Frankly Speaking: quel espoir pour les enfants de Gaza?

Lors de son passage – par liaison vidéo de Rafah, à la frontière entre Gaza et l'Égypte – à Frankly Speaking, l'émission d'actualité d’Arab News, M. Elder a déclaré que l'ouverture de plusieurs points d'entrée et l'acheminement d'une aide suffisante permettraient de sauver les plus vulnérables. Un enfant de moins de 2 ans sur trois souffre de malnutrition aiguë dans le nord de la bande de Gaza. (Photo, AN)
Lors de son passage – par liaison vidéo de Rafah, à la frontière entre Gaza et l'Égypte – à Frankly Speaking, l'émission d'actualité d’Arab News, M. Elder a déclaré que l'ouverture de plusieurs points d'entrée et l'acheminement d'une aide suffisante permettraient de sauver les plus vulnérables. Un enfant de moins de 2 ans sur trois souffre de malnutrition aiguë dans le nord de la bande de Gaza. (Photo, AN)
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Publié le Mardi 02 avril 2024

Frankly Speaking: quel espoir pour les enfants de Gaza?

  • Le porte-parole de l'Unicef a déclaré que la prévention de la famine à Gaza dépendait d'un cessez-le-feu immédiat et d'un accès illimité à l'aide humanitaire
  • James Elder a qualifié l'Unrwa de «colonne vertébrale» de l'aide humanitaire à Gaza et il a affirmé qu'aucune autre agence ne pouvait la remplacer

DUBAÏ: Y a-t-il un espoir pour les enfants de Gaza avec le conflit actuel entre Israël et le Hamas, les restrictions d'accès à l'aide et la famine qui menace le nord de l'enclave?

Selon James Elder, porte-parole du Fonds des nations unies pour l'enfance (Unicef), qui a récemment parcouru la bande de Gaza, seul un cessez-le-feu immédiat peut redresser la situation humanitaire.

Lors de son passage – par liaison vidéo de Rafah, à la frontière entre Gaza et l'Égypte – à Frankly Speaking, l'émission d'actualité d’Arab News, M. Elder a déclaré que l'ouverture de plusieurs points d'entrée et l'acheminement d'une aide suffisante permettraient de sauver les plus vulnérables. Un enfant de moins de 2 ans sur trois souffre de malnutrition aiguë dans le nord de la bande de Gaza.

«L'Unicef a la capacité d'étendre son action, d'acheminer de l'aide dans une zone donnée», a indiqué M. Elder à Katie Jensen, animatrice de l'émission Frankly Speaking.

«Nous disposons au Danemark de la plus grande plate-forme d'approvisionnement humanitaire du monde. Nous effectuons des transports par avion, par bateau; nous faisons tout. Nous disposons également d’entrepôts dans la région. De nombreux entrepôts sont constamment prêts à acheminer l'aide.»

Cependant, tant qu'Israël ne lèvera pas ses restrictions sur la quantité d'aide autorisée à entrer dans l'enclave assiégée, permettant ainsi à l'Unicef et à d'autres agences humanitaires d'apporter une aide indispensable, beaucoup craignent que l'extrême insécurité alimentaire déjà endurée par les Palestiniens ne dégénère en une véritable famine.

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Lors de son passage – par liaison vidéo de Rafah, à la frontière entre Gaza et l'Égypte – à Frankly Speaking, l'émission d'actualité d’Arab News, M. Elder a déclaré que l'ouverture de plusieurs points