Les sanctions internationales, enjeux de la présidentielle en Iran

Une femme fait un geste avec une affiche électorale lors d'un rassemblement électoral pour le candidat réformateur Massoud Pezeshkian au stade Afrasiabi de Téhéran le 23 juin 2024, à l'approche de l'élection présidentielle iranienne (Photo, AFP).
Une femme fait un geste avec une affiche électorale lors d'un rassemblement électoral pour le candidat réformateur Massoud Pezeshkian au stade Afrasiabi de Téhéran le 23 juin 2024, à l'approche de l'élection présidentielle iranienne (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 24 juin 2024

Les sanctions internationales, enjeux de la présidentielle en Iran

  • Une partie des six candidats au scrutin destiné à remplacer le président Ebrahim Raïssi, tué dans un accident d'hélicoptère en mai, font de la levée de ces sanctions une priorité s'ils étaient élus
  • Les 85 millions d'Iraniens sont confrontés à une très forte inflation, de l'ordre de 40%, à un chômage élevé et à la dépréciation record du rial

TEHERAN: Faut-il que l'Iran se réconcilie avec les pays occidentaux? La question agite la campagne de la présidentielle du 28 juin sur fond de marasme économique accentué par les sévères sanctions américaines.

Une partie des six candidats au scrutin destiné à remplacer le président Ebrahim Raïssi, tué dans un accident d'hélicoptère en mai, font de la levée de ces sanctions une priorité s'ils étaient élus.

Cette élection se tient alors que les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, ne cessent de renforcer leurs régimes de sanctions contre Téhéran en mettant en cause la poursuite de son programme nucléaire, ses soutiens au Hamas dans la guerre contre Israël et à la Russie opposée à l'Ukraine ou "les violations" aux droits humains.

"Nous sommes sous sanctions depuis 45 ans. Pourquoi? Elles frappent durement les gens", se lamente Hamid Habibi, un commerçant du bazar de la capitale, qui aimerait que le prochain président "cherche à retisser les liens avec les Etats-Unis et les pays européens".

Fayyaz Zahed, professeur de relations internationales à l'université de Téhéran, souligne que la question des sanctions a été au coeur des deux premiers débats télévisés de la campagne, qui portaient sur l'économie. "Presque tous les candidats ont expliqué qu'elles avaient des effets dévastateurs" et qu'il était donc "crucial de résoudre ce problème pour soulager les souffrances du peuple".

L'ancien président modéré Hassan Rohani a récemment estimé que les sanctions coûtaient au pays quelque "100 milliards de dollars par an, directement ou indirectement".

"Si nous pouvions lever les sanctions, les Iraniens pourraient vivre confortablement", a résumé Massoud Pezeshkian, le seul des six candidats représentant le camp réformiste.

Les 85 millions d'Iraniens sont confrontés à une très forte inflation, de l'ordre de 40%, à un chômage élevé et à la dépréciation record du rial, la monnaie nationale, par rapport au dollar.

La question nucléaire 

Les experts font remarquer que, quel qu'il soit, le prochain président aura une marge de manœuvre limitée car la stratégie nationale est fixée par le Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, âgé de 85 ans dont 35 à la tête de la République islamique.

Néanmoins, s'il "gagne la confiance" du Guide et des institutions les plus influentes, comme les Gardiens de la révolution, "le président peut peser sur la politique étrangère" du pays, souligne Fayyaz Zahed.

Partisan de la fermeté face à l'Occident, l'ayatollah Khamenei a appelé samedi les six candidats à éviter toute déclaration qui serait susceptible de "plaire à l'ennemi".

L'un des trois favoris, Saïd Jalili, ancien négociateur ultraconservateur du dossier nucléaire, a plaidé pour la poursuite de cette politique anti-occidentale en déclarant que "la communauté internationale ne se composait pas de deux ou trois pays" occidentaux.

Pour lui, l'Iran doit au contraire renforcer ses liens avec la Chine sur le plan économique, avec la Russie dans le domaine de la défense, mais aussi avec les pays arabes, le rival saoudien en tête.

Saïd Jalili s'est positionné comme "le candidat le plus inflexible sur le plan diplomatique", souligne l'expert Fayyaz Zahed.

Plus pragmatique, le candidat conservateur Mohamad Bagher Ghalibaf estime que l'Iran ne doit négocier avec les pays occidentaux que s'il a "un avantage économique" à en retirer, en particulier par une levée des sanctions.

L'actuel président du Parlement appelle par ailleurs à continuer à accroître les capacités nucléaires du pays, une stratégie qui porte ses fruits en "forçant l'Occident à négocier avec l'Iran".

En revanche, le réformateur Massoud Pezeshkian promeut l'établissement de "relations constructives" avec Washington et les capitales européennes afin de "sortir l'Iran de son isolement".

