Bilan 2024 : Gaza, au cœur d’une crise humanitaire sans fin

 Des Palestiniens déplacés reçoivent de la nourriture dans un centre de distribution à Deir El-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 26 novembre 2024 (Photo par AFP).
Des Palestiniens déplacés reçoivent de la nourriture dans un centre de distribution à Deir El-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 26 novembre 2024 (Photo par AFP).
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Publié le Lundi 30 décembre 2024

Bilan 2024 : Gaza, au cœur d’une crise humanitaire sans fin

  • Peu d'espoir de répit dans le conflit entre Israël et le Hamas pour l'enclave palestinienne malgré les appels persistants au cessez-le-feu
  • Un rapport d'Amnesty International accuse Israël de "continuer de commettre un génocide contre les Palestiniens"

LONDRES : Alors que la guerre à Gaza entre dans son seizième mois, les civils palestiniens piégés dans le territoire assiégé ont peu d'espoir de répit, malgré les appels internationaux à un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

Le 11 décembre, l'Assemblée générale des Nations unies a adopté deux résolutions essentielles, exigeant un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent à Gaza, ainsi que la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages.

L'Assemblée a également réaffirmé son soutien total au mandat de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), perçu comme une bouée de sauvetage pour des millions de personnes, et a condamné la législation adoptée par la Knesset le 28 octobre, interdisant l'activité de l'Office.

Depuis le 7 octobre 2023, date à laquelle le groupe militant palestinien Hamas a lancé une attaque inédite dans le sud d'Israël qui a fait 1 200 morts et 240 otages, l'armée israélienne a bombardé Gaza et restreint l'acheminement de l'aide dans le territoire.

Les frappes ont tué au moins 44 900 Palestiniens, selon le ministère de la santé de Gaza, détruit des maisons, des services de santé, d'éducation et d'assainissement, et déplacé quelque 90% de la population, à plusieurs reprises.

Le blocus israélien d'au moins 83% de l'aide humanitaire entrant dans la bande de Gaza et le pillage des convois d'aide qui parviennent à passer ont entraîné de graves pénuries alimentaires et une famine généralisée qui touche plus de deux millions de personnes.

Début décembre, le Programme alimentaire mondial a averti que "le système alimentaire de Gaza est sur le point de s'effondrer", soulignant "un risque élevé de famine" pour tous les habitants de l'enclave.

Dans le nord, où aucune aide n'est arrivée depuis près de trois mois, quelque 65 000 Palestiniens sont confrontés à une menace imminente de famine. Le comité indépendant d'évaluation de la famine a averti en novembre que dans cette partie de Gaza, "les seuils de famine ont peut-être déjà été franchis ou le seront très bientôt".

Le 1er avril, l'Autorité sanitaire de Gaza a annoncé que 32 personnes, dont 28 enfants, sont décédées de malnutrition et de déshydratation dans les hôpitaux du nord. En mars, l'Organisation mondiale de la santé a rapporté des cas d'"enfants mourant de faim" dans les hôpitaux Kamal Adwan et Al-Awda.

Dans le sud, où l'aide est plus accessible mais encore insuffisante, les agences des Nations unies ont signalé à la mi-février que 5% des enfants de moins de deux ans souffrent de malnutrition grave.

Pour cette raison, ainsi que pour d'autres crimes de guerre présumés liés à la guerre de Gaza, le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la défense Yoav Gallant ont été menacés d'arrestation s'ils se rendent dans l'un des 124 États membres de la Cour pénale internationale.

Fin novembre, la CPI a émis des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahou, de M. Gallant et du commandant du Hamas Mohammed Deïf, qu'Israël affirme avoir tué en juillet. L'accusation de la CPI a déclaré qu'elle n'était pas en mesure de déterminer s'il avait été tué ou s'il est resté en vie.

La CPI a déclaré que Netanyahu et Gallant "portent une responsabilité pénale" pour "le crime de guerre de famine en tant que méthode de guerre et les crimes contre l'humanité de meurtre, de persécution et d'autres actes inhumains".

