Au Soudan, le système de santé est à l'agonie et les médecins sont pris pour cible

Le 17 août 2024, dans un centre d'isolement rural à Wad Al-Hilu, dans l'État de Kassala, dans l'est du Soudan, un médecin soigne un enfant atteint de choléra. (Photo de l'AFP).
Le 17 août 2024, dans un centre d'isolement rural à Wad Al-Hilu, dans l'État de Kassala, dans l'est du Soudan, un médecin soigne un enfant atteint de choléra. (Photo de l'AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 18 décembre 2024

Au Soudan, le système de santé est à l'agonie et les médecins sont pris pour cible

  • Sous les bombardements incessants, Mohamed Moussa, un médecin soudanais, dit continuer de travailler, comme d'autres, au milieu d'un système de santé en ruines.
  • En octobre, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait recensé 119 attaques contre des établissements de santé, dont des bombardements, des tirs d'artillerie, des fusillades, des pillages et des intrusions.

LE CAIRE : Sous les bombardements incessants, Mohamed Moussa, un médecin soudanais, dit continuer de travailler, comme d'autres, au milieu d'un système de santé en ruines, dans le contexte d'une guerre qui dure depuis plus d'un an et demi, d'une crise humanitaire sans précédent et de la famine.

« Les bombardements nous ont insensibilisés », déclare au téléphone à l'AFP ce généraliste de 30 ans qui travaille à l'hôpital Al-Nao, l'un des derniers établissements en activité à Omdourman, ville jumelle de Khartoum.

« Le personnel de santé n'a pas d'autre choix que de continuer », confie-t-il, même si les coups de feu crépitent au loin, les avions rugissent au-dessus de sa tête et le sol tremble sous ses pieds.

Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé 12 millions de personnes, provoquant ainsi ce que le Comité international de secours (IRC) qualifie de « plus grande crise humanitaire » mondiale.

À l'hôpital Al-Nao, qui a été la cible de bombardements selon Médecins sans frontières (MSF), le personnel soignant dit prendre en charge des blessures par balle à la tête, à la poitrine et à l'abdomen, ainsi que des brûlures graves, des os brisés et des amputations, y compris sur des enfants de quatre mois.

- « En ruines » -

Sur les 87 hôpitaux de l'État de Khartoum, près de la moitié ont subi des dommages visibles entre la mi-avril 2023 et le 26 août 2024, d'après les images satellite fournies par l'université de Yale et l'Association des médecins soudano-américains (SAPA).

En octobre, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait recensé 119 attaques contre des établissements de santé, dont des bombardements, des tirs d'artillerie, des fusillades, des pillages et des intrusions.

« Il y a un mépris total pour la protection des civils », a déclaré à l'AFP Kyle McNally, conseiller aux affaires humanitaires chez MSF, faisant état de « destructions généralisées » mettant « à bas les services de santé ».

Selon le syndicat des médecins soudanais, jusqu'à 90 % des établissements médicaux ont été contraints de fermer dans les zones de conflit, privant de soins des millions de personnes.

Quelque 78 professionnels de santé ont été tués depuis le début de la guerre sur leur lieu de travail ou à leur domicile, affirme le syndicat.

« Les deux camps pensent que le personnel médical coopère avec la faction adverse, ce qui conduit à les prendre pour cible », a déclaré à l'AFP son porte-parole, Sayed Mohamed Abdullah.

- « Aucune distinction » -

Le 11 novembre, MSF a suspendu la plupart de ses activités à l'hôpital Bachaïr, l'un des seuls établissements de santé encore en activité dans le sud de Khartoum, après que des combattants ont pris d'assaut l'hôpital.

« Rien ne justifie de cibler les hôpitaux ou le personnel médical, car les médecins ne font aucune distinction entre les patients », assure M. Abdullah.

Les médecins doivent également faire face à la famine : selon l'ONU, près de 26 millions de personnes sont confrontées à une faim aiguë au Soudan.

