La scène politique française : un jeu de rôle empêché

Les députés socialistes français nouvellement élus (LtoR) Claudia Rouaux, Océane Godard, Valérie Rossi, François Hollande, Fatiha Keloua Hachi, le premier secrétaire du Parti socialiste français de gauche (PS) Olivier Faure, Boris Vallaud et Ayda Hadizadeh posent en marge d'une journée d'accueil après le second tour des élections législatives françaises à l'Assemblée nationale, à Paris, le 9 juillet 2024. (Photo: AFP)
Les députés socialistes français nouvellement élus (LtoR) Claudia Rouaux, Océane Godard, Valérie Rossi, François Hollande, Fatiha Keloua Hachi, le premier secrétaire du Parti socialiste français de gauche (PS) Olivier Faure, Boris Vallaud et Ayda Hadizadeh posent en marge d'une journée d'accueil après le second tour des élections législatives françaises à l'Assemblée nationale, à Paris, le 9 juillet 2024. (Photo: AFP)
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Publié le Mercredi 10 juillet 2024

La scène politique française : un jeu de rôle empêché

  • A l’issue du second tour des législatives anticipées dimanche dernier, le NFP a réalisé une victoire tout aussi surprenante qu’imprévue
  • Pour gouverner le front doit mettre de l’ordre une au sein de ses composantes sur un programme gouvernemental crédible, et une entente sur le nom de la personne appelée à présider ce gouvernement

PARIS: Depuis le second tour des législatives anticipées, la scène politique française a pris des allures d’un jeu de rôle. Mais le jeu a du mal à démarrer puisque tous les participants veulent jouer le rôle du gentil qui veut guérir la France de ses maux.

A l’issue du second tour des législatives anticipées dimanche dernier, le NFP a réalisé une victoire tout aussi surprenante qu’imprévue. Arrivé en tête des forces politiques en lice mais sans majorité absolue, il estime qu’il devrait être appeler à former le prochain gouvernement.

Cette revendication est cependant loin d’être simple, car le front est en réalité un amalgame de forces politiques toutes de gauche mais loin d’être homogènes.

Pour gouverner le front doit mettre de l’ordre au sein de ses composantes sur un programme gouvernemental crédible, et s’entendre sur le nom de la personne appelée à présider ce gouvernement, et sur sa méthode de gourvernance en l’absence de majorité parlementaires. 

Il s’agit là de questions particulièrement dures à trancher surtout que chaque membre de ce Front composé par la France Insoumise, parti d’extrême gauche, du parti socialiste, des écologistes et des communistes, se sert de son score individuel en nombre de députés, pour le programme soit imprégné du plus grand nombre possible de ses idées. 

Ce score donne un net avantage à la France insoumise avec 69 à 75 députés selon les résultats non définitifs du scrutin de dimanche passé.

Arrive en seconde place le parti Socialiste avec un nombre de siège variant entre 59 et 65 sièges, suivent les écologistes avec entre 32 et 36 sièges puis les communistes avec 11 sièges.

S’appuyant sur ces chiffres le dirigeant de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon, se considère comme étant l’homme fort du Front et insiste pour que le programme présenté par le NFP pour les élections anticipées soit adopter à la lettre comme programme du gouvernement à venir.

Tel n’est pas l’avis des autres membres du Front, dont le leader du parti Socialiste Olivier Faure qui plaide au contraire, pour une refonte et une redéfinition de principaux axes du programme gouvernemental sur la base des préoccupations essentielles des Français tel que le pouvoir d’achat et la réhabilitation des services publics.

Un autre ténor Socialiste, le député Jérôme Guedj va plus loin et considère que s’acharner à s’en tenir au programme électoral tel que le veut Mélenchon, est « le meilleur moyen pour tout bloquer ».

Il semble clair que les tractations risquent d’être longues et laborieuse, et il en va de même pour le choix du futur premier ministre.

Là aussi Mélenchon estime être le mieux placé pour prendre la tête du futur gouvernement, sans faire l’unanimité ni au sein de son parti où certains préfèrent par exemple voir une femme à ce poste, ni au sein du Front puisque des personnalités socialistes dont Olivier Faure, ne cachent pas leur appétit pour le poste.

