Frankly Speaking : Évaluation du plan de la Ligue arabe pour Gaza

S'adressant à l'animatrice Katie Jensen, le prince Turki a expliqué pourquoi Israël devrait assumer la responsabilité financière des dommages qu'il a infligés à Gaza et à la Cisjordanie. (Photo AN)
S'adressant à l'animatrice Katie Jensen, le prince Turki a expliqué pourquoi Israël devrait assumer la responsabilité financière des dommages qu'il a infligés à Gaza et à la Cisjordanie. (Photo AN)
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Publié le Dimanche 09 mars 2025

Frankly Speaking : Évaluation du plan de la Ligue arabe pour Gaza

  • Le chroniqueur saoudien Abdulrahman al-Rashed déclare que la proposition de la Ligue arabe n'est peut-être pas parfaite, mais qu'en présentant une alternative aux plans américains et israéliens, elle permet de faire avancer les pourparlers.
  • M. al-Rashed estime que le président américain Trump devrait avoir la possibilité de résoudre la crise du Moyen-Orient, mais insiste sur le fait que seule l'Autorité palestinienne possède la légitimité de gouverner Gaza.


RIYAD : Bien que le plan de la Ligue arabe pour Gaza, annoncé lors du sommet du Caire le 4 mars, ait fait l'objet d'un rejet catégorique de la part des Etats-Unis et d'Israël, il joue toujours un rôle crucial pour poursuivre les pourparlers, a déclaré le célèbre chroniqueur et analyste politique saoudien Abdulrahman al-Rashed.

Dans le cadre de l'émission d'actualité d'Arab News Frankly Speaking, M. al-Rashed a présenté une évaluation franche du plan de la Ligue arabe pour l'après-guerre à Gaza, de sa position par rapport aux propositions concurrentes et de l'évolution de l’ambiance politique au Liban, en Syrie et en Arabie saoudite.

Le sommet extraordinaire de la Ligue arabe s'est tenu la semaine dernière en réponse à la suggestion controversée du président américain Donald Trump selon laquelle les États-Unis pourraient prendre le contrôle de Gaza, déplacer sa population palestinienne vers l'Égypte et la Jordanie et réaménager le territoire en station de loisirs.

En revanche, le plan de la Ligue arabe, qui a reçu le soutien des dirigeants européens, prévoit que Gaza soit gouvernée temporairement par un comité d'experts indépendants et que des forces internationales de maintien de la paix soient déployées sur le territoire.

Ce comité serait chargé de superviser l'aide humanitaire et de gérer temporairement les affaires de Gaza sous la supervision de l'Autorité palestinienne. La reconstruction du territoire sera réalisée pour un coût de 53 milliards de dollars, sans qu'il soit nécessaire de déplacer la population. 

« Je pense qu'il ne nous reste plus que trois plans », a déclaré M. al-Rashed à l'animatrice de Frankly Speaking, Katie Jensen.

« D'une part, il y a le premier plan, celui de la Ligue arabe, qui prévoit que les habitants demeurent à Gaza et que la reconstruction soit achevée en cinq ans. D'autre part, il y a le plan israélien, qui repose essentiellement sur l'occupation et probablement la continuation des opérations militaires. Et bien sûr, il y a le plan Trump, connu sous le nom de "riviera", selon lequel deux millions de personnes devraient partir, tandis que la région serait entièrement reconstruite pour la rendre habitable. Je ne sais pas si ces deux millions de personnes reviendront un jour. Mais les trois plans sont désormais sur la table.

Je ne sais pas si le sommet du Caire a réussi à convaincre la Maison Blanche, mais au moins, nous avons un plan. Et c'est précisément l'objectif : négocier », explique M. al-Rashed.

Bien qu'il craigne que les propositions d'Israël et de Trump n'aboutissent à un nettoyage ethnique, M. al-Rashed estime que le plan du Caire est essentiel pour fournir un cadre à la poursuite de l'engagement diplomatique.

