Quatre ans après l'assassinat de Samuel Paty, le traumatisme toujours présent à Conflans-Sainte-Honorine

Au niveau national, une minute de silence sera organisée lundi dans les collèges et lycées à la mémoire de Samuel Paty et de Dominique Bernard, un autre enseignant assassiné en 2023 à Arras (Pas-de-Calais) par un islamiste radicalisé. (AFP)
Au niveau national, une minute de silence sera organisée lundi dans les collèges et lycées à la mémoire de Samuel Paty et de Dominique Bernard, un autre enseignant assassiné en 2023 à Arras (Pas-de-Calais) par un islamiste radicalisé. (AFP)
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Publié le Vendredi 11 octobre 2024

Quatre ans après l'assassinat de Samuel Paty, le traumatisme toujours présent à Conflans-Sainte-Honorine

  • Une voiture de police veille discrètement sur les élèves. Plusieurs enseignants sortent par une porte adjacente
  • Près de quatre ans après le meurtre de l'enseignant, le souvenir du drame est encore vif dans cette commune des Yvelines, à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Paris

CONFLANS-SAINTE-HONORINE: Garés devant une grille verte, quelques parents attendent la sortie des classes du collège du Bois d'Aulne à Conflans-Sainte-Honorine. C'est là qu'enseignait Samuel Paty, un professeur d'histoire-géographie assassiné en octobre 2020 par un jeune islamiste radicalisé.

Une voiture de police veille discrètement sur les élèves. Plusieurs enseignants sortent par une porte adjacente. Aucun d'entre eux ne souhaite répondre aux questions de l'AFP.

Près de quatre ans après le meurtre de l'enseignant, le souvenir du drame est encore vif dans cette commune des Yvelines, à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Paris.

"La ville reste marquée, naturellement", souligne son maire, Laurent Brosse (Horizons).

"Ce n'est pas un sujet dont on parle tous les jours, mais il y a toujours une certaine appréhension, une certaine émotion aussi à l'approche du 16 octobre", ajoute l'édile.

M. Paty, 47 ans, avait été poignardé et décapité par un réfugié d'origine tchétchène lui reprochant d'avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet. L'assassin avait revendiqué son geste en se félicitant d'avoir "vengé le prophète".

Comme chaque année depuis la tragédie, une commémoration se tiendra le 16 octobre à Conflans sur la place de la Liberté, où des gerbes seront déposées devant un monument en forme de livre ouvert, érigé en hommage au professeur.

Une minute de silence

Au niveau national, une minute de silence sera organisée lundi dans les collèges et lycées à la mémoire de Samuel Paty et de Dominique Bernard, un autre enseignant assassiné en 2023 à Arras (Pas-de-Calais) par un islamiste radicalisé.

En amont des cérémonies, le collège du Bois d'Aulne et le conseil municipal de Conflans ont voté pour rebaptiser le collège "Samuel Paty", une décision que le conseil départemental des Yvelines doit entériner.

"C'était une volonté de notre part d'attendre que chaque élève qui ait connu Samuel Paty quitte l'établissement pour pouvoir le renommer", indique M. Brosse, précisant que "c'est le cas depuis septembre."

Chez les familles, les plaies restent béantes. Pour les parents, la manière d'évoquer la tragédie au sein du foyer continue de se poser.

"Je n'ai pas pu parler avec mon fils pendant quatre ans", confie Corinne Grootaert, dont l'enfant était en sixième à l'époque et suivait les cours de M. Paty.

"Je sentais bien qu'il n'était absolument pas en capacité de pouvoir en parler, même si je le sentais extrêmement touché", poursuit Mme Grootaert, également présidente de l'association de parents d'élèves FCPE de Conflans-Sainte-Honorine.

Elle ajoute qu'un déclic s'est produit récemment après une discussion en cours de français autour du roman graphique "Crayon noir" de Valérie Igounet et Guy Le Besnerais, qui retrace l'histoire de Samuel Paty.

Cécile Ribet-Retel n'a pas connu les mêmes difficultés avec sa fille, en cinquième au moment des faits, mais déplore le manque de suivi de l'Education nationale.

 

"Il n'y a pas eu de prise en compte de la globalité des élèves", estime la présidente de l'association de parents d'élèves PEEP de Conflans, qui précise que sa fille n'a pas bénéficié d'un accompagnement particulier pendant le reste de sa scolarité au collège.