Autre défi posé au NFP celui qui concerne la nature de son gouvernement, sachant qu’il lui manque à peu près 89 sièges pour obtenir une majorité absolue.

Là aussi les avis divergent, avec des voix qui appellent à un gouvernement de minorité qui tisse des alliances au cas par cas, et d’autres qui plaident pour une coalition gouvernementale dont le contour est sujet à des interprétations diverses et divergentes.

« On va trouver des solutions à toutes les embûches au fur et à mesure » affirme la secrétaire nationale du parti écologiste Marine Tondelier, dans un élan d’optimisme alors que les discussions vont bon train, sans pour autant déboucher sur des résultats concrets.

Mais plus les discussions se prolongent, plus le NFP s’expose au risque de fissures et d s’effritement, pour le plus grand plaisir du président de la République Emmanuel Macron qui semble prendre son temps et jouer la montre.

A la faveur de la dissolution du parlement et des législatives anticipées, il est plus que jamais le « maitre des horloges » comme il aime se qualifier.

Il s’est débarrassé de l’hypothèse d’une cohabitation douloureuse avec le Rassemblement National, parti d’extrême droite donné grand favori des élections, qui à l’arrivée n’a récolté qu’une troisième place parmi les groupes parlementaires.

Il se retrouve avec un bloc parlementaire affaibli, mais sans aucune force prépondérante face à lui, le NFP n’ayant récolté qu’une majorité relative de 193 sièges parlementaires.

Par ailleurs si la constitution lui impose de désigner un premier ministre issu des rangs de la majorité parlementaire, il n’en est rien en l’absence de majorité, et aucune règle contraignante ne l’oblige à donner la tête du gouvernement au NFP.

Arrivée en seconde place, après le NFP, la coalition présidentielle « Ensemble » s’est délestée d’une centaine de sièges parlementaires, mais peut toujours espérer composer un gouvernement de coalition.

Avec 160 sièges parlementaires, l’entourage présidentiel indique qu’il n’écarte pas le scénario d’une large coalition englobant « Ensemble » avec des personnalités du parti socialiste et du parti républicain de droite. 

Mais pour cela et toujours selon l’entourage du chef de l’état, il serait urgent d’attendre la fragmentation de l’unité de la gauche, pour en recueillir les retombées. 

Encore un pari risqué, d’autant plus que « Ensemble » n’est pas non plus un bloc homogène, et qu’il menacé de connaitre à son tour les fissures et l’effritement.

D’où les mises en garde contre le risque de blocage et de paralysie, qui plane sur la France au grand désarroi des milieux économiques et des marchés financiers.


Metz: un forcené tué par balles, un policier touché à la main

Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet. (AFP)
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  • Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier
  • Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard

STRASBOURG: Un homme "menaçant", détenteur de plusieurs armes à feu, a succombé à des blessures par balles lundi à Metz après un échange de coups de feu avec la police, tandis qu'un agent a été blessé, a annoncé le parquet.

Les faits ont commencé dimanche soir dans une rue très passante de la vieille ville de Metz. "Vers 22h00, un individu menace depuis sa fenêtre, avec une arme à canon long, un passant", a rapporté le maire François Grosdidier sur sa page Facebook.

Alors que les forces de l'ordre interviennent, "l'homme est retranché chez lui et refuse de se rendre à la police", a poursuivi M. Grosdidier.

Un peu avant 3H00, l'homme, installé au premier étage, "faisait feu depuis sa fenêtre sur la patrouille située dans la rue", a indiqué dans un communiqué le procureur de la République adjoint de Metz, Thomas Bernard.

"Il sortait alors de son studio, tenant dans chaque main un revolver, et faisait feu sur les policiers présents dans le couloir", a-t-il ajouté. "Un policier était blessé à une main, tandis qu'un de ses collègues tirait à trois reprises, touchant l'individu à l'abdomen et au bras".

L'homme de 56 ans a été hospitalisé mais est décédé lundi matin. "Son casier judiciaire porte trace de neuf condamnations", selon M. Bernard.

Le policier blessé a également été hospitalisé.