Quant à Deif, la CPI a trouvé des motifs raisonnables de croire qu'il était "responsable des crimes contre l'humanité de meurtre, d'extermination, de torture, de viol et d'autres formes de violence sexuelle, ainsi que des crimes de guerre de meurtre, de traitement cruel, de torture, de prise d'otages, d'atteinte à la dignité de la personne, de viol et d'autres formes de violence sexuelle".

Certains gouvernements et organisations internationales sont allés plus loin. Un récent rapport d'Amnesty International a conclu qu'Israël "a commis et continue de commettre un génocide contre les Palestiniens dans la bande de Gaza occupée".

L'Afrique du Sud a été l'un des premiers pays à accuser Israël de génocide contre les Palestiniens de Gaza. Le pays a même porté plainte contre Israël devant la Cour internationale de justice qui, en janvier, a jugé "plausible" qu'Israël ait commis des actes violant la convention sur le génocide.

Au moins 14 pays dans le monde, dont l'Espagne, la Belgique, la Turquie, l'Égypte et le Chili, se sont joints ou ont fait part de leur intention de se joindre à l'action intentée par l'Afrique du Sud contre Israël.

La CIJ a ordonné à Israël de veiller "avec effet immédiat" à ce que ses forces ne commettent aucun des actes interdits par la convention. Le conflit et les restrictions à l'acheminement de l'aide se sont néanmoins poursuivis.

La situation humanitaire déjà catastrophique à Gaza devrait s'aggraver lorsque l'interdiction par la Knesset des opérations de l'UNRWA entrera en vigueur au cours de la nouvelle année.

En janvier, Israël a accusé plusieurs employés de l'UNRWA d'avoir participé à l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas, ce qui a conduit de nombreux donateurs occidentaux à suspendre leur financement pendant que l'agence enquêtait sur ces allégations.

Après avoir confirmé l'implication de neuf employés, l'UNRWA les a licenciés et tous les donateurs, à l'exception des États-Unis, ont rétabli les fonds.

Les rapports indiquent que les bombardements israéliens ont détruit au moins 70% des écoles de l'UNRWA à Gaza, dont 95% ont servi d'abris pour les personnes déplacées au moment des attaques.

Israël affirme que ses forces visent à minimiser les pertes civiles et accuse le Hamas d'utiliser les infrastructures civiles pour protéger ses opérations militaires - une accusation que le Hamas a toujours démentie.

Les organisations internationales ont souligné à plusieurs reprises qu'aucun endroit de Gaza n'est sûr, pas même les "zones de sécurité" désignées par Israël.

Les Palestiniens déplacés dans le camp d'Al-Mawasi dans le sud de Gaza, qu'Israël prétend être une zone humanitaire sûre, ont subi des bombardements israéliens le 4 décembre.

Depuis le début de la guerre, Al-Mawasi a accueilli des centaines de milliers de déplacés gazaouis, les ordres d'évacuation israéliens ayant à plusieurs reprises dirigé les familles en fuite vers ce camp.

Dans le centre de Gaza, une frappe aérienne israélienne sur l'hôpital des martyrs d'Al-Aqsa à Deir Al-Balah le 14 octobre a déclenché un incendie qui a ravagé un camp surpeuplé.

Dans le nord, l'hôpital Kamal Adwan de Beit Lahiya a été la cible de raids israéliens. Le dernier établissement médical de la région fonctionnant partiellement a enduré des mois de bombardements intensifs et un nouveau blocus.

Bien que les médecins locaux et le Hamas aient nié toute présence de militants à Kamal Adwan, Israël a continué à frapper l’hôpital avec des frappes aériennes lourdes. Fin décembre, les forces israéliennes ont arrêté le directeur de l'hôpital, Hussam Abu Safiya, et l’ont fermé lors d'une incursion meurtrière.

Néanmoins, les critiques publiques à l'encontre du Hamas se multiplient à Gaza, tant dans les espaces publics qu'en ligne. Certains habitants de Gaza ont accusé le groupe de placer des otages dans des appartements situés à proximité de marchés bondés ou de lancer des roquettes depuis des zones civiles.

