Turquie: Les causes de la recrudescence des attaques contre les touristes arabes et les réfugiés syriens

Des partisans du Parti de la justice et du développement (AK), au pouvoir en Turquie, brandissent des drapeaux nationaux turcs avec le signe du “loup gris” lors d'un meeting de campagne dans le quartier de Sultangazi à Istanbul, le 12 mai 2023. (AFP)
Des partisans du Parti de la justice et du développement (AK), au pouvoir en Turquie, brandissent des drapeaux nationaux turcs avec le signe du “loup gris” lors d'un meeting de campagne dans le quartier de Sultangazi à Istanbul, le 12 mai 2023. (AFP)
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Publié le Vendredi 19 juillet 2024

Turquie: Les causes de la recrudescence des attaques contre les touristes arabes et les réfugiés syriens

  • Un homme turc a été arrêté à Istanbul au début du mois après avoir menacé un groupe de touristes saoudiens avec un couteau
  • L'incident s'est produit dans le contexte d'une nouvelle vague de violence à l'encontre des syriens vivant en Turquie

LONDRES : La multiplication des agressions violentes contre des arabes en Turquie ces derniers temps a suscité des inquiétudes quant à la sécurité des étrangers dans un pays visité par des dizaines de milliers de touristes du Moyen-Orient et qui accueille des millions de réfugiés syriens.

Au début du mois, un turc a été arrêté à Istanbul après avoir menacé un groupe de touristes saoudiens avec un couteau tout en leur lançant des épithètes désobligeantes, a rapporté Al-Arabiya.

Une vidéo de l'attaque a rapidement circulé sur les réseaux sociaux, montrant l'homme faisant un geste de la main associé aux Loups gris, un groupe ultranationaliste et pan-turc créé à la fin des années 1960 en tant qu'aile jeunesse du Parti du mouvement nationaliste.

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Un turc menace d'attaquer des saoudiens dans un café en Turquie (photo Twitter/File)

Les Loups gris ont longtemps été associés à des actes violents, notamment des attaques contre des gauchistes, des Kurdes et d'autres groupes minoritaires. Malgré leur réputation controversée, ils restent influents dans la société turque.

La Turquie est une destination populaire pour les touristes saoudiens, qui ont été 650 000 à s'y rendre entre janvier et août de l'année dernière, selon les responsables turcs du tourisme. Une flambée d'hostilité à l'égard des arabes pourrait faire chuter le nombre de visiteurs saoudiens.

Ce n'est sûrement pas la première fois que des clips montrant des attaques contre des touristes arabes en Turquie sont diffusés sur Internet. Des incidents impliquant des bagarres et des insultes xénophobes ont été téléchargés sur les plateformes de réseaux sociaux l'année dernière par des utilisateurs des États du Golfe et d'Égypte.

QUI SONT LES LOUPS GRIS ?

•    Groupe ultranationaliste et pan-turc.
•    Branche paramilitaire du Parti du mouvement nationaliste.
•    Croient en la suprématie de la race et de la nation turques.
•    S'est fait connaître à la fin des années 1970.
•    Interdit en France en 2020 pour incitation à la haine.

Cet incident s'inscrit dans le contexte d'une nouvelle vague de violence à l'encontre des syriens en Turquie, suite à l'arrestation d'un syrien de 26 ans accusé d'agression sexuelle contre un mineur à Kayseri, en Anatolie centrale.

Des émeutes ont éclaté dans la nuit du 30 juin à Kayseri après la diffusion sur les réseaux sociaux d'informations concernant un syrien qui aurait été surpris en train d'abuser d'une parente âgée de 7 ans dans des toilettes publiques du quartier de Melikgazi, selon un rapport de Reuters.

Les émeutiers ont attaqué et vandalisé des dizaines d'entreprises, de maisons et de véhicules appartenant à des syriens, après quoi la violence s'est propagée à d'autres régions de la Turquie, notamment Gaziantep, Bursa et Hatay, où une épicerie syrienne a été incendiée.

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Des turcs ont brûlé des maisons, des voitures et des magasins de réfugiés syriens à Kayseri. (Photo : Twitter)

Ali Yerlikaya, le ministre turc de l'intérieur, a déclaré que l'agression faisait l'objet d'une enquête et a condamné les actions des émeutiers comme étant “illégales” et contraires aux valeurs de la nation.

