Qui pour succéder à Haniyeh à la tête du Hamas?

Une femme marche au milieu de véhicules à côté d'un panneau d'affichage du président iranien Masoud Pezeshkian (à droite) et du chef du Hamas Ismail Haniyeh sur la place de la Valise à Téhéran, le 1er août 2024. (AFP)
Une femme marche au milieu de véhicules à côté d'un panneau d'affichage du président iranien Masoud Pezeshkian (à droite) et du chef du Hamas Ismail Haniyeh sur la place de la Valise à Téhéran, le 1er août 2024. (AFP)
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Publié le Vendredi 02 août 2024

Qui pour succéder à Haniyeh à la tête du Hamas?

  • Le Hamas a annoncé que ses institutions politiques se réuniraient sous peu pour choisir un nouveau chef politique après la mort d'Ismaïl Haniyeh tué mercredi à Téhéran dans une frappe imputée à Israël
  • Malgré l'émergence de profils considérés comme modérés, les membres du Hamas restent attachés à une approche sans concession de la lutte pour l'existence d'un Etat palestinien, y compris par les armes

JERUSALEM: Le Hamas a annoncé que ses institutions politiques se réuniraient sous peu pour choisir un nouveau chef politique après la mort d'Ismaïl Haniyeh tué mercredi à Téhéran dans une frappe imputée à Israël.

Le contexte de cette succession qui intervient en pleine guerre dans la bande Gaza, déclenchée le 7 octobre par Israël en représailles à l'attaque sanglante du Hamas le même jour sur le sol israélien, risque d'influencer davantage l'avenir du Hamas que le choix de la personnalité pour succéder à Ismaïl Haniyeh qui occupait son poste depuis 2017.

Malgré l'émergence de profils considérés comme modérés, les membres du Hamas restent attachés à une approche sans concession de la lutte pour l'existence d'un Etat palestinien, y compris par les armes.

Après l'assassinat de son dirigeant, il serait "politiquement irrationnel" de mettre en avant que son successeur est enclin à la flexibilité vis-à-vis d'Israël, observe Tahani Mustafa de l'International Crisis Group (ICG).

"Les relations avec les pays arabes et islamiques" seront aussi prises en compte, a indiqué à l'AFP une source au sein du mouvement.

Voici quelques responsables pressentis.

- Khalil al-Haya -

Chef adjoint du bureau politique régional du Hamas à Gaza, Khalil al-Haya est réputé pour être proche de Yahya Sinouar, accusé par Israël d'être l'un des cerveaux de l'attaque du 7 octobre, et le chef du Hamas à Gaza.

En 2006, Khalil al-Haya dirigeait le bloc parlementaire du Hamas, tout juste sorti victorieux de législatives qui ont dégénéré en affrontements armés avec le mouvement Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas.

Fervent partisan de la lutte armée, il a perdu plusieurs membres de sa famille lors d'opérations militaires israéliennes, notamment en 2007 sur sa maison du nord de la bande de Gaza.

- Moussa Abou Marzouk -

Moussa Abou Marzouk, un haut responsable du bureau politique, est considéré comme similaire à Haniyeh dans son approche pragmatique des négociations. Il s'est par exemple exprimé en faveur d'un "cessez-le-feu de longue durée" avec Israël, et il est favorable à une acceptation des frontières palestiniennes dessinées après la guerre israélo-arabe de 1967, ce qui reste légèrement controversé au sein du mouvement.

Dans les années 90, il résidait aux Etats-Unis où il a été arrêté, accusé de lever des fonds pour la branche armée du Hamas. Il a ensuite vécu en exil, notamment en Jordanie, en Egypte, et au Qatar.

Son nom a souvent circulé pour la succession de l'un ou l'autre chef du Hamas, sans succès.

- Zaher Jabareen -

Grand argentier du mouvement, il est depuis longtemps en charge des finances du Hamas. Zaher Jabareen était proche de Haniyeh et parfois même décrit comme l'un de ses bras droit.

Incarcéré dans les prisons israéliennes, il a été libéré en 2011 dans le cadre d'un échange de prisonniers palestiniens contre la libération de Gilad Shalit, un soldat israélien retenu en otage pendant cinq ans.

Proche de la Turquie, où il a vécu, M. Jabareen a notamment recruté des personnes pour des activités de blanchiment d'argent à grande échelle, dont deux ont été arrêtées en Israël en 2018.

Il a aussi participé à des opérations meurtrières menées par la branche armée du Hamas.

- Khaled Mechaal -

Prédécesseur de Haniyeh, il vit en exil depuis 1967, en Jordanie, au Qatar, en Syrie et dans d'autre pays.