Salman Al-Dayya, l'une des figures religieuses les plus importantes de Gaza, a publié une fatwa à la mi-décembre condamnant ceux qui tirent des roquettes depuis des zones civiles et depuis des tentes, attirant ainsi les tirs israéliens.

Cette fatwa a fait suite à une autre, émise en novembre, qui a condamné l'attaque du 7 octobre 2023 contre Israël. M. Al-Dayah, ancien doyen de la faculté de charia et de droit de l'Université islamique de Gaza, affiliée au Hamas, a accusé le groupe militant de "violer les principes islamiques régissant le djihad".

Malgré cela, de nombreux habitants de Gaza restent fidèles au Hamas et, après des années de régime répressif, il est difficile de savoir si le groupe perd réellement du soutien ou si les critiques existants se sentent désormais plus en sécurité pour exprimer leur point de vue.

Nombreux sont ceux qui pensent qu'il y avait une chance que la guerre prenne fin le 17 octobre lorsque Yahya Sinwar, le « cerveau » de l'attaque du 7 octobre 2023, a été tué après une rencontre fortuite avec une patrouille israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

Parmi les autres dirigeants du Hamas tués par Israël au cours de l'année écoulée figurent Saleh Al-Arouri, vice-président du conseil directeur du Hamas, tué en janvier lors d'une frappe israélienne présumée sur Beyrouth ; Marwan Issa, commandant adjoint des Brigades Al-Qassam, tué en mars dans le camp de Nuseirat, au centre de Gaza ; et Deïf, le plus proche collaborateur de Sinwar, qui aurait été tué en juillet à Al-Mawasi.

Ismail Haniyeh, le chef politique du Hamas, a été tué en juillet lorsqu'une bombe a explosé dans sa chambre à coucher dans une maison d'hôtes du gouvernement à Téhéran, la capitale de l'Iran.

Bien que la mort de M. Sinwar ait été considérée comme un moment décisif dans la guerre de Gaza, M. Netanyahu a clairement indiqué que le conflit n’est pas terminé. Dans un message publié sur X, il a écrit : "Ce n'est pas la fin de la guerre à Gaza, mais c'est le début de la fin".

Benny Gantz, membre du cabinet de guerre, est quant à lui allé plus loin en déclarant que les forces israéliennes continueraient à opérer à Gaza "pour les années à venir".
 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


La Palestine salue la résolution de l'ONU, une étape clé vers la reconnaissance de son statut d'État

Mahmoud Abbas, président de l'État de Palestine, s'exprime lors de l'Assemblée générale des Nations unies. (File/AFP)
Mahmoud Abbas, président de l'État de Palestine, s'exprime lors de l'Assemblée générale des Nations unies. (File/AFP)
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  • Les responsables palestiniens ont appelé à l'application immédiate de la résolution, soulignant la nécessité de rétablir une vie normale à Gaza
  • Réaffirmant son engagement en faveur de l'unité nationale, l'État de Palestine a déclaré qu'il était prêt à assumer toutes ses responsabilités dans la bande de Gaza dans le cadre d'un État palestinien unifié


DUBAI : L'État de Palestine s'est félicité mardi de l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution sur Gaza rédigée par les États-Unis, affirmant qu'elle réaffirme le droit du peuple palestinien à l'autodétermination et à un État indépendant.

Il a décrit cette résolution comme un pas important vers l'instauration d'un cessez-le-feu permanent et global et la garantie d'une aide humanitaire sans entrave.

Dans une déclaration, les responsables palestiniens ont appelé à la mise en œuvre immédiate de la résolution, soulignant la nécessité de rétablir une vie normale à Gaza, de protéger les civils, d'empêcher les déplacements et d'assurer le retrait total des forces israéliennes.

Ils ont ajouté que la résolution devait également soutenir les efforts de reconstruction, préserver la solution des deux États et mettre un terme à toute tentative d'annexion.

