans un sondage sorti des urnes aux Pays-Bas où le centre-gauche est ressorti légèrement en tête devant le Parti de la liberté du populiste Geert Wilders, néanmoins en forte hausse par rapport à 2019.

"Aux Pays-Bas, on a réussi à être en tête (...) Nous sommes la digue et la résistance à l'extrême droite", a-t-il estimé sur franceinfo.

De son côté, la France insoumise, donnée autour de 8%, est persuadée que ses efforts dans les quartiers populaires, où elle s'est présentée comme "la liste pour la paix à Gaza", vont payer.

"Vous pouvez être fiers aussi d'avoir mené la campagne là où personne ne va, dans ces quartiers oubliés de la République", a déclaré Manon Aubry jeudi soir à Lyon en meeting avec Jean-Luc Mélenchon.

De son côté, l'écologiste Marie Toussaint, qui pourrait ne pas atteindre les 5% nécessaires pour envoyer des députés au Parlement européen, finira par un tractage à Bordeaux après avoir obtenu le vote de la tête de liste Pierre Larrouturou inquiet qu'il n'y ait plus d'écologistes à Strasbourg.

Quant au parti animaliste, il a reçu le soutien de Brigitte Bardot qui les a jugés "formidables" sur RTL. Reste à avoir si cela sera suffisant pour aller au-delà des 2,2% obtenus en 2019.


Mahmoud Abbas en visite présidentielle à Paris: déblayer et consolider la voie de la paix

Le président français Emmanuel Macron (à gauche) rencontre le président palestinien Mahmoud Abbas lors d'une réunion bilatérale en marge du sommet de paix de Charm el-Cheikh, dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, le 13 octobre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à gauche) rencontre le président palestinien Mahmoud Abbas lors d'une réunion bilatérale en marge du sommet de paix de Charm el-Cheikh, dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, le 13 octobre 2025. (AFP)
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  • Cette rencontre entre le président français Emmanuel Macron et Mahmoud Abbas s’inscrit dans un contexte international complexe, marqué par la fragilité du cessez-le-feu à Gaza
  • Fidèle à sa ligne d’équilibre, et dans le cadre de l’initiative franco-saoudienne qui a abouti à la déclaration de New York, la France entend poursuivre un rôle de médiateur pragmatique, évitant d’opposer ses démarches à celles des États-Unis

PARIS: Pour la première fois, Mahmoud Abbas est accueilli à l’Élysée en visite officielle en tant que président de l’État de Palestine, un changement de dénomination traduisant la reconnaissance officielle de la Palestine par la France et son engagement constant en faveur d’une solution politique durable fondée sur deux États vivant côte à côte, en paix et en sécurité.

Cette rencontre entre le président français Emmanuel Macron et Mahmoud Abbas s’inscrit dans un contexte international complexe, marqué par la fragilité du cessez-le-feu à Gaza, les débats au Conseil de sécurité autour de la mise en place d’une force internationale de stabilisation et les efforts soutenus de la communauté internationale pour engager la reconstruction et la revitalisation des institutions palestiniennes.

Fidèle à sa ligne d’équilibre, et dans le cadre de l’initiative franco-saoudienne qui a abouti à la déclaration de New York, la France entend poursuivre un rôle de médiateur pragmatique, évitant d’opposer ses démarches à celles des États-Unis tout en associant étroitement les pays arabes à la recherche d’une issue politique.

Relancer l’Autorité palestinienne et préparer les réformes

Au cœur de cette visite figure la revitalisation de l’Autorité palestinienne, un point mis en avant dans la lettre adressée le 9 juin par Mahmoud Abbas à Emmanuel Macron et au prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salman.
Paris, tout comme Riyad, considère que le renforcement de l’Autorité palestinienne est une condition essentielle à la reconstruction politique et sécuritaire de la Palestine, ainsi qu’à la restauration d’une gouvernance légitime, notamment dans la bande de Gaza.

« Il ne s’agit pas pour nous de choisir un dirigeant palestinien, mais de pousser à la tenue d’élections présidentielles et législatives », a précisé l’Élysée, rappelant que le processus électoral et la réforme de la gouvernance figurent parmi les engagements clés du président Abbas.