Ces derniers jours, il a mené campagne avec Javad Zarif, qui avait cherché à rapprocher l'Iran des Occidentaux durant ses huit années à la tête de la diplomatie iranienne (2013-21).

Ce dernier a insisté sur l'impact positif sur l'économie qu'avait eu en 2015 l'accord international historique sur le nucléaire, censé garantir que l'Iran ne se dote pas de l'arme nucléaire.

Les espoirs soulevés en Iran avaient cependant été douchés trois ans plus tard lorsque Donald Trump ordonnait le retrait des Etats-Unis de cet accord.

Depuis, les négociations sont au point mort et le président Joe Biden a maintenu les sanctions imposées par son prédécesseur.

Le prochain président iranien pourrait être appelé à prendre des décisions cruciales sur ce dossier alors que certains responsables évoquent une possible évolution de la doctrine nucléaire du pays vers une vocation militaire assumée.


Zelensky va rencontrer des responsables du Pentagone sur fond d'initiative américaine pour régler le conflit

 Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin. (AFP)
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  • Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine
  • Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin

KIEV: Volodymyr Zelensky va rencontrer jeudi à Kiev des haut responsables du Pentagone, a annoncé son administration, au lendemain du dévoilement des éléments d'un plan américain pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine, à des conditions favorables au Kremlin.

Cette réunion intervient au retour d'une visite infructueuse mercredi en Turquie du président ukrainien, qui espérait que Washington s'investisse à nouveau dans les négociations de paix. Mais l'émissaire de Donald Trump, Steve Witkoff, ne s'est pas déplacé.

Elle intervient également au lendemain d'une frappe russe ayant tué au moins 26 personnes dans une ville de l'ouest de l'Ukraine, l'une des attaques les plus meurtrières de Moscou sur son voisin ukrainien cette année.

La délégation du Pentagone, conduite par le secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, a rencontré mercredi le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky et le ministre ukrainien de la Défense Denys Chmygal, selon leurs communiqués respectifs.

Le président Zelensky doit recevoir la délégation jeudi soir, a indiqué la présidence.

Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier, peu de responsables américains se sont rendus en Ukraine.

Selon un média américain Axios, Washington et Moscou préparent discrètement un plan pour mettre fin à la guerre en Ukraine, lancée en février 2022 avec l'invasion russe du pays voisin.

Un haut responsable ukrainien a indiqué à l'AFP que ce plan requiert notamment que l'Ukraine cède à la Russie des territoires qu'elle occupe et réduise son armée de moitié.

Le Kremlin s'est refusé à tout commentaire et Washington et Kiev n'ont pas commenté publiquement les propositions de ce plan.

 


Grèce: découverte d'une toile géante avec 111.000 araignées dans une grotte

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes. (AFP)
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  • La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)"
  • Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue

ATHENES: Des scientifiques ont récemment découvert une toile d'araignée géante de plus de 100 m2 avec quelque 111.000 araignées dans une grotte à la frontière entre la Grèce et l'Albanie, selon une étude publiée dans la revue Subterranean Biology.

Appelée la "Sulfur cave", exceptionnellement riche en soufre, la grotte est située dans les gorges de Vromoner, une zone géologique à la frontière entre l'Albanie et la Grèce (nord-ouest), à 450km d'Athènes.

La toile d'araignée découverte couvre quelque 106 m2 et comprend "69.000 individus de tégénaires domestiques (Tegenaria domestica) et plus de 42.000 de Prinerigone vagans (Linyphiidae)".

Des images, reçues mercredi par l'AFP, montrent des pans de cette immense toile, pendant sur la paroi comme un lourd rideau de velours noir, dans les profondeurs de cette grotte sous le regard fasciné d'un scientifique équipé comme un spéléologue.

"Mon dieu, incroyable! Quelle texture!", s'exclame en anglais ce scientifique touchant la toile avec ses doigts.

Selon lui, dans chacun de ces trous il y a une arachnide à l'origine de ces "mégapoles" d'araignées. On voit ensuite un membre de l'équipe réussir à attraper une araignée et la poser dans une tube à essai.

Dans la revue, les chercheurs évoquent "la découverte (...) d’un assemblage extraordinaire d’araignées coloniales" alors que ces deux espèces sont normalement solitaires.

Il s'agit du "premier cas documenté de formation de toile coloniale chez ces espèces", notent d'ailleurs les experts qui précisent que cette immense toile est formée "de nombreuses toiles individuelles, (...) chacune étant stratégiquement placée à un endroit où les ressources trophiques (la nourriture disponible, ndlr) sont abondantes".

"Certaines sections de la toile peuvent se détacher de la paroi sous leur propre poids", expliquent-ils.

