«Ca ne s'arrêtera pas»: la peur de Palestiniens de Cisjordanie sous les raids israéliens

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Publié le Vendredi 28 février 2025

«Ca ne s'arrêtera pas»: la peur de Palestiniens de Cisjordanie sous les raids israéliens

  • L'armée israélienne a lancé le 21 janvier une opération visant les groupes armés palestiniens, baptisée "Mur de Fer", dans le nord de la Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967
  • Le ministre de la Défense, Israël Katz, a ordonné le 23 février aux soldats de se préparer à un "séjour prolongé" dans trois camps de réfugiés de la zone (Jénine, Tulkarem et Nour Chams) dont les habitants ont été chassés par cette opération

JENINE: En regardant sa petite-fille dormir dans des logements exigus pour Palestiniens déplacés, Sanaa Chraïm espère une vie meilleure pour le bébé né après le déclenchement de l'opération militaire israélienne d'envergure en cours depuis plus d'un mois dans le nord de la Cisjordanie occupée.

"Je m'inquiète de ce qui va se passer quand les enfants grandiront dans cette réalité de raids constants", dit Mme Chraïm, qui a déjà perdu un fils, membre d'un groupe armé, lors d'une précédente opération de l'armée israélienne, en 2023.

"Il y a eu tellement de raids répétés, ça ne s'arrêtera pas", lâche-t-elle le visage austère, dans une pièce bondée d'un centre associatif de Jénine, ville où la famille s'est réfugiée en janvier.

L'armée israélienne a lancé le 21 janvier une opération visant les groupes armés palestiniens, baptisée "Mur de Fer", dans le nord de la Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967.

Le ministre de la Défense, Israël Katz, a ordonné le 23 février aux soldats de se préparer à un "séjour prolongé" dans trois camps de réfugiés de la zone (Jénine, Tulkarem et Nour Chams) dont les habitants ont été chassés par cette opération.

L'offensive a été lancée deux jours après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza, après plus de 15 mois de guerre.

Selon les Nations unies, l'offensive en Cisjordanie a coûté la vie à au moins 39 Palestiniens et déplacé quelque 40.000 habitants. Avant l'opération, 24.000 personnes vivaient dans le camp de réfugiés de Jénine.

"Il n'y a plus rien" 

Originaire de ce camp, Mme Chraïm et sa famille partagent avec environ 80 habitants déplacés des locaux exigus dans un immeuble de la ville. Parmi eux, Thaer Mansoura, en fauteuil roulant en raison d'une ostéoporose, passe son temps dans la cour avec d'autres déplacés.

Il a été évacué du camp de réfugiés dans une charrette, après la destruction des rues par des bulldozers de l'armée. "Nous avons enduré tout ce que nous pouvions. Mais avec tant d'enfants, ceux de mes frères, de nos voisins, de mes cousins, nous n'avions pas d'autre choix que de partir", a-t-il dit à l'AFP.

Il raconte que sa famille est restée trois jours chez elle pendant que l'eau, l'électricité et les lignes téléphoniques étaient coupées. Sans compter le bruit des explosions, des tirs et des hélicoptères, ainsi que les appels des drones de l'armée demandant aux habitants d'"évacuer leurs maisons", détaille-t-il.

Aujourd'hui au centre associatif, M. Mansoura ne voit aucune issue: "Nous sommes toujours coincés ici, il n'y a pas d'endroit où nous pouvons retourner".

A cinq kilomètres de là, plusieurs zones du camp de Jénine sont en ruines. Les rues étroites sont désertes, envahies de décombres de maisons dont les façades ont été arrachées par des bulldozers de l'armée, constate un correspondant de l'AFP depuis les abords du camp. Les murs sont criblés de centaines d'impacts de balles et des auvents de boutiques noircis par le feu.

"La peur est en moi" 

Au centre-ville de Jénine, la vie a repris son cours malgré la présence militaire, et les magasins habituellement fermés pendant les offensives de l'armée ont rouvert.

