Michel Barnier met la dernière main à son gouvernement

Issu du parti de droite Les Républicains (LR), Michel Barnier a été choisi le 5 septembre par le président Emmanuel Macron, dans l'espoir qu'il parvienne à sortir la France de l'impasse politique. (AFP)
Issu du parti de droite Les Républicains (LR), Michel Barnier a été choisi le 5 septembre par le président Emmanuel Macron, dans l'espoir qu'il parvienne à sortir la France de l'impasse politique. (AFP)
Short Url
Publié le Samedi 21 septembre 2024

Michel Barnier met la dernière main à son gouvernement

  • Jeudi, une liste de 38 ministres avait été présentée au chef de l'Etat. Mais certaines personnalités, marquées très à droite, inquiètent au sein du camp présidentiel et sont dénoncées par la gauche
  • Parmi elles: Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR, qui devrait être nommé au ministère de l'Intérieur selon plusieurs sources, et la sénatrice LR Laurence Garnier, pressentie pour le ministère de la Famille

PARIS: Le nouveau Premier ministre français Michel Barnier espère présenter son gouvernement "avant dimanche", alors qu'une partie de la gauche est descendue de nouveau dans la rue samedi pour dénoncer "l'illégitimité" du futur exécutif.

La formation du gouvernement est compliquée par le résultat des législatives de juillet qui n'ont pas permis de dégager une majorité à l'Assemblée nationale, la chambre basse du parlement. Celle-ci est aujourd'hui divisée en trois blocs: gauche (arrivée en tête du scrutin), centre droit et extrême droite.

Issu du parti de droite Les Républicains (LR), Michel Barnier a été choisi le 5 septembre par le président Emmanuel Macron, dans l'espoir qu'il parvienne à sortir la France de l'impasse politique.

L'annonce de son gouvernement semblait se rapprocher samedi après-midi, M. Barnier ayant commencé à appeler ses futurs ministres, selon des sources au sein du camp présidentiel.

Jeudi, une liste de 38 ministres avait été présentée au chef de l'Etat. Mais certaines personnalités, marquées très à droite, inquiètent au sein du camp présidentiel et sont dénoncées par la gauche.

Parmi elles: Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR, qui devrait être nommé au ministère de l'Intérieur selon plusieurs sources, et la sénatrice LR Laurence Garnier, pressentie pour le ministère de la Famille.

Le premier est positionné très à droite sur le dossier de l'immigration, tandis que la seconde s'est exprimée contre mariage homosexuel et l'inscription de l'accès à l'interruption volontaire de grossesse dans la Constitution française.

Intérêt collectif

Le parti centriste MoDem a finalement acté sa participation au gouvernement, mais d'autres voix au sein du camp présidentiel ne semblent pas convaincues.

Un dirigeant de l'ex-majorité macroniste déplore qu'"aucune ambiguïté" sur la politique qui sera menée par Michel Barnier n'ait été levée.

Selon plusieurs participants à une réunion de dirigeants des formations qui doivent participer au gouvernement -- une rencontre visant à mettre fin aux tensions ayant émergé ces derniers jours --, M. Barnier a affirmé qu'il n'augmenterait pas les impôts pour les classes moyennes. Une décision qui a satisfait l'ancien chef du gouvernement Gabriel Attal, chef de file des députés macronistes, qui avait fixé cette condition pour la participation de son parti au gouvernement.

Selon un communiqué de ses services, M. Barnier entend "améliorer le niveau de vie des Français et le fonctionnement des services publics, particulièrement l'école et la santé, garantir la sécurité, maîtriser l'immigration et faire progresser l'intégration".

Il souhaite aussi "encourager (les) entreprises et (les) agriculteurs et conforter l'attractivité économique de la France, maîtriser (les) finances publiques et réduire la dette écologique".

Motion de censure

Mais quelle que soit la composition de son gouvernement, "Barnier n'a aucun avenir", a lancé samedi Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France insoumise (LFI, gauche radicale).

"Son destin promis est qu'il sera battu à l'Assemblée nationale, sans doute sur son projet de budget, et qu'il tombera à la faveur d'une motion de censure si ceux qui se disent de l'opposition continuent à l'être. Voilà la vérité", a-t-il ajouté.

L'ancien candidat à la présidentielle manifestait à Marseille (sud), alors qu'une soixantaine de rassemblements ont eu lieu dans toute la France, à l'appel de LFI, des écologistes et d'associations féministes, étudiantes et environnementales.

A Paris, plusieurs milliers de personnes ont dénoncé le "gouvernement Macron-Barnier".

M. Mélenchon a lui qualifié le futur gouvernement de "syndicat de perdants" et d'"illégitime". "Si la droite avait gagné, la droite aurait gouverné, ce n'est pas la première fois que ça arrive. La caractéristique (de cette équipe) ce n'est pas son orientation, c'est son illégitimité",

M. Barnier est "un Premier ministre de droite dure, antisocial, antimigrants, au passé homophobe", qui "ne pourra gouverner qu'avec l'accord permanent de (la cheffe de file de l'extrême droite) Marine Le Pen", avaient écrit les diverses organisations dans leur appel à la mobilisation.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Short Url
  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
Short Url
  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
Short Url
  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.