Européennes: à trois jours du Jour J, Macron débarque dans la campagne

Le président français Emmanuel Macron réagit alors qu'il attend l'arrivée du président mauritanien avant une réunion à l'Elysée à Paris le 29 mai 2024. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron réagit alors qu'il attend l'arrivée du président mauritanien avant une réunion à l'Elysée à Paris le 29 mai 2024. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 06 juin 2024

Européennes: à trois jours du Jour J, Macron débarque dans la campagne

  • Le chef de l'Etat est «obsédé par une seule chose: c'est le score du Rassemblement national dimanche», a ironisé jeudi la tête de liste RN
  • Malgré une implication notable du chef du gouvernement depuis plusieurs jours dans la campagne, la liste de la majorité présidentielle patine dans les sondages

PARIS: A J-3 du scrutin, Emmanuel Macron accordera jeudi un entretien aussi attendu que contesté par les oppositions aux JT de 20H à l'occasion du 80e anniversaire du Débarquement, alors que les candidats jettent leurs dernières forces dans la campagne des européennes.

Les heures les plus longues ? A la veille de la fin de campagne officielle, l'exécutif comme les aspirants eurodéputés tentent autant de mobiliser leurs troupes que de convaincre les abstentionnistes - environ la moitié des inscrits n'a pour l'instant pas l'intention de se rendre aux urnes - ou les nombreux indécis.

Offensive de taille, le chef de l'État doit s'exprimer sur TF1, France 2, mais aussi LCI et FranceInfo.

Certes, le 80e anniversaire du Débarquement de Normandie, dûment célébré dans la journée à Omaha Beach (Calvados) en présence d'une vingtaine de chefs d'État et de gouvernement est mis en avant par l'Élysée pour justifier l'intervention. L'interview pourrait lui permettre d'annoncer des aides supplémentaires à l'Ukraine mais aussi d'aborder le scrutin européen, au grand dam des oppositions, qui ont saisi l'Arcom.

Le gendarme de l'audiovisuel a ainsi dû rappeler mardi que "tout ou partie des propos tenus lors de cette interview pourra être pris en compte" dans le temps de parole de la liste du camp présidentiel et les autres listes devront bénéficier en contrepartie d'"un accès équitable" aux antennes.

Le chef de l'Etat est "obsédé par une seule chose: c'est le score du Rassemblement national dimanche", a ironisé jeudi la tête de liste RN Jordan Bardella sur Europe1-Cnews. "Si Emmanuel Macron n'arrive pas très largement derrière la liste du Rassemblement national, il va se sentir pousser des ailes et il va accélérer", a-t-il ajouté, citant l'augmentation du prix du gaz, la réforme de l'assurance chômage ou la désindexation des pensions de retraite.

A l'inverse, le Premier ministre Gabriel Attal a dramatisé l'enjeu du scrutin sur France 2 face à la victoire attendue de l'extrême droite dimanche. "L'Europe est née grâce à la France, elle ne doit pas mourir à cause de la France", a-t-il déclaré, répétant refuser que "le visage de la France en Europe passe de celui de Simone Veil (ancienne présidente du Parlement européen, ndlr) à celui de Marine Le Pen".

"Faire croire qu'il faudrait dramatiser l'enjeu (...) c'est en vérité servir le RN", a réagi, ulcéré, la tête de liste LR François-Xavier Bellamy depuis Cannes jeudi matin déplorant l'utilisation des "plages du débarquement pour organiser la mise en scène de ce combat aberrant qui ne correspond à rien en Europe.

Malgré une implication notable du chef du gouvernement depuis plusieurs jours dans la campagne, la liste de la majorité présidentielle patine dans les sondages: 15% d'intentions de vote, selon une étude Ifop parue mercredi, très loin derrière celle du RN, créditée de 33%.

Valérie Hayer doit assurer son dernier meeting jeudi, au côté d'Edouard Philippe, à Nice.

La Côte-d'Azur s'est d'ailleurs imposée comme le centre de la fin de campagne pour avoir accueilli la veille les réunions publiques de M. Bellamy (LR) et Marion Maréchal (Reconquête!), cette dernière frôlant le seuil des 5% d'intentions de vote qui permet d'envoyer des eurodéputés dans l'hémicycle de Strasbourg.

Eva Joly, Martine Aubry

La tête de liste d'Europe-Ecologie-Les Verts, Marie Toussaint, confrontée au même risque, tentera de renverser la tendance en s'affichant jeudi midi lors d'un tractage parisien avec Eva Joly, candidate malheureuse des écologistes à la présidentielle de 2012, toujours très populaire dans son parti.

Sa concurrente de La France insoumise, Manon Aubry (8% d'intentions de vote), est attendue dans la soirée à Lyon en présence de Jean-Luc Mélenchon.

Le mouvement de gauche radicale a accentué ces derniers jours son effort sur les quartiers populaires, qu'il perçoit comme les plus grands réservoirs de voix potentielles.

Plusieurs de ses lieutenants ont participé mercredi à un grand porte-à-porte dans un quartier d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), dans la banlieue sud de Paris, avant d'organiser un exercice similaire vendredi à Marseille.

Avec 13,5% d'intentions de vote, le PS, dont la liste est menée par Raphaël Glucksmann, entend reprendre l'avantage parmi les partis de l'ex-Nupes, a fortiori s'il réussissait l'exploit de se hisser à la seconde place du podium - ce qu'aucun sondage ne lui a pour l'heure jamais promis, mais l'écart qui le sépare des macronistes se trouve dans la marge d'erreur.

Dernier coup de pouce attendu par M. Glucksmann: celui de Martine Aubry, le temps d'un meeting dans sa ville de Lille, vendredi soir. Juste avant le silence imposé à l'ensemble des candidats jusqu'au dépouillement du scrutin.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.