"Normalement, après une opération, tout est fermé. Mais cette fois-ci, c'est différent", dit à l'AFP le gérant d'un magasin de vêtements, qui raconte aussi les difficultés économiques auxquelles la population est confrontée.

De retour au centre associatif, Nathmi Turkman tient le seul objet qu'il a pu emporter avant de s'enfuir: une tour Eiffel miniature, cadeau qu'il a choisi pour sa valeur sentimentale.

Agé de 53 ans, cet homme a passé plusieurs années dans des prisons israéliennes et porte encore les stigmates d'une précédente opération militaire à Jénine qui lui rappelle la deuxième Intifada -- le soulèvement palestinien au début des années 2000 -- une balle tirée en 2002 et toujours dans sa chair.

Pour les personnes qui n'ont pas été témoins des événements de la seconde Intifada, l'opération israélienne actuelle "est choquante", dit le quinquagénaire. "Mais pour nous qui avons vécu 2002 avec les chars et les avions militaires il n'y a pas de différence (...): il s'agit toujours de la même occupation", ajoute-t-il.

A bout de nerfs, Mme Chraïm raconte, elle, avoir été prise de panique la veille lorsque la poussette dans laquelle se trouvait sa petite-fille s'est renversée dans un parc proche du camp de réfugié, avant de se rendre compte que le bébé allait bien: "La peur est en moi et je ne peux pas m'en débarrasser."


Gaza: les enquêtes israéliennes sur les frappes meurtrières doivent «aboutir à des résultats», dit l'ONU

L'ONU a insisté mardi sur le fait que Israël devait non seulement enquêter sur les frappes meurtrières à Gaza comme celles sur un hôpital qui a coûté la vie à au moins 20 personnes, mais aussi veiller à ce que ces enquêtes aboutissent à des résultats. (AFP)
L'ONU a insisté mardi sur le fait que Israël devait non seulement enquêter sur les frappes meurtrières à Gaza comme celles sur un hôpital qui a coûté la vie à au moins 20 personnes, mais aussi veiller à ce que ces enquêtes aboutissent à des résultats. (AFP)
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  • Les agences de presse Reuters et Associated Press, ainsi que la chaîne qatarie Al Jazeera ont publié des communiqués rendant hommage à leurs collaborateurs tués, tandis que l'armée israélienne a annoncé lundi l'ouverture d'une enquête
  • "Il est bien entendu de la responsabilité d'Israël, en tant que puissance occupante, d'enquêter, mais ces enquêtes doivent aboutir à des résultats"

GENEVE: L'ONU a insisté mardi sur le fait que Israël devait non seulement enquêter sur les frappes meurtrières à Gaza comme celles sur un hôpital qui a coûté la vie à au moins 20 personnes, mais aussi veiller à ce que ces enquêtes aboutissent à des résultats.

"Les autorités israéliennes ont, par le passé, annoncé des enquêtes sur de tels homicides (...) mais ces enquêtes doivent aboutir à des résultats", a déclaré le porte-parole du bureau des droits de l'homme des Nations unies, Thameen Al-Kheetan, à des journalistes à Genève.

Ses déclarations interviennent au lendemain des frappes israéliennes sur l'hôpital Nasser à Khan Younès, ville du sud de la bande de Gaza, qui ont fait au moins 20 morts parmi lesquels cinq journalistes, provoquant un tollé international.

Les agences de presse Reuters et Associated Press, ainsi que la chaîne qatarie Al Jazeera ont publié des communiqués rendant hommage à leurs collaborateurs tués, tandis que l'armée israélienne a annoncé lundi l'ouverture d'une enquête.

"Il est bien entendu de la responsabilité d'Israël, en tant que puissance occupante, d'enquêter, mais ces enquêtes doivent aboutir à des résultats", a souligné M. Kheetan.

"Nous n'avons encore vu aucun résultat ni aucune mesure de responsabilisation. Nous attendons toujours les résultats de ces enquêtes et nous demandons que justice soit faite et que les responsables rendent des comptes", a-t-il ajouté.

Au moins 247 journalistes palestiniens ont été tués à Gaza depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 en Israël.

