Lazzarini met en garde contre les effets dévastateurs du démantèlement de l'Unrwa par Israël

 Vue d'ensemble du Conseil de sécurité des Nations unies lors d'une réunion sur l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa) au siège de l'ONU à New York, le 28 janvier 2025. (AFP)
Vue d'ensemble du Conseil de sécurité des Nations unies lors d'une réunion sur l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa) au siège de l'ONU à New York, le 28 janvier 2025. (AFP)
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Publié le Mercredi 29 janvier 2025

Lazzarini met en garde contre les effets dévastateurs du démantèlement de l'Unrwa par Israël

  • La mise en garde de Philippe Lazzarini intervient quelques jours seulement après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu très attendu à Gaza
  •  L'agence a fourni les deux tiers de l'aide alimentaire, abrité plus d'un million de personnes déplacées et vacciné 250 000 enfants contre la polio

NEW YORK: Le commissaire général de l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa) a tiré la sonnette d'alarme devant le Conseil de sécurité de l'ONU mardi, appelant les dirigeants internationaux à intervenir face à une nouvelle loi israélienne qui est sur le point de paralyser les opérations de l'organisation dans les territoires occupés.

La mise en garde de Philippe Lazzarini intervient quelques jours seulement après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu très attendu à Gaza, qui redonne espoir aux millions de Palestiniens dont la vie a été brisée par près d'un an et demi de conflit.
Si le cessez-le-feu a permis le retour des otages et l'amélioration de l'acheminement de l'aide humanitaire, cette paix fragile pourrait être compromise par une loi adoptée par la Knesset israélienne qui limiterait considérablement la capacité de l'Unrwa à fournir des services essentiels.

La loi israélienne, qui doit entrer en vigueur dans deux jours, prévoit la cessation des activités de l'Unrwa à Jérusalem-Est et dans certaines parties de la Cisjordanie, ce qui risque de priver les réfugiés palestiniens de soins de santé, d'éducation et d'aide d'urgence à un moment critique.

L'Unrwa, qui emploie 13 000 personnes dans la bande de Gaza et gère 300 locaux, a été la pierre angulaire de la vie de nombreux Palestiniens, fournissant des services essentiels qu'aucune autre entité ne peut égaler, de l'avis de nombreuses personnes.

«L'Unrwa est la présence la plus importante de l'ONU à Gaza», a déclaré M. Lazzarini au Conseil de sécurité. «Notre capacité à fournir des soins de santé et des services éducatifs, en particulier après les pertes dévastatrices à Gaza, est irremplaçable.
Réduire nos opérations maintenant saboterait le fragile cessez-le-feu et aggraverait les souffrances de millions de Palestiniens», poursuit-il.

L'avertissement de M. Lazzarini a été souligné par des statistiques alarmantes: une étude évaluée par des pairs suggère que le nombre de morts à Gaza, estimé à 46 000 par le ministère de la Santé de l'enclave, est probablement inférieur de plus de 40% à la réalité. La plupart des victimes sont des femmes, des enfants et des personnes âgées.

Des milliers de survivants retournent chez eux dans le nord de la bande de Gaza, qui a été décimé, pour y retrouver leur vie réduite à des décombres et leur famille déchirée.
Depuis le début des hostilités en octobre 2023, l'Unrwa a été une bouée de sauvetage pour la population de Gaza, a-t-il ajouté.

L'agence a fourni les deux tiers de l'aide alimentaire, abrité plus d'un million de personnes déplacées et vacciné 250 000 enfants contre la polio.

Depuis le cessez-le-feu, l'Unrwa a fourni 60% de l'ensemble des denrées alimentaires entrant dans la bande de Gaza, soit plus d'un demi-million de personnes par jour.

M. Lazzarini a souligné que si la législation était pleinement mise en œuvre, elle ne déstabiliserait pas seulement la situation humanitaire de Gaza, mais créerait également un dangereux précédent en matière de droit international, sapant la crédibilité des Nations unies et érodant encore davantage la confiance dans la communauté internationale.

Il a souligné que de telles actions défient les résolutions de l'ONU et les décisions juridiques internationales, y compris celles de la Cour internationale de justice.

Le gouvernement israélien a affirmé que d'autres entités pourraient remplacer les services de l'Unrwa, mais M. Lazzarini a rejeté cette affirmation, soulignant que seul l'Office dispose de l'infrastructure et de l'expertise nécessaires pour fournir les services essentiels dont ont besoin des millions de Palestiniens.

Il a également critiqué une campagne de désinformation de plus en plus importante contre l'Unrwa, financée par le ministère israélien des Affaires étrangères, qui a tenté de présenter l'agence comme complice du terrorisme.

«Ces attaques politiques visent à priver les Palestiniens de leur statut de réfugié et à effacer leur histoire et leur identité», a déclaré M. Lazzarini.

«Si l'Unrwa n'est plus en mesure de protéger et d'aider les réfugiés palestiniens, leurs droits à l'autodétermination ne disparaîtront pas, mais deviendront plus urgents.»