L'État de Palestine s'est dit prêt à travailler avec l'administration américaine, les membres du Conseil de sécurité, les pays arabes et islamiques, l'Union européenne, les Nations unies et tous les partenaires impliqués dans la déclaration de New York.

Les responsables ont déclaré qu'une telle coopération était essentielle pour mettre fin aux souffrances des Palestiniens à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, tout en avançant sur la voie politique d'une paix juste et durable fondée sur le droit international et le cadre de deux États.

Réaffirmant son engagement en faveur de l'unité nationale, l'État de Palestine a déclaré qu'il était prêt à assumer toutes ses responsabilités dans la bande de Gaza dans le cadre d'un État palestinien unifié.

La déclaration remercie également les pays qui se sont engagés à soutenir les efforts visant à mettre fin à l'occupation et à instaurer la liberté et l'indépendance palestiniennes, et qualifie la résolution d'étape importante vers la paix et la stabilité régionales et mondiales.


Le prince héritier saoudien s'envole pour les États-Unis

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a quitté le royaume lundi pour se rendre aux États-Unis, a rapporté l'agence de presse saoudienne. (Photo Arab News)
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a quitté le royaume lundi pour se rendre aux États-Unis, a rapporté l'agence de presse saoudienne. (Photo Arab News)
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  • Le prince héritier effectuera une visite officielle de travail à l'invitation du président américain Donald Trump
  • Au cours de cette visite, il rencontrera M. Trump pour discuter des relations entre leurs deux pays et des moyens de les renforcer dans divers domaines. Des questions d'intérêt commun seront également abordées

RIYAD : Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a quitté le royaume lundi pour se rendre aux États-Unis, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Le prince héritier effectuera une visite officielle de travail à l'invitation du président américain Donald Trump.

Au cours de cette visite, il rencontrera M. Trump pour discuter des relations entre leurs deux pays et des moyens de les renforcer dans divers domaines. Des questions d'intérêt commun seront également abordées. 

 


Liban: un mort dans une nouvelle frappe israélienne 

Une frappe israélienne a fait un mort dimanche dans le sud du Liban, théâtre récurrent de tirs malgré le cessez-le-feu en vigueur entre Israël et le Hezbollah libanais, a indiqué le ministère libanais de la Santé. (AFP)
Une frappe israélienne a fait un mort dimanche dans le sud du Liban, théâtre récurrent de tirs malgré le cessez-le-feu en vigueur entre Israël et le Hezbollah libanais, a indiqué le ministère libanais de la Santé. (AFP)
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  • Plus tôt dimanche, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) avait accusé l'armée israélienne d'avoir ouvert le feu sur ses membres dans le sud du pays, Israël assurant ne pas avoir visé les Casques bleus "délibérément"
  • Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, à l'issue de plus d'un an d'hostilités avec le Hezbollah, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du mouvement pro-iranien au Liban

BEYROUTH: Une frappe israélienne a fait un mort dimanche dans le sud du Liban, théâtre récurrent de tirs malgré le cessez-le-feu en vigueur entre Israël et le Hezbollah libanais, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

"Une frappe ce soir de l'ennemi israélien sur une voiture dans la ville d'Al-Mansouri, située dans le district de Tyr, a tué un citoyen", a annoncé le ministère dans un communiqué.

Selon l'Agence de presse officielle libanaise Ani, cette frappe de drone a tué le directeur d'une école locale nommé Mohammed Shoueikh.

L'armée israélienne n'a pas réagi dans l'immédiat à ces informations.

Plus tôt dimanche, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) avait accusé l'armée israélienne d'avoir ouvert le feu sur ses membres dans le sud du pays, Israël assurant ne pas avoir visé les Casques bleus "délibérément".

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, à l'issue de plus d'un an d'hostilités avec le Hezbollah, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du mouvement pro-iranien au Liban en l'accusant de chercher à reconstituer ses capacités militaires.

La Finul oeuvre avec l'armée libanaise à l'application de cet accord de cessez-le-feu ayant mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre le Hezbollah et Israël.

Le Hezbollah a été très affaibli par la dernière guerre avec Israël et les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour le désarmer, ce que le mouvement islamiste refuse.