Rome tente de sauver son accord relatif aux migrants avec l'Albanie

Un navire des garde-côtes italiens arrive au port de Shengjin en Albanie le 19 octobre 2024. Douze Bangladais et Égyptiens ont quitté l'Albanie pour l'Italie le 19 octobre 2024. (Photo Adnan Beci / AFP)
Un navire des garde-côtes italiens arrive au port de Shengjin en Albanie le 19 octobre 2024. Douze Bangladais et Égyptiens ont quitté l'Albanie pour l'Italie le 19 octobre 2024. (Photo Adnan Beci / AFP)
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Publié le Lundi 21 octobre 2024

Rome tente de sauver son accord relatif aux migrants avec l'Albanie

  • Le gouvernement italien de Giorgia Meloni, alliant la droite et l'extrême droite, s'est réuni lundi pour adopter un décret visant à contourner l'opposition des tribunaux
  • Le décret visant à contourner cet obstacle juridique sera discuté lors d'un conseil des ministres.

ROME : Le gouvernement italien de Giorgia Meloni, alliant la droite et l'extrême droite, s'est réuni lundi pour adopter un décret visant à contourner l'opposition des tribunaux afin de faire appliquer un accord controversé sur les migrants conclu avec l'Albanie.

Mme Meloni a accusé les juges du tribunal de Rome de parti pris politique, vendredi, lorsque ceux-ci ont décidé que les 12 premiers migrants originaires d'Égypte et du Bangladesh envoyés en Albanie devaient être reconduits en Italie. C'est un camouflet pour la dirigeante d'extrême droite qui entend donner son plan en « exemple » à l'Europe.

Le décret visant à contourner cet obstacle juridique sera discuté lors d'un conseil des ministres.

Il devrait inscrire dans la loi la liste de 22 pays considérés comme « sûrs » par le gouvernement, ce qui signifie que Rome pourrait traiter en urgence depuis l'Albanie les demandes d'asile de migrants originaires de ces pays.

Alors que le droit européen prime sur le droit national, les juges italiens ont invoqué une décision récente de la Cour européenne de Justice stipulant que les États membres ne peuvent désigner comme « sûrs » que des pays entiers, et non certaines régions de ces pays. Or, la liste établie par l'Italie comprend des régions considérées comme non sûres.

« Je ne pense pas qu'il revienne aux juges de dire quels pays sont sûrs, mais au gouvernement », a fustigé vendredi Mme Meloni. « Je suis désolée qu'alors que toute l'Europe regarde avec intérêt ce que l'Italie est en train de faire, on essaie, comme toujours, de nous mettre des bâtons dans les roues », a-t-elle ajouté devant des journalistes.

L'Italie est en première ligne face aux arrivées de migrants traversant la Méditerranée depuis les côtes nord-africaines.

Élue en 2022, Mme Meloni avait promis d'arrêter les débarquements de migrants, d'accélérer les rapatriements et de contraindre ses voisins européens à davantage aider la péninsule.

Le gouvernement s'est déjà heurté à la justice lorsqu'il a voulu s'opposer au sauvetage de migrants en mer par des ONG.

La tension est montée d'un cran dimanche quand Mme Meloni a divulgué sur les réseaux sociaux des extraits du courrier d'un juge du parquet à une association de magistrats.

Ce dernier met en garde contre Meloni, « plus forte et plus dangereuse » que l'ancien Premier ministre Silvio Berlusconi.


Londres envisage une reconnaissance de l'État de Palestine en septembre

Des manifestants pro-palestiniens se rassemblent devant Downing Street avec des casseroles et des poêles le jour où le Premier ministre Keir Starmer a rappelé le cabinet de la pause estivale pour discuter de Gaza, Londres, 29 juillet 2025. (Reuters)
Des manifestants pro-palestiniens se rassemblent devant Downing Street avec des casseroles et des poêles le jour où le Premier ministre Keir Starmer a rappelé le cabinet de la pause estivale pour discuter de Gaza, Londres, 29 juillet 2025. (Reuters)
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  • Le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé mardi que son pays reconnaîtrait l'État de Palestine en septembre, sauf si Israël prenait une série d'engagements, dont celui d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza

LONDRES: Le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé mardi que son pays reconnaîtrait l'État de Palestine en septembre, sauf si Israël prenait une série d'engagements, dont celui d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, une décision vigoureusement condamnée par Israël.