Entre mi-août et fin octobre, le personnel de l'hôpital pédiatrique d'Omdourman, qui accueille des enfants souffrant de malnutrition, s'occupait jusqu'à 40 enfants par jour, dont beaucoup étaient dans un état critique, selon le docteur Nora Idris, dont le nom a été modifié pour des raisons de sécurité.

« Chaque jour, trois à quatre d'entre eux meurent, car leur cas était désespéré ou à cause d'une pénurie de médicaments », a-t-elle précisé.

Adnan Hezam, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour le Soudan, a affirmé à l'AFP que « sans une aide immédiate aux structures de santé, nous craignons une détérioration rapide » des services.

Il souligne que le droit international humanitaire protège le personnel médical, les hôpitaux et les ambulances, mais ces principes ont peu de poids au Soudan.

Pour les professionnels de santé, soigner coûte que coûte « semble insupportable certains jours, mais nous ne pouvons pas nous arrêter », assure le docteur Moussa.


Syrie: opération israélienne aéroportée près de Damas, selon un média d'Etat

Israël, qui mène régulièrement des frappes en Syrie, n'a pas confirmé cette opération mais son ministre de la Défense, Israël Katz, a affirmé jeudi que les forces israéliennes opéraient "jour et nuit" partout où cela était nécessaire pour la sécurité du pays. (AFP)
Israël, qui mène régulièrement des frappes en Syrie, n'a pas confirmé cette opération mais son ministre de la Défense, Israël Katz, a affirmé jeudi que les forces israéliennes opéraient "jour et nuit" partout où cela était nécessaire pour la sécurité du pays. (AFP)
Short Url
  • L'aviation israélienne avait frappé mardi ce site près de Kesweh, à une trentaine de km au sud de Damas, tuant six soldats syriens, selon le ministère syrien des Affaires étrangères
  • Mercredi, le site a été bombardé à nouveau, selon la télévision d'Etat, puis l'armée israélienne a "mené une opération aéroportée dont les détails ne sont pas encore connus", a rapporté l'agence de presse officielle Sana, citant une source gouvernementale

DAMAS: Un média d'Etat syrien a affirmé jeudi que l'armée israélienne avait mené mercredi soir une opération aéroportée dans un secteur au sud de Damas qu'elle avait auparavant bombardé.

Israël, qui mène régulièrement des frappes en Syrie, n'a pas confirmé cette opération mais son ministre de la Défense, Israël Katz, a affirmé jeudi que les forces israéliennes opéraient "jour et nuit" partout où cela était nécessaire pour la sécurité du pays.

Si ce raid est confirmé, il s'agirait de la première opération du genre près de la capitale depuis l'arrivée au pouvoir en décembre d'une coalition islamiste qui a renversé le président Bachar al-Assad.

L'aviation israélienne avait frappé mardi ce site près de Kesweh, à une trentaine de km au sud de Damas, tuant six soldats syriens, selon le ministère syrien des Affaires étrangères.

Mercredi, le site a été bombardé à nouveau, selon la télévision d'Etat, puis l'armée israélienne a "mené une opération aéroportée dont les détails ne sont pas encore connus", a rapporté l'agence de presse officielle Sana, citant une source gouvernementale.

Depuis décembre, Israël a mené des centaines de frappes sur la Syrie et des incursions terrestres dans le sud du pays.

Un responsable du ministère de la Défense avait indiqué mardi à l'AFP que le site visé par Israël abritait des bâtiments de l'armée syrienne.

Des soldats syriens avaient trouvé mardi des "dispositifs de surveillance et d'écoute" dans la zone avant les frappes israéliennes, selon Sana, qui ne précise pas qui les avait installés.

"Les frappes aériennes et les drones ont continué à empêcher l'accès à la zone jusqu'à mercredi soir", avant l'opération aéroportée, a indiqué la même source.