"Ces journalistes sont les yeux et les oreilles du monde entier et ils doivent être protégés", a encore dit M. Kheetan.

Interrogé pour savoir si l'attaque de lundi pouvait être qualifiée de "double frappe", dans laquelle une première frappe est suivie d'une seconde visant les secouristes et d'autres civils, M. Kheetan a répondu que cela devait faire l'objet d'une enquête.

"Nous pouvons dire que l'armée israélienne aurait lancé plusieurs frappes aériennes sur le complexe médical Nasser, et qu'il y a eu deux frappes aériennes en peu de temps", a-t-il déclaré.

"Nous savons que l'un des cinq journalistes semble avoir été tué lors de la première frappe aérienne, tandis que trois autres semblent avoir été tués lors de la deuxième frappe", a-t-il ajouté.

"Cet incident et les homicides de tous les civils, notamment les journalistes, doivent faire l'objet d'une enquête approfondie et indépendante, et la justice doit suivre", a encore dit M. Kheetan.


Barrack : l'Arabie saoudite et le Qatar prêts à investir au Liban une fois le Hezbollah désarmé

L'envoyé spécial des États-Unis pour la Syrie et le Liban, Thomas Barrack, a déclaré que le plan préparé par le Liban n'impliquerait pas nécessairement une action militaire pour persuader le Hezbollah de renoncer à ses armes. (AP)
L'envoyé spécial des États-Unis pour la Syrie et le Liban, Thomas Barrack, a déclaré que le plan préparé par le Liban n'impliquerait pas nécessairement une action militaire pour persuader le Hezbollah de renoncer à ses armes. (AP)
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  • L'armée libanaise, soutenue par les Etats-Unis, prépare un plan de désarmement du Hezbollah qui devrait être prêt à la fin du mois d'août
  • M. Barrack a également déclaré mardi que son pays approuverait la prolongation d'un an du mandat des forces de maintien de la paix des Nations Unies au Liban

BEYROUTH : L'Arabie saoudite et le Qatar sont prêts à investir dans une zone économique au sud du Liban, près de la frontière avec Israël, qui créerait des emplois pour les membres du groupe militant Hezbollah et ses partisans une fois qu'ils auront déposé les armes, a déclaré mardi l'envoyé du président Donald Trump au Moyen-Orient.

Tom Barrack a fait ces commentaires à Beyrouth après s'être rendu en Israël et en Syrie où il a discuté avec des responsables de la situation actuelle au Liban à la suite de la décision prise ce mois-ci par le gouvernement libanais de désarmer le Hezbollah d'ici la fin de l'année. Le chef du Hezbollah a rejeté le plan du gouvernement, s'engageant à conserver les armes.

Lundi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que les forces israéliennes pourraient commencer à se retirer du territoire qu'elles détiennent au Sud-Liban après la "décision capitale" du gouvernement libanais de désarmer le Hezbollah.

L'armée libanaise, soutenue par les États-Unis, prépare un plan de désarmement du Hezbollah qui devrait être prêt à la fin du mois d'août. Le gouvernement devrait discuter du plan de l'armée et l'approuver lors d'une réunion prévue le 2 septembre.

"Nous devons faire entrer de l'argent dans le système. L'argent viendra du Golfe", a déclaré M. Barrack aux journalistes après avoir rencontré le président Joseph Aoun. "Le Qatar et l'Arabie saoudite sont des partenaires et sont prêts à le faire pour le sud (du Liban) si nous demandons à une partie de la communauté libanaise de renoncer à ses moyens de subsistance.

"Nous avons 40 000 personnes qui sont payées par l'Iran pour se battre. Qu'allez-vous faire d'eux ? Prendre leur arme et leur dire 'au fait, bonne chance pour planter des oliviers' ? Ce n'est pas possible. Nous devons les aider", a déclaré M. Barrack. Il faisait référence aux dizaines de milliers de membres du Hezbollah financés par Téhéran depuis le début des années 1980.

