Climat : le monde n'est pas préparé à faire face aux incendies

Selon l'Agence russe des forêts, plus de 11,5 millions d'hectares sont partis en fumée depuis le début de l'année, contre 8,9 millions de moyenne annuelle enregistrée depuis le début des années 2000. (AFP)
Selon l'Agence russe des forêts, plus de 11,5 millions d'hectares sont partis en fumée depuis le début de l'année, contre 8,9 millions de moyenne annuelle enregistrée depuis le début des années 2000. (AFP)
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Publié le Mardi 25 juin 2024

Climat : le monde n'est pas préparé à faire face aux incendies

  • Le monde n'est pas préparé à faire face à des incendies rendus toujours plus féroces par le changement climatique, mettent en garde des experts.
  • Le changement climatique est l'une des causes principales du problème même si d'autres facteurs jouent aussi un rôle, comme l'utilisation des terres et la localisation des habitations.

PARIS : Alors que des régions d'Amérique du nord et de l'Europe sont déjà confrontées aux flammes en ce début d'été, le monde n'est pas préparé à faire face à des incendies rendus toujours plus féroces par le changement climatique, mettent en garde des experts.

Des paysages de cendres sont déjà apparus cette année dans le sillage des vagues de chaleur au Canada, aux Etats-Unis, en Grèce ou en Turquie.

Si des moyens nouveaux ont été alloués dernièrement à la lutte contre les incendies, il n'en va pas de même pour l'anticipation de telles catastrophes, jugent les experts.

"On est toujours en train de rattraper notre retard", juge Stefan Doerr, directeur du Centre de recherche sur les incendies de l'université galloise de Swansea.

Prédire un incendie ou sa sévérité peut être difficile en raison des multiples facteurs en jeu, à commencer par la météo. Mais les feux deviennent plus gros et intenses en règle générale, estime le chercheur, coauteur d'une étude récente sur le sujet.

Le nombre et l'intensité des feux de forêt extrêmes, les plus destructeurs et les plus polluants, ont plus que doublé dans le monde depuis 20 ans, en raison du réchauffement climatique dû à l'activité humaine, selon une autre étude qui vient de sortir dans la revue Nature Ecology & Evolution.

- "Prévention" -

"Nous ne sommes clairement pas assez bien préparés pour faire face à cette situation", alerte Stefan Doerr.

Le changement climatique est l'une des causes principales du problème même si d'autres facteurs jouent aussi un rôle, comme l'utilisation des terres et la localisation des habitations.

Les incendies ne connaissant pas de frontières, les gouvernements se sont mis à les affronter conjointement, souligne Jesus San-Miguel, expert au Centre commun de recherche de l'Union européenne (UE).

Cette dernière a fortement développé le partage des ressources. Même des pays méditerranéens extérieurs à l'UE ont déjà bénéficié d'équipements de lutte contre les incendies ou d'aides financières, remarque le spécialiste. Mais cela n'est plus suffisant face à des incendies plus extrêmes.

"Nous avons des retours de nos collègues de la protection civile qui nous disent: +on ne peut plus combattre les feux, l'eau s'évapore avant même d'atteindre le sol+ ", raconte Jesus San-Miguel.

"On doit travailler plus sur la prévention", ajoute-t-il.

Le brûlage contrôlé, le recours à du bétail au pâturage ou à des moyens mécaniques pour débroussailler sont des moyens efficaces de limiter ce qui peut alimenter les incendies, explique Rory Hadden de l'université d’Édimbourg.

Autres solutions pour éviter les premières flammes et réduire la propagation: interdire les feux de camp et utiliser les routes comme coupe-feux, poursuit ce spécialiste.

Autant d'efforts financiers et de planification dont les résultat sont invisibles. "Quelle que soit la méthode ou la technique à laquelle vous avez recours... le résultat de cet investissement est que rien ne se passe, ce qui est très bizarre psychologiquement. Le succès c'est quand il ne se passe rien", remarque Rory Hadden.

- Mémoire courte -

Ce sont souvent les résidents et les communes qui prennent l'initiative de débroussailler autour des habitations et des bâtiments publics. Mais tous ne sont pas prêts à accepter le fait qu'ils sont dans une zone à risque.

"Les gens ne pensent pas que ça va leur arriver mais pourtant ce sera le cas", met en garde Jesus San-Miguel, évoquant des régions aux climats autrefois froids ou humides - comme le nord-ouest des Etats-Unis - qui ont connu d'importants incendies ces dernières années.

Face à ces évolutions, les pays s'adaptent et adoptent de nouvelles normes, du Canada aux pays scandinaves. Mais la meilleure réponse n'est pas toujours évidente, même dans les régions habituées aux feux, souligne Guillermo Rein, de l'Imperial College de Londres, et les leçons ne sont pas toujours tirées après un désastre.

"Les gens ont la mémoire très courte en matière d'incendies", estime ce spécialiste du sujet, prenant en exemple ceux qui sont intervenus en 2022 à l'est de Londres.

"Quand les feux sont là, tout le monde se pose des questions... Mais ensuite, au bout d'un an, les gens oublient", dit-il.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.