Il a indiqué dans un message sur X que les autorités locales avaient arrêté 67 des manifestants, soulignant qu'il était “inacceptable que notre peuple porte atteinte à l'environnement sans tenir compte de l'ordre public, de la sécurité et des droits de l'homme”.

Dans un autre message, Yerlikaya a souligné que les autorités enquêtaient sur plusieurs comptes X qui avaient contribué à attiser la violence, et que dix d'entre eux avaient été transmis au bureau du procureur.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a également condamné les violences, déclarant : “Rien ne peut être accompli en alimentant la xénophobie et la haine des réfugiés dans la société”.

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Le président turc Recep Tayyip Erdogan montre une photo d'un camp de réfugiés syriens dans son pays alors qu'il s'adresse à la 77e session de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, le 20 septembre 2022. (AFP)

Quelques jours après l'incident de Kayseri, les données personnelles de quelque 3 millions de réfugiés syriens en Turquie ont fait l'objet d'une fuite sur Internet, faisant craindre une éruption de violence xénophobe.

Le ministère turc de l'intérieur a confirmé que les données personnelles des syriens bénéficiant d'une protection temporaire avaient été diffusées à partir du compte de réseaux sociaux « Uprising#Turkey », géré par un adolescent de 14 ans.

“Les mesures nécessaires ont été prises à l'encontre de E.P. (l'administrateur du compte) par la Direction de l'enfance d'Istanbul”, a déclaré le ministère dans un communiqué.

Lana, une militante syrienne basée au Royaume-Uni, dont le nom a été modifié pour protéger son anonymat, a déclaré à Arab News que sa famille à Gaziantep “a vécu un enfer pendant au moins deux semaines après l'incident de Kayseri”.

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Cette photo prise le 11 août 2022 montre un bazar dans le quartier historique de Gaziantep, dans le sud-est de la Turquie, où résident de nombreux réfugiés syriens. (AFP/File)

Elle a déclaré : “Dans les quelques jours qui ont suivi les émeutes, ils ne pouvaient même pas sortir de chez eux pour acheter du pain. Ils étaient saisis par la peur et paralysés par l'incertitude créée par les développements récents, y compris les discussions depuis juin (concernant) la fin de la normalisation des liens entre la Turquie et le président Bashar Assad”.

Marwah, une syrienne qui vit à Bursa et travaille dans les ressources humaines, pense que les réseaux sociaux sont responsables de la démesure de la situation.

“En suivant les informations, j'ai eu l'impression qu'on me tuerait pour mon identité si je sortais de chez moi, mais cela n'a pas été le cas”, a-t-elle déclaré à Arab News.

Pourtant, les nouvelles et les images des émeutes ont semé la panique parmi les syriens. “Certains ont frénétiquement vendu leurs biens ou emprunté environ 8 000 dollars pour fuir la Turquie, tandis que d'autres ont envisagé de retourner en Syrie”, explique Marwah.

“Même mon collègue, qui a la nationalité turque, s'est renseigné sur la possibilité de s'installer en Égypte, bien qu'il n'ait pas été témoin des violences”.

FAITS

3,6 millions de réfugiés syriens sont enregistrés en Turquie (HCR)

Les agences des Nations unies et plusieurs organismes de défense des droits de l'homme, dont Amnesty International, ont conclu que la Syrie restait un pays dangereux pour le rapatriement des réfugiés.

Marwah a expliqué que bien que la violence contre les syriens ne soit pas inhabituelle en Turquie depuis le déclenchement de la guerre civile en 2011, qui a fait fuir des millions de personnes à l'étranger, “Kayseri est un endroit où les syriens et les turcs ont coexisté pacifiquement, 48 pour cent des travailleurs étant syriens”.

“Apparemment, il n'était pas facile d'inciter à la discorde entre syriens et turcs à Kayseri, il fallait donc le faire par le biais d'un sujet lié à des valeurs communes, les habitants de Kayseri étant généralement conservateurs”, a déclaré Marwah.

Elle dit avoir entendu dire par des habitants que “des groupes de voyous ont été amenés à Kayseri dans des bus pour attiser la violence”.