"Nous, tous les pays du Golfe, les États-Unis, les Libanais, allons tous agir ensemble pour créer un forum économique qui produira des moyens de subsistance", a déclaré M. Barrack.

Lorsqu'on lui a demandé pourquoi les États-Unis n'allaient pas discuter de la question du Hezbollah directement avec l'Iran au lieu de se rendre en Israël et en Syrie, M. Barrack a répondu : "Vous pensez que cela ne se fait pas ? "Vous pensez que ce n'est pas le cas ? Au revoir." Barrack a ensuite mis fin à sa conférence de presse et est sorti de la salle.

S'exprimant sur la force de maintien de la paix des Nations unies déployée au Sud-Liban depuis qu'Israël a envahi le pays en 1978, M. Barrack a déclaré que les États-Unis préféreraient financer l'armée libanaise plutôt que la Force internationale d'assistance à la sécurité (FINUL). A propos du vote de cette semaine aux Nations Unies à New York, Barrack a déclaré que les Etats-Unis étaient favorables à la prolongation du mandat de la FINUL pour un an seulement.

Le Hezbollah a été gravement affaibli par la guerre qui l'a opposé à Israël l'année dernière et au cours de laquelle de nombreux dirigeants et combattants du groupe ont été tués. L'accord de paix conclu sous l'égide des États-Unis pour mettre fin à ce conflit exige que l'État libanais désarme les groupes armés.

M. Qassem a déclaré que le Hezbollah et son allié Amal avaient reporté les manifestations de rue contre l'initiative de désarmement soutenue par les États-Unis, laissant ainsi la place au dialogue avec le gouvernement, mais que les futures manifestations pourraient viser l'ambassade des États-Unis à Beyrouth.

Israël a indiqué qu'il réduirait sa présence militaire au Sud-Liban si les forces armées libanaises agissaient pour désarmer le Hezbollah, selon une déclaration du bureau du premier ministre israélien.

(Avec agences)


Frappes israéliennes sur un hôpital à Gaza: la Chine «choquée» 

 La Chine s'est dite "choquée" mardi par les frappes israéliennes sur un hôpital du sud de la bande de Gaza qui ont fait au moins 20 morts lundi dans le territoire palestinien, parmi lesquels cinq journalistes. (AFP)
La Chine s'est dite "choquée" mardi par les frappes israéliennes sur un hôpital du sud de la bande de Gaza qui ont fait au moins 20 morts lundi dans le territoire palestinien, parmi lesquels cinq journalistes. (AFP)
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  • "Nous sommes choqués et nous condamnons le fait qu'une fois de plus, malheureusement, des membres du personnel médical et des journalistes aient trouvé la mort  dans ce conflit"
  • "La Chine est très inquiète devant la situation à Gaza"

PEKIN: La Chine s'est dite "choquée" mardi par les frappes israéliennes sur un hôpital du sud de la bande de Gaza qui ont fait au moins 20 morts lundi dans le territoire palestinien, parmi lesquels cinq journalistes.

"Nous sommes choqués et nous condamnons le fait qu'une fois de plus, malheureusement, des membres du personnel médical et des journalistes aient trouvé la mort  dans ce conflit", a déclaré devant la presse à Pékin un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Guo Jiakun.

"La Chine est très inquiète devant la situation à Gaza", a-t-il dit lors d'un point de presse quotidien.

"Israël devrait arrêter immédiatement ses opérations militaires à Gaza, conclure le plus tôt possible un cessez-le-feu complet et durable, rétablir intégralement l'entrée de l'aide humanitaire, empêcher une crise humanitaire de plus grande ampleur et s'employer à dissiper les tensions le plus vite possible", a-t-il dit.

"Nous nous opposons et condamnons tous les agissements qui portent atteinte aux populations civiles, endommagent les installations civiles et violent la loi internationale, y compris les actes de violence contre les journalistes", a-t-il déclaré.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déploré "un accident tragique" après la mort d'au moins vingt personnes selon la défense civile gazaouie, dont cinq journalistes. L'ONU et plusieurs pays, dont la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, ont condamné les raids.