"D'après ce que nous comprenons, les forces syriennes ont découvert des dispositifs de surveillance et de renseignement, apparemment israéliens", a expliqué au bureau de l'AFP à Jérusalem l'analyste israélienne Carmit Valensi.

"Les forces israéliennes tentaient essentiellement de démanteler les dispositifs de renseignement qui avaient été installés, afin d'empêcher qu'ils ne tombent entre les mains de diverses forces syriennes", a-t-elle ajouté.

Le site abritait des armes utilisées par le Hezbollah libanais, soutenu par l'Iran et allié de M. Assad, selon selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé au Royaume-Uni mais disposant d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne n'a fait aucun commentaire sur les frappes.

"Nos forces opèrent sur tous les théâtres de guerre, jour et nuit, pour la sécurité d’Israël", a écrit jeudi M. Katz, sans plus de détails, sur son compte X.

Israël et la Syrie sont techniquement en état de guerre depuis des décennies, mais ont entamé un dialogue sous l'égide des Etats-Unis depuis la prise de pouvoir par le président par intérim  Ahmad al-Chareh, dans le but affiché de parvenir à des arrangements de sécurité.

 


Gaza: des experts de l'ONU dénoncent des «disparitions forcées» sur des sites d'aide

Des experts des droits de l'Homme de l'ONU ont qualifié de "crime odieux" jeudi des informations faisant état de "disparitions forcées" de Palestiniens affamés en quête de nourriture dans des sites de distribution gérés par la Fondation Humanitaire de Gaza. (AFP)
Des experts des droits de l'Homme de l'ONU ont qualifié de "crime odieux" jeudi des informations faisant état de "disparitions forcées" de Palestiniens affamés en quête de nourriture dans des sites de distribution gérés par la Fondation Humanitaire de Gaza. (AFP)
Short Url
  • Les sept experts indépendants ont assuré dans une déclaration commune avoir reçu des informations selon lesquelles plusieurs personnes, dont un enfant, avaient disparu après avoir visité des sites de distribution d'aide à Rafah
  • L'armée israélienne était "directement impliquée dans les disparitions forcées de personnes cherchant de l'aide", ont ajouté les experts, mandatés par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, mais qui ne parlent pas au nom des Nations Unies

GENEVE: Des experts des droits de l'Homme de l'ONU ont qualifié de "crime odieux" jeudi des informations faisant état de "disparitions forcées" de Palestiniens affamés en quête de nourriture dans des sites de distribution gérés par la Fondation Humanitaire de Gaza.

Les sept experts indépendants ont assuré dans une déclaration commune avoir reçu des informations selon lesquelles plusieurs personnes, dont un enfant, avaient disparu après avoir visité des sites de distribution d'aide à Rafah.

L'armée israélienne était "directement impliquée dans les disparitions forcées de personnes cherchant de l'aide", ont ajouté les experts, mandatés par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, mais qui ne parlent pas au nom des Nations Unies.

"Les signalements de disparitions forcées visant des civils affamés cherchant à exercer leur droit fondamental à se nourrir ne sont pas seulement choquants, mais équivalent à de la torture", ont-ils déclaré. "Utiliser la nourriture comme un outil pour mener des disparitions ciblées et massives doit cesser immédiatement", selon eux.

De son côté, la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) a déclaré jeudi qu'il n'y avait "aucune preuve de disparitions forcées" dans ses sites d'aide dans les territoires palestiniens, après que des experts de l'ONU ont fait état d'informations sur de telles exactions.

"Nous opérons dans une zone de guerre où de graves allégations pèsent contre toutes les parties opérant en dehors de nos sites. Mais à l'intérieur des installations de la GHF, il n'y a aucune preuve de disparitions forcées", a déclaré la fondation dans un communiqué à l'AFP.