Des sources d'eau situées dans les recoins profonds de la grotte alimentent un ruisseau sulfuré qui traverse toute la longueur du passage principal de la grotte, selon l'étude.

Les araignées partagent la grotte avec de nombreux autres insectes, notamment des mille-pattes, des scorpions et des coléoptères.

La découverte de cette immense toile a été rapportée pour la première fois par des membres de la Société spéléologique tchèque, selon l'étude.

 


Trump désigne l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le président américain Donald Trump. (AP)
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  • L’annonce a été faite lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier
  • Mohammed ben Salmane salue une nouvelle phase dans la coopération bilatérale et les liens économiques

WASHINGTON : Le président Donald Trump a annoncé mardi que les États-Unis désigneront officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN, marquant une élévation significative des liens de défense entre les deux pays.

Il a révélé cette décision lors d’un dîner de gala à la Maison-Blanche en l’honneur du prince héritier Mohammed ben Salmane.

« Ce soir, j’ai le plaisir d’annoncer que nous portons notre coopération militaire à un niveau encore plus élevé en désignant officiellement l’Arabie saoudite comme allié majeur hors OTAN — quelque chose de très important pour eux », a déclaré Trump.

« Et je vous le dis pour la première fois, car ils voulaient garder un petit secret pour ce soir. »

Ce nouveau statut ouvre la voie à une coopération militaire plus profonde et revêt un poids symbolique fort, Trump affirmant qu’il fera progresser la coordination militaire américano-saoudienne « à des sommets encore plus élevés ».

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Le prince héritier a remercié Trump pour un « accueil chaleureux et formidable », ajoutant : « Nous nous sentons chez nous. » Il a évoqué les fondements historiques de la relation entre les États-Unis et l’Arabie saoudite, rappelant que leur partenariat remonte à près de neuf décennies, à la rencontre entre le président Franklin D. Roosevelt et le roi Abdelaziz, fondateur de l’Arabie saoudite moderne.

Il a également souligné les jalons à venir pour les deux nations, les États-Unis approchant de leur 250e anniversaire et l’Arabie saoudite de son 300e, estimant que ces célébrations mettent en lumière la longue trajectoire d’une coopération partagée.

En retraçant l’histoire de l’alliance, le prince héritier a mis en avant les efforts communs durant la Seconde Guerre mondiale, la Guerre froide, et la longue lutte contre l’extrémisme et le terrorisme.

Mais il a insisté sur le fait qu’aujourd’hui marque une nouvelle phase de la coopération bilatérale, les liens économiques s’étendant à des secteurs sans précédent.

« Aujourd’hui est un jour particulier », a déclaré le prince héritier. « Nous pensons que l’horizon de la coopération économique entre l’Arabie saoudite et l’Amérique est plus vaste dans de nombreux domaines.

« Nous avons signé de nombreux accords qui peuvent ouvrir la voie à un approfondissement de la relation dans plusieurs secteurs, et nous allons travailler dessus. »

Il a ajouté : « Nous estimons que les opportunités sont immenses ; nous devons donc nous concentrer sur la mise en œuvre et continuer à accroître les opportunités entre nos deux pays. »

Trump a exprimé à plusieurs reprises son appréciation pour le partenariat et le leadership du prince héritier, mettant en avant les accords majeurs signés lors de la visite, notamment dans l’énergie nucléaire civile, les minéraux critiques et l’intelligence artificielle, qualifiant l’ampleur des investissements d’inédite.

Trump a souligné que l’Arabie saoudite entreprend une expansion majeure de ses capacités de défense, évoquant les projets du Royaume portant sur près de 142 milliards de dollars d’achats d’équipements et de services militaires américains, qu’il a qualifiés de « plus grande acquisition d’armement de l’histoire ».

Il a présenté ces acquisitions comme faisant partie d’une stratégie plus large visant à renforcer la sécurité au Moyen-Orient et à consolider le rôle du Royaume comme force de stabilité.

En plus de la désignation d’allié majeur hors OTAN, Trump a annoncé que les États-Unis et l’Arabie saoudite avaient signé un accord stratégique de défense historique qui permettra de créer « une alliance plus forte et plus capable » et de soutenir ce qu’il a décrit comme le moment où le Moyen-Orient est le plus proche d’une « paix véritablement durable ».

Trump a remercié le prince héritier « pour toute l’aide » dans ce qu’il a décrit comme un moment historique pour la paix régionale et la coopération américano-saoudienne, et pour son rôle central dans les avancées diplomatiques récentes, notamment des étapes ayant contribué à la fin de la guerre à Gaza.

« Même les grands experts… appellent cela un miracle », a-t-il dit à propos des évolutions régionales récentes. Les deux dirigeants ont présenté ce moment comme le début d’un nouveau chapitre.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com