Avec le sommet pour l'IA, la France veut lancer un «réveil européen»

Le PDG d'OpenAI, Sam Altman, participe à une séance de discussion avec le président-directeur général du groupe SoftBank, Masayoshi Son, à Tokyo, le 3 février 2025. Le groupe japonais SoftBank va former une coentreprise avec le géant américain de la technologie OpenAI pour offrir aux entreprises une intelligence artificielle avancée, a annoncé Masayoshi Son, PDG de SoftBank, le 3 février. (AFP)
Le PDG d'OpenAI, Sam Altman, participe à une séance de discussion avec le président-directeur général du groupe SoftBank, Masayoshi Son, à Tokyo, le 3 février 2025. Le groupe japonais SoftBank va former une coentreprise avec le géant américain de la technologie OpenAI pour offrir aux entreprises une intelligence artificielle avancée, a annoncé Masayoshi Son, PDG de SoftBank, le 3 février. (AFP)
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Publié le Lundi 03 février 2025

Avec le sommet pour l'IA, la France veut lancer un «réveil européen»

  • Face à la puissance de frappe des Etats-Unis, qui ont annoncé 500 milliards de dollars d'investissements pour développer des infrastructures d'IA, il s'agit de provoquer un "réveil européen"
  • Dans une approche "ni catastrophiste, ni angélique", a assuré à l'AFP Anne Bouverot, l'envoyée spéciale du président de la République sur le sujet, le sommet cherchera à valoriser l'écosystème français

PARIS: Le sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle à Paris les 10 et 11 février, auquel sont attendus dirigeants politiques et de la tech, doit permettre à la France de lancer un "réveil européen" sur l'IA, a déclaré la présidence française lundi.

Plus de 80 pays seront représentés lors de cette séquence qui s'étire sur une semaine avec la tenue d'une conférence scientifique à la prestigieuse école d'ingénieur polytechnique jeudi et vendredi, en amont du sommet diplomatique.

Face à la puissance de frappe des Etats-Unis, qui ont annoncé 500 milliards de dollars d'investissements pour développer des infrastructures d'IA, et l'onde de choc provoquée par l'essor de la start-up chinoise d'IA générative DeepSeek, il s'agit de provoquer un "réveil européen" et de s'assurer que "la France ne passe pas à côté de cette révolution", a souligné l'Elysée.

"Ni catastrophiste, ni angélique" 

Dans une approche "ni catastrophiste, ni angélique", a assuré à l'AFP Anne Bouverot, l'envoyée spéciale du président de la République sur le sujet, le sommet cherchera à valoriser l'écosystème français, qui compte au moins 750 start-up liées à l'IA.

Des grands noms de sociétés du secteur ont d'ores et déjà confirmé leur venue, comme Sam Altman, patron d'OpenAI qui a popularisé l'intelligence artificielle générative avec le lancement de ChatGPT en 2022, mais aussi Sundar Pichai (Google), Demis Hassabis, pionnier de l'IA et directeur de Google Deepmind, Dario Amodei (Anthropic) ou Arthur Mensch, cofondateur de la pépite française MistralAI.

Des participants "de très haut niveau" américains comme chinois sont par ailleurs attendus, a fait savoir l'Elysée.

Le 10 février, des tables rondes feront dialoguer experts, chefs d'Etat et de gouvernement ainsi que chefs d'entreprises dans l'écrin du Grand Palais, dans l'espoir de stimuler les investissements avec des annonces attendues dans le domaine des infrastructures numériques en France.

Un volet culturel se penchera aussi sur les questions posées dans les domaines de la création artistique et de la production de l'information les 8 et 9 février à la Bibliothèque nationale de France (BnF) et à la Conciergerie.

Ouvertes au public, ces manifestations doivent permettre de montrer "les usages positifs de l'IA dans tous les secteurs pour créer de la confiance et accélérer son adoption", a indiqué la ministre déléguée au Numérique Clara Chappaz.

Les craintes vis-à-vis de l'IA s'amplifient chez les Français, avec 79% des 18 ans et plus se déclarant "inquiets vis-à-vis de l'émergence des intelligences génératives" (contre 68% en mai 2023), selon un récent baromètre Ifop pour le groupe de conseil Talan.

Une vision plus "inclusive" de l'IA 

La France veut surtout profiter du sommet pour faire valoir sa vision d'une IA plus "éthique", "accessible" et "frugale".

"L'intelligence artificielle qui se développe aujourd'hui est portée par quelques grands acteurs de quelques pays, on souhaite promouvoir un développement plus inclusif", a expliqué Anne Bouverot.

