Sahara occidental: Paris fait un pas vers le Maroc

Un véhicule de l'armée marocaine passe devant des épaves de voitures à Guerguerat, au Sahara occidental, le 24 novembre 2020, après l'intervention des forces armées royales marocaines dans la région. (Archives AFP)
Un véhicule de l'armée marocaine passe devant des épaves de voitures à Guerguerat, au Sahara occidental, le 24 novembre 2020, après l'intervention des forces armées royales marocaines dans la région. (Archives AFP)
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Publié le Mercredi 31 juillet 2024

Sahara occidental: Paris fait un pas vers le Maroc

  • Pour la France, ce plan « constitue désormais la seule base pour aboutir à une solution politique juste durable et négocié, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des nations unies »
  • Cherchant à minimiser l'impact de ce geste sur les relations franco-algériennes, Paris estime que les relations franco-algériennes ont leur valeur propre selon l’esprit de la déclaration d’Alger

 

PARIS: Réchauffer les relations avec le Maroc au risque de provoquer une nouvelle crise avec l’Algérie ?

Cette question est posée suite à l’inflexion de la position française dans la direction du Maroc dans le cadre du conflit sur le Sahara occidental qui l’oppose à l’Algérie.

Ce conflit vieux de plusieurs décennies autour de cette ex-colonie espagnol continue d’envenimer les relations entre le Maroc et l’Algérie alors que les initiatives internationales déployées en vue d’un éventuel règlement sont restées lettres mortes.

Le Maroc contrôle 80% du territoire cette enclave située à ses frontières avec l’Algérie qui pour sa part soutient les indépendantistes du Front Polisario et réclame un référendum sur l’autodétermination sous l’égide des Nations Unies.

Dans une lettre adressée au souverain marocain Mohamed VI à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de son accession au trône, le président français Emmanuel Macron a voulu rompre avec l’équilibrisme improductif jusque-là affiché par la France.

Il affirme dans la lettre qu’il considère « que le présent et l'avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine », et officialise ainsi la nouvelle tendance de la diplomatie française

Il insiste sur « l'intangibilité de la position française sur cet enjeu de sécurité nationale pour votre Royaume » et assure que « la France entend agir en cohérence avec cette position à titre national et au niveau international ».

 « L'autonomie sous souveraineté marocaine est le cadre dans lequel cette question doit être résolue » indique le président français, et « notre soutien au plan d'autonomie proposé par le Maroc en 2007 est clair et constant » estime t-il.

Pour la France, ajoute Macron, ce plan « constitue désormais la seule base pour aboutir à une solution politique juste durable et négocié, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité des nations unies ».

Cherchant à minimiser l'impact de ce geste sur les relations franco-algériennes, Paris estime que les relations franco-algériennes ont leur valeur propre selon l’esprit de la déclaration d’Alger initiée par les deux présidents français et algérien, lors de la visite effectuée par Macron le 25 août 2022.

L’Algérie est un partenaire stratégique pour la France, martèlent inlassablement les milieux diplomatiques français qui soulignent la nécessité de continuer à développer les relations bilatérales entre les deux pays.

Aucune autre initiative efficace

Paris assure également que, “pour ce qui est de la lettre, il n’y a rien de dramatique car ces propos s’inscrivent dans le droit fil du partenariat stratégique qui unit la France et le Maroc”. Elle fait par ailleurs suite à une grande intensification des échanges entre les deux pays au niveau ministériel, qui ont permis de couvrir tous les aspects de la relation bilatérale.

La lettre traduit également les deux constats que Paris fait sur le terrain et au plan diplomatique depuis 2007.

D’abord, le consensus international de plus en plus large qui se dégage concernant l’initiative marocaine sur le Sahara, notamment dans le continent africain, suite au retour du Maroc au sein de l’Union Africaine.

Ensuite,  le développement économique et social du Sahara occidental qu’il convient d’accompagner suite à toute une série d’initiatives prises par le royaume marocain à cet égard, avec des investissements très importants.

