Israël annonce la suspension de l'aide humanitaire pour Gaza, le Hamas dénonce une violation de l'accord de trêve

Des personnes se rassemblent pour l'iftar, ou repas de rupture du jeûne, le premier jour du mois de jeûne musulman du Ramadan à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 1er mars 2025, près des décombres des bâtiments effondrés qui ont été détruits pendant la guerre entre Israël et le Hamas, dans le cadre de la trêve en cours. (Photo de Bashar TALEB / AFP)
Des personnes se rassemblent pour l'iftar, ou repas de rupture du jeûne, le premier jour du mois de jeûne musulman du Ramadan à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 1er mars 2025, près des décombres des bâtiments effondrés qui ont été détruits pendant la guerre entre Israël et le Hamas, dans le cadre de la trêve en cours. (Photo de Bashar TALEB / AFP)
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Publié le Dimanche 02 mars 2025

Israël annonce la suspension de l'aide humanitaire pour Gaza, le Hamas dénonce une violation de l'accord de trêve

  • Israël et le Hamas sont en désaccord persistant sur la forme à donner à la suite du processus à compter de ce dimanche.
  • Le Hamas a rejeté cette proposition et a exigé de passer à la phase deux prévue par l'accord initial, estimant que le compromis américain revient à permettre à Israël de « se soustraire aux accords qu'il a signés ».

JERUSALEM : Israël a annoncé la suspension dimanche de l'entrée des marchandises et des approvisionnements à Gaza, en reprochant au Hamas son refus d'une proposition américaine d'extension de la trêve. Cette décision a été dénoncée comme une violation de l'accord de cessez-le-feu par le mouvement islamiste palestinien.

À l'expiration de la première phase de la trêve, négociée par l'entremise du Qatar avec l'aide de l'Égypte et des États-Unis et entrée en vigueur le 19 janvier, Israël et le Hamas sont en désaccord persistant sur la forme à donner à la suite du processus à compter de ce dimanche.

Dans la nuit, Israël a indiqué avoir accepté une proposition de dernière minute de l'envoyé spécial du président américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, qui prévoit une extension de la trêve pendant la période du ramadan et de la Pâque juive, soit jusqu'à la mi-avril.

Selon Israël, la proposition prévoit aussi la libération de tous les otages encore à Gaza en deux fois, la deuxième étant conditionnée à un accord sur un cessez-le-feu permanent restant à négocier.

Le Hamas a rejeté cette proposition et a exigé de passer à la phase deux prévue par l'accord initial, estimant que le compromis américain revient à permettre à Israël de « se soustraire aux accords qu'il a signés ».

Face au refus du Hamas d'accepter le cadre proposé par M. Witkoff pour la poursuite des négociations, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a décidé, dans un communiqué de son bureau, « que toute entrée de marchandises et d'approvisionnements dans la bande de Gaza serait suspendue dès ce matin ».

- « D'autres conséquences » -

Le texte ajoute : « Israël n'acceptera pas de cessez-le-feu sans libération de nos otages. Si le Hamas persiste dans son refus, il y aura d'autres conséquences. »

« Aucun camion n'est entré à Gaza ce matin et aucun n'entrera » jusqu'à nouvel ordre, a écrit sur X Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu. « Les colonnes de camions de marchandises actuellement en route vers Gaza arrivent au point de passage, uniquement pour découvrir qu'il est fermé et que l'entrée est interdite. »

Le Hamas a immédiatement dénoncé cette décision comme « un chantage mesquin, un crime de guerre et une violation flagrante de l'accord » de trêve, estimant qu'elle revenait à couper l'aide humanitaire vitale pour le petit territoire assiégé.

Au pouvoir à Gaza depuis 2007, le mouvement islamiste a appelé « les médiateurs et la communauté internationale à faire pression sur Israël pour mettre un terme à ses mesures punitives et immorales contre plus de deux millions de personnes dans la bande de Gaza ».

Arraché après des mois de négociations ardues, l'accord de cessez-le-feu a fait taire les armes après quinze mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. L'accord initial comprend trois phases d'une durée de 42 jours chacune.

- Craintes d'un retour des hostilités

Lors de la première phase, au cours de laquelle la trêve s'est retrouvée plusieurs fois au bord de la rupture, le Hamas a libéré 25 otages et rendu les corps de huit autres à Israël, qui, en échange, a libéré environ 1 800 détenus palestiniens.

La deuxième phase, qui est pour l'heure hypothétique, prévoit la libération des derniers otages du Hamas et de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens. Une troisième phase devrait être consacrée à la reconstruction de la bande de Gaza.

L'accord comporte une clause qui prolonge automatiquement la première phase tant que les négociations pour la deuxième sont en cours.

Jusque-là, le Hamas a campé sur son refus de discuter d'autre chose que d'une mise en œuvre de la deuxième phase, censée garantir le retrait des troupes israéliennes de Gaza.

Outre son refus de s'engager dans cette deuxième phase, Israël exige que Gaza soit complètement démilitarisée et le Hamas éliminé. Le mouvement islamiste insiste pour y rester.

Ce blocage fait craindre une reprise des hostilités et un tel scénario « serait catastrophique », a déclaré samedi Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Dans la foulée, le secrétaire d'État américain Marco Rubio a annoncé avoir accéléré l'envoi d'une aide militaire d'environ quatre milliards de dollars à Israël.

- « Responsabilité » -

Territoire pauvre et exigu, la bande de Gaza a été ravagée par l'offensive militaire israélienne, qui a plongé ses 2,4 millions d'habitants, pour la plupart déplacés, dans une situation humanitaire désastreuse.

« Nous ne quitterons pas ce pays. C'est un message au monde entier », lance Yasser Albas, la trentaine, depuis Jabalia (nord), une des zones ayant subi les combats parmi les plus violents de la guerre. « Nous resterons, même au milieu des ruines, sans eau ou sans rien. »

En Israël, l'attaque du 7 octobre, d'une ampleur sans précédent, a été vécue comme un traumatisme national, tandis que l'exigence de libération des derniers otages retenus à Gaza reste très forte.

Dimanche, le Hamas a affirmé qu'Israël « portait la responsabilité » du sort des otages, ajoutant ainsi une pression supplémentaire sur le gouvernement de M. Netanyahu.  


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk