PARIS : Saisir les avoirs gelés de la Russie en Europe pourrait créer « un précédent économique » et rendre méfiants les investisseurs, a souligné mardi le ministre délégué aux affaires européennes, Benjamin Haddad, sur la chaîne de télévision France 2, au moment où des parlementaires demandent leur confiscation pour aider l'Ukraine.
Les pays de l'Union européenne utilisent déjà les profits dégagés par les avoirs russes gelés afin d'aider à armer l'Ukraine et à financer sa reconstruction après-guerre, ce qui représente une manne de 2,5 à 3 milliards d'euros par an.
En revanche, l'option d'une saisie des avoirs russes eux-mêmes a jusqu'ici été écartée, essentiellement pour des raisons d'ordre juridique.
Lors d'un débat à l'Assemblée nationale française lundi, des parlementaires, dont l'ancien Premier ministre Gabriel Attal, ont exprimé leur soutien à une confiscation. Le chef de la diplomatie Jean-Noël Barrot a rejeté cette proposition, évoquant « un risque financier trop important ».
Mardi, Benjamin Haddad est revenu sur ce risque financier lors d'un entretien sur France 2.
« On a toujours dit que ça faisait partie des leviers dont on disposait dans le rapport de force avec la Russie », a-t-il déclaré. « Ça pose tout de même des questions juridiques et des questions de précédent économique, de messages envoyés aux investisseurs », a-t-il ajouté.
« Mais ça fait partie des leviers qu'on peut effectivement regarder », a-t-il estimé.
« Nous avons assis, sur le fondement des revenus tirés des actifs russes gelés, ce prêt de 45 milliards d'euros qui d'ores et déjà parvient jusqu'à l'Ukraine, alors que la confiscation pure et simple de ces actifs représenterait pour la zone euro, pour la Banque centrale européenne, un risque financier trop important qui fragiliserait les États membres au moment où ils doivent être le plus fort possible pour soutenir l'Ukraine », avait pour sa part déclaré le ministre des Affaires étrangères lundi soir dans une réponse aux parlementaires.
En décembre dernier, la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, avait elle-même plaidé pour utiliser directement les avoirs russes gelés et non plus seulement les intérêts qu'ils génèrent, afin d'aider l'Ukraine, dans une interview à plusieurs journaux, dont The Guardian.