L'ONU a déclaré une famine dans le gouvernorat de Gaza la semaine dernière, accusant l'"obstruction systématique" des livraisons humanitaires par Israël. Israël, qui a accusé le Hamas de piller l'aide fournie par l'ONU, a imposé un blocus total sur Gaza entre mars et mai.

Une fois que les restrictions ont commencé à s'assouplir, la GHF, une organisation privée soutenue par Israël et les États-Unis, a été créée pour distribuer l'aide alimentaire, mettant de fait à l'écart les agences de l'ONU.

Le bureau des droits de l'Homme de l'ONU a déclaré la semaine dernière qu'il avait documenté la mort de 1.857 Palestiniens cherchant de l'aide depuis fin mai, dont 1.021 près des sites du GHF.


Liban: des formations palestiniennes remettent leurs armes à l'armée

Des formations palestiniennes ont remis jeudi à l'armée libanaise des armes lourdes qu'elles détenaient dans trois camps de réfugiés du sud du pays, ont annoncé les autorités libanaises et palestiniennes. (AFP)
Des formations palestiniennes ont remis jeudi à l'armée libanaise des armes lourdes qu'elles détenaient dans trois camps de réfugiés du sud du pays, ont annoncé les autorités libanaises et palestiniennes. (AFP)
Short Url
  • Le Liban accueille environ 222.000 réfugiés palestiniens, selon l'ONU, dont une majorité vit dans des camps. En vertu d'un accord tacite, les organisations palestiniennes contrôlent ces camps où l'armée libanaise ne pénètre pas
  • Dans un communiqué, le Comité de dialogue libano-palestinien (officiel) a annoncé jeudi que "huit camions" contenant "des armes lourdes appartenant aux factions de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) ont été remis à l'armée

TYR: Des formations palestiniennes ont remis jeudi à l'armée libanaise des armes lourdes qu'elles détenaient dans trois camps de réfugiés du sud du pays, ont annoncé les autorités libanaises et palestiniennes.

Lors d'une visite à Beyrouth en mai, le président palestinien Mahmoud Abbas avait conclu avec le président libanais Joseph Aoun un accord prévoyant la remise aux autorités de toutes les armes présentes dans les camps palestiniens.

L'application de cet accord a commencé le 21 août lorsque le Fatah de Mahmoud Abbas a remis des armes dans le camp de réfugiés de Bourj al-Barajneh, à la périphérie de Beyrouth.

Le Liban accueille environ 222.000 réfugiés palestiniens, selon l'ONU, dont une majorité vit dans des camps. En vertu d'un accord tacite, les organisations palestiniennes contrôlent ces camps où l'armée libanaise ne pénètre pas.

Dans un communiqué, le Comité de dialogue libano-palestinien (officiel) a annoncé jeudi que "huit camions" contenant "des armes lourdes appartenant aux factions de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) dans les camps de Rachidiyé, Bass et Bourj Chemali ont été remis à l'armée".

Un photographe de l'AFP a vu au moins sept camions dans une caserne de l'armée dans la ville côtière de Tyr, que jouxte le camp de Rachidiyé.

Le Fatah est la plus importante composante de l'OLP dont le Hamas islamiste ou le Jihad islamique, alliés du Hezbollah libanais, ne font pas partie.

Selon le communiqué, le processus va se poursuivre dans les autres camps palestiniens du Liban.

A Ramallah, en Cisjordanie occupée, le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeina, a confirmé que "la deuxième partie d'armes de l'OLP" dans les trois camps avait été remise, conformément à l'accord.

La remise des armes des formations palestiniennes intervient dans le cadre de la décision des autorités libanaises de désarmer tous les groupes non étatiques.

Sous forte pression américaine, le gouvernement libanais a également chargé ce mois-ci l’armée d’élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah pro-iranien d’ici la fin de l’année.

Des factions armées palestiniennes, dont le Hamas, ont revendiqué des tirs sur le territoire israélien au cours de la guerre entre Israël et le Hezbollah qui s'est terminée en novembre 2024.