Ces éléments réunis ne pouvaient qu’inciter Paris à vouloir avancer sur cette question sur la base d’un cap très clair du droit international, d’autant plus que depuis 2017, il n’y a aucun autre plan crédible qui a été proposé pour résoudre cette situation.

Les négociations entamées à ce sujet dans le cadre des Nations Unies n’ont à ce stade débouché sur aucune avancée ce qui fait dire à Paris qu’il faudra continuer à soutenir les efforts de l'envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara, Stéphane De Mistura.

Ce dernier avait proposé de reprendre des discussions autour d’une table ronde, en 2018 et 2019 sans y parvenir, néanmoins Paris continue de soutenir cette proposition étant donné que les efforts de l’ONU qui doivent aboutir à un processus d’intégration régional renouvelé qui pourrait favoriser la coopération pour la prospérité au Maghreb au bénéfice de toutes les parties.

Sérénité française?

La sérénité affichée du côté français, n’empêche pas les interrogations concernant la réaction algérienne, et d’ores et déjà une source diplomatique française interrogée par Arab News en français estimait que la visite prévue du président algérien Abdelmajid Tebboune à l’automne prochain semble compromise.

Mais au-delà, la source refuse d’extrapoler sur l’ampleur de la réaction algérienne ou de reprendre à son compte l’hypothèse d’une rupture des liaisons aériennes avec la France ou d’une rupture des relations diplomatiques.

Cependant, elle estime que la France est en retard sur ce dossier par rapport à d’autres pays tels que l’Espagne ou les Etats Unis qui ont déjà franchi le pas en prenant, depuis pas mal de temps, des positions beaucoup plus favorables à l’égard du Maroc.

Les Français, souligne la source, étaient pris en tenaille par le souhait de ménager l’Algérie tout en perdant du terrain et de la sympathie au Maroc, et qu’il est grand temps d’aller de l’avant avec les Marocains surtout que les efforts intenses déployés envers les Algériens depuis l’arrivée au pouvoir de Macron sont quasi-stériles.

En attendant l’éventuelle riposte d’Alger, il est utile de rappeler que le ministère des affaires étrangères algérien a publié un communiqué lapidaire, lorsque la France lui a notifié sa décision concernant le Sahara.

Selon les termes de ce communiqué la décision française de soutenir le plan d’autonomie défendu par le Maroc est « inattendue, inopportune et contre-productive ».


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.


Accord UE-Mercosur: semaines décisives à Bruxelles, la France risque l'isolement

Des agriculteurs et des membres de la Fédération nationale bovine manifestent près de l'ambassade du Brésil à Paris le 9 juillet 2025 pour montrer leur opposition à un éventuel accord de libre-échange entre l'Union européenne (UE) et le Marché commun du Sud (MERCOSUR). (AFP)
Des agriculteurs et des membres de la Fédération nationale bovine manifestent près de l'ambassade du Brésil à Paris le 9 juillet 2025 pour montrer leur opposition à un éventuel accord de libre-échange entre l'Union européenne (UE) et le Marché commun du Sud (MERCOSUR). (AFP)
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  • La Commission européenne vise à obtenir le feu vert des États membres pour l’accord commercial UE-Mercosur d’ici le 20 décembre, malgré l’opposition française et des agriculteurs inquiets
  • La ratification finale dépendra du Parlement européen, où le vote pourrait être serré, avec une opposition notable de l’extrême gauche, de l’extrême droite et de nombreux députés français et polonais

BRUXELLES: La Commission européenne veut agir vite. Elle se donne jusqu'au 20 décembre pour obtenir le feu vert des États européens sur l'accord commercial avec les pays latino-américains du Mercosur, que la France aura du mal à bloquer.

Le vote des Vingt-Sept, à la majorité qualifiée, pourrait même intervenir début décembre, selon une source au sein de la Commission.

Les agriculteurs européens sont toujours vent debout contre cet accord qu'ils jugent "inacceptable" et voient comme une menace directe pour des filières comme la viande et le sucre.

Mais Bruxelles estime avoir fait ce qu'il fallait pour les rassurer et... amadouer Paris.

