La chute du président syrien Assad marque la fin d'une époque

L'ère de la dynastie Assad s'achève avec la prise de Damas par les rebelles et la fuite de Basher Assad en Russie. (AFP/File)
L'ère de la dynastie Assad s'achève avec la prise de Damas par les rebelles et la fuite de Basher Assad en Russie. (AFP/File)
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Publié le Lundi 09 décembre 2024

La chute du président syrien Assad marque la fin d'une époque

  • Ce qui a commencé comme un coup d'État sans effusion de sang par Hafez Assad en 1970 s'est terminé par la fuite de son fils Bashar
  • Bashar Assad a "hérité et développé" le bilan de la répression brutale qui a marqué le long règne de son père

LONDRES: Dans des scènes qui rappellent tous les changements de régime violents de l'histoire récente du Moyen-Orient, des foules en liesse ont renversé, samedi après-midi, à Jaramana, dans la banlieue de Damas, une statue de Hafez el-Assad, fondateur du régime familial qui, jusqu'à ce week-end, avait gouverné la Syrie pendant plus d'un demi-siècle.

La décapitation de ce buste plus grand que nature, capturée sur des images tremblantes filmées par un smartphone, en dit long sur les racines de la crise qui engloutit aujourd'hui la Syrie.

Le président Bachar el-Assad, qui a fui la Syrie et s'est vu accorder l'asile avec sa famille par la Russie, dimanche, a hérité d'un système autocratique que son père avait forgé dans le chaos qui a marqué le paysage politique syrien pendant deux décennies après l'indépendance du pays en 1949.

Avec le Liban, la Syrie, province ottomane depuis le début du XVIe siècle, a été occupée par la France en 1919 après la défaite de l'empire lors de la Première Guerre mondiale, et est devenue en 1923 un mandat français sous les auspices de la Société des Nations.

Ce mandat a déclenché une révolte multiforme contre la domination française, qui a fait rage de 1925 à 1927, avant d'être finalement réprimée par une force militaire française écrasante.

Deux décennies complexes mais relativement paisibles ont suivi jusqu'à ce que, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Syrie obtienne enfin, en 1946, l'indépendance qu'on lui promettait depuis longtemps.

Mais l'âge d'or attendu par les Syriens n'a pas eu lieu. De 1949 à 1970, le pays a été secoué par une série de 20 coups d'État militaires, ou tentatives de coups d'État.
Pour les Syriens comme pour les observateurs internationaux, la Syrie semblait condamnée à devenir un cas désespéré. Mais un homme attendait dans les coulisses et, avec le temps, il est apparu comme la réponse aux prières de cette nation troublée.
De l'avis général, Hafez, né le 6 octobre 1930, l'un des onze enfants d'une famille d'agriculteurs alaouites pauvres, n'a jamais voulu être un dictateur, ni même s'impliquer dans la politique.

Il voulait plutôt devenir médecin, un rêve qui n'a pu se concrétiser en raison de l'incapacité de son père, Ali Soulayman, à payer ses frais de scolarité (Soulayman adoptera plus tard son surnom local, El-Assad, «le lion», comme nom de famille).
En 1950, Hafez s'inscrit à l'Académie militaire de Homs, apprend à piloter, rejoint l'armée de l'air syrienne et se retrouve mêlé à l'atmosphère fébrile de complots et de contre-complots qui régnait au sein de l'establishment militaire.

En 1955, le président Adib el-Chichakli est renversé par un coup d'État militaire qui marque le retour d'un gouvernement civil en Syrie. Au cours des années qui suivent, Hafez est en service actif, s'entraînant sur des chasseurs MiG en Russie et effectuant des missions de défense aérienne pendant la crise de Suez.

Après la formation par la Syrie et l'Égypte de l'éphémère République arabe unie en 1958, l'officier de l'armée de l'air devient de plus en plus politisé, à tel point qu'en mars 1963, il joue un rôle de premier plan dans le coup d'État militaire baasiste contre le président syrien Nazim el-Kudsi.

Hafez est alors responsable de l'armée de l'air syrienne et membre du commandement régional syrien du parti Baas et du comité militaire, un puissant groupe baasiste au sein de l'establishment militaire syrien.aumatisé, qui n'a que trop tardé, soit enfin imminent.

