169 journalistes assassinés à Gaza : le bilan s’alourdit… dans l’indifférence générale

Des personnes en deuil et des collègues portant des pancartes "presse" entourent le corps du journaliste d'Al-Jazeera Arabic Ismail al-Ghoul, tué avec son caméraman Rami al-Refee lors d'une frappe israélienne pendant leur couverture du camp de réfugiés d'Al-Shati à Gaza, le 31 juillet 2024. (AFP)
Des personnes en deuil et des collègues portant des pancartes "presse" entourent le corps du journaliste d'Al-Jazeera Arabic Ismail al-Ghoul, tué avec son caméraman Rami al-Refee lors d'une frappe israélienne pendant leur couverture du camp de réfugiés d'Al-Shati à Gaza, le 31 juillet 2024. (AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 21 août 2024

169 journalistes assassinés à Gaza : le bilan s’alourdit… dans l’indifférence générale

  • La mort de Mouhareb, annoncée dans un communiqué publié par le bureau des médias dans la bande de Gaza, est passée sous les radars des médias français
  • Cette indifférence, dont fait preuve un corps médiatique connu pour sa solidarité corporatiste et son attachement à la défense des journalistes et des libertés inhérentes à leur métier, interpelle

​​​​PARIS: Lui, c’est Ibrahim Marwan Mouhareb. Ce journaliste de trente ans à peine a été assassiné par l’armée israélienne alors qu’il couvrait une incursion menée par des militaires israéliens à Khan Younès dans le nord de la bande de Gaza, le 18 août.

Mouhareb rejoint ainsi le cortège de 168 journalistes palestiniens assassinés délibérément par Israël depuis le 7 octobre à Gaza.

Assassinés parce qu’ils ont pour métier de relayer au monde la barbarie du carnage mené par les soldats israéliens dans l’enclave, dont l’accès est interdit aux journalistes étrangers.

Considérés par les Israéliens comme des militants pro-Hamas, ils sont pris pour cible sur leurs lieux de travail, dans leurs véhicules et même à l’intérieur de leurs domiciles, afin d’étouffer leurs voix qui racontent les horreurs des habitants de Gaza au quotidien.

La mort de Mouhareb, annoncée dans un communiqué publié par le bureau des médias dans la bande de Gaza, est passée sous les radars des médias français. Pas un mot, pas une ligne à ce sujet.

Contrairement aux conflits syrien, afghan, ukrainien ou autre durant lesquels toute atteinte aux journalistes sur place faisait la une de l’actualité en France, le sort des journalistes palestiniens ne suscite pas d’écho ou presque chez leurs confrères français.

Cette indifférence, dont fait preuve un corps médiatique connu pour sa solidarité corporatiste et son attachement à la défense des journalistes et des libertés inhérentes à leur métier, interpelle.

Interrogé par Arab News en français, le conseiller en communication Hakim el-Karoui tient des propos prudents mais explicites, car le sujet est extrêmement clivant en France.

Selon lui, cette indifférence est due à deux raisons, l’une générale et l’autre en lien avec le secteur des médias lui-même.

La raison générale, indique-t-il, est que « la France n’est pas à l’aise avec ce qui se passe à Gaza et avec ce que fait Israël dans cette enclave ». Le gouvernement adopte une position assez claire depuis le mois de janvier, à savoir un appel au cessez-le feu et à l’arrêt des hostilités, « mais la presse essaye de parler le moins possible de ce conflit ».

Ils abordent ce qui se passe en Israël et les débats au sein de la société israélienne, « mais concernant Gaza, on a une couverture médiatique qui se borne à égrener le nombre des morts et des blessés sans jamais rentrer dans les détails ».

C’est notamment le cas « de la presse de droite qui soutient le gouvernement israélien et des chaînes d’information qui ont tendance à minimiser ce qui se passe à Gaza », alors que la presse de gauche est, elle, du côté palestinien.

L’autre raison qui explique, selon El-Karoui, « le silence des journalistes français alors qu’ils sont habituellement les premiers à partir en guerre contre les régimes qui bafouent les libertés de la presse, c’est qu’ils considèrent qu’ils n’ont pas de collègues à Gaza ».

La bande de Gaza, souligne-t-il, est perçue comme « un trou noir par les journalistes français, sauf les quelques experts parmi eux », du fait qu’il n’y ait sur le terrain que « des Palestiniens qu’ils ne connaissent pas » et cela fait « qu’il n’y a pas un sentiment de solidarité » à leur égard.

Plus encore, ils estiment « qu’on ne peut pas être journaliste dans un système tenu par le Hamas », qu’ils considèrent dénué de toute liberté d’information.

Par ailleurs, El-Karoui soutient qu’il y a surtout dans le milieu des journalistes « un malaise général face à ce qui se passe. Moins on en parle, mieux on se porte, par craintes des polémiques et de ce qui pourrait en découler ».

Paradoxalement et sous prétexte de vouloir éviter tout parti pris, « on ne parle pas de tout ce qu’Israël commet comme erreurs ». Il y a une sorte de consensus sauf dans les médias engagés (de gauche) « pour parler le moins possible des crimes d’Israël ».

Il se dit surpris par le silence de Reporter sans frontières (RSF), organisme chargé de défendre la presse dans le monde, ils ont publié quelques communiqués, mais évidemment rien à voir avec ce qu’ils peuvent faire par exemple sur la Chine ou l’Iran. Pourtant, c’est leur rôle avant tout de le faire.

Serait-il sévère de dire qu’il s’agit d’une forme de complicité de la part des journalistes français ? Oui, affirme-t-il, « je pense que c’est trop sévère parce que ce n’est pas comme ça qu’ils le vivent ».

