Syrie: le nouveau pouvoir annonce un accord avec les groupes armés pour leur dissolution

Le chef de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Ahmed al-Sharaa (également connu sous le nom d'Abu Mohammad al-Jolani), arrive à Damas le 22 décembre 2024 pour une réunion avec des responsables druzes du Parti socialiste progressiste (PSP) libanais en visite. (File/AFP)
Le chef de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), Ahmed al-Sharaa (également connu sous le nom d'Abu Mohammad al-Jolani), arrive à Damas le 22 décembre 2024 pour une réunion avec des responsables druzes du Parti socialiste progressiste (PSP) libanais en visite. (File/AFP)
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Publié le Mercredi 25 décembre 2024

Syrie: le nouveau pouvoir annonce un accord avec les groupes armés pour leur dissolution

  • Les nouvelles autorités syriennes à Damas ont annoncé mardi un accord avec "tous les groupes armés" pour leur dissolution, précisant qu'ils allaient être intégrés au ministère de la Défense
  • Cet accord ne concerne cependant pas les puissantes Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, appuyées par les Etats-Unis, et qui contrôlent de vastes territoires dans le nord-est du pays

DAMAS: Les nouvelles autorités syriennes à Damas ont annoncé mardi un accord avec "tous les groupes armés" pour leur dissolution, précisant qu'ils allaient être intégrés au ministère de la Défense.

Cet accord ne concerne cependant pas les puissantes Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, appuyées par les Etats-Unis, et qui contrôlent de vastes territoires dans le nord-est du pays.

"Une réunion des chefs des groupes" armés avec le nouveau dirigeant de la Syrie Ahmad al-Chareh "a abouti à un accord sur la dissolution de tous les groupes et leur intégration sous la tutelle du ministère de la Défense", ont indiqué les nouvelles autorités sur leur compte Telegram.

L'annonce intervient plus de deux semaines après la prise du pouvoir le 8 décembre par une coalition armée conduite par le groupe radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), dirigé par Ahmad al-Chareh, de son nom de guerre Abou Mohammad al-Jolani.

L'armée du président Bachar al-Assad s'est effondrée, et ses membres sont appelés à régulariser leur situation auprès des nouvelles autorités.

Ahmad al-Chareh avait affirmé dimanche qu'il ne "permettrait absolument pas que des armes échappent au contrôle de l'Etat".

Il avait ajouté lors d'une conférence de presse que cette décision s'appliquerait également aux "factions présentes dans la zone des FDS".

- "Discussions" directes? -

Interrogé par l'AFP, le porte-parole de ces forces, Farhad Chami, a affirmé que "la question de l'adhésion des FDS à l'armée syrienne doit être discutée directement" entre leur commandement et Damas, "loin de la domination des puissances régionales et de leur tutelle sur la décision syrienne".

La Turquie, très proche des nouvelles autorités en place à Damas, considère les FDS comme une extension de son ennemi juré, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, kurde turc).

"Les FDS pourraient être le noyau de l'armée syrienne et ce serait un facteur de force pour toute la Syrie", a ajouté M. Chami, assurant que ses forces "préfèrent le dialogue avec Damas pour résoudre toutes les questions" en suspens.

Les photos publiées par l'agence officielle Sana et le compte Telegram des autorités montrent M. Chareh entouré des chefs de plusieurs factions armées, pour la plupart des groupes islamistes.

- Combats près de Manbij -

Le chef militaire de HTS, Mourhaf Abou Qasra, connu sous son nom de guerre d'Abou Hassan al-Hamwi, avait affirmé à l'AFP la semaine dernière que "la prochaine étape" après la prise du pouvoir serait la dissolution des factions armées, à commencer par la sienne, pour les fondre au sein de la future institution militaire.

Ce responsable militaire a affirmé que le nouveau pouvoir voulait étendre son autorité sur les zones du nord-est de la Syrie, contrôlées par l'administration kurde semi-autonome.

Les FDS ont été le fer de lance de la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI), défait en 2019 en Syrie.

Depuis fin novembre, les combattants kurdes font face à une offensive de groupes armés syriens proturcs dans le nord-est de la Syrie, qui ont pris le contrôle de l'enclave stratégique de Tal Rifaat (nord) et de Manbij (nord-est), zone à majorité arabe.