DATES CLÉS DU RÈGNE DE LA FAMILLE ASSAD

 

- 6 octobre 1930: Hafez Assad, fils d'un pauvre agriculteur, naît à Qardaha, dans le nord-ouest de la Syrie.

- 1950l-e Hafez Assad entre à l'Académie militaire de Homs.

- Février 1966: Hafez el-Assad est nommé ministre de la Défense après un coup d'État militaire.

- 12 novembre 1970: Hafez Assad mène un coup d'État sans effusion de sang et devient président de la Syrie en mars 1971.

- 10 juin 2000: Hafez Assad meurt et son fils Bachar Assad lui succède.

- 2012: Les manifestations contre le régime oppressif d'Assad dégénèrent en guerre civile.

- 6 décembre 2024: L'ère de la dynastie Assad prend fin lorsque les rebelles s'emparent de Damas et que Bachar s'enfuit en Russie.

En février 1966, le Comité militaire renverse le Commandement national du parti Baas au pouvoir, et Hafez est nommé ministre de la Défense par le chef du coup d'État Salah Jadid, chef d'état-major de l'armée syrienne.

Pour Jadid, cette nomination s'est révélée être une erreur de calcul désastreuse. Le 12 novembre 1970, Hafez a organisé son propre coup d'État sans effusion de sang. Dans un premier temps, sa «révolution corrective» (Al-Thawra al-Tashihiyya) semblait promettre un nouveau départ pour tous les Syriens.

Selon Patrick Seale, auteur de la biographie «Assad of Syria: The Struggle for The Middle East», le règne de Hafez a commencé avec «un avantage immédiat et considérable: le régime qu'il a remplacé était tellement détesté que toute alternative était un soulagement».
«Comme c'était un secret de polichinelle qu'il était plus libéral que Salah Jadid, sa victoire a marqué le début d'une lune de miel politique. Les gens pouvaient respirer plus librement.»

Selon une évaluation de son héritage publiée en 2005 par la Brookings Institution, le principal exploit de Hafez «a été de transformer l'ordre politique syrien d'un semi-État postcolonial rongé par les coups d'État en un véritable modèle de stabilité autoritaire». Ce faisant, il a mis en place une structure de pouvoir qui a défini des «choix politiques fondamentaux» pour son fils.

Au moment de sa mort en juin 2000, victime d'un arrêt cardiaque à l'âge de 69 ans, la Syrie était depuis 30 ans sous l'emprise d'un «appareil d'État policier hautement développé et coercitif», conçu pour «réprimer les menaces perçues, potentielles et réelles contre le régime».

En conséquence, «le bilan de la répression brutale reste un élément important et inéluctable de l'héritage d'Assad», dont son fils allait hériter et sur lequel il allait s'appuyer.

Comme son père avant lui, Bachar a cherché à faire carrière dans la médecine, étudiant à Damas et travaillant comme médecin dans l'armée syrienne avant de partir au Royaume-Uni dans les années 1990 pour suivre une formation d'ophtalmologiste.

On ne s'attendait pas à ce qu'il entre dans l'entreprise familiale. Son père préparait son fils aîné, Bassel, à lui succéder, mais ce plan a échoué lorsque Bassel est mort dans un accident de voiture en 1994.

Bachar est rappelé en Syrie, où il entre à l'Académie militaire de Homs et passe les six années suivantes à se préparer à succéder à son père, en s'entourant de fidèles partisans baasistes et alaouites au sein du parti et de l'armée.

Seul candidat à la présidence après la mort de son père le 10 juin 2000, Bachar, 34 ans, était sûr d'être élu, une fois la Constitution syrienne amendée pour abaisser la limite d'âge pour le poste, alors fixée à 40 ans.

Dès le départ, Bachar a suivi l'exemple de son père. Sa première tâche a été de prouver qu'il était à la hauteur de la tâche en réprimant sans pitié la vague de contestation qui a suivi la mort de son père.

Les revendications des manifestants, qualifiées de «printemps de Damas», ont été formulées dans la «Déclaration des 99», un manifeste signé par des intellectuels appelant à une nouvelle ère de liberté d'expression et à la fin de l'oppression de l'État et de l'emprisonnement des opposants politiques.

