Les Iraniens aux urnes pour une présidentielle plus ouverte que prévu

Cette combinaison créée le 18 juin 2024 d'images fournies par l'IRIB (Islamic Republic of Iran Broadcasting) montre les candidats à la présidence (dans le sens des aiguilles d'une montre) Mohammad Bagher Ghalibaf, Alireza Zakani, Mostafa Pourmohammadi, Masoud Pezeshkian, Saeed Jalili, et Amirhossein Ghazizadeh-Hashemi lors d'un débat au studio de la télévision d'État iranienne à Téhéran, le 17 juin 2024. (Photo Morteza Fakhrinejad IRIB AFP)
Cette combinaison créée le 18 juin 2024 d'images fournies par l'IRIB (Islamic Republic of Iran Broadcasting) montre les candidats à la présidence (dans le sens des aiguilles d'une montre) Mohammad Bagher Ghalibaf, Alireza Zakani, Mostafa Pourmohammadi, Masoud Pezeshkian, Saeed Jalili, et Amirhossein Ghazizadeh-Hashemi lors d'un débat au studio de la télévision d'État iranienne à Téhéran, le 17 juin 2024. (Photo Morteza Fakhrinejad IRIB AFP)
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Publié le Mercredi 26 juin 2024

Les Iraniens aux urnes pour une présidentielle plus ouverte que prévu

  • Cette présidentielle, initialement prévue en 2025, a été organisée en quelques semaines pour remplacer le président Ebrahim Raïssi, tué dans un accident d'hélicoptère le 19 mai
  • Le réformateur Massoud Pezeshkian s’impose comme l'un des trois favoris, face au président conservateur du Parlement, Mohammad-Bagher Ghalibaf, et Saïd Jalili, l'ancien négociateur ultraconservateur du dossier nucléaire

TÉHÉRAN, Iran : Les Iraniens sont appelés aux urnes vendredi pour élire un nouveau président parmi six candidats, dont un réformateur jusqu'à présent inconnu qui espère bousculer la prééminence des conservateurs.

Cette présidentielle, initialement prévue en 2025, a été organisée en quelques semaines pour remplacer le président Ebrahim Raïssi, tué dans un accident d'hélicoptère le 19 mai.

Elle se tient dans un contexte délicat pour la  République islamique, qui doit gérer à la fois des  tensions internes et des crises géopolitiques, de la guerre à Gaza au dossier nucléaire, à cinq mois seulement de la présidentielle aux Etats-Unis, son ennemi juré.

Ayant débuté sans passion, la campagne a été plus disputée que la précédente de 2021, grâce à la présence du réformateur Massoud Pezeshkian qui s'est imposé comme l'un des trois favoris.

Ses deux principaux adversaires sont le président conservateur du Parlement, Mohammad-Bagher Ghalibaf, et Saïd Jalili, l'ancien négociateur ultraconservateur du dossier nucléaire.

Cette compétition pourrait entraîner un second tour, ce qui n'a été le cas que lors d'une seule présidentielle, en 2005, depuis l'avènement de la République islamique il y a 45 ans.

- «Chômage» et «pauvreté» -

Pour avoir une chance de l'emporter, Massoud Pezeshkian doit espérer une forte participation, contrairement à la présidentielle de 2021, marquée par une abstention record de 51% alors qu'aucun candidat réformateur ou modéré n'avait été autorisé à concourir.

Mardi, le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, a appelé les Iraniens à «une participation élevée» au scrutin.

«Il n'est pas question que je vote» car «quel que soit celui qui est élu, cela ne changera rien pour le peuple», a cependant affirmé Neda, une femme ingénieure interrogée par l'AFP à Tajrish, dans le nord de Téhéran.

Jaleh, femme au foyer de 60 ans, s'est en revanche déclarée prête à «voter cette année», un «devoir» alors qu'«il y a tellement de dossiers» à régler «comme le chômage ou la pauvreté».

Pour Ali Vaez, expert de l'Iran à l'International Crisis Group, le futur président va devoir relever «le défi de l'élargissement du fossé entre l'Etat et la société». Jusqu'à présent, aucun des candidats «n'a présenté de plan concret pour résoudre les problèmes», estime-t-il.

Le réformateur Pezeshkian, père de famille veuf de 69 ans, a assuré qu'il était possible d'«améliorer» une partie des problèmes auxquels font face les 85 millions d'Iraniens.

Mais, aux yeux de certains électeurs, ce médecin devenu député manque d'expérience gouvernementale, ayant été uniquement ministre de la Santé il y a une vingtaine d'années.

A contrario, Mohammad-Bagher Ghalibaf est, à 62 ans, un vétéran de la politique après avoir fait carrière au sein des Gardiens de la Révolution, la puissante armée idéologique de la République islamique.

«Je vais voter Ghalibaf car il est à la fois un gestionnaire avisé et un commandant des Gardiens», ce qui est bon pour «la sécurité» du pays, a expliqué Alireza Valadkhani, un consultant de 35 ans interrogé par l'AFP.

Pour sa part, Saïd Jalili, 58 ans, qui a perdu une jambe durant la guerre Iran-Irak des années 1980, attire les partisans les plus fervents de la République islamique, en soutenant la fermeté inflexible de Téhéran face aux pays occidentaux.

- Le voile en question -

A l'opposé, Massoud Pezeshkian plaide pour un réchauffement des relations avec les Etats-Unis et l'Europe afin de lever les sanctions qui affectent durement l'économie. Il a reçu le soutien de l'ex-ministre des Affaires étrangères, Javad Zarif, l'architecte de l'accord nucléaire conclu avec les grandes puissances en 2015.

Le réformateur appelle en outre à régler la question persistante du port obligatoire du voile pour les femmes, l'une des causes du vaste mouvement de contestation ayant secoué le pays fin 2022 après le décès de Mahsa Amini, arrêtée pour non-respect du code vestimentaire.

«Depuis 40 ans, nous cherchons à contrôler le hijab, mais nous n'avons fait qu'empirer la situation», a regretté M. Pezeshkian.

La plupart des autres candidats ont adopté une attitude prudente sur ce dossier, se déclarant plutôt opposés au déploiement de la police des mœurs.

L'une des certitudes du scrutin est que le prochain président sera un civil et non un religieux chiite, comme les deux précédents, Hassan Rohani et Ebrahim Raïssi.

Il ne pourra donc pas être considéré comme un successeur potentiel à l'ayatollah Khamenei, âgé de 85 ans et à la tête de l'Iran depuis 35 ans.

 


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.