“Les turcs de Kayseri, qui est une ville industrielle, prennent généralement leur retraite tôt, il est donc peu probable que ce soient les habitants qui aient participé aux violences contre les syriens”, a-t-elle ajouté, soulignant que “toute personne vivant en Turquie depuis des années sait que ces émeutes - et leur couverture par les réseaux sociaux - n'ont pas pu éclater spontanément, sans avoir été planifiées à l'avance”.

Les sentiments anti-arabes ont peut-être déjà mis un frein aux ambitions de l'industrie touristique turque.

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Des touristes débarquent d'un bateau après une excursion sur le Bosphore à Istanbul. La Turquie a enregistré une hausse des visites touristiques après l'ère COVID, et les visiteurs saoudiens devraient atteindre un million cette année. (AFP/File)

Selon le site d'information Hurriyet Daily, le nombre de touristes provenants de Bahreïn, des Émirats arabes unis, du Qatar, du Koweït et de Jordanie a chuté en 2023 de 34 pour cent, 17 pour cent, 24,2 pour cent, 24,4 pour cent et 22,2 pour cent respectivement.

Lana, une activiste syrienne basée au Royaume-Uni, a déclaré que “si l'intensification du racisme anti-arabe au cours des dernières années a entraîné une baisse du tourisme arabe en Turquie, l'impact le plus important est ressenti par les ressortissants syriens qui, au cours des trois dernières années, ont cherché à poursuivre leur migration vers l'Europe”.

Elle estime que l'hostilité a été encouragée en partie parce que les réfugiés syriens ont été utilisés comme un “pion politique” dans les élections locales et “ne sont pas inclus dans les discussions relatives à leur statut et à leur avenir”.

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Sur cette photo de 2017, des réfugiés syriens sont autorisés à retourner en Syrie au point de passage d'Oncupinar, près de la ville de Kilis, dans le centre-sud de la Turquie, pour assister aux festivités d'al-Adha. (AFP/File)

Enass, une journaliste syrienne basée en France qui a également requis l'anonymat, estime que “la Turquie, comme d'autres pays voisins, a profité de l'accueil des réfugiés syriens”.

“Il y avait un accord clair pour augmenter le soutien de l'UE à la Turquie en échange d'une réduction de l'afflux de réfugiés vers les pays européens en 2015”, a-t-elle déclaré à Arab News, soulignant que la plupart des voisins de la Syrie “ont abordé la crise des réfugiés comme une affaire urgente plutôt que comme une situation permanente”.

En 2016, un accord a été conclu entre la Commission européenne et Ankara pour contrôler le flux de bateaux de migrants irréguliers vers la Grèce. La Turquie a accepté de renforcer la sécurité de ses frontières en échange de 6 milliards d'euros (6,6 milliards de dollars).

“La gestion de la question des réfugiés par le gouvernement a été à la fois politique et économique, visant à servir l'intérêt national, tandis que le public a souvent été induit en erreur sur la façon dont leur pays a bénéficié de l'accueil des réfugiés syriens”, a déclaré Enass.

Elle a ajouté que de nombreux politiciens turcs, en particulier pendant les campagnes électorales, “ont utilisé une rhétorique anti-réfugiés” qui “a contribué à inciter à la violence contre les communautés syriennes vulnérables à travers le pays”.

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Des femmes montrent leur travail dans un centre de soutien à l'entreprenariat pour les réfugiés syriens à Sanliurfa, dans le sud-est de la Turquie, le 18 octobre 2023. (AFP)

“Pendant des années, des partis politiques concurrents en Turquie ont diffusé des informations trompeuses sur l'aide apportée aux réfugiés syriens. Cela a mené les citoyens turcs à croire que les réfugiés avaient droit à des services et à un soutien, ce qui a contribué à l'inflation économique. Ce n'est pas vrai”, a déclaré Enass.

“Les partis d'opposition ont capitalisé sur cette désinformation pour attiser la colère de la population turque”.

Selon une étude de l’Economic Research Foundation en Turquie, les entrepreneurs syriens en Turquie détenaient, en tout ou en partie, au moins 10 000 entreprises en 2019. Ces entreprises emploient environ 44 000 syriens ainsi que des milliers de ressortissants turcs.