De multiples arrestations et mesures de répression ont mis fin au printemps de Damas, mais les graines qu'il avait semées n'étaient que dormantes, pas mortes.

Les fils de Hafez el-Assad, Maher (à droite) et Majed (3e à droite), son frère Jami (2e à droite), son gendre, le général syrien Assef Shawkat (2e à gauche), et le secrétaire général adjoint du parti Baas syrien, Abdallah al-Ahmar (à gauche). (AFP)

En mars 2011, dans le cadre du Printemps arabe, une série de manifestations de masse en faveur de la démocratie a éclaté dans toute la Syrie, les manifestants réclamant la fin du régime Assad.

Ces manifestations ont fait l'objet d'une répression brutale, ce qui a entraîné le pays dans ce que l'ONU a officiellement déclaré être une guerre civile en juin 2012 – une guerre qui a impliqué de nombreux acteurs différents, dont Daech et Al-Qaïda.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, en mars de cette année, 13 ans après le début de cette guerre apparemment sans fin, la guerre en Syrie a tué plus d'un demi-million de personnes. Parmi elles, plus de 164 000 civils, dont plus de 15 000 femmes et 25 000 enfants, et des millions d'autres personnes déplacées.

Dans sa tentative désespérée de s'accrocher au pouvoir, le régime Assad a utilisé toute une série d'armes barbares, notamment des «bombes barils», rudimentaires mais mortelles, larguées sur les civils depuis des hélicoptères.

En violation du droit international, le régime a aussi régulièrement déployé des armes chimiques, notamment le gaz sarin, un puissant neurotoxique contre les civils et les factions armées.

En 2012, dans le cadre d'un accord conclu avec son allié russe pour écarter les menaces d'attaques aériennes des États-Unis, Assad a promis de renoncer à ses armes chimiques et d'adhérer à la convention sur les armes chimiques.

Mais ce n'est que l'année suivante, en août 2013, que sont apparues des photos choquantes d'enfants victimes d'attaques chimiques menées contre des zones tenues par des groupes militants dans la banlieue est de Damas.

Le mois dernier, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques a révélé que les promesses d'Assad de remettre toutes ces armes n'avaient toujours pas été tenues.
Au fur et à mesure que les sanctions occidentales imposées dans le sillage de la violence d'État en 2011 s'aggravaient, le régime Assad est devenu un narco-État, de plus en plus dépendant, pour ses rentrées d'argent, des ventes de la drogue Captagon, qui a dévasté la vie de tant de jeunes gens et de leurs familles dans l'ensemble du Moyen-Orient.

Comme l'a révélé une étude approfondie d'Arab News publiée en février 2023, «la grande majorité des dizaines de millions de pilules qui inondent la péninsule Arabique chaque année sont principalement fabriquées en Syrie et avec la participation active du régime du président Bachar el-Assad».

Caroline Rose, analyste principale à New Lines, a déclaré à Arab News qu'il ne faisait aucun doute que le Captagon était «produit et trafiqué par un ensemble d'individus très proches du régime Assad, dont certains sont des cousins et des parents de membres du régime».

Parmi eux, le frère de Bachar, Maher, affilié à la production et à la contrebande en tant que commandant de la quatrième division blindée, une unité militaire dont la mission principale est de protéger le régime syrien contre les menaces internes et externes, joue le rôle le plus important.

Depuis le début de la guerre civile syrienne il y a dix ans, ce qui avait commencé comme un filet d'eau dans la région s'est transformé en un déluge. Confronté à des sanctions mondiales qui l'ont privé de revenus, le régime syrien s'est lancé dans la fabrication de drogues, travaillant avec des milices soutenues par l'Iran en Syrie et au Liban pour introduire en contrebande des quantités industrielles de captagon en Arabie saoudite et dans les autres États du Golfe, par voie terrestre, maritime et aérienne.
Selon un rapport publié en avril 2022 par le groupe de réflexion de Washington New Lines Institute for Strategy and Policy, la Syrie déchirée par la guerre est devenue "la plaque tournante d'une production de taille industrielle". Le rapport ajoute que "des éléments du gouvernement syrien sont les principaux moteurs du commerce du Captagon, avec des complicités ministérielles dans la production et la contrebande, utilisant le commerce comme moyen de survie politique et économique dans un contexte de sanctions internationales".