La majorité d’entre eux se dit « qu’il n’y a que des coups à prendre sur ce sujet », parce qu’à chaque prise de position « les patrons des rédactions vont recevoir des courriers de la part de militants pro-israéliens », d’où « cette politique de l’autruche » vis-à-vis de ces atrocités perpétuelles.


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Short Url
  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Bethléem renoue avec l'esprit de Noël à la faveur de la trêve à Gaza

Vue générale de la place de la Nativité avec des pèlerins et des fidèles avant la messe de minuit à l'église de la Nativité à Bethléem, en Cisjordanie occupée par Israël, le 24 décembre 2025. (AFP)
Vue générale de la place de la Nativité avec des pèlerins et des fidèles avant la messe de minuit à l'église de la Nativité à Bethléem, en Cisjordanie occupée par Israël, le 24 décembre 2025. (AFP)
Short Url
  • À Bethléem, Noël retrouve une dimension festive après deux ans de guerre, porté par un message de paix, de solidarité et de renouveau, malgré une crise humanitaire persistante à Gaza
  • Du Vatican au Moyen-Orient, les célébrations de Noël sont marquées par des appels forts à la justice, à la trêve et à l’espérance dans un monde traversé par les conflits

BETHLÉEM: Bethléem, ville de Cisjordanie occupée et berceau du christianisme, a célébré mercredi son premier Noël festif depuis le début de la guerre à Gaza, alors qu'à des milliers de kilomètres de là, le pape Léon XIV célébrait au Vatican la première messe de Noël de son pontificat.

Sous les ors de la basilique Saint-Pierre de Rome, devant les cardinaux, évêques, diplomates et environ 6.000 fidèles, le pape a délivré dans son homélie un message de "charité et d'espérance" face aux dérives d'une "économie faussée".

Le chef de l'Eglise catholique devrait renouveler jeudi, en prononçant sa bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde) ses appels à la paix. Mardi soir, il avait demandé une trêve d'un jour pour Noël dans le monde entier, disant regretter le fait que "la Russie semble avoir rejeté la demande de trêve".

A Bethléem, des centaines de fidèles se sont massés à l'approche de minuit dans la basilique de la Nativité, comble au point qu'ils étaient nombreux à être assis à même le sol.

Les célébrations de Noël de ces deux dernières années y avaient été ternies par la guerre dévastatrice à Gaza déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023.

Par solidarité avec les Palestiniens du territoire, les festivités avaient été annulées mais cette année, avec la trêve entrée en vigueur à Gaza en octobre, l'immense sapin de Noël s'est de nouveau illuminé devant la basilique de la Nativité, construite sur la grotte où la tradition chrétienne situe la naissance du Christ.

- "Solidarité" et "justice" -

Le patriarche latin de Jérusalem, le cardinal Pierbattista Pizzaballa, arrivé mercredi, y a délivré lors de la messe une homélie pour la paix, l'espoir et le renouveau, face aux décisions politiques et équilibres de pouvoirs qui "semblent souvent déterminer le destin des peuples".

"Noël, cependant, nous invite à regarder au-delà de la logique de la domination, à redécouvrir le pouvoir de l'amour, de la solidarité et de la justice", a dit le cardinal, qui avait célébré une messe à Gaza dimanche.

Le vice-président de l'Autorité palestinienne, Hussein al-Cheikh, était présent à la messe de Bethléem.

Dans la journée, des centaines de personnes ont envahi les rues de la ville pour assister au défilé des scouts sur l'emblématique place de la Mangeoire, égrenant les chants traditionnels.

"C'est une journée pleine de joie, parce qu'avant on ne pouvait pas célébrer à cause de la guerre", dit à l'AFP Milagros Anstas, 17 ans, dans son uniforme bleu et jaune.

Des hommes déguisés en Père Noël vendaient des pommes d'amour et des jouets, tandis que des familles se faisaient photographier devant une crèche encadrée par une étoile géante.

"Je suis venue en Terre sainte pour réaliser le rêve de toute une vie : passer Noël ici", a déclaré Ursula Whalen, venue de Caroline du Nord, aux Etats-Unis.

- Crise humanitaire -

Comme ailleurs au Moyen-Orient, les chrétiens représentent une minorité en Terre sainte, avec une communauté de 185.000 personnes en Israël et 47.000 dans les Territoires palestiniens.

Malgré l'esprit de fête qui règne dans la ville, la municipalité de Bethléem a tenu à tempérer le faste des célébrations. Car en dépit du cessez-le-feu, les Palestiniens de Gaza restent frappés par une grave crise humanitaire.

La grande majorité des plus de 2 millions de Gazaouis ont été déplacés par le conflit et vivent dans des conditions très difficiles. Des centaines de milliers d'entre eux sont encore sous des tentes, impuissants face aux pluies hivernales.

Carmelina Piedimonte, venue d'Italie avec un groupe catholique, a estimé qu'il était essentiel que les pèlerins et les touristes reviennent dans la ville sainte afin d'aider à relancer son économie en difficulté, qui dépend quasi exclusivement du tourisme.

En Syrie, la communauté chrétienne de Damas a fêté Noël sous haute surveillance dans la vieille ville, après un attentat suicide perpétré en juin dans une église de la capitale.

En Australie, les festivités sont particulièrement assombries par l'attentat antisémite survenu le 14 décembre sur la plage de Bondi, à Sydney.

"Noël sera différent cette année", a écrit sur X le Premier ministre Anthony Albanese, évoquant "une profonde tristesse".