Bombardements sur Gaza, tensions à la frontière israélo-libanaise

Des fumées s'élèvent lors d'un bombardement israélien sur le village de Khiam au Sud-Liban, près de la frontière avec Israël, le 19 juin 2024, dans un contexte de tensions transfrontalières, alors que les combats se poursuivent entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza. (AFP)
Des fumées s'élèvent lors d'un bombardement israélien sur le village de Khiam au Sud-Liban, près de la frontière avec Israël, le 19 juin 2024, dans un contexte de tensions transfrontalières, alors que les combats se poursuivent entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza. (AFP)
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Publié le Jeudi 20 juin 2024

Bombardements sur Gaza, tensions à la frontière israélo-libanaise

  • Dans un discours télévisé, le chef du Hezbollah a averti qu'"aucun lieu" en Israël ne serait épargné par les missiles de son mouvement, en cas d'attaque contre le Liban
  • En visite dans le nord d'Israël, le chef de l'armée israélienne, le général Herzi Halevi, a assuré que son pays détenait "des capacités infiniment plus importantes" que le Hezbollah

BEYROUTH: L'armée israélienne a bombardé jeudi la bande de Gaza pendant que la tension reste vive à la frontière israélo-libanaise, après des menaces du chef du Hezbollah contre Israël et l'annonce d'une possible offensive au Liban.

La guerre, qui a éclaté le 7 octobre dans le territoire palestinien après une attaque du mouvement islamiste Hamas contre Israël, a provoqué une flambée de violence à la frontière nord d'Israël avec le Liban, où les échanges de tirs entre l'armée et le Hezbollah libanais, allié du Hamas, se sont intensifiés récemment.

Dans un discours télévisé, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a averti mercredi qu'"aucun lieu" en Israël ne serait épargné par les missiles de son mouvement, en cas d'attaque contre le Liban.

En visite dans le nord d'Israël, le chef de l'armée israélienne, le général Herzi Halevi, a assuré que son pays détenait "des capacités infiniment plus importantes" que le Hezbollah.

Jeudi en milieu de matinée, la situation était calme dans la zone frontalière, où le Hezbollah n'a annoncé aucune attaque.

Dans la bande de Gaza, des frappes aériennes et des tirs d'artillerie ont visé le centre du territoire, selon un correspondant de l'AFP et des témoins. Une frappe a fait deux morts près du camp de Nousseirat, selon un médecin.

Des témoins ont aussi signalé des tirs de chars à Zeitoun, un quartier de la ville de Gaza, dans le nord, et dans les camps de Boureij et Maghazi.

Dans le sud, des combats opposent soldats israéliens et combattants palestiniens dans le centre et l'ouest de Rafah, selon une source de la branche armée du Hamas.

Une désescalade «urgente»

L'armée avait annoncé dimanche une pause quotidienne dans ses opérations le long d'une route d'une dizaine de kilomètres dans le sud de la bande de Gaza, afin de permettre l'entrée de l'aide humanitaire depuis le point de passage israélien de Kerem Shalom.

L'ONU a cependant déclaré mardi que cette pause devait "encore se traduire par davantage d'aide arrivant jusqu'aux populations".

L'armée avait parallèlement assuré poursuivre ses opérations terrestres contre le Hamas lancées le 7 mai à Rafah, qui ont entraîné la fuite d'un million de Palestiniens vers des zones plus au nord et la fermeture du poste-frontière avec l'Egypte, jusque là utilisé pour l'entrée de l'aide dans le territoire assiégé.

La guerre a éclaté le 7 octobre, quand des commandos du Hamas ont mené une attaque dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de 1.194 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Sur 251 personnes enlevées, 116 sont toujours retenues en otages à Gaza, dont 41 sont mortes, selon l'armée.

En riposte, l'armée israélienne a lancé une offensive sur la bande de Gaza, qui a fait jusqu'à présent 37.396 morts, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.

Vivement critiqué dans son pays pour ne pas avoir réussi à obtenir la libération de tous les otages, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, assure qu'il poursuivra la guerre jusqu'à l'élimination du Hamas, au pouvoir depuis 2007 à Gaza.

Le mouvement islamiste, considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, exige un cessez-le-feu définitif et un retrait israélien total de Gaza.

Un émissaire américain, Amos Hochstein, en visite cette semaine au Liban et en Israël, a défendu un plan de cessez-le-feu présenté le 31 mai par le président Joe Biden, affirmant qu'il représentait aussi "une chance pour mettre fin au conflit" entre le Hezbollah et Israël.

Il a jugé "urgente" une désescalade à la frontière, afin d'éviter "une guerre à grande échelle".

«Aucun lieu épargné»

L'armée israélienne a annoncé mardi que "des plans opérationnels pour une offensive au Liban" avaient été "validés". Le chef de la diplomatie, Israël Katz, a menacé d'une "guerre totale" dans laquelle le Hezbollah serait "détruit".

"L'ennemi (israélien) sait qu'aucun lieu (...) ne sera épargné par nos missiles" en cas d'attaque contre le Liban, a lancé mercredi Hassan Nasrallah, dont le mouvement, armé et financé par l'Iran, exerce une influence prépondérante au Liban.

En cas de guerre, Israël devrait "nous attendre par la terre, par la mer et par les airs", a-t-il prévenu.

"Nous avons reçu de nouvelles armes (...) et nous en gardons d'autres pour les jours qui viennent", a poursuivi Hassan Nasrallah, en affirmant que sa formation comptait plus de 100.000 hommes prêts au combat.

Il a aussi menacé Chypre, disant "détenir des informations" selon lesquelles ce pays de l'Union européenne, le plus proche des côtes du Moyen-Orient, ouvrirait "des aéroports et des bases" à Israël si ce pays était attaqué.

Chypre est située à environ 300 kilomètres d'Israël et 200 kilomètres du Liban, et entretient de bonnes relations avec ces deux pays.

Le président chypriote Nikos Christodoulides a souligné en réponse que son pays n'était "impliqué d'aucune façon dans cette guerre".

Chypre fait "partie de la solution, pas du problème", a-t-il dit, faisant valoir que ce pays jouait un rôle "reconnu par le monde arabe et l'ensemble de la communauté internationale" dans le déploiement d'un corridor maritime en Méditerranée permettant d'acheminer de l'aide humanitaire à Gaza.


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.