En août 2012, le président américain Barack Obama a déclaré que Bachar "a perdu sa légitimité (et) doit se retirer. Jusqu'à présent, il n'a pas compris le message et, au lieu de cela, il a redoublé de violence contre son propre peuple".
Il a ajouté : "La communauté internationale a envoyé un message clair selon lequel, plutôt que d'entraîner son pays dans une guerre civile, il devrait s'engager dans la voie d'une transition politique. Mais à ce stade, la probabilité d'un atterrissage en douceur semble assez éloignée".
Aujourd'hui, alors que Bachar se montre à Moscou et que Damas est aux mains des rebelles, les Syriens ne peuvent que prier pour que, la dynastie Assad étant apparemment écartée du pouvoir après un demi-siècle de tyrannie, l'atterrissage en douceur de leur pays tr


Israël dit avoir intercepté un tir de missile depuis le Yémen, revendiqué par les rebelles

Les rebelles Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, ont affirmé dans un communiqué avoir visé une base aérienne "à l'est de la région occupée de Haïfa, à l'aide d'un missile balistique hypersonique". (AFP)
Les rebelles Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, ont affirmé dans un communiqué avoir visé une base aérienne "à l'est de la région occupée de Haïfa, à l'aide d'un missile balistique hypersonique". (AFP)
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  • "A la suite de sirènes qui ont retenti il y a peu de temps dans plusieurs régions d'Israël, un missile lancé depuis le Yémen a été intercepté", a indiqué l'armée israélienne dans un bref communiqué sur Telegram
  • L'engin a été intercepté avant qu'il ne pénètre en territoire israélien, est-il précisé

JERUSALEM: Les forces armées israéliennes ont annoncé vendredi avoir intercepté un missile lancé à partir du Yémen, un tir revendiqué par les rebelles houthis, soutenus par l'Iran.

"A la suite de sirènes qui ont retenti il y a peu de temps dans plusieurs régions d'Israël, un missile lancé depuis le Yémen a été intercepté", a indiqué l'armée israélienne dans un bref communiqué sur Telegram.

L'engin a été intercepté avant qu'il ne pénètre en territoire israélien, est-il précisé.

Les rebelles Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, ont affirmé dans un communiqué avoir visé une base aérienne "à l'est de la région occupée de Haïfa, à l'aide d'un missile balistique hypersonique".

Ces insurgés soutenus par l'Iran ont mené des dizaines d'attaques avec des missiles et des drones contre Israël,  depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas sur Israël le 7 octobre 2023, en affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens.

Ils ont également pris pour cible des navires qu'ils estiment liés à Israël en mer Rouge, une zone essentielle pour le trafic maritime mondial.

Ces attaques avaient cessé avec la trêve entrée en vigueur le 19 janvier entre Israël et le Hamas, mais les Houthis les ont relancées après la reprise par Israël de son offensive à Gaza le 18 mars.

Les "opérations de soutien se poursuivront jusqu'à ce que l'agression contre Gaza cesse et que le siège soit levé", a déclaré leur porte-parole militaire, Yahya Saree, selon le communiqué.

Les Etats-Unis, alliés d'Israël, avaient commencé en janvier 2024 à frapper les positions des Houthis pour les contraindre à cesser leurs tirs. La campagne s'est intensifiée après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier.

Le Pentagone a indiqué fin avril avoir frappé plus de 1.000 cibles au Yémen depuis mi-mars, tuant "des combattants et des dirigeants houthis".


Gaza : les opérations humanitaires «au bord de l'effondrement total», affirme la Croix-Rouge

Depuis le 2 mars aucune aide humanitaire n'est autorisée à entrer dans le territoire où vivent 2,4 millions de personnes, pour forcer, selon les autorités israéliennes, le mouvement islamiste Hamas à libérer les otages pris le 7-Octobre encore entre ses mains. (AFP)
Depuis le 2 mars aucune aide humanitaire n'est autorisée à entrer dans le territoire où vivent 2,4 millions de personnes, pour forcer, selon les autorités israéliennes, le mouvement islamiste Hamas à libérer les otages pris le 7-Octobre encore entre ses mains. (AFP)
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  • Les opérations humanitaires dans la bande de Gaza sont "au bord de l'effondrement total", a mis en garde le le Comité international de la Croix-Rouge vendredi, après deux mois de blocus total de toute entrée d'aide par Israël
  • "Si l’acheminement des secours ne reprend pas immédiatement, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ne disposera pas des vivres, médicaments et produits de première nécessité dont il a besoin"

GENEVE: Les opérations humanitaires dans la bande de Gaza sont "au bord de l'effondrement total", a mis en garde le Comité international de la Croix-Rouge vendredi, après deux mois de blocus total de toute entrée d'aide par Israël.

