A Paris, la communauté juive entre colère et peur après «  un attentat de plus  »

A Paris, la communauté juive entre colère et peur après "un attentat de plus"
A Paris, la communauté juive entre colère et peur après "un attentat de plus"
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Publié le Lundi 26 août 2024

A Paris, la communauté juive entre colère et peur après «  un attentat de plus  »

  • "Je suis en colère", réagit dimanche, la voix presque éteinte, Laurent Guez, habitant du 19ème arrondissement à Paris, "c'est de la haine, y'a pas de mot".
  • Ma fille est obligée de changer de nom quand elle commande sur les plateformes, à manger ou un trajet en voiture.

PARIS : La colère, la peur, et la désagréable impression que "ça ne s'arrête jamais": à Paris, au lendemain de l'attentat contre une synagogue de La Grande-Motte (Hérault) en plein shabbat, la communauté juive réclame justice, et s'inquiète de son avenir en France.

"Je suis en colère", réagit dimanche, la voix presque éteinte, Laurent Guez, habitant du 19ème arrondissement à Paris, "c'est de la haine, y'a pas de mot". Le quinquagénaire est abattu: "Les actes antisémites se suivent, après Rouen, La Grande-Motte, dans le métro, dans la rue...ça ne s'arrête jamais".

Agent de sûreté à l'aéroport de Roissy, Laurent s'entend "avec tout le monde, toutes les religions". Il déplore que certains fassent "trop d'amalgames" avec "ce qui se passe au Proche-Orient".

Joint par l'AFP dimanche, le président du Consistoire central israélite de France, Elie Korchia, fait le même constat: "On peut comprendre qu'il y ait une critique de la politique d'Israël, comme dans toute démocratie, mais ici ce sont des Juifs de France qui sont pris pour cibles". "Cela nous rappelle les pires heures des années 80, au moment de l'attentat de la rue Copernic par exemple", poursuit-il.

Charlie, 41 ans, explique avoir longtemps été "dans le déni de l'antisémitisme" notamment "par respect pour la souffrance des Gazaouis". Cette employée dans l'audiovisuel, qui donne un prénom d'emprunt, raconte avoir même passé sous silence "des croix gammées dans l'école de (ses) enfants".

Elle dit avoir intégré une "judéité discrète", demandant à ses enfants de "parler doucement dans la rue quand on évoque ma famille en Israël". Mais la multiplication des actes antisémites, en forte hausse depuis le 7 octobre, et parmi eux le viol d'une adolescente juive à Courbevoie en juin, a provoqué un déclic, et depuis elle a décidé de ne plus se taire.

Charlie s'inquiète, comme beaucoup de personnes rencontrées par l'AFP, de la parole de certains politiques qui "attisent la haine des Juifs". Les critiques contre LFI, qui rejette les accusations d'antisémitisme, sont légion.

- "on se demande si on part ou pas" -

"On a très peur, on se demande si on part ou pas", témoigne Aliza, 19 ans, elle aussi sous un faux prénom. La jeune femme a été agressée dans le métro parisien après le 7 octobre: "On m'a dit +sale juive, tu crèves, Hitler n'a pas fini le travail+. J'étais paralysée, je n'ai même pas pu répondre".

La volonté de partir, Geoffroy Boulard, maire du 17ème arrondissement qui compte une très importante communauté juive, "des plus libéraux aux plus traditionalistes", entend beaucoup de familles l'exprimer. Cet élu constate que "toute la communauté est inquiète, mais quand on attaque un Juif en France, c'est la France qu'on attaque".

Devant un supermarché cacher du nord de Paris, Eric, 57 ans, s'énerve: "On arrête des gens, et après la justice ne suit pas", déplore-t-il, donnant l'exemple d'un homme proférant des insultes antisémites en juin dans le métro, qui ne sera jugé "qu'en janvier".

Dans l'Hérault, le même dégoût habite Patrice Bitton, qui se dit "un peu plus apaisé" après l'arrestation samedi de l'auteur présumé de l'attentat contre la synagogue de La Grande-Motte, mais se demande "comment la justice va traiter ça".

"On est dans un contexte anxiogène qui nous amène à nous questionner sur notre vie quotidienne. Ma fille est obligée de changer de nom quand elle commande sur les plateformes, à manger ou un trajet en voiture. Nous avons changé notre nom sur la boîte aux lettres. On est obligés de réorganiser notre vie. C'est dingue, on est en France."

A l'appel de plusieurs organisations comme Golem, SOS Racisme ou la LDH, une centaine de personnes se sont rassemblées dimanche soir devant la mairie du 19e arrondissement de Paris.

Deux anciens députés frondeurs de LFI, Danielle Simonnet et Alexis Corbière ont participé au rassemblement, a constaté l'AFP.

"On a besoin d'être ensemble, de se sentir solidaires dans ce climat d'angoisse", a déclaré Emmanuel Sanders, porte-parole de Juifs et Juives Révolutionnaires (JJR), tout en jugeant "dramatique" que "les politiques de tout bord renvoie l'antisémitisme à l'autre camp".


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.