« Il s'agit en fait d'un moyen de négocier, de maintenir l'élan, de sorte que Trump ne se contente pas de dire "expulsons les deux millions de personnes" et que le chaos règne en Égypte, en Jordanie et au Moyen-Orient », a-t-il ajouté.

M. al-Rashed a admis qu'il aborde ce plan avec une certaine dose de cynisme lorsqu'il a récemment écrit sur son compte X que le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, devrait se rendre à la Maison Blanche pour présenter ce plan directement à M. Trump — même si cela signifie risquer une confrontation publique similaire à celle survenue entre le président Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

« M. Aboul Gheit, à mon avis, devrait les informer du plan, le présenter directement aux Américains et en discuter avec eux », a affirmé M. al-Rashed.

« Nous aurons deux options. Soit ils négocieront et parviendront probablement à un accord, soit Trump fera exactement ce qu'il a fait avec Zelensky : il dira non, il ne l'acceptera pas, et poussera la Ligue arabe à revoir le plan et à proposer quelque chose de plus pragmatique. C’est ce que je voulais dire, en fait », a-t-il averti.

L'une des principales objections au plan de la Ligue arabe tient au rôle que le Hamas pourrait jouer dans la future gouvernance de Gaza, d'autant plus qu'Israël, les États-Unis et de nombreux pays occidentaux le considèrent comme un groupe terroriste, notamment en raison de son attaque du 7 octobre 2023 contre le sud d'Israël.

Interrogé sur le fait que l'approbation du plan du Caire par le Hamas pourrait rendre sa présentation plus difficile, M. al-Rashed a déclaré que le groupe avait déjà exprimé son intention de se retirer.

« En fait, le Hamas a fait une déclaration presque assez proche pour dire qu'il accepte le plan et il a presque dit qu'il est prêt à accepter tout ce que les parties palestiniennes accepteront pour diriger Gaza, pour gérer Gaza », a-t-il dit. « Je pense donc que le Hamas est sur le point de dire oui ».

Toutefois, il a souligné le fait que si le Hamas pourrait accepter de renoncer au contrôle politique, le groupe ne s'est pas encore engagé à un désarmement complet.

De nombreux observateurs ont été surpris d'apprendre récemment que l'administration Trump avait entamé des pourparlers directs avec le Hamas. Les États-Unis ont lancé un ultimatum, exigeant la libération de tous les otages encore détenus par le Hamas en échange d'un cessez-le-feu durable.

Si M. al-Rashed considère qu'il s'agit d'une évolution positive, il a critiqué le Hamas, qui s'est montré réticent à l'égard d'un tel accord, car il semble donner la priorité à son image publique plutôt qu'au bien-être de la population de Gaza.

« Je pense que nous sommes actuellement au bord de la deuxième phase de la guerre. Nous verrons probablement d'autres chars israéliens pénétrer dans la bande de Gaza. Et il est probable que l'avertissement ait un effet immédiat : le Hamas libérera probablement la plupart des otages, voire tous ceux qui restent, dans les semaines à venir », a-t-il averti.

« Je pense que le problème actuel pour le Hamas est de trouver une sorte de solution pour sortir de la situation, quelque chose qui leur donnera l'impression d'avoir gagné, tout en ne restant pas à Gaza. Je ne sais pas vraiment comment cela va se dérouler, mais c’est ce qui fait défaut actuellement. Il s'agit davantage de l'image du Hamas que de la vie des deux millions d'habitants de Gaza ou des otages restants », a-t-il expliqué.

L'Égypte et le Qatar ont la capacité d'exercer une influence sur le Hamas, ce qui pourrait faciliter le processus. « Nous avons une véritable fenêtre de solution cette fois-ci, bien plus qu'auparavant, après la conférence », a déclaré M. al-Rashed.