"Si l'acheminement des secours ne reprend pas immédiatement, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ne disposera pas des vivres, médicaments et produits de première nécessité dont il a besoin pour poursuivre bon nombre des programmes qu'il mène à Gaza", souligne le CICR  dans un communiqué.

"Les autorités doivent permettre l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza. Les otages doivent être libérés. Les civils doivent être protégés. Il faut agir de toute urgence, faute de quoi Gaza s'enfoncera encore plus profondément dans un chaos dont aucun effort humanitaire ne pourra la sortir", met en garde l'organisation basée à Genève.

Depuis le 2 mars aucune aide humanitaire n'est autorisée à entrer dans le territoire où vivent 2,4 millions de personnes, pour forcer, selon les autorités israéliennes, le mouvement islamiste Hamas à libérer les otages pris le 7-Octobre encore entre ses mains.

"Pour les civils à Gaza, chaque jour est une lutte acharnée pour survivre aux dangers des combats et supporter les conséquences des déplacements incessants – tout cela sans pouvoir compter sur une aide humanitaire d'urgence", déclare Pascal Hundt, directeur adjoint des opérations du CICR, cité dans le communiqué.

"Nous ne pouvons pas permettre que cette situation déjà critique s'aggrave davantage", insiste-t-il.

Jeudi, Mike Ryan le directeur général adjoint de l'OMS avait dénoncé ce qui se passe à Gaza comme "une abomination".

Obligation d'aider 

Or si le blocus se poursuit, des programmes tels que les cuisines collectives du CICR – qui fournissent à de nombreuses personnes leur unique repas quotidien – ne pourront pas être maintenus plus de quelques semaines, précise le communiqué.

Depuis l'instauration du blocus, l'ONU ne cesse de dénoncer la catastrophe humanitaire et sanitaire et le risque de famine.

Le Programme alimentaire mondial a annoncé il y a quelques jours qu'il "avait épuisé tous ses stocks".

Le CICR rappelle aussi que conformément au droit international humanitaire, Israël a l'obligation, dans toute la mesure de ses moyens, de veiller à ce que les besoins essentiels de la population civile placée sous son contrôle soient satisfaits.

La situation à l'hôpital de campagne de l'organisation est également critique, certains médicaments et produits de santé étant épuisés.

"Les hôpitaux et autres structures de santé réorganisent leurs réserves et établissent des priorités pour pouvoir continuer à fonctionner. Sans réapprovisionnement rapide, ils risquent de ne plus être en mesure de prodiguer des soins vitaux aux patients", souligne le CICR, qui dénonce aussi "les attaques répétées qui empêchent le personnel de santé de faire son travail".

La guerre de représailles menée par Israël depuis le 7-Octobre a fait plus de 52.400 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

L'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, sur le territoire israélien, a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Parmi les 251 personnes enlevées ce jour là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 mortes, selon l'armée israélienne.

 


Israël bombarde près du palais du président syrien accusé de «génocide» des Druzes

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  • Des heurts à proximité et au sud de Damas entre combattants druzes et groupes armés liés au pouvoir sunnite du président Ahmad al-Chareh illustrent l'instabilité persistante en Syrie
  • L'ONU a exhorté "toutes les parties à faire preuve d'un maximum de retenue" et la diplomatie américaine a fustigé "les dernières violences et la rhétorique incendiaire" antidruzes "répréhensibles et inacceptables"

DAMAS: Israël a mis vendredi sa menace à exécution contre la Syrie en bombardant les abords du palais présidentiel à Damas après que le chef de la minorité druze, protégée par le pouvoir israélien, eut accusé le pouvoir du nouveau président syrien Ahmad al-Chareh de "génocide".

