Tollé après l'interdiction par Israël de l'Unrwa, bombardements meurtriers à Gaza

Une frappe israélienne a fait plus de 55 morts, selon les secours, mardi matin à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, où l'armée mène des opérations aériennes et terrestres contre le Hamas. (AFP)
Une frappe israélienne a fait plus de 55 morts, selon les secours, mardi matin à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, où l'armée mène des opérations aériennes et terrestres contre le Hamas. (AFP)
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Publié le Mardi 29 octobre 2024

Tollé après l'interdiction par Israël de l'Unrwa, bombardements meurtriers à Gaza

  • Israël est confronté mardi à un tollé international après le vote d'une loi interdisant sur son sol les activités de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens
  • "La plupart des victimes sont des femmes et des enfants. Les gens essaient de sauver les blessés, mais il n'y a ni hôpitaux ni soins médicaux adéquats"

JERUSALEM: Israël est confronté mardi à un tollé international après le vote d'une loi interdisant sur son sol les activités de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, pendant que les bombardements meurtriers se poursuivent sur la bande de Gaza assiégée et au Liban.

Une frappe israélienne a fait plus de 55 morts, selon les secours, mardi matin à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, où l'armée mène des opérations aériennes et terrestres contre le Hamas.

La guerre qui fait rage depuis plus d'un an dans le territoire palestinien s'est propagée en septembre au Liban, où Israël combat le Hezbollah, allié du Hamas et soutenu comme lui par l'Iran.

Malgré l'opposition des Etats-Unis et la mise en garde du Conseil de sécurité de l'ONU, le Parlement israélien a adopté lundi à une écrasante majorité un texte qui interdit "les activités de l'Unrwa sur le territoire israélien" y compris à Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël.

Un second texte interdit aux responsables israéliens de travailler avec l'Unrwa et ses employés, ce qui devrait considérablement perturber les activités de l'agence, considérée comme la "colonne vertébrale" de l'aide humanitaire à Gaza.

Israël contrôle strictement toutes les entrées de l'aide internationale à Gaza, vitale pour ses 2,4 millions d'habitants frappés par un désastre humanitaire.

Plusieurs capitales européennes ont dénoncé cette interdiction, tout comme l'ONU et l'Organisation mondiale de la Santé.

Israël a accusé des employés de l'Unrwa d'avoir participé au massacre perpétré sur son sol par le mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023.

Le chef de l'Unrwa, Philippe Lazzarini, a dénoncé cette interdiction qui va selon lui "aggraver les souffrances des Palestiniens".

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a dit redouter "des conséquences dévastatrices" si les deux lois sont appliquées.

"Plus rien à l'hôpital"

Dans la bande de Gaza, la Défense civile a annoncé qu'une frappe israélienne sur un immeuble de cinq étages avait fait pendant la nuit "plus de 55" morts et des dizaines de blessés à Beit Lahia.

Sollicitée par l'AFP, l'armée israélienne a dit examiner ces informations.

Les dépouilles de 15 personnes ont été amenées à l'hôpital Kamal Adwan, a déclaré à l'AFP son directeur, Houssam Abou Safia, ajoutant que 35 blessés, pour la plupart des enfants, étaient soignés à l'hôpital.

"Nous continuons à recevoir des martyrs et des blessés", a-t-il poursuivi, "il n'y a plus rien à l'hôpital Kamal Adwan, à part de quoi dispenser les premiers soins, maintenant que l'armée a arrêté notre équipe médicale".

"La plupart des victimes sont des femmes et des enfants. Les gens essaient de sauver les blessés, mais il n'y a ni hôpitaux ni soins médicaux adéquats", a raconté à l'AFP Rabie al-Chandagly, un homme de 30 ans.

L'armée israélienne mène depuis le 6 octobre des opérations dans le nord de Gaza, affirmant vouloir empêcher les combattants du Hamas de s'y regrouper. Elle a dit mardi avoir tué "environ 40 terroristes" dans le secteur de Jabalia.

Des bombardements aériens ont aussi visé le centre du territoire et Rafah, dans le sud, selon l'armée.

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent menée le 7 octobre 2023 par le Hamas contre Israël, qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.

En représailles, Israël a promis d'anéantir le mouvement palestinien au pouvoir à Gaza depuis 2007, et lancé une offensive qui a tué au moins 43.020 Palestiniens, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

Incursion en profondeur 

La guerre a gagné depuis plus d'un mois le Liban où Israël mène depuis le 23 septembre une campagne de frappes aériennes contre le Hezbollah, parallèlement à une offensive terrestre lancée le 30 septembre dans le sud du pays.

Des chars israéliens ont pénétré mardi à six kilomètres de la frontière, près du village de Khiam, soit leur incursion la plus profonde en territoire libanais depuis le début de la guerre, selon l'agence de presse libanaise Ani.

L'aviation a également bombardé le sud du Liban, après des frappes la veille sur la ville côtière de Tyr et sur l'est du pays, qui ont fait des dizaines de morts.

Dans le nord d'Israël, des roquettes tirées depuis le Liban ont fait un mort, selon les secours.

L'armée israélienne affirme vouloir neutraliser le Hezbollah dans le sud du Liban pour permettre le retour dans le nord d'Israël de 60.000 habitants déplacés par les tirs de roquettes incessants depuis le début de la guerre à Gaza.

Plus de 1.700 personnes ont été tuées depuis le 23 septembre au Liban, d'après un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Après la mort de son chef Hassan Nasrallah, tué dans une frappe israélienne le 27 septembre, le mouvement islamiste chiite a annoncé mardi avoir élu à sa tête son numéro deux, Naïm Qassem.

Après des mois de blocage, Israël a annoncé lundi avoir discuté avec les négociateurs étrangers réunis au Qatar d'un nouveau cadre pour des pourparlers sur la libération des otages retenus à Gaza.

Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du Hamas, 97 restent otages à Gaza dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.

Le chef du Mossad, le renseignement extérieur israélien, David Barnea, a rencontré le chef de la CIA Bill Burns et le Premier ministre qatari pour discuter de ce "nouveau cadre", selon le bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui a précisé que les discussions "se poursuivraient dans les prochains jours entre les médiateurs et le Hamas".


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.