"Je peux confirmer que le Royaume-Uni reconnaîtra l'État de Palestine d'ici à l'Assemblée générale des Nations unies en septembre, à moins que le gouvernement israélien ne prenne des mesures substantielles pour mettre fin à la situation épouvantable à Gaza, convienne d'un cessez-le-feu et s'engage dans une paix durable et à long terme, ravivant la perspective d'une solution à deux Etats", a déclaré le dirigeant travailliste.

Il demande aussi à Israël de "permettre aux Nations unies de reprendre la fourniture d'aide et de s'engager à ce qu'il n'y ait pas d'annexions en Cisjordanie".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a vivement réagi, estimant que "Starmer récompense le terrorisme monstrueux du Hamas et punit ses victimes".

"Un Etat jihadiste à la frontière d'Israël aujourd'hui menacera la Grande-Bretagne demain. L'apaisement à l'égard des terroristes jihadistes échoue toujours. Cela échouera pour vous aussi", a écrit M. Netanyahu sur le résau social X.

- "Le moment d'agir" -

Parallèlement, Downing Street a annoncé avoir procédé à des largages d'aide humanitaire sur la bande de Gaza, menacée de "famine", selon l'ONU.

La pression s'est intensifiée ces derniers jours sur le Premier ministre britannique, après que le président français Emmanuel Macron a annoncé jeudi que son pays allait reconnaître un Etat palestinien à l'occasion de l'Assemblée générale de l'ONU, devenant ainsi le premier Etat du G7 à le faire.

"J'ai toujours dit que nous reconnaîtrions un Etat palestinien comme une contribution à un véritable processus de paix, au moment où cela aurait le plus d'impact pour une solution à deux Etats. Maintenant que cette solution est menacée, c'est le moment d'agir", a poursuivi Keir Starmer à l'issue d'une réunion de son gouvernement, qu'il avait rappelé d'urgence mardi.

Il exige du Hamas la libération des otages restants  - 27 des 49 ont été déclarés morts par l'armée israélienne - ainsi que la démilitarisation totale de ce mouvement, afin qu'il "ne joue plus aucun rôle clé" dans la bande de Gaza.

Starmer s'est entretenu avec M. Netanyahu avant l'annonce, lui disant que "la situation à Gaza était intolérable", a déclaré une porte-parole de Downing Street.

"Il a exhorté le Premier ministre à prendre des mesures immédiates pour lever toutes les restrictions à l'accès à l'aide", a-t-elle ajouté dans un compte rendu de l'appel.

Starmer s'est également entretenu avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qui a "salué" l'annonce de la reconnaissance, a noté la porte-parole.

La veille, le président américain Donald Trump s'était abstenu de toute critique à propos d'une éventuelle reconnaissance, au cours d'une conférence de presse dans son complexe de golf de Turnberry, en Ecosse.

- Solution à deux Etats -

Quand les journalistes lui avaient demandé si Keir Starmer devait céder à la pression croissante des députés britanniques et reconnaître comme Paris l'Etat de Palestine, Trump avait simplement répondu: "Je ne vais pas prendre position, ça ne me dérange pas que lui (Starmer) le fasse".

Selon le décompte de l'AFP, au moins 142 des 193 Etats membres de l'ONU, dont la France, reconnaissent l'Etat palestinien proclamé par la direction palestinienne en exil en 1988.

Plus d'un tiers des députés britanniques avaient exhorté M. Starmer à emboîter le pas à M. Macron dans une lettre rendue publique vendredi.

La question n'est pas de savoir "si" l'Etat palestinien sera reconnu mais "quand", avait relevé mardi un porte-parole de Downing Street, quelques heures avant cette annonce, ajoutant que le Premier ministre cherchait une voie "durable vers une solution à deux Etats".

"Ensemble (...), nous enrayons le cycle infini de la violence et rouvrons la perspective de la paix" dans la région, a salué le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot peu après l'annonce de Keir Starmer.

Le Labour, revenu au pouvoir au Royaume-Uni il y a un an après sa victoire aux élections législatives, s'était engagé dans son programme de campagne à "reconnaître un Etat palestinien comme contribution à un processus de paix renouvelé aboutissant à une solution à deux Etats".