L'homme détenait "plusieurs armes, de poing et d'épaule, dans son appartement", selon le maire qui a salué l'intervention des forces de l'ordre.


Tourisme en France : entre recherche de soleil, contraintes budgétaires et destinations alternatives

Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
Cette photo prise le 22 mars 2024 montre un bateau navette naviguant sur la Garonne alors que l'église Saint-Louis-des-Chartrons (à gauche) surplombe les quais de Bordeaux, dans le sud-ouest de la France. Bordeaux accueillera certains des tournois de football des Jeux olympiques de Paris 2024 l'été prochain. (AFP)
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  • les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget.
  • L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées

RIYAD : Alors que l'été 2025 se profile, les Français semblent partager la même priorité : partir en vacances sans trop grever leur budget. Si 61 % d’entre eux envisagent de prendre quelques jours de congé, selon un sondage OpinionWay pour Liligo, leur comportement de consommation évolue. Pour la première fois en cinq ans, le budget moyen baisse de 74 euros par personne.

L’ensoleillement demeure un facteur clé dans les choix de destination. Les zones méditerranéennes continuent de séduire, au détriment des régions plus tempérées comme la Bretagne, la Normandie ou le nord de la France. Cette tendance s’explique notamment par deux étés précédents jugés peu cléments sur le plan météorologique, ce qui dissuade certains vacanciers de s'y rendre à nouveau.

Dans les établissements touristiques du Grand Ouest, les professionnels constatent un recul des séjours d'une semaine, compensé par une légère hausse des courts séjours (2 à 6 nuits). Les réservations de dernière minute restent fréquentes et très dépendantes des prévisions météorologiques du dimanche soir.

Confrontés à une inflation persistante et à des inquiétudes concernant leur pouvoir d’achat, les Français adaptent leurs comportements. Ils réduisent leurs dépenses dans les restaurants, les commerces ou les activités annexes, et sont plus prudents dans la planification de leurs séjours. Les formules « tout compris », jugées plus économiques et prévisibles, rencontrent un succès croissant.

Selon le cabinet Pro tourisme, les prix des hébergements touristiques ont grimpé de 27 % en quatre ans. Dans ce contexte, les territoires proposant des tarifs plus accessibles, comme l’intérieur des terres ou les destinations proches des grandes agglomérations comme l’Eure, la Vienne, l’Ain ou l’Oise, enregistrent une forte progression des recherches, parfois jusqu’à +150 %.

Si les littoraux restent prisés, un rééquilibrage s’opère en faveur des zones rurales et périurbaines. Ces destinations sont non seulement plus abordables, puisque les locations y sont en moyenne 20 à 30 % moins chères que sur la côte, mais elles offrent également un cadre de vie plus agréable.

Ces destinations répondent à une demande croissante de nature, de tranquillité et d’authenticité. La France rurale, longtemps en retrait, bénéficie désormais d’une attractivité renouvelée. Un phénomène accentué par l’essor du télétravail, le besoin de déconnexion et la quête d’expériences plus simples. L’arrière-pays n’est plus perçu comme une alternative de repli, mais comme un véritable choix de qualité.

Sur le plan international, la France reste solidement installée comme première destination mondiale avec 100 millions de touristes étrangers en 2024, devant l’Espagne. Les métropoles touristiques qui accueillent une clientèle étrangère à fort pouvoir d’achat, comme Paris, Cannes, Nice ou les régions viticoles, affichent des perspectives encourageantes.

Les analystes estiment que les Jeux Olympiques 2024 ont amplifié la visibilité de la France sur la scène mondiale, générant un regain d’intérêt pour la capitale et ses alentours. À Paris, la fréquentation touristique devrait rester élevée en 2025 grâce à l’effet post-événementiel.

Entre contraintes économiques, recherche d’ensoleillement et désir de proximité, le tourisme en France est en pleine mutation. Les professionnels s’adaptent à une clientèle plus exigeante, plus mobile et surtout plus attentive à l’équilibre entre plaisir et dépenses. Le paysage touristique français, longtemps polarisé entre le littoral et la montagne, s’enrichit désormais d’une diversité de choix stratégiques, économiques et culturels.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.