Dans un communiqué mardi, les FDS ont fait état de "violents combats" à l'est de la ville de Manbij ayant fait 16 morts dans leurs rangs, sans préciser quand les combattants avaient été tués.

Les Kurdes avaient profité de l'affaiblissement du pouvoir central de Bachar al-Assad avec la guerre en Syrie, déclenchée en 2011, pour proclamer une "région autonome" dans le nord, s'attirant l'hostilité de la Turquie voisine.

Treize ans de guerre ont fait plus d'un demi-million de morts et morcelé le vaste pays en zones d'influence contrôlées par différents belligérants soutenus par des puissances régionales et internationales.

Ces derniers jours plusieurs délégations, notamment occidentales et arabes, se sont rendues à Damas pour rencontrer les nouveaux dirigeants qui cherchent à établir un nouvel équilibre diplomatique --le pouvoir d'Assad ayant été surtout étroitement lié à la Russie et à l'Iran.

Evoquant de récentes "déclarations" iraniennes sans toutefois les identifier, le chef de la diplomatie syrienne Assaad Hassan al-Chibani a "mis en garde" Téhéran mardi soir sur X contre "la propagation du chaos" en Syrie, appelant l'Iran à respecter la souveraineté syrienne.

Lundi, affirmant ne "pas (avoir) de contact direct" avec les nouveaux dirigeants syriens, la diplomatie iranienne a appelé la Syrie à ne pas "devenir un repaire pour le terrorisme". Mais à cette occasion Téhéran a aussi appelé à "préserver la souveraineté et l'intégrité" du pays.


Nucléaire : Paris, Berlin et Londres exhortent Téhéran à entamer des négociations sans « préconditions »

Les bâtiments du siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) se reflètent dans les portes arborant le logo de l'agence lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA à Vienne, en Autriche, le 13 juin 2025.  (Photo de Joe Klamar / AFP)
Les bâtiments du siège de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) se reflètent dans les portes arborant le logo de l'agence lors de la réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA à Vienne, en Autriche, le 13 juin 2025. (Photo de Joe Klamar / AFP)
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  • es ministres des Affaires étrangères français, britannique et allemand ont « incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations » sur le programme nucléaire iranien.
  • Abbas Araghchi a estimé que « L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation avec les États-Unis sur le nucléaire porte un coup à la diplomatie », a-t-il déclaré.

PARIS : Selon une source diplomatique française, les ministres des Affaires étrangères français, britannique et allemand ont « incité l'Iran à revenir au plus vite, sans préconditions, à la table des négociations » sur le programme nucléaire iranien.

Lundi soir, Jean-Noël Barrot, David Lammy et Johann Wadephul ont eu un entretien avec la haute représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas, et ont en outre « appelé l'Iran à éviter toute fuite en avant contre les intérêts occidentaux, toute extension régionale et toute escalade nucléaire », comme la non-coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), la sortie du Traité sur la non-prolifération (TNP) ou le franchissement de seuils d'enrichissement, selon la même source.

Dans la nuit de lundi à mardi, le ministère iranien des Affaires étrangères a fait état d'un appel entre le ministre iranien des Affaires étrangères et chef négociateur pour le nucléaire et ses homologues français, britannique et allemand ainsi que Kaja Kallas. 

Abbas Araghchi a estimé que « L'agression israélienne contre l'Iran en pleine négociation avec les États-Unis sur le nucléaire porte un coup à la diplomatie », a-t-il déclaré.

La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, ainsi que l'UE, sont membres avec la Chine et la Russie d'un accord sur le nucléaire conclu en 2015 et dont les États-Unis s'étaient retirés unilatéralement.

Paris, Berlin et Londres, qui forment le groupe E3, avaient entrepris des discussions avec Téhéran l'an passé pour tenter de trouver un nouvel accord sur le nucléaire.

Parallèlement, les États-Unis avaient entamé des négociations indirectes en début d'année, qui butaient sur la question de l'enrichissement d'uranium iranien.

Un nouveau cycle de négociations était prévu la semaine dernière, mais il a été annulé après les frappes israéliennes.

Les États-Unis et leurs alliés occidentaux, ainsi qu'Israël, que des experts considèrent comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, accusent depuis longtemps la République islamique d'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique, ce qu'elle a toujours nié.