En mai 2024, l'Irlande, l'Espagne et la Norvège, rejointes un mois plus tard par la Slovénie, avaient déjà sauté le pas en Europe.

Quelque 2,4 millions de Palestiniens sont assiégés à Gaza par Israël depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

Un organisme international de surveillance de la faim soutenu par l'ONU a affirmé mardi que le "pire scénario de famine" était "en cours à Gaza" et Israël fait l'objet de pressions croissantes à l'échelle mondiale pour mettre fin à ces souffrances.


Solution à deux États : déclaration commune de l’Arabie saoudite et de la France

La France et l'Arabie saoudite ont publié une déclaration commune à l'ONU mardi, appelant à un arrêt immédiat de la guerre à Gaza et établissant une feuille de route internationale détaillée pour la mise en œuvre d'une solution à deux États au conflit israélo-palestinien. (X/@KSAMOFA)
La France et l'Arabie saoudite ont publié une déclaration commune à l'ONU mardi, appelant à un arrêt immédiat de la guerre à Gaza et établissant une feuille de route internationale détaillée pour la mise en œuvre d'une solution à deux États au conflit israélo-palestinien. (X/@KSAMOFA)
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  • Ils appellent à la réunification de Gaza et de la Cisjordanie sous le contrôle de l’Autorité palestinienne, et à ce que le Hamas abandonne le pouvoir à Gaza et rende ses armes
  • Ils évoquent l’idée d’une future « Journée de la paix » pour marquer la fin officielle du conflit et le lancement d’une coopération régionale dans le commerce, l’énergie et les infrastructures

NEW YORK : La France et l’Arabie saoudite ont publié mardi une déclaration conjointe à l’ONU appelant à une fin immédiate de la guerre à Gaza, et présentant une feuille de route internationale détaillée pour la mise en œuvre d’une solution à deux États au conflit israélo-palestinien.

Publiée à l’issue d’une conférence internationale de haut niveau à New York, co-présidée par les deux pays, la « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de la Palestine » définit un processus chronométré pour établir un État palestinien indépendant et souverain aux côtés d’Israël, avec des garanties de sécurité pour les deux parties.

La déclaration a été approuvée par un large groupe de partenaires internationaux, dont le Brésil, l’Égypte, le Japon, l’Irlande et l’UE, formant un « consensus mondial sans précédent » sur la nécessité urgente de résoudre ce conflit de longue date.

« La guerre à Gaza doit cesser maintenant », affirme la déclaration, qui condamne les attaques du Hamas contre des civils israéliens le 7 octobre 2023 et les opérations militaires israéliennes qui ont suivi, causant d’importantes pertes civiles et la destruction d’infrastructures.

Elle avertit qu’un conflit prolongé, sans voie crédible vers la paix, « constitue une grave menace pour la stabilité régionale et internationale », et appelle à la mise en œuvre immédiate d’un cessez-le-feu progressif, négocié par l’Égypte, le Qatar et les États-Unis, afin de mettre fin aux hostilités, assurer la libération des otages et garantir le retrait des forces israéliennes de Gaza.

La déclaration appelle aussi à la réunification de Gaza et de la Cisjordanie sous le contrôle de l’Autorité palestinienne, et à ce que le Hamas renonce au pouvoir à Gaza et rende ses armes. Un comité administratif transitoire, soutenu par les partenaires internationaux, serait mis en place sous l’autorité de l’AP, appuyé par une mission de stabilisation temporaire dirigée par l’ONU pour protéger les civils et accompagner les transitions de sécurité et de gouvernance.

« Seule une solution politique peut garantir paix et sécurité », réaffirme la déclaration, qui soutient la solution à deux États basée sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale de l’État palestinien à venir.

La déclaration promet également un large soutien international à la reconstruction de Gaza, approuve un plan de reprise élaboré par l’Organisation de la coopération islamique et annonce une prochaine conférence de reconstruction à Le Caire. Elle s’engage à créer un fonds fiduciaire international dédié, réaffirme le rôle de l’UNRWA et soutient le programme de réformes de l’Autorité palestinienne.

Les récents engagements du président palestinien Mahmoud Abbas pour organiser des élections et poursuivre un État pacifique, ainsi que les réformes démocratiques et l’amélioration de la gouvernance, ont été salués.