Enass a déclaré que l'évolution du paysage politique et économique “incite le gouvernement turc à prendre de nouvelles mesures qui encouragent les syriens à rentrer ‘volontairement’, mais il s'agit d'une forme d'expulsion injustifiée d'individus détenant des permis valides”.

Elle a ajouté : “Le retard dans le traitement des incidents de sécurité contre les syriens en Turquie sape les intérêts des syriens et contribue à la montée des discours de haine”.

Erdogan a déclaré qu'il ne voyait aucune raison de ne pas rétablir les relations diplomatiques avec Damas, mais les dirigeants syriens ont conditionné la normalisation au retrait des forces turques du territoire syrien.

Un rapprochement se traduirait par l'ouverture d'un point de passage entre les zones tenues par le gouvernement et celles contrôlées par les forces d'opposition soutenues par la Turquie dans la province d'Alep.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le président Ahmad al-Chareh discute de la relance économique de la Syrie avec des ministres saoudiens

Le président de la République arabe syrienne Ahmad al-Chareh et le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane. (SPA)
Le président de la République arabe syrienne Ahmad al-Chareh et le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane. (SPA)
Le président de la République arabe syrienne Ahmad al-Chareh et le ministre saoudien de l'Intérieur, le prince Abdulaziz ben Saud ben Naif. (SPA)
Le président de la République arabe syrienne Ahmad al-Chareh et le ministre saoudien de l'Intérieur, le prince Abdulaziz ben Saud ben Naif. (SPA)
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  • Al-Chareh prendra la parole lors de la neuvième conférence de l’Initiative pour l’investissement futur à Riyad
  • Il a rencontré le ministre des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, et le ministre de l’Intérieur, le prince Abdelaziz ben Saoud ben Nayef

LONDRES : Le président de la République arabe syrienne, Ahmad al-Chareh, et le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, ont examiné les moyens de renforcer et de développer la coopération dans divers domaines lors d’une rencontre à Riyad.

Al-Chareh est arrivé mardi en Arabie saoudite pour participer à la neuvième édition de la conférence de l’Initiative pour l’investissement futur (FII), qui se tient jusqu’à jeudi et réunit dirigeants et ministres du monde entier.

Les deux parties ont également évoqué les opportunités de coopération économique dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie, des infrastructures et de la technologie, alors que la Syrie aspire à atteindre une stabilité économique, selon l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Assad Hassan Al-Shaïbani, ainsi que le Dr Mousaed ben Mohammed Al-Aiban, ministre d’État saoudien et membre du Conseil des ministres, ont assisté à la réunion.

Lors d’une autre rencontre, Al-Chareh a discuté avec le ministre saoudien de l’Intérieur, le prince Abdelaziz ben Saoud ben Nayef, des différents aspects de la coopération sécuritaire, économique, ainsi que du développement régional et international.

Il s’est également entretenu avec le ministre de l’Investissement, Khalid Al-Falih, accompagné d’Al-Shaïbani et du ministre syrien de l’Économie, Mohammad Nidal Al-Shaar, au sujet des partenariats en matière d’investissement, de développement et de reconstruction, ainsi que des efforts visant à soutenir la reprise économique de la Syrie.

Al-Chareh doit prendre la parole lors de la conférence FII9 et rencontrer des représentants de sociétés internationales d’investissement pour discuter de la coopération et de la croissance économique régionale.

Selon l’Agence arabe syrienne d’information (SANA), la visite officielle comprend également des entretiens avec le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane.

Lancée en 2017, la FII — souvent surnommée « Davos du désert » — est devenue une plateforme clé pour l’Arabie saoudite afin de présenter sa stratégie de diversification économique dans le cadre de la Vision 2030.