Le plus influent chef religieux druze en Syrie, cheikh Hikmat al-Hajrin, venait de dénoncer jeudi soir une "campagne génocidaire injustifiée" visant des "civils" de sa communauté, après des affrontements confessionnels en début de semaine qui ont fait plus de 100 morts selon une ONG.

Le chef religieux druze alors réclamé "une intervention immédiate de forces internationales" et Israël -- voisin de la Syrie avec laquelle il est en état de guerre et qui a pris fait et cause pour les Druzes -- avait aussitôt menacé de répondre "avec force" si Damas ne protégeait pas cette minorité religieuse.

Quelques heures après, à l'aube vendredi, "des avions de combat ont frappé les environs du palais" présidentiel à Damas, a annoncé l'armée israélienne sur Telegram.

"C'est un message clair envoyé au régime syrien. Nous ne permettrons pas que des forces (syriennes) soient dépêchées au sud de Damas ou menacent de quelque manière que ce soit la communauté druze", ont martelé dans un communiqué, publié en anglais par le journal Times of Israel, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense Israël Katz.

Des heurts à proximité et au sud de Damas entre combattants druzes et groupes armés liés au pouvoir sunnite du président Ahmad al-Chareh illustrent l'instabilité persistante en Syrie, près de cinq mois après le renversement de son prédécesseur Bachar al-Assad, issu de la minorité alaouite.

"Nous ne faisons plus confiance à une entité qui prétend être un gouvernement. (...) Un gouvernement ne tue pas son peuple en recourant à ses propres milices extrémistes, puis, après les massacres, en prétendant que ce sont des éléments incontrôlés", avait dénoncé le cheikh druze.

"Rhétorique incendiaire" 

L'ONU a exhorté "toutes les parties à faire preuve d'un maximum de retenue" et la diplomatie américaine a fustigé "les dernières violences et la rhétorique incendiaire" antidruzes "répréhensibles et inacceptables".

Des combats cette semaine à Jaramana et Sahnaya, où vivent des chrétiens et des Druzes, ainsi qu'à Soueïda, ville à majorité druze, ont réveillé le spectre des massacres qui avaient fait début mars plus de 1.700 morts, en grande majorité des membres de la minorité alaouite, dans l'ouest du pays.

Ces violences avaient été déclenchées par des attaques de militants pro-Assad contre les forces de sécurité du nouveau pouvoir.

Mercredi déjà, l'armée israélienne avait frappé près de Damas, en forme "d'avertissement" contre un "groupe extrémiste qui se préparait à attaquer la population druze de la ville de Sahnaya", selon M. Netanyahu.

Les Druzes sont une minorité de l'islam chiite. Ses membres sont répartis entre le Liban, la Syrie et Israël.

"Nous sommes une partie inaliénable de la Syrie", a souligné un porte-parole du rassemblement des autorités religieuses, chefs traditionnels et groupes armés druzes à Soueïda, ajoutant que la communauté rejetait "toute division" du pays.

Les combats en Syrie ont été déclenchés lundi soir par une attaque de groupes armés affiliés au pouvoir contre Jaramana, après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un Druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet.

L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message.

Les autorités syriennes ont accusé des éléments échappant à son contrôle d'avoir provoqué les violences.

102 morts 

Selon un bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), ces affrontements ont fait 102 morts, dont 30 membres des forces de sécurité et combattants affiliés, 21 combattants druzes et 11 civils à Jaramana et Sahnaya. Dans la province de Soueïda, 40 combattants druzes ont péri, dont 35 dans une embuscade, d'après l'ONG.

A Jaramana, des accords entre représentants des Druzes et du pouvoir avaient permis de rétablir le calme mardi soir, de même mercredi soir à Sahnaya à 15 km au sud-ouest de Damas où des forces de sécurité ont été déployées.

Et le pouvoir syrien avait réaffirmé son "engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze".

Dès la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, renversé par une coalition de factions rebelles islamistes dirigée par M. Chareh après plus de 13 ans de guerre civile, Israël a multiplié les gestes d'ouverture envers les Druzes, cherchant, selon l'analyste indépendant Michael Horowitz, à se ménager des alliés dans le sud syrien à un moment où l'avenir de ce pays reste incertain.