Il avait été propulsé à la tête du mouvement après l'élimination par Israël du fondateur du Hamas, Ahmed Yassine, puis de son successeur dans les territoires palestiniens, Abdelaziz Al-Rantissi.

M. Mechaal a lui-même survécu à une tentative d'assassinat en 1997 à Amman par des agents du Mossad, le service de renseignement israélien.

Quand il vivait en Syrie, il a critiqué le régime syrien pour sa répression violente des manifestations antigouvernementales, ce qui a provoqué des frictions avec l'Iran, un allié stratégique de la Syrie et un soutien majeur du Hamas.

- Yahya Sinouar -

Elu en février 2017 à la tête du Hamas dans la bande de Gaza, Yahya Sinouar figure parmi les partisans d'une ligne dure.

Agé de 61 ans, cet homme ascétique a passé 23 ans dans les prisons israéliennes avant d'être libéré en 2011 dans le cadre d'un échange de prisonniers.

Natif de Khan Younès, ville du sud de la bande de Gaza, il rejoint le Hamas au moment de sa création en 1987, année de la première Intifada (soulèvement).

Il fondera ensuite Majd, le service de sécurité intérieure du Hamas.

Ancien commandant d'élite au sein des brigades al-Qassam et cerveau présumé de l'attaque du 7 octobre, il est recherché par Israël et placé sur la liste américaine des "terroristes internationaux".

M. Sinouar entoure ses déplacements du plus grand secret. Il n'est pas apparu en public depuis le 7 octobre.


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.


Gaza 2025: 15 journalistes tués, selon le Syndicat des journalistes palestiniens

 Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
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  • Le dernier rapport du syndicat fait état d'une augmentation des arrestations, des menaces et du harcèlement des journalistes par les Israéliens
  • Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes

LONDRES: Au moins 15 professionnels des médias ont été tués à Gaza depuis le début de l'année 2025, selon un nouveau rapport publié par le Syndicat des journalistes palestiniens.

Le rapport, publié ce week-end par le comité des libertés du syndicat chargé de surveiller les violations commises par Israël à l’encontre des journalistes, souligne la persistance du ciblage direct des professionnels des médias.

Sept journalistes ont été tués en janvier et huit en mars, selon le rapport.

Par ailleurs, les familles de 17 journalistes ont été endeuillées, tandis que les habitations de 12 autres ont été détruites par des tirs de roquettes et d’obus. De plus, 11 personnes ont été blessées au cours de ces attaques.

Le rapport note que la violence à l'encontre des équipes de journalistes ne se limite pas aux attaques mortelles. Il fait état de l'arrestation de 15 journalistes, à leur domicile ou alors qu'ils étaient en mission. Certains ont été libérés quelques heures ou quelques jours plus tard, tandis que d'autres sont toujours en détention.

Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes, dont beaucoup ont été avertis d'évacuer les zones qu'ils couvraient.

Le rapport relève également une intensification du harcèlement judiciaire, avec plus d’une dizaine de cas où des journalistes – en majorité issus du quotidien Al-Quds, basé en Cisjordanie – ont été convoqués pour interrogatoire et se sont vu interdire de couvrir des événements aux abords de la mosquée Al-Aqsa et dans la vieille ville de Jérusalem.

En Cisjordanie occupée, environ 117 journalistes ont été victimes d'agressions physiques, de répression ou d'interdictions de reportage, en particulier à Jénine et à Jérusalem. La commission a également recensé 16 cas de confiscation ou de destruction de matériel de travail.

Les violences à l'encontre des journalistes surviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Les forces israéliennes ont intensifié leur offensive, coupant les approvisionnements vitaux des 2,3 millions d'habitants de Gaza, laissant l'enclave au bord de la famine.

Les actions d'Israël font désormais l'objet d'audiences à la Cour internationale de justice de La Haye, où Tel-Aviv est accusé de violer le droit international en restreignant l'aide humanitaire à Gaza.

Le bilan humanitaire est catastrophique.

Selon le ministère de la santé de Gaza, plus de 61 700 personnes ont été tuées à Gaza depuis qu'Israël a lancé son offensive le 7 octobre 2023. Plus de 14 000 autres sont portées disparues et présumées mortes, les civils constituant la grande majorité des victimes.

Le Comité pour la protection des journalistes, organisme de surveillance de la liberté de la presse basé à Washington, a également lancé un signal d’alarme face au nombre élevé de journalistes tués, indiquant qu’au moins 176 d’entre eux – en grande majorité des Palestiniens – ont perdu la vie depuis le début de l’offensive israélienne sur les territoires occupés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com