L’édition de cette année, qui se poursuit jusqu’au 30 octobre, réunit décideurs mondiaux, investisseurs et dirigeants d’entreprise pour débattre des tendances qui façonnent l’économie mondiale et explorer les partenariats dans les secteurs émergents.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
 


Le pape priera au port de Beyrouth au cours de son premier voyage

Le pape Léon XIV dirige une messe dans le cadre du Jubilé du monde de l'éducation à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 27 octobre 2025. (AFP)
Le pape Léon XIV dirige une messe dans le cadre du Jubilé du monde de l'éducation à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 27 octobre 2025. (AFP)
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  • Le pape Léon XIV effectuera son premier voyage à l’étranger depuis son élection en mai, visitant la Turquie pour le 1.700e anniversaire du Concile de Nicée et le Liban, où il priera sur le site de l’explosion du port de Beyrouth de 2020
  • Lors de ce voyage, il rencontrera des dirigeants politiques et religieux, célébrera des messes publiques et œcuméniques, et rendra hommage aux victimes et aux figures saintes du Liban

Cité du Vatican, Saint-Siège: Le pape Léon XIV priera sur le site de l'explosion il y a cinq ans au port de Beyrouth, après une rencontre avec le président turc, Recep Tayyip Erdogan, lors d'un voyage en Turquie et au Liban en novembre, a annoncé le Vatican lundi.

Ce sera le premier voyage à l'étranger du pape américain depuis qu'il est devenu chef des 1,4 milliard de catholiques en mai, après le décès du pape argentin François.

Le voyage de Léon débutera en Turquie, à l'occasion du 1.700e anniversaire du Concile de Nicée.

Le pape arrivera le 27 novembre à Ankara, où il rencontrera Recep Tayyip Erdogan ainsi qu'un groupe de responsables, d'organisations de la société civile et de diplomates, avant de se rendre à Istanbul.

Le 28 novembre, il effectuera une excursion d'une journée à Iznik, la ville actuelle où se trouvait Nicée, pour diriger une prière œcuménique.

En l'an 325, le premier concile œcuménique de l'histoire du christianisme avait rassemblé 300 évêques de l'Empire romain et établi des bases doctrinales toujours reconnues par de nombreuses confessions chrétiennes.

Le lendemain, le pape visitera la célèbre Mosquée Bleue d'Istanbul et rencontrera le patriarche orthodoxe Bartholomée Ier, avant de célébrer une messe publique.

Le pape Léon se rendra à Beyrouth le 30 novembre, où il rencontrera le président libanais, Joseph Aoun, et le Premier ministre, Nawaf Salam.

Il se rendra le 1er décembre sur la tombe du saint patron du Liban, Saint Charbel Makhlouf, au monastère Saint Maron d’Annaya, au nord de Beyrouth.

Dans ce qui sera probablement un moment chargé d'émotion, il tiendra le 2 décembre une prière silencieuse sur le site de l'explosion au port de Beyrouth en 2020, qui a fait plus de 220 morts et dévasté une grande partie de la capitale libanaise. Il célébrera également une messe publique.

Le dernier pape à avoir visité le Liban était Benoît XVI en 2012, tandis que la dernière visite papale en Turquie remonte à 2014, lorsque François s'était rendu à Ankara et Istanbul.

Ce déplacement devait initialement être effectué fin mai par le pape François, mort le 21 avril à 88 ans.


Le Kosovo explore une nouvelle ère tech aux côtés de l’Arabie saoudite, selon Vjosa Osmani

La rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Noor Nugali, s'entretient avec la présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, à Riyad, lundi. (Photo AN de Jafar Saleh)
La rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Noor Nugali, s'entretient avec la présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, à Riyad, lundi. (Photo AN de Jafar Saleh)
La rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Noor Nugali, s'entretient avec la présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, à Riyad, lundi. (Photo AN de Jafar Saleh)
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La rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Noor Nugali, s'entretient avec la présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, à Riyad, lundi. (Photo AN de Jafar Saleh)
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  • Osmani exprime sa gratitude pour le soutien historique du Royaume au Kosovo et appelle à des échanges culturels, éducatifs et jeunesse plus approfondis
  • Lors d’une intervention à Riyad avant le FII, Osmani appelle à une coopération élargie dans la tech, l’investissement et l’innovation numérique pour le DAK 2030

RIYAD : Le Kosovo et l’Arabie saoudite peuvent s’appuyer sur leurs solides bases d’amitié grâce à une coopération émergente dans la technologie et l’innovation, a déclaré la présidente Vjosa Osmani à Arab News, lors d’une visite à Riyad pour la 9ᵉ édition du Future Investment Initiative (FII).