« Je pense que les Égyptiens et les Qataris ont désormais un moyen de pression. Ils peuvent vraiment faire pression sur le Hamas. S'il accepte l'idée, le Hamas libérera tous les autres otages, qui pourront quitter Gaza en toute sécurité et vivre ailleurs, peut-être en Algérie ou ailleurs. Et les Palestiniens, principalement l'Autorité palestinienne, dirigeront Gaza. Si ce scénario se produit - et je parie mon argent sur le fait qu'il est le plus probable - oui, nous mettrons fin à l'hostilité. Je pense que les Israéliens auront une sorte de supervision de Gaza. Les Palestiniens seront enfin en paix et un nouveau chapitre s'ouvrira au Moyen-Orient », a-t-il signalé. 

Toutefois, M. al-Rashed a également critiqué le refus d'Israël d'envisager un rôle pour l'Autorité palestinienne ou même pour l'Office de secours et de travaux des Nations unies dans la gestion de la bande de Gaza d'après-guerre.

« À l'heure actuelle, rien ne fonctionnera tant que nous ne disposerons pas d'une solution pratique », a-t-il confirmé. « Essayer d'expulser deux millions de personnes n'est pas une solution pratique. Cela n'arrivera pas. Si cela se produit, tout le monde sera perdant, y compris les Israéliens ».

M. al-Rashed a insisté sur le fait que l'Autorité palestinienne reste l'organe directeur le plus légitime pour Gaza, malgré son impopularité en Cisjordanie.

« Je pense qu'en termes de légitimité, ce n'est pas le Hamas, c'est l'Autorité palestinienne », a-t-il précisé. « L'Autorité palestinienne est l’autorité dotée de légitimité et reconnue par tout le monde, y compris les pays occidentaux ».

Bien qu'il soit difficile de prédire les événements, M. al-Rashed a déclaré qu'il soutenait le point de vue du chroniqueur d'Arab News Hassan Yassin, qui a suggéré dans sa récente tribune que la politique non conventionnelle de Trump pourrait contribuer à ouvrir la voie à une paix durable dans la région.

« Je pense que nous devons donner au président Trump l'espace et la possibilité de le faire parce que, écoutez, Trump n'est pas (Joe) Biden, et je pense que Trump est unique parmi tous les présidents américains », a-t-il assuré.

« Il est certain qu'il déplace des montagnes. Et je pense qu'il y a une grande chance pour le Moyen-Orient (...) non seulement pour régler la question de Gaza, mais nous pouvons aller au-delà et trouver une solution à deux États », a-t-il observé. 

« Trump a la capacité de convaincre n'importe qui, pour être honnête, à sa manière ; il a un style bien à lui. Je suis certain que (le Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahou n'osera pas se comporter avec Trump comme il l'a fait avec Biden ou (Barack) Obama dans le passé », a-t-il souligné.

« Trump peut entrer dans l'histoire et gagner le prix Nobel. Sans aucun doute », a constaté M. al-Rashed. 

M. al-Rashed a également rejeté toute idée selon laquelle l'Égypte et la Jordanie pourraient s'opposer à Israël au sujet du déplacement des Palestiniens, après que le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, a déclaré qu'une telle action équivaudrait à un acte de guerre.

« Je ne pense pas que la Jordanie ou l'Égypte iront aussi loin. Je pense qu'il s'agit des deux meilleurs pays et gouvernements de la région qui savent comment gérer la crise », a-t-il remarqué. 

« Ils sont préoccupés par la question de Gaza. Les choses vont vraiment trop loin en termes de dévastation. Plus de 50 000 personnes y ont été tuées. Des otages israéliens y sont également restés. Nous sommes donc coincés », a-t-il regretté. 

« La question est de savoir comment faire sortir les otages israéliens, comment faire sortir le Hamas de Gaza, comment instaurer la paix à Gaza et enfin comment mettre en œuvre le plan de paix. Je ne pense pas que ce que nous avons entendu au sujet de la volonté égyptienne et jordanienne soit sérieux, honnêtement », a-t-il averti. 