Dans son appel à la communauté internationale, M. Lazzarini a demandé une action immédiate pour empêcher la législation de prendre effet, exhortant le Conseil de sécurité des Nations unies à soutenir la poursuite des opérations de l'Unrwa, à garantir un financement adéquat et à faciliter une véritable transition politique dans la région.
Il a averti que sans une intervention urgente, l'effondrement de l'Unrwa ne ferait pas qu'aggraver la crise humanitaire, mais mettrait également en péril la paix fragile qui règne dans la bande de Gaza.

«Le cessez-le-feu doit être suivi d'un processus politique qui garantisse le transfert des services à des institutions palestiniennes habilitées», a-t-il déclaré. «Il ne faut pas laisser l'Unrwa à l'abandon.»

Alors que la communauté internationale est confrontée à ces défis cruciaux, le message de M. Lazzarini était clair: le temps presse et une action décisive est nécessaire pour garantir un avenir de paix et de stabilité aux Palestiniens.

L'ambassadrice américaine Dorothy Shea a déclaré que «c'est la décision souveraine d'Israël de fermer les bureaux de l'Unrwa à Jérusalem» et a exprimé le soutien américain à sa mise en œuvre. 

«Il est irresponsable et dangereux pour l'Unrwa d'exagérer les effets de ces lois et de suggérer qu'elles mettront fin à l'ensemble de la réponse humanitaire», a-t-elle ajouté.

«L'Unrwa n'est pas, et n'a jamais été, la seule option pour fournir une assistance humanitaire à Gaza. Beaucoup d'autres agences ont l'expérience et l'expertise pour faire ce travail et l'ont fait.»
 
«Le travail de l'Unrwa a été entaché et sa crédibilité remise en question en raison des liens terroristes que le personnel de l'Unrwa entretenait avec le Hamas et qui ont été révélés à la suite de l'attaque du 7 octobre.»

À moins de 48 heures de l'entrée en vigueur de l'interdiction, l'ONU ne sait pas quelle sera sa prochaine action.

Le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, a déclaré que l'organisation continuerait à faire tout ce qui est en son pouvoir pour soutenir la population palestinienne «qui a droit aux services de l'Unrwa».

Il a ajouté que «nous avançons tous dans des eaux inexplorées et complexes» et que «le travail de l'Unrwa ne peut pas être remplacé par d'autres agences de l'ONU».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.


Gaza 2025: 15 journalistes tués, selon le Syndicat des journalistes palestiniens

 Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
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  • Le dernier rapport du syndicat fait état d'une augmentation des arrestations, des menaces et du harcèlement des journalistes par les Israéliens
  • Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes

LONDRES: Au moins 15 professionnels des médias ont été tués à Gaza depuis le début de l'année 2025, selon un nouveau rapport publié par le Syndicat des journalistes palestiniens.

Le rapport, publié ce week-end par le comité des libertés du syndicat chargé de surveiller les violations commises par Israël à l’encontre des journalistes, souligne la persistance du ciblage direct des professionnels des médias.

Sept journalistes ont été tués en janvier et huit en mars, selon le rapport.

Par ailleurs, les familles de 17 journalistes ont été endeuillées, tandis que les habitations de 12 autres ont été détruites par des tirs de roquettes et d’obus. De plus, 11 personnes ont été blessées au cours de ces attaques.

Le rapport note que la violence à l'encontre des équipes de journalistes ne se limite pas aux attaques mortelles. Il fait état de l'arrestation de 15 journalistes, à leur domicile ou alors qu'ils étaient en mission. Certains ont été libérés quelques heures ou quelques jours plus tard, tandis que d'autres sont toujours en détention.

Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes, dont beaucoup ont été avertis d'évacuer les zones qu'ils couvraient.

Le rapport relève également une intensification du harcèlement judiciaire, avec plus d’une dizaine de cas où des journalistes – en majorité issus du quotidien Al-Quds, basé en Cisjordanie – ont été convoqués pour interrogatoire et se sont vu interdire de couvrir des événements aux abords de la mosquée Al-Aqsa et dans la vieille ville de Jérusalem.

En Cisjordanie occupée, environ 117 journalistes ont été victimes d'agressions physiques, de répression ou d'interdictions de reportage, en particulier à Jénine et à Jérusalem. La commission a également recensé 16 cas de confiscation ou de destruction de matériel de travail.

Les violences à l'encontre des journalistes surviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Les forces israéliennes ont intensifié leur offensive, coupant les approvisionnements vitaux des 2,3 millions d'habitants de Gaza, laissant l'enclave au bord de la famine.

Les actions d'Israël font désormais l'objet d'audiences à la Cour internationale de justice de La Haye, où Tel-Aviv est accusé de violer le droit international en restreignant l'aide humanitaire à Gaza.

Le bilan humanitaire est catastrophique.

Selon le ministère de la santé de Gaza, plus de 61 700 personnes ont été tuées à Gaza depuis qu'Israël a lancé son offensive le 7 octobre 2023. Plus de 14 000 autres sont portées disparues et présumées mortes, les civils constituant la grande majorité des victimes.

Le Comité pour la protection des journalistes, organisme de surveillance de la liberté de la presse basé à Washington, a également lancé un signal d’alarme face au nombre élevé de journalistes tués, indiquant qu’au moins 176 d’entre eux – en grande majorité des Palestiniens – ont perdu la vie depuis le début de l’offensive israélienne sur les territoires occupés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com