Alors que des dirigeants mondiaux, entrepreneurs et investisseurs se réunissent cette semaine dans la capitale saoudienne pour le FII — surnommé le « Davos du désert » — Osmani a affirmé que l’événement « ouvrira de nouveaux chapitres de coopération » entre les deux nations.

La participation du Kosovo représente une opportunité précieuse de créer des liens commerciaux, d’attirer des investissements et d’échanger des expertises avec le Royaume, qu’elle décrit comme « l’un des leaders mondiaux en matière de progrès technologique et d’intelligence artificielle ».

« Nous nous sentons très privilégiés par les relations bilatérales que nous entretenons avec l’Arabie saoudite », a déclaré Osmani.

« C’est l’un des pays qui a soutenu le peuple du Kosovo dans les heures les plus sombres de notre histoire, mais qui est également resté à nos côtés à chaque étape de notre progression en tant que pays vivant désormais dans la liberté, l’indépendance et la prospérité. »

L’Arabie saoudite fut l’une des premières nations à reconnaître l’indépendance du Kosovo en 2008, suite à l’intervention de l’OTAN en 1999 et à une période d’administration de l’ONU — un geste toujours profondément significatif pour Pristina.

« Au fil des années, nous avons développé d’excellentes relations, car l’Arabie saoudite fut l’un des premiers pays à reconnaître notre indépendance, notre lutte pour la liberté et à nous soutenir », a-t-elle précisé.

« Je crois que cette visite ne fera qu’ouvrir de nouveaux chapitres de coopération et, espérons-le, porter cette relation entre nos deux pays vers de nouveaux sommets. »

Le FII, maintenant à sa neuvième année, est devenu l’un des rassemblements mondiaux les plus influents pour l’investissement et l’innovation. Osmani a déclaré que la participation du Kosovo parmi les nations présentes constitue un honneur et une reconnaissance du potentiel du pays dans l’économie numérique.

« Il y a un potentiel énorme que nous pouvons percevoir ici au FII », a-t-elle expliqué. « Bien qu’il s’agisse d’un forum relativement jeune comparé à tant d’autres, il a su attirer des milliers de représentants, qu’ils soient politiques ou économiques.

« Et je pense que ce mélange permet également à nous, en tant que dirigeants politiques, d’apprendre beaucoup du monde des affaires sur la manière de renforcer nos relations et de garantir que les relations politiques et économiques profitent aux populations que nous représentons.

« D’après ce que nous avons vu, le FII est un lieu où les relations ne s’arrêtent pas à la fin du forum mais se poursuivent juste après, avec de nombreux contrats signés, de nombreux accords négociés et de nombreuses relations politiques renforcées. »

Le Kosovo, jeune république comptant l’une des populations les plus connectées d’Europe, a lancé l’ambitieux programme « Digital Agenda Kosovo 2030 » (DAK 2030) pour devenir une « société gigabit » reposant sur la connectivité 5G, la gouvernance électronique et l’innovation en intelligence artificielle.

Osmani estime que le partenariat avec l’Arabie saoudite — qui elle-même développe son agenda numérique et IA dans le cadre de Vision 2030 — peut être transformateur.

« Nous voyons que l’Arabie saoudite devient l’un des leaders mondiaux en matière de progrès technologique et d’IA en particulier », a-t-elle déclaré.

« Étant donné que le Kosovo est leader dans notre région pour la deuxième année consécutive, pays avec le taux de compétitivité IT le plus élevé et une population jeune, connectée et innovante… nous croyons fortement au potentiel énorme d’attirer des investissements directs étrangers dans ce domaine vers le Kosovo. »

Elle a ajouté : « Pour de nombreux représentants ici, qu’ils soient politiques ou économiques, le Kosovo peut être une destination attractive pour l’investissement ou la coopération avec nos entreprises locales.

« Nous croyons fermement que le développement de la technologie et de l’IA doit bénéficier à l’humanité — rendre la croissance économique plus durable, trouver des remèdes à de nombreuses maladies, garantir la qualité de l’éducation et de la santé. »

Osmani a également souligné le soutien de longue date de l’Arabie saoudite à la population majoritairement musulmane du Kosovo, notant que chaque année environ 1 500 Kosovars effectuent le pèlerinage à La Mecque et Médine.