Au sujet du Liban, M. al-Rashed a exprimé un optimisme mesuré quant à l'avenir du pays, suite à l'élection de l'ancien chef de l'armée Joseph Aoun à la présidence et de l'ancien juge de la Cour internationale de justice Nawaf Salam au poste de Premier ministre en janvier.

Après avoir été frappé par une crise financière majeure depuis 2019 et plus de deux ans sans formation de gouvernement officiellement reconnu, le pays est maintenant sur la bonne voie pour se redresser, notamment à la suite du récent conflit sur son territoire entre Israël et le Hezbollah.

M. al-Rashed a déclaré que la récente visite du président Aoun à Riyad était révélatrice de la réinitialisation en cours des relations entre l'Arabie saoudite et le Liban, mais il a averti que le Hezbollah - bien qu'il ait été considérablement affaibli par le conflit - restait une force potentiellement déstabilisatrice.

« Dans une certaine mesure, le pire est derrière nous, mais nous avons encore des problèmes », a averti M. Al-Rashed. « Même avec des couteaux de cuisine, le Hezbollah pourrait constituer un problème. Le Hezbollah, bien sûr, est confronté à de nombreux problèmes en ce moment. Des milliers de personnes sont à court d'argent. Leurs maisons ont été détruites. Elles doivent être reconstruites. Ils n'ont plus de routes vers l'Iran. Ils sont déconnectés de l'Iran ».

À propos de la chute du régime de Bachar al-Assad en décembre et de la montée en puissance du gouvernement de transition d'Ahmed al-Charaa en Syrie, M. al-Rashed a déclaré qu'il s'agit d'un changement important pour la région.

« Je ne peux pas vraiment parler au nom de Riyad, mais d'après ce que j'ai compris, tout le monde - ou presque - est extrêmement heureux du départ du régime al-Assad », s’est-il félicité. « Il était là depuis un demi-siècle. Il a contribué au chaos ».

Les affrontements entre les forces de sécurité gouvernementales et les factions pro-Assad présumées au sein de la communauté alaouite se sont intensifiés la semaine dernière. Le ministère saoudien des Affaires étrangères a apporté son soutien total à al-Charaa.

« Tout le monde a exprimé son soutien au président al-Charaa, y compris les Saoudiens », a précisé M. al-Rashed. « Il s'est rendu à Riyad pour sa première visite, et les Saoudiens l'ont chaleureusement accueilli. Il n'y a donc aucune raison de ne pas accepter le nouveau régime. Bien sûr, il est le bienvenu tant qu'il adopte un comportement conforme aux standards de la région. »

« L'Arabie saoudite peut jouer un rôle majeur dans le développement de la Syrie, mais cela dépend d'abord, bien sûr, de la levée des sanctions. Et cela relève davantage de Washington que de Riyad. Mais oui, c'est ce que nous observons actuellement : l'histoire est en train de s'écrire, c'est certain », a-t-il confirmé.

M. al-Rashed a également mis en garde contre l'implication d'Israël dans la communauté druze en Syrie, suggérant que les initiatives visant à créer une région séparée dirigée par la minorité ethnoreligieuse pourraient créer davantage d'instabilité.

« Les Israéliens, quel que soit leur objectif, cherchent bien sûr à créer une zone tampon en incitant les régions voisines, comme la région druze, à se mettre sous leur protection », a-t-il averti. 

En se tournant vers l'Arabie saoudite, M. al-Rashed a salué les réformes radicales mises en place dans le cadre du programme Vision 2030 du prince héritier Mohammed ben Salmane, qui ont permis au Royaume de se positionner comme une force de changement majeure dans la région.