Les signataires appellent les autorités israéliennes à cesser la construction de colonies, mettre fin à la violence des colons et prendre un engagement public clair en faveur de la solution à deux États. « Les mesures unilatérales menacent de détruire la dernière voie possible vers la paix », avertit la déclaration.

Elle lie la reconnaissance de l’État palestinien aux efforts plus larges de normalisation et d’intégration au Moyen-Orient. Elle propose d’explorer un cadre régional de sécurité, inspiré de l’ASEAN et de l’OSCE, et évoque une future « Journée de la paix » pour marquer la fin formelle du conflit et le lancement d’une coopération régionale dans le commerce, l’énergie et les infrastructures.

Les co-présidents de la conférence se sont engagés à présenter un rapport de suivi lors de la 80e session de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre et ont chargé les présidents des groupes de travail de mettre en place un mécanisme de suivi sous l’égide de l’Alliance mondiale pour la mise en œuvre de la solution à deux États.

« C’est une opportunité historique », conclut la déclaration. « Le temps de l’action décisive et collective est venu — pour mettre fin à la guerre, réaliser la création d’un État palestinien et assurer paix et dignité pour les deux peuples. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le sommet de paix franco-saoudien marque un consensus international croissant en faveur de la création d'un État palestinien

Au centre, au premier rang, le Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, le coprésident de la conférence, le ministre saoudien des Affaires étrangères Faisal ben Farhan Al-Saud, et le coprésident de la conférence, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot (devant, 5R), se tiennent pour une photo de groupe avec des ministres de haut niveau lors de la conférence des Nations Unies sur une solution à deux États pour Israël et les Palestiniens, au siège de l'ONU, le 28 juillet 2025, à New York City. (AFP)
Au centre, au premier rang, le Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, le coprésident de la conférence, le ministre saoudien des Affaires étrangères Faisal ben Farhan Al-Saud, et le coprésident de la conférence, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot (devant, 5R), se tiennent pour une photo de groupe avec des ministres de haut niveau lors de la conférence des Nations Unies sur une solution à deux États pour Israël et les Palestiniens, au siège de l'ONU, le 28 juillet 2025, à New York City. (AFP)
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  • Des représentants du monde entier participent à une conférence organisée par les Nations unies à New York pour relancer l'espoir d'une solution fondée sur la coexistence de deux États
  • Les délégués au sommet ont exigé un cessez-le-feu à Gaza, un acheminement sans restriction de l'aide et l'obligation de rendre compte des attaques israéliennes

DUBAI/LONDRES : Le premier jour de la Conférence internationale de haut niveau pour le règlement pacifique de la question de Palestine a envoyé un message unifié : la voie vers la création d'un État palestinien se dessine, les acteurs internationaux s'efforçant de tracer ce que le ministre français des affaires étrangères a décrit comme une "voie politique irréversible" vers une solution à deux États.

Organisée conjointement par l'Arabie saoudite et la France à l'ONU du 28 au 30 juillet, la conférence vise à relancer l'élan mondial en faveur de la reconnaissance de la Palestine, élan qui s'est essoufflé avec la campagne militaire israélienne à Gaza déclenchée par les attentats du 7 octobre 2023 menés par le Hamas.

"Il s'agit d'une étape historique qui reflète un consensus international croissant", a déclaré lundi le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhan, devant une salle presque comble, ajoutant que le rassemblement visait à faire évoluer l'atmosphère internationale de manière décisive vers une solution à deux États.

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Les participants se tiennent debout pendant un moment de silence lors d'une réunion ministérielle de haut niveau dans le cadre de la conférence des Nations unies sur une solution à deux États pour Israël et les Palestiniens, au siège de l'ONU, le 28 juillet 2025, à New York. (AFP)

"Il ne s'agit pas simplement d'une position politique. Il s'agit plutôt d'une conviction profondément ancrée selon laquelle un État palestinien indépendant est la véritable clé de la paix", qu'il a déclaré envisager sous la forme de l'initiative de paix arabe, présentée par l'Arabie saoudite et adoptée par la Ligue arabe à Beyrouth en 2002.

La conférence intervient quelques jours après que le président français Emmanuel Macron s'est engagé à reconnaître officiellement l'État de Palestine lors de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre, ce qui ferait de la France le premier pays du G7 à le faire.