« Nous sommes reconnaissants envers l’Arabie saoudite pour leur coopération à cet égard », a-t-elle dit. « Les Kosovars ont toujours vécu une expérience très enrichissante et spirituelle ici.

« C’est un domaine dans lequel le chef de la communauté islamique, notre mufti M. Ternava, a très bien coopéré avec l’Arabie saoudite et avec votre ministère du Hajj.

« Nous avons eu des visites de l’Arabie saoudite pour discuter de la manière de renforcer cette coopération. Nous sommes très reconnaissants de leur soutien et espérons pouvoir l’amplifier à l’avenir. »

Osmani a salué le « rôle croissant de l’Arabie saoudite pour la paix et la stabilité, non seulement dans la région mais dans le monde », en référence aux efforts de médiation du Royaume concernant Israël-Palestine, Russie-Ukraine et d’autres conflits.

Elle a précisé que le Kosovo soutient le leadership du Royaume « pour s’assurer qu’il non seulement intervient à l’échelle mondiale mais réussisse, car garantir la paix dans le monde est l’une des missions les plus nobles ».

Pour Osmani, paix et stabilité ne sont pas des idéaux abstraits mais des réalités vécues, ancrées dans l’histoire douloureuse du Kosovo.

« Je crois que ces efforts de médiation fonctionnent », a-t-elle affirmé. « Pour certains, la paix est écrite sur le papier ; pour nous, c’est notre vie.

« Nous avons grandi en enfants de guerre. Nous avons subi une guerre génocidaire. Chaque génération, y compris celle de nos parents, grands-parents et arrière-grands-parents, a traversé des guerres.

« Nos enfants sont la première génération dans l’histoire de notre nation à vivre en paix. Il n’y a rien de plus important que de s’assurer que chaque enfant de notre pays puisse s’endormir paisiblement, sans peur de la guerre. »

Elle a ajouté : « Nous serons toujours reconnaissants envers tous ceux dans le monde qui nous ont soutenus pour sauver nos vies, libérer notre pays et nous donner les moyens de reconstruire après la guerre.

« Aujourd’hui, nous sommes un pays rétabli, un pays en plein essor, économiquement prospère, sous la règle de droit et dans les relations internationales. »

Osmani a salué les « efforts et le leadership de Son Altesse Royale (le prince héritier Mohammed ben Salmane), en coopération avec le président des États-Unis et de nombreux dirigeants mondiaux », en référence au récent cessez-le-feu à Gaza.

Elle a déclaré que le Kosovo « soutient pleinement ces efforts, car nous comprenons combien la paix est précieuse et combien sont bénies les nations qui vivent en paix, car c’est la seule voie vers la prospérité ».

Au-delà de la politique et de l’investissement, Osmani a souligné l’importance du contact direct entre les peuples saoudien et kosovar — via l’éducation, la culture et les programmes jeunesse.

« Vous avez raison, les liens entre les peuples ont toujours été forts », a-t-elle affirmé. « Nous devons trouver de nouvelles façons pour que cette relation fleurisse davantage, que ce soit dans l’éducation, la culture ou d’autres domaines.

« Il y a une opportunité énorme, et c’est pourquoi je suis ici — pour nous assurer que nous élargissons ces opportunités. »

Elle a ajouté : « J’encouragerai notre jeune génération à visiter l’Arabie saoudite, et j’aimerais encourager les jeunes Saoudiens à venir au Kosovo. En se rencontrant, en partageant idées et expériences, c’est ainsi que se créent ces relations. »

Osmani a également lancé une invitation à la direction saoudienne : « Nous serions honorés si Son Altesse Royale visitait également la République du Kosovo à sa convenance, afin que le peuple du Kosovo puisse remercier l’ensemble des dirigeants et du peuple saoudien pour leur soutien. »

Pour Osmani, investir dans la jeunesse est essentiel pour maintenir la vitalité de cette relation.

« Pour que deux pays et deux peuples entretiennent d’excellentes relations, il faut toujours impliquer la jeune génération », a-t-elle précisé. « Ils ont le plus d’énergie et peuvent faire le meilleur travail pour renforcer ces liens entre les peuples. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com