Procès 

A partir du 12 novembre, le procès de huit adultes mis en cause dans le meurtre de Samuel Paty doit s'ouvrir devant la cour d'assises spéciale de Paris.

"On n'en attend pas grand chose, à part évidemment des condamnations, mais le meurtrier n'est plus là", rappelle Corinne Grootaert. L'assassin avait été abattu par les forces de l'ordre peu de temps après son crime.

Mme Grootaert espère toutefois "une réflexion qui aille plus loin que la laïcité et s'interroge sur le rôle des réseaux sociaux, sur ce que ça veut dire d'accuser quelqu'un à tort en donnant son nom et son collège à tout le monde, y compris à des gens qui veulent mettre à mal notre société".

La commune souhaite, elle, se constituer partie civile au procès. S'il reconnait que la démarche a peu de chance d'aboutir, le maire de Conflans la juge indispensable.

"L'assassinat de Samuel Paty, c'est bien sûr le traumatisme de la communauté éducative du collège, mais aussi celui d'une ville et de l'ensemble de ses habitants", affirme-t-il.


Les députés approuvent la mise en place d'une taxe de deux euros pour les «petits colis»

L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits. (AFP)
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  • La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes"
  • Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites

PARIS: L'Assemblée nationale a approuvé mercredi la mise en place d'une taxe de deux euros ciblant les "petits colis" d'une valeur inférieure à 150 euros d'origine extra-européenne, qui servira à financer les dispositifs pour contrôler ces produits.

208 députés contre 87 ont approuvé cette mesure proposée par le gouvernement dans le cadre de l'examen en première lecture du budget de l'Etat. Le RN a voté contre, la gauche, la coalition gouvernementale et le groupe ciottiste UDR, allié de Marine Le Pen, pour.

La mesure a suscité de vifs débats, le Rassemblement national dénonçant une "taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", quand la ministre Amélie de Montchalin (Comptes publics) a défendu une "redevance" destinée à contrôler des produits souvent "dangereux".

Ces discussions interviennent alors que la plateforme de commerce en ligne d'origine chinoise Shein est sous le feu des critiques, accusée de vendre de nombreux produits non conformes et illicites.

"Ce n'est pas une taxe pour empêcher la concurrence déloyale chinoise, c'est une taxe sur la consommation populaire et les classes moyennes", a dénoncé le député Jean-Philippe Tanguy (RN).

"Faire croire aux Français qu'en taxant les petits colis, vous arriverez à augmenter de manière spectaculaire le nombre de contrôles, c'est se moquer du monde", a renchéri la présidente du groupe, Marine Le Pen, soulignant que "l'année dernière, 0,125 % de colis ont été vérifiés".

La France insoumise s'est également dite soucieuse des répercussions de la taxe sur les consommateurs, exigeant pour les protéger que les plateformes soient taxées directement et non les colis, et menaçant de voter contre la mesure.

Le gouvernement a déposé un amendement destiné à répondre à cette préoccupation, permettant que la taxe soit payée via "le tuyau de la TVA", qui est "alimenté par les plateformes". Cela a convaincu LFI de soutenir la proposition gouvernementale.

La taxe devrait rapporter environ 500 millions d'euros, destinés selon Mme de Montchalin à financer l'achat de scanners pour contrôler les colis et embaucher des douaniers.

Elle s'est félicitée que la France mette en oeuvre la taxe "dès le 1er janvier", comme la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, neuf mois plus tôt que les autres pays de l'UE.

"Ceux qui ce soir ne voteront pas cette taxe (...) n'ont pas choisi la France, ils n'ont pas choisi nos commerçants, ils auront choisi la Chine et sa submersion", a-t-elle tonné.

Elle a par ailleurs rappelé que les ministres des Finances de l'Union européenne se sont accordés la semaine dernière pour supprimer l'exonération de droits de douane dont bénéficient ces petits colis.

Juste avant minuit, les députés ont en revanche supprimé un autre article du projet de loi, visant à fiscaliser l'ensemble des produits à fumer, avec ou sans tabac ou nicotine.

"Nous sommes 700. 000 personnes à avoir réussi à arrêter de fumer grâce à la cigarette électronique", une alternative efficace pour "sauver des vies" qui est "bien moins dangereuse que la cigarette", a argumenté le député Renaissance Pierre Cazeneuve. Parmi elles, de nombreux députés, dont lui-même.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).