Les États-Unis ont toutefois refusé de participer, déclarant dans un mémo que la réunion était "contre-productive pour les efforts en cours et vitaux visant à mettre fin à la guerre à Gaza et à libérer les otages."

Washington a ajouté qu'il s'opposait à "toute mesure qui reconnaîtrait unilatéralement un État palestinien conjectural", arguant que de telles démarches introduisaient "des obstacles juridiques et politiques significatifs" à la résolution du conflit.

Israël, qui fait face à une pression internationale croissante en raison de la crise humanitaire à Gaza, où la famine s'installe selon les Nations unies, a également boycotté la réunion.

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Naeema, une mère palestinienne de 30 ans, est assise avec son fils Yazan, âgé de 2 ans et souffrant de malnutrition, dans leur maison endommagée dans le camp de réfugiés d'Al-Shati, à l'ouest de la ville de Gaza, le 23 juillet 2025. (AFP)

Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a déclaré que la large participation à la conférence prouvait "le consensus et la mobilisation de la communauté internationale autour de l'appel à la fin de la guerre à Gaza". Il a exhorté les participants à considérer cette rencontre comme "un tournant, un moment de transformation pour la mise en œuvre de la solution à deux États".

"Nous avons entamé une dynamique sans précédent et imparable en faveur d'une solution politique au Moyen-Orient, qui commence déjà à porter ses fruits", a déclaré M. Barrot, citant des mesures tangibles telles que "la reconnaissance de la Palestine, la normalisation et l'intégration régionale d'Israël, la réforme de la gouvernance palestinienne et le désarmement du Hamas".

Alors que le plan de partage des Nations unies de 1947 proposait à l'origine des États juifs et arabes séparés, le gouvernement israélien d'extrême droite continue de rejeter toute forme d'État palestinien, préconisant plutôt l'annexion permanente de terres et, dans certains cas, l'expulsion des résidents palestiniens.

"Cette conférence ne promeut pas une solution, mais renforce plutôt l'illusion", a déclaré Danny Danon, l'ambassadeur israélien à l'ONU, lundi, accusant les organisateurs d'être "déconnectés de la réalité" en donnant la priorité à la souveraineté palestinienne plutôt qu'à la libération des otages et au démantèlement du Hamas.

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Des Palestiniens inspectent le site frappé par un bombardement israélien à Muwasi, Khan Younis, dans la bande de Gaza, lundi 28 juillet 2025. (AP)

L'avenir du Hamas et la violence des colons israéliens ont dominé les discussions le premier jour et devraient rester au centre des préoccupations tout au long de la conférence.

Juan Manuel Santos, ancien président colombien et lauréat du prix Nobel de la paix, a déclaré lors de la conférence que le gouvernement israélien actuel "cherche à créer un plus grand Israël par la destruction de Gaza, l'expansion illégale des colonies et l'annexion de la Cisjordanie occupée et de Jérusalem-Est".

Il a appelé les nations à reconnaître l'État de Palestine, affirmant que cela enverrait un message clair que "l'agenda expansionniste d'Israël ne sera jamais accepté et ne sert pas ses véritables intérêts".

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Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal ben Farhan Al-Saud (C), s'exprime lors d'une réunion ministérielle de haut niveau dans le cadre de la conférence des Nations unies sur une solution à deux États pour Israël et les Palestiniens, au siège de l'ONU, le 28 juillet 2025, à New York. (AFP)

Intervenant sur la question, le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa a décrit Gaza comme la "dernière et la plus brutale manifestation" de la crise.

"L'idée que la paix peut passer par la destruction ou l'assujettissement de notre peuple est une illusion mortelle", a-t-il déclaré, affirmant que le peuple palestinien - et non le Hamas - "a fait preuve d'un engagement inébranlable en faveur de la paix face à la violence brutale".

Israël a défendu ses actions en les qualifiant d'essentielles à la sécurité nationale et a fait part de son intention de maintenir son contrôle militaire sur Gaza et la Cisjordanie après la guerre. Mais lundi, plusieurs orateurs ont insisté sur le fait qu'une véritable sécurité ne peut exister sans paix.

"De même qu'il ne peut y avoir de paix sans sécurité, il ne peut y avoir de sécurité sans paix", a déclaré la représentante italienne Maria Tripodi.