La Commission a annoncé en septembre des mesures de sauvegarde renforcées pour les produits agricoles les plus sensibles, promettant une intervention en cas de déstabilisation du marché.

Les diplomates des pays européens devraient d'ailleurs approuver cette clause de sauvegarde ce mercredi.

Elle "sera efficace pour résoudre les problèmes", martèle le commissaire européen à l'Agriculture Christophe Hansen.

Ce Luxembourgeois insiste au passage sur les "opportunités" que représente ce traité de libre-échange avec l'Argentine, le Brésil, l'Uruguay et le Paraguay pour les exportations européennes de vins et de produits laitiers. "Nous avons besoin d'exporter", a-t-il souligné après une réunion avec les ministres de l'Agriculture lundi.

Ce rendez-vous à Bruxelles a permis à chacun de réaffirmer ses positions.

Dans le camp des thuriféraires de l'accord, l'Allemagne et l'Espagne appellent à soutenir les exportateurs européens, notamment industriels, au moment où l'UE souffre sur le plan économique.

Ils jugent indispensables de diversifier les partenariats commerciaux depuis l'imposition de taxes douanières dans les États-Unis de Donald Trump.

"Je pense que l'accord avec le Mercosur progresse et qu'il sera ratifié. Nous espérons qu'il pourra entrer en vigueur au début de l'année prochaine", a déclaré le ministre espagnol Luis Planas.

La valse-hésitation des Français commence d'ailleurs à irriter à Bruxelles.

"Plutôt positif" lors d'un déplacement au Brésil, le président Emmanuel Macron avait semblé faire un pas en avant en faveur de l'accord, avant de rétropédaler après le tollé provoqué par ses propos parmi les agriculteurs français comme dans la classe politique.

Depuis, Paris assure que ce traité n'est toujours pas acceptable en l'état et fixe ses conditions.

- Un Parlement européen divisé -

La France voudrait des "mesures miroirs" pour que tous les pesticides interdits dans l'Union européenne "soient véritablement interdits dans les productions issues des pays du Mercosur", a dit la ministre Annie Genevard.

Paris réclame aussi des contrôles plus efficaces pour garantir que les produits importés respectent les normes européennes.

Dans un exercice d'équilibriste, le Premier ministre Sébastien Lecornu a répété l'opposition de la France à l'accord, mais "il ne faut pas qu’on se mente entre nous. Il y a bien des filières françaises qui vont bénéficier du Mercosur. On ne les entend pas beaucoup pour être honnête", a-t-il relevé lundi.

La France semble avoir compris qu'elle aurait du mal à bâtir une coalition suffisamment large pour s'opposer à l'accord, l'Italie penchant plutôt en faveur du traité désormais.

En attendant, Paris multiplie les échanges avec Bruxelles afin d'obtenir des concessions.

Les Français espèrent un geste sur les "limites maximales de résidus" (LMR) de pesticides autorisés, via un texte sur la sécurité alimentaire que doit présenter la Commission mi-décembre.

Sur l'accord en tant que tel, Bruxelles n'a pas l'intention de modifier sa copie en dépit des critiques. Tout juste est-il évoqué d'éventuelles communications ou échanges de lettres pour rassurer une dernière fois les récalcitrants comme la Pologne et la Hongrie.

L'Union européenne vise un feu vert des pays européens avant le sommet du Mercosur du 20 décembre au Brésil.

Mais la ratification devra ensuite passer par un vote du Parlement européen, où la partie pourrait s'avérer serrée.

"Ca ne va pas être facile. L'extrême gauche et l'extrême droite voteront" contre l'accord et dans les autres camps, "tous les Français et la plupart des Polonais" seront contre également, indique une source parlementaire, qui compte 300 opposants potentiels sur un total de 720 élus.

Environ 150 eurodéputés ont déjà appelé le Parlement à se tourner vers la Cour de justice de l'Union européenne pour contester ce traité. Un vote sur ce point pourrait avoir lieu en plénière dans les semaines qui viennent.