S'il existe une myriade d'initiatives en matière de gouvernance de l'IA, "seulement sept pays dans le monde peuvent dire qu'ils sont partie prenante de toutes ces initiatives", tandis "qu'à l'inverse, 119 États ne sont membres de rien du tout", a pointé de son côté David Bertolotti, secrétaire général adjoint du ministère français des Affaires étrangères, lors d'une conférence organisée par l'école de commerce ESCP.

C'est la raison pour laquelle l'Inde co-préside ce sommet auquel se rendra le Premier ministre indien Narendra Modi.

Sont aussi attendus la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ou le chancelier allemand Olaf Scholz.

Au terme des échanges le 11 février, le sommet doit aboutir à la création d'une fondation pour l'intérêt général pour laquelle Paris espère lever 2,5 milliards d'euros sur cinq ans.

Il s'agira "d'un partenariat public-privé entre différents gouvernements, entreprises, fondations philanthropiques de divers pays", dont le siège devrait être dans la capitale française, qui fournira des outils en source ouverte, comme des briques logiciel et des bases de données, "pour tous ceux qui souhaitent construire leur propre système d'IA", a détaillé l'Elysée.

La France vise aussi la création d'une cartographie des différentes initiatives de gouvernance mondiales et la prise d'engagements pour une intelligence artificielle durable et respectueuse de l'environnement, mais sans cadre contraignant.

"On est dans un contexte où on a beaucoup de grands principes qui émergent autour d'une IA responsable, de confiance, mais la traduction technique n'est pas du tout claire ou facile à mettre en oeuvre pour les ingénieurs", a toutefois noté auprès l'AFP Laure de Roucy-Rochegonde, directrice du Centre géopolitique des technologies de l'Institut français des relations internationales (Ifri).


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».


Selon ManPowerGroup, l'IA pourrait réduire l'importance des « compétences » dans le recrutement

Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des visiteurs font le tour des stands du salon VivaTech dédié aux start-ups technologiques et à l'innovation, à Paris Expo Porte de Versailles, à Paris, le 12 juin 2025. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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  • L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences ».
  • « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

PARIS : L'irruption de l'intelligence artificielle (IA) bouleverse le marché du travail ainsi que les modes de recrutement et pourrait amener les employeurs à privilégier le « potentiel » des candidats plutôt que leurs « compétences », selon un dirigeant de ManPowerGroup.

En effet, « les compétences pourraient s'avérer obsolètes dans six mois », explique Tomas Chamorro-Premuzic, directeur de l'innovation du géant américain du travail temporaire, rencontré par l'AFP au salon Vivatech, à Paris, qui ferme ses portes samedi.  Selon lui, « il vaut mieux savoir que vous travaillez dur, que vous êtes curieux, que vous avez de bonnes aptitudes relationnelles et ça, l'IA peut vous aider à l'évaluer ».

Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), « un travailleur sur quatre dans le monde exerce une profession plus ou moins exposée à l'IA générative, mais la plupart des emplois seront transformés au lieu d'être supprimés, car une intervention humaine reste indispensable ».

Cependant, les tâches informatiques (utilisation d'Internet, messagerie, etc.) pouvant être accomplies de manière autonome par des agents d'IA connaissent une « rapide expansion ». 

Dans ce contexte, les employeurs pourraient rechercher de plus en plus de salariés dotés de compétences hors de portée de l'IA, telles que le jugement éthique, le service client, le management ou la stratégie, comme l'indique une enquête de ManpowerGroup menée auprès de plus de 40 000 employeurs dans 42 pays et publiée cette semaine.

M. Chamorro-Premuzic déplore toutefois que ces compétences ne soient pas encore davantage mises en avant dans la formation. « Pour chaque dollar que vous investissez dans la technologie, vous devez investir huit ou neuf dollars dans les ressources humaines, la transformation culturelle, la gestion du changement », dit-il.

Les craintes d'un chômage de masse provoqué par l'IA restent par ailleurs exagérées à ce stade, estime le dirigeant, malgré certaines prédictions alarmistes.

D'après Dario Amodei, patron de la société d'intelligence artificielle Anthropic, cette technologie pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau les moins qualifiés d'ici cinq ans. 

« Si l'histoire nous enseigne une chose, c'est que la plupart des prévisions sont fausses », répond M. Chamorro-Premuzic.

Concernant le recrutement, activité principale de ManPowerGroup, le dirigeant ajoute que « les agents d'intelligence artificielle ne deviendront certainement pas le cœur de notre métier dans un futur proche ». Il constate également que l'IA est utilisée par les demandeurs d'emploi.

« Des candidats sont capables d'envoyer 500 candidatures parfaites en une journée, de passer des entretiens avec leurs bots et de déjouer certains éléments des évaluations », énumère-t-il.