« Nous voyons l'Arabie saoudite non seulement se développer, mais aussi devenir plus modérée sur le plan islamique. Nous assistons à un leadership qui s'efforce de diffuser ce message à travers la région et au sein du monde islamique », s’est-il félicité. 

« Les Saoudiens ne se contenteront pas de changer l'Arabie saoudite, ils transformeront le monde islamique, comme c’est déjà le cas aujourd’hui », a-t-il assuré. 

« Les individus jouent un rôle clé dans les grands changements historiques. Certains dirigeants parviennent à marquer une différence considérable pour leur pays. Et je pense que le prince héritier a démontré ses idées et, bien sûr, sa résilience depuis le début », a déclaré M. al-Rashed, en référence au leadership du prince héritier.

« Si vous avez écouté le prince héritier Mohammed ben Salmane au cours des dix dernières années, lorsqu'il s'adresse aux médias locaux ou régionaux, il parle de l'économie, du bien-être de la population et de l'avenir. Ce sont trois sujets qui font une réelle différence », a souligné M. al-Rashed.

« Malheureusement, les hommes politiques de la région consacrent 90% de leurs conversations à la politique. Je pense que c'est la raison pour laquelle les Saoudiens ont ce qu'on appelle 2030, une vision pour l'avenir. Et c'est ce qui occupe tout le monde », a-t-il conclu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.


Syrie: 11 morts dans de nouveaux affrontements confessionnels près de Damas

Les affrontements se sont étendus dans la nuit à Sahnaya, à quelque 15 kilomètres au sud-ouest de la capitale, et opposent des forces affiliées aux autorités à des combattants locaux druzes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). (AFP)
Les affrontements se sont étendus dans la nuit à Sahnaya, à quelque 15 kilomètres au sud-ouest de la capitale, et opposent des forces affiliées aux autorités à des combattants locaux druzes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). (AFP)
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  • Lundi, des affrontements meurtriers dans la localité voisine à majorité druze de Jaramana, aux environs de Damas, avaient fait 17 morts, selon un nouveau bilan de l'OSDH: huit combattants druzes et neuf membres des groupes armés qui ont donné l'assaut
  • En soirée, un accord avait été scellé entre des représentants du gouvernement syrien et les responsables druzes de Jaramana pour mettre un terme aux affrontements

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées dans de nouveaux affrontements à caractère confessionnel aux environs de Damas, a annoncé mercredi une ONG, au lendemain d'accrochages meurtriers dans une localité syrienne voisine à majorité druze qui ont fait 17 morts.

Les affrontements se sont étendus dans la nuit à Sahnaya, à quelque 15 kilomètres au sud-ouest de la capitale, et opposent des forces affiliées aux autorités à des combattants locaux druzes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

"Nous n'avons pas dormi de la nuit (...) les obus de mortier s'abattent sur nos maisons", a déclaré à l'AFP au téléphone Samer Rafaa, un habitant et militant actif de Sahnaya, où une partie de la population est druze.

Selon l'OSDH, basée en Grande-Bretagne mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, l'un des deux morts à Sahnaya est un combattant druze.

Lundi, des affrontements meurtriers dans la localité voisine à majorité druze de Jaramana, aux environs de Damas, avaient fait 17 morts, selon un nouveau bilan de l'OSDH: huit combattants druzes et neuf membres des groupes armés qui ont donné l'assaut à la localité.

En soirée, un accord avait été scellé entre des représentants du gouvernement syrien et les responsables druzes de Jaramana pour mettre un terme aux affrontements.

Ces violences ont réveillé le spectre des affrontements confessionnels, après des massacres qui ont visé en mars la minorité alaouite dont était issu le président déchu Bachar al-Assad, renversé en décembre par la coalition islamiste au pouvoir.

L'attaque contre Jaramana a été menée par des groupes affiliés au pouvoir après la diffusion sur les réseaux sociaux d'un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet.

L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message et les chefs spirituels de la minorité druze ont condamné toute atteinte au prophète.