Par ailleurs, des messages ont été transmis par les ministres français, britannique et allemand à Israël « sur la nécessité de ne pas cibler les autorités, les infrastructures et les populations civiles », selon une source diplomatique française.


Gaza: la Défense civile annonce 20 personnes tuées par des tirs israéliens en allant chercher de l'aide

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
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  • "Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile
  • Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile

GAZA: La Défense civile de Gaza a indiqué que 20 personnes avaient été tuées lundi par des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien ravagé par les bombardements après plus de vingt mois de guerre.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle se renseignait.

"Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, ajoutant que ces personnes étaient rassemblées près d'un site de distribution d'aide.

"Elles attendaient de pouvoir accéder au centre d'aide américain à Rafah pour obtenir de la nourriture, lorsque l'occupation a ouvert le feu sur ces personnes affamées près du rond-point d'al-Alam", dans le sud de la bande de Gaza, a détaillé M. Bassal en indiquant que les tirs avaient eu lieu de 05H00 et 07H30 (02H00 et 04H30 GMT).

Il a ajouté que les victimes avaient été transférées vers des hôpitaux du sud du territoire palestinien, lesquels ne fonctionnent plus que partiellement depuis des jours en raison des combats et des pénuries de fournitures médicales.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile.

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël.

L'ONU refuse de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.

Des photographes de l'AFP ont constaté ces derniers jours que des Gazaouis se réunissaient à l'aube près de sites de distribution d'aide, malgré la crainte de tirs lors des rassemblements.

La bande de Gaza est menacée de famine, selon l'ONU.

 


Ehud Barak : seule une guerre totale ou un nouvel accord peut arrêter le programme nucléaire iranien

Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
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  • S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée
  • M. Barak a déclaré que les frappes militaires étaient "problématiques", mais qu'Israël les considérait comme justifiées

LONDRES : L'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak a prévenu que l'action militaire d'Israël ne suffirait pas à retarder de manière significative les ambitions nucléaires de l'Iran, décrivant la république islamique comme une "puissance nucléaire de seuil".

S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée.
"À mon avis, ce n'est pas un secret qu'Israël ne peut à lui seul retarder le programme nucléaire de l'Iran de manière significative. Probablement plusieurs semaines, probablement un mois, mais même les États-Unis ne peuvent pas les retarder de plus de quelques mois", a-t-il déclaré.

"Cela ne signifie pas qu'ils auront immédiatement (une arme nucléaire), ils doivent probablement encore achever certains travaux d'armement, ou probablement créer un dispositif nucléaire rudimentaire pour le faire exploser quelque part dans le désert afin de montrer au monde entier où ils se trouvent.

M. Barak a déclaré que si les frappes militaires étaient "problématiques", Israël les considérait comme justifiées.

"Au lieu de rester les bras croisés, Israël estime qu'il doit faire quelque chose. Probablement qu'avec les Américains, nous pouvons faire plus".

L'ancien premier ministre a déclaré que pour stopper les progrès de l'Iran, il faudrait soit une avancée diplomatique majeure, soit un changement de régime.

"Je pense que l'Iran étant déjà ce que l'on appelle une puissance nucléaire de seuil, le seul moyen de l'en empêcher est soit de lui imposer un nouvel accord convaincant, soit de déclencher une guerre à grande échelle pour renverser le régime", a-t-il déclaré.

"C'est quelque chose que nous pouvons faire avec les États-Unis.

Mais il a ajouté qu'il ne pensait pas que Washington avait l'appétit pour une telle action.

"Je ne crois pas qu'un président américain, ni Trump ni aucun de ses prédécesseurs, aurait décidé de faire cela".

Israël a déclenché des frappes aériennes à travers l'Iran pour la troisième journée dimanche et a menacé de recourir à une force encore plus grande alors que certains missiles iraniens tirés en représailles ont échappé aux défenses aériennes israéliennes pour frapper des bâtiments au cœur du pays.

Les services d'urgence israéliens ont déclaré qu'au moins 10 personnes avaient été tuées dans les attaques iraniennes, tandis que les autorités iraniennes ont déclaré qu'au moins 128 personnes avaient été tuées par les salves israéliennes.