L’administration américaine pourrait bientôt sanctionner des responsables libanais pour corruption

Des informations circulent également au Liban selon lesquelles les États-Unis n'accorderont au pays aucune dérogation à la loi César qui vise à sanctionner toutes les entreprises étrangères qui feraient des affaires avec le régime syrien. (Patrick BAZ/AFP)
Des informations circulent également au Liban selon lesquelles les États-Unis n'accorderont au pays aucune dérogation à la loi César qui vise à sanctionner toutes les entreprises étrangères qui feraient des affaires avec le régime syrien. (Patrick BAZ/AFP)
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Publié le Lundi 03 août 2020

L’administration américaine pourrait bientôt sanctionner des responsables libanais pour corruption

  • Le Liban ignore les demandes de réformes faites par la communauté internationale et les Etats-Unis pourraient sanctionner des personnalités libanaises dans le cadre de la loi Magnitski
  • « Les responsables de l’administration américaine s’attendent à ce que ce gouvernement tombe en septembre prochain »

BEYROUTH: Le Liban continue de rester sourd aux demandes de la communauté internationale, qui réclame une série de réformes du pays afin de lui accorder une aide financière. Cet immobilisme a conduit à un effondrement économique du pays, et malgré des mois de protestations de rue, la situation ne bouge toujours pas. Le 10 juillet,  Michelle Bachelet, la Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, a averti que la situation devenait « rapidement incontrôlable » dans le pays et que certains des Libanais les plus vulnérables risquaient de mourir de faim à cause de la crise.

C’est dans ce contexte que les Américains pourraient appliquer la loi Magnitski au Liban. Cette loi, promulguée en décembre 2012, du nom d’un avocat russe mort en prison à Moscou fin 2009, visait à imposer des sanctions contre plusieurs responsables russes impliqués dans sa mort. Cette loi a été par la suite élargie pour permettre des désignations plus globales dans des affaires de corruption et pour violation des droits de l’homme dans des pays tiers. Elle pourrait viser des personnalités libanaises qui auraient trempé dans des affaires de corruption.

En février, David Schenker, le secrétaire d’État adjoint pour les Affaires du Proche-Orient, avait déjà annoncé de possibles sanctions contre le Liban, déclarant que « la corruption et la résistance à la réforme ne sont pas une spécialité du Hezbollah. D’autres groupes au sein des différents communautés et partis politiques s’opposent aux réformes (dans le pays) et se livrent à des actes de corruption ». Il avait également affirmé qu’une liste de noms était déjà en préparation.

Dans un communiqué publié il y a quelques jours, David Schenker a affirmé que le gouvernement Diab n’avait pas pris en compte les demandes des la communauté internationales et les avait ignorées, laissant entendre que les sanctions contre des personnalités libanaises se rapprochaient de plus en plus.

La loi Magnitski pourrait affecter les hommes d'affaires, les politiciens et peut-être même les chefs religieux libanais, explique l'économiste Violette Balaa à Arab News. « Le retard dans l’application de cette loi au Liban est dû à la complexité de son mécanisme juridique, en terme de gel des avoirs à l’intérieur et à l’extérieur du Liban. En outre il est possible que les personnes touchées par les sanctions aient recours à la justice ».

Le secteur de l’électricité, emblématique de la corruption au Liban

L’économiste libanaise donne l’exemple du secteur de l’électricité, profondément corrompu, et occasionnant de graves coupures de courant au Liban. « La distribution d'énergie a atteint son niveau le plus bas depuis la guerre en raison des crises de fuel frelaté et qui a transité grâce à la contrebande », explique t-elle. « Le gouvernement veut contourner les nominations qui doivent se faire en fonction de quotas confessionnels au sein du comité d’administration  d’EDL, l’office qui gère le réseau électrique du pays, pour ensuite justifier le blocages aux réformes dans le secteur de l’électricité ».