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Des personnes en deuil prient devant le corps de Soad Qeshtah, décédée quelques heures après avoir accouché par césarienne d'urgence de sa mère, Soad al-Shaer, enceinte de sept mois, tuée lors d'une frappe aérienne israélienne à Khan Younis dans la bande de Gaza, le lundi 28 juillet 2025. (AP)

Les participants ont proposé de construire un cadre de sécurité régional inclusif sur le modèle de l'OSCE ou de l'ANASE, axé sur les négociations et la politique plutôt que sur le contrôle militaire.

Le représentant du Qatar a souligné que si un cessez-le-feu et l'augmentation de l'aide humanitaire restent des objectifs immédiats, une paix durable passe par une solution à deux États, en s'attaquant aux causes profondes, en protégeant les médias indépendants et en luttant contre les discours de haine.

Le ministre égyptien des affaires étrangères, Badr Abdelatty, a déclaré que Le Caire avait "intensifié ses efforts" pour mettre fin à la guerre, reprendre l'aide et fournir une formation en matière de sécurité aux forces qui pourraient contribuer à créer les conditions d'un État palestinien viable.

La crise humanitaire à Gaza a dominé les discussions. Alors que les systèmes sanitaires et alimentaires du territoire se sont effondrés, les Nations unies ont prévenu que la famine était déjà en cours dans certaines parties de l'enclave, où des centaines de milliers de personnes restent prises au piège.

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Un char israélien entre en Israël depuis Gaza, le 28 juillet 2025. (REUTERS)

Malgré la pression internationale croissante, Israël a maintenu un contrôle étroit sur l'accès terrestre et les convois d'aide, augmentant dimanche l'autorisation d'entrée des convois humanitaires dans l'enclave - des efforts que les groupes humanitaires jugent insuffisants, irréguliers et dangereux.

Ahmed Aboul Gheit, secrétaire général de la Ligue arabe, a averti qu'"un nouveau Moyen-Orient ne naîtra jamais de la souffrance des Palestiniens". La paix, a-t-il ajouté, ne viendra pas "de la famine, de la déportation ou de la suppression totale" et ne peut exister tant que l'occupation et l'apartheid persistent.

Le prince Zeid Ra'ad Al-Hussein, ancien haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, a exhorté la communauté internationale à définir un plan clair et pragmatique pour une Palestine nouvelle et indépendante.

"Une vision ne concerne pas l'audit émotionnel d'aujourd'hui", a-t-il déclaré, mais un nouvel avenir pour Israël et la Palestine. C'est pourquoi "une solution à deux États devrait être pratique pour obtenir un soutien" et "un flou total sur la finalité n'est pas stratégique, il est dangereux".

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Une fille palestinienne déplacée réagit alors qu'elle reçoit une soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture à Gaza City, dans le nord de la bande de Gaza, le 25 juillet 2025. (AFP)

Il a plaidé en faveur d'un "accord de sécurité intelligemment conçu et ancré dans la région pour empêcher une abrogation unilatérale en tant que première étape transitoire urgente", en plus d'une mission de reconstruction et de réhabilitation dotée d'un mandat international.

S'adressant aux délégués, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déclaré que le conflit avait atteint un "point de rupture" et a exhorté à passer de la rhétorique à l'action concrète.

Rien ne justifie "l'anéantissement de Gaza qui s'est déroulé sous les yeux du monde", a-t-il déclaré, citant l'expansion illégale des colonies, la violence des colons, les déplacements massifs et la volonté d'annexion comme autant d'éléments d'une "réalité systémique qui démantèle les éléments constitutifs de la paix".

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Le soleil se couche sur le nord de Gaza, le 28 juillet 2025. (REUTERS)

Il a appelé à la cessation immédiate des actions unilatérales qui compromettent la solution des deux États et a réaffirmé la vision des Nations unies de deux États souverains et démocratiques vivant côte à côte dans la paix, sur la base des frontières d'avant 1967 et avec Jérusalem comme capitale commune.

"Cela reste le seul cadre ancré dans le droit international, approuvé par cette Assemblée et soutenu par la communauté internationale", a-t-il déclaré. "C'est la seule voie crédible vers une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens. Et c'est la condition sine qua non de la paix dans l'ensemble du Moyen-Orient".

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com