Ces réformes englobent plusieurs volets, dont la fin du dispositif dit Pay for Slay, déjà abrogé mais encore en phase d’audit, la révision des manuels scolaires menée en coordination avec l’Union européenne et l’Arabie saoudite, ainsi que la préparation d’élections générales dans un délai d’un an à compter du cessez-le-feu.

Pour Paris, il s’agit d’un test de crédibilité pour l’Autorité palestinienne, appelée à se montrer capable de gouverner, de réformer et de représenter l’ensemble du peuple palestinien dans un cadre pacifié et démocratique.

Autre dossier majeur au menu des discussions : la création d’une force internationale de stabilisation, débattue au Conseil de sécurité des Nations unies, visant à soutenir les forces de sécurité palestiniennes dans leur redéploiement à Gaza et à garantir le respect du cessez-le-feu.

Tout en rappelant qu’elle ne prendra aucune initiative unilatérale, la France y participe activement : trois officiers français sont déjà présents au sein de la cellule de coordination américaine déployée sur le terrain, et une équipe diplomatique et militaire supplémentaire doit être envoyée pour évaluer la contribution française.

Parallèlement, la question épineuse du désarmement du Hamas constitue une étape incontournable, mais elle doit, selon Paris, s’inscrire dans le cadre d’un processus politique global.
« Le Hamas a pris l’engagement d’un désarmement progressif dans le cadre du plan de cessez-le-feu ; il est essentiel que cet engagement soit tenu », insiste l’Élysée, qui souligne que la ligne jaune tracée sur le terrain n’a qu’une valeur temporaire, dans l’attente d’un retrait israélien complet, conditionné à la mise en œuvre du plan.

Entre médiation et fermeté diplomatique

Par ailleurs, si l’Élysée s’efforce d’éviter tout sujet de friction avec Israël, la préoccupation française face à l’accélération de la colonisation en Cisjordanie se fait plus explicite.
Paris dénonce « des développements préoccupants sur le terrain », notamment dans la vallée du Jourdain et autour d’Hébron, ainsi que l’augmentation des violences des colons contre les civils palestiniens.
La France appelle Israël à « y mettre un terme et à traduire les auteurs en justice », rappelant que la colonisation reste illégale au regard du droit international et compromet gravement la viabilité d’un futur État palestinien.

Au niveau européen, Paris plaide pour une réponse collective. Des discussions sont en cours à Bruxelles sur d’éventuelles mesures ciblées contre les colons violents, tout en veillant à ne pas rompre le fil du dialogue avec Jérusalem.

Sur le plan bilatéral, la visite de Mahmoud Abbas est aussi l’occasion d’évoquer la reconnaissance réciproque entre la France et la Palestine. Paris a déjà reconnu l’État palestinien, mais la conversion de la représentation palestinienne à Paris en ambassade ne sera effective que lorsque toutes les conditions fixées par Emmanuel Macron seront réunies : « la libération de l’ensemble des otages et le plein respect du cessez-le-feu ».

À ce jour, 24 dépouilles sur 28 ont été rendues, et l’Élysée reste ferme : « pas d’annonce diplomatique supplémentaire tant que les familles ne sont pas toutes fixées sur le sort de leurs proches ».

Fidèle à sa tradition diplomatique, la France cherche à préserver un équilibre délicat. Le président français soutient les efforts américains, notamment ceux du président Trump dans la mise en œuvre du plan en vingt points, tout en insistant pour que les mécanismes de ce plan soient pleinement appropriés par les Palestiniens eux-mêmes.

Paris veut ainsi maintenir une cohérence internationale autour de la solution à deux États, en cherchant à rétablir une unité territoriale palestinienne entre Gaza et la Cisjordanie.
Dans cette optique, la France soutient la mise en place rapide d’un comité technocratique palestinien chargé de gérer les affaires courantes à Gaza et de rétablir un cadre juridique unifié.

Enfin, la France entend jouer un rôle actif dans la conférence sur la reconstruction de Gaza, prévue au Caire d’ici la fin novembre. Paris y voit une opportunité d’associer l’aide humanitaire, le soutien budgétaire et la mobilisation des bailleurs internationaux.
L’Élysée plaide pour un plan de « reconstruction anticipée », qui tienne compte des besoins urgents de la population tout en s’inscrivant dans un horizon politique durable.