Elle poursuit: « Les propriétaires des générateurs d’électricité privés qui approvisionnent les foyers en l’absence d’électricité fournie par l’Etat peuvent décider quand ils veulent de couper totalement l’approvisionnement en énergie, pour des raisons liées au rationnement de la distribution de carburant, ou en raison de la contrebande en Syrie »

Des informations circulent également au Liban selon lesquelles les États-Unis n'accorderont au pays aucune dérogation à la loi César qui vise à sanctionner toutes les entreprises étrangères qui feraient des affaires avec le régime syrien. Toute exemption liée à la fourniture de courant électrique de la  part de Syrie serait également subordonnée à la surveillance de la contrebande aux points de passage des frontières.

« Les responsables de l’administration américaine ont le sentiment que le gouvernement Diab ne durera pas longtemps après la série d’échecs qu’il a subi face à la crise économique et sociale. Ils s’attendent à ce que ce gouvernement tombe en septembre prochain », a conclu Violette Balaa.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur ArabNews.com


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.


Gaza 2025: 15 journalistes tués, selon le Syndicat des journalistes palestiniens

 Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
Les violences contre les journalistes interviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. (AFP)
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  • Le dernier rapport du syndicat fait état d'une augmentation des arrestations, des menaces et du harcèlement des journalistes par les Israéliens
  • Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes

LONDRES: Au moins 15 professionnels des médias ont été tués à Gaza depuis le début de l'année 2025, selon un nouveau rapport publié par le Syndicat des journalistes palestiniens.

Le rapport, publié ce week-end par le comité des libertés du syndicat chargé de surveiller les violations commises par Israël à l’encontre des journalistes, souligne la persistance du ciblage direct des professionnels des médias.

Sept journalistes ont été tués en janvier et huit en mars, selon le rapport.

Par ailleurs, les familles de 17 journalistes ont été endeuillées, tandis que les habitations de 12 autres ont été détruites par des tirs de roquettes et d’obus. De plus, 11 personnes ont été blessées au cours de ces attaques.

Le rapport note que la violence à l'encontre des équipes de journalistes ne se limite pas aux attaques mortelles. Il fait état de l'arrestation de 15 journalistes, à leur domicile ou alors qu'ils étaient en mission. Certains ont été libérés quelques heures ou quelques jours plus tard, tandis que d'autres sont toujours en détention.

Le syndicat a également enregistré 49 menaces de mort proférées à l'encontre de journalistes, dont beaucoup ont été avertis d'évacuer les zones qu'ils couvraient.

Le rapport relève également une intensification du harcèlement judiciaire, avec plus d’une dizaine de cas où des journalistes – en majorité issus du quotidien Al-Quds, basé en Cisjordanie – ont été convoqués pour interrogatoire et se sont vu interdire de couvrir des événements aux abords de la mosquée Al-Aqsa et dans la vieille ville de Jérusalem.

En Cisjordanie occupée, environ 117 journalistes ont été victimes d'agressions physiques, de répression ou d'interdictions de reportage, en particulier à Jénine et à Jérusalem. La commission a également recensé 16 cas de confiscation ou de destruction de matériel de travail.

Les violences à l'encontre des journalistes surviennent dans le cadre d'une nouvelle campagne militaire israélienne à Gaza, à la suite de l'échec d'un accord de cessez-le-feu avec le Hamas. Les forces israéliennes ont intensifié leur offensive, coupant les approvisionnements vitaux des 2,3 millions d'habitants de Gaza, laissant l'enclave au bord de la famine.

Les actions d'Israël font désormais l'objet d'audiences à la Cour internationale de justice de La Haye, où Tel-Aviv est accusé de violer le droit international en restreignant l'aide humanitaire à Gaza.

Le bilan humanitaire est catastrophique.

Selon le ministère de la santé de Gaza, plus de 61 700 personnes ont été tuées à Gaza depuis qu'Israël a lancé son offensive le 7 octobre 2023. Plus de 14 000 autres sont portées disparues et présumées mortes, les civils constituant la grande majorité des victimes.

Le Comité pour la protection des journalistes, organisme de surveillance de la liberté de la presse basé à Washington, a également lancé un signal d’alarme face au nombre élevé de journalistes tués, indiquant qu’au moins 176 d’entre eux – en grande majorité des Palestiniens – ont perdu la vie depuis le début de l’offensive israélienne sur les territoires occupés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com