Emmanuel Macron défendra cette vision lors de sa déclaration à la presse : celle d’une paix réaliste, inclusive et partagée, fondée sur la coexistence de deux États et sur la participation des partenaires arabes et occidentaux.
« Il y a aujourd’hui une opportunité, même fragile, de trouver enfin une issue. Il faut que nous y contribuions tous », résume l’Élysée.


Budget de la Sécurité sociale: reprise des débats mercredi, dans des délais très difficiles à tenir

Les membres de l'Assemblée nationale française assistent à une session consacrée à l'examen du projet de loi de finances de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 8 novembre 2025. (AFP)
Les membres de l'Assemblée nationale française assistent à une session consacrée à l'examen du projet de loi de finances de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 à l'Assemblée nationale, à Paris, le 8 novembre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée nationale peine à boucler l’examen du budget de la Sécurité sociale avant l’échéance constitutionnelle de mercredi minuit, malgré des débats intenses et plusieurs centaines d’amendements restants
  • Le gouvernement veut transmettre au Sénat un texte intégrant tous les amendements votés, tandis que la suspension de la réforme des retraites occupera la reprise des débats mercredi

PARIS: L'Assemblée ira-t-elle au bout du budget de la Sécu? Les débats se sont interrompus dimanche à minuit avec plusieurs centaines d'amendements encore à étudier. Ils reprendront mercredi pour une ultime journée, en commençant par la suspension de la réforme des retraites, mais parvenir à un vote sur l'ensemble du texte dans les délais semble désormais extrêmement difficile.

Les députés auront en effet peu de temps pour arriver au bout des amendements avant d'atteindre la fin du délai constitutionnel réservé à l'Assemblée en première lecture, qui expire mercredi à minuit.

Le gouvernement s'est toutefois engagé à transmettre le texte au Sénat avec "tous les amendements votés", a indiqué dimanche la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin.

Samedi, les députés ont adopté sur le fil une partie "recettes" largement réécrite, après plusieurs jours de débats. Ils ont ensuite débuté l'examen du volet sur les "dépenses", lors de discussions souvent très approfondies et menées dans le calme.

Mais le calendrier est très contraint: quelque 380 amendements étaient encore au menu dimanche à minuit, avant deux journées de relâche en raison de l'Armistice du 11-Novembre.

Les débats ne reprendront que mercredi à 15H00, dans une plage horaire consacrée en priorité, sur décision du gouvernement, à l'article suspendant la réforme des retraites, promesse du gouvernement de Sébastien Lecornu pour tenter d'éloigner une censure du PS.

Une façon d'avoir le débat devant un hémicycle plein, en permettant aussi d'assurer que l'examen sur cette réforme très contestée puisse se tenir, alors qu'elle est normalement située en fin de texte.

- "Lisible" ? -

"Nous nous opposons à l'idée que la discussion puisse se terminer à l'Assemblée nationale sans vote", a déclaré dimanche soir dans l'hémicycle le coordinateur de LFI, Manuel Bompard.

"Il est possible de terminer l'examen du texte dans les 7H30 qui nous restent, à partir du moment où nous diminuons par deux le nombre d'amendements déposés", a-t-il ajouté, disant son groupe prêt à le faire.

Des demandes, notamment de LFI et des Ecologistes, pour prolonger la séance dans la nuit de dimanche à lundi ou pour l'ouvrir lundi n'ont pas recueilli de majorité.

"On ne sent pas un empressement de la part du gouvernement à aller au vote, ça c'est très clair", a par ailleurs jugé sur BFMTV Cyrielle Chatelain, patronne du groupe écologiste.

Un cadre du camp gouvernemental à l'Assemblée a lui aussi estimé que le gouvernement pouvait avoir envie que les débats ne se terminent pas, afin d'éviter un vote final risqué sur l'ensemble du texte. Et selon lui, le Parti socialiste peut avoir la même tentation.

"Ce n'est pas si grave" s'il n'y a pas de vote, "mais ce n'est pas si grave si on y va aussi", a estimé dimanche après-midi un député socialiste, soulignant que l'important serait surtout le "vote final en deuxième lecture". "Le problème de la période c'est est-ce que tout ça est lisible pour les gens à l'arrivée ?"

- Équation difficile -

Le scrutin très serré de samedi sur la partie "recettes", avec 176 voix pour et 161 contre, laisse présager une équation encore plus difficile en cas de vote sur l'ensemble du projet de loi.

Car le gouvernement a bénéficié sur les recettes de votes favorables des socialistes, et de quelques votes pour et d'abstentions de communistes et écologistes, soucieux de poursuivre les débats. Un rejet aurait en effet immédiatement interrompu les discussions, sans aborder les dépenses.

Mais le terreau ne sera peut-être pas aussi favorable sur l'ensemble du texte, alors que les oppositions ne votent traditionnellement pas pour les budgets, marqueurs politiques du gouvernement.

LFI entend une nouvelle fois "rejeter ce budget", a prévenu M. Bompard. Et le Rassemblement national, opposé à la partie "recettes" et à une hausse de la CSG sur le patrimoine décrochée par la gauche, a annoncé qu'il voterait contre l'ensemble du texte.

Sur le fond, les députés ont approuvé dimanche la création d'un "réseau France Santé" proposé par Sébastien Lecornu pour améliorer l'accès aux soins, mais accueilli très froidement par la gauche.

Ils ont également adopté des mesures visant à réduire des tarifs jugés excessifs dans certains secteurs médicaux particulièrement rentables, mais repoussé un article supposé limiter les dépassements d'honoraires des médecins.

L'Assemblée a enfin adopté une limitation de la durée des arrêts de travail, à un mois pour une première prescription et deux mois pour un renouvellement. Les médecins pourront toutefois déroger au plafond prévu.


Sorti de prison, Nicolas Sarkozy assure que la «vérité triomphera»

Les avocats de l'ancien président français Nicolas Sarkozy, dont Christophe Ingrain (au premier plan à gauche) et Jean-Michel Darrois (au second plan à droite), ainsi que ses conseillers en communication Guillaume Didier (au deuxième plan à gauche) et Véronique Wache (au second plan au centre), quittent le domicile de leur client à Paris, le 10 novembre 2025, après le retour de Sarkozy suite à sa libération de la prison de La Santé. (AFP)
Les avocats de l'ancien président français Nicolas Sarkozy, dont Christophe Ingrain (au premier plan à gauche) et Jean-Michel Darrois (au second plan à droite), ainsi que ses conseillers en communication Guillaume Didier (au deuxième plan à gauche) et Véronique Wache (au second plan au centre), quittent le domicile de leur client à Paris, le 10 novembre 2025, après le retour de Sarkozy suite à sa libération de la prison de La Santé. (AFP)
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  • "Le droit a été appliqué. Je vais maintenant préparer le procès en appel. Mon énergie n'est tendue que vers le seul but de prouver mon innocence. La vérité triomphera. C'est une évidence que la vie enseigne"
  • Dans l'attente de son procès en appel, qui devrait se tenir à partir de mars, la cour d'appel de Paris a autorisé vers 13H45 la sortie de l'ancien chef de l'État, 70 ans, de la prison de la Santé à Paris où il était incarcéré depuis le 21 octobre

PARIS: "La vérité triomphera", a lancé Nicolas Sarkozy quelques heures après sa libération de prison sous contrôle judiciaire par la cour d'appel de Paris, qui lui a interdit d'entrer en contact avec de hauts responsables judiciaires comme le garde des Sceaux Gérald Darmanin.

"Le droit a été appliqué. Je vais maintenant préparer le procès en appel. Mon énergie n'est tendue que vers le seul but de prouver mon innocence. La vérité triomphera. C'est une évidence que la vie enseigne", a écrit sur X l'ex-chef de l'Etat, dans sa première prise de parole depuis sa libération par la justice à la mi-journée.

Dans l'attente de son procès en appel, qui devrait se tenir à partir de mars, la cour d'appel de Paris a autorisé vers 13H45 la sortie de l'ancien chef de l'État, 70 ans, de la prison de la Santé à Paris où il était incarcéré depuis le 21 octobre.

Celle-ci a été mise en œuvre presque immédiatement. Peu avant 15H00, Nicolas Sarkozy a quitté la prison à bord d'une voiture aux vitres teintées, escortée par des motards de la police, pour regagner son domicile dans le XVIe arrondissement, ont constaté des journalistes de l'AFP.

La prison, "c'est dur, c'est très dur, ça l'est certainement pour tout détenu, je dirais même que c'est éreintant", avait-il témoigné lundi matin en visio-conférence à l'audience d'examen de sa requête, offrant la première image de l'histoire d'un ancien président de la République en prison.

Dans le cadre d'un contrôle judiciaire, les juges ont toutefois imposé deux interdictions au champion déchu de la droite, embourbé dans ses affaires judiciaires.

La cour a estimé que "le risque de pression, de concertation ne (peut) pas être totalement écarté" sur ses co-prévenus mais surtout sur "un certain nombre de témoins-clés", comme les ex-dignitaires du régime Kadhafi disséminés à travers le monde, et lui a interdit tout voyage à l'étranger.

De manière plus inattendue, la justice a aussi imposé une "interdiction de contact" élargie avec de hauts responsables de la justice française, notamment le garde des Sceaux Gérald Darmanin, constatant sa "capacité à actionner différents services de l'Etat" en tant qu'ex-président.

Le 29 octobre, Nicolas Sarkozy avait reçu la visite à la prison de la Santé du ministre, une entrevue qui a suscité des critiques, notamment de magistrats. Dans une rare prise de position, le plus haut procureur de France, Rémy Heitz, y avait vu un "risque d'obstacle à la sérénité" et donc "d'atteinte à l'indépendance des magistrats" avant le procès en appel.

Contacté par l'AFP, l'entourage de M. Darmanin a assuré que "le garde des Sceaux respecte toujours les décisions de justice".

"Un cauchemar" 

Lors de l'examen de sa requête dans la matinée, le parquet général avait requis la sortie de prison sous contrôle judiciaire de l'ex-chef de l'Etat, jugeant que les "garanties de représentation en justice sont rarement réunies à un tel niveau".

Sur les trois personnes détenues à l'issue du jugement de première instance dans le procès libyen, la justice a donc libéré Nicolas Sarkozy et l'ex-banquier Wahib Nacer, mais a maintenu en détention l'intermédiaire Alexandre Djouhri, arguant un risque de fuite et de pressions sur des protagonistes de l'affaire.

Le 25 septembre, le tribunal correctionnel de Paris a reconnu Nicolas Sarkozy coupable d'avoir sciemment laissé ses collaborateurs démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi pour solliciter un financement occulte de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007.

Le tribunal l'a condamné à cinq ans de prison ferme avec un mandat de dépôt assorti d'une exécution provisoire, entraînant son incarcération malgré son appel.

Nicolas Sarkozy a été incarcéré un peu moins d'un mois après sa condamnation. Cette détention inédite pour un ex-président de la République a suscité de vifs débats. Il s'agit aussi d'une première dans l'Union européenne, où aucun ancien chef d'Etat n'a connu l'emprisonnement.

"Je veux rendre hommage au personnel pénitentiaire qui a été d'une humanité exceptionnelle et qui a rendu ce cauchemar, parce que c'est un cauchemar, supportable", a déclaré à l'audience Nicolas Sarkozy, vêtu d'une veste bleu foncé, pull et chemise, apparaissant à l'écran dans une salle aux murs blancs avec deux de ses avocats.

Cette libération "met un terme au feuilleton judiciaire et à la mécanique de victimisation pour désormais permettre de se concentrer sur le fond. Elle prévient aussi des risques d'ingérence vis-à-vis du restant des protagonistes mais aussi du pouvoir en place", a réagi Me Vincent Brengarth, avocat de l'organisation Sherpa, partie civile dans le dossier libyen.

La famille politique de Nicolas Sarkozy s'est de son côté réjouie de sa libération. Le président des Républicains Bruno Retailleau a salué le "courage" et la "détermination" avec lesquelles il "a affronté cette épreuve", tandis que le chef des députés LR, Laurent Wauquiez, s'est félicité d'une "décision juste et digne, à la hauteur de l'homme qui a tant donné à notre pays".

L'ancien chef de l'Etat ne se rendra pas mardi matin aux commémorations du 11-Novembre sur les Champs-Elysées et à l'Arc de triomphe, auxquelles il est protocolairement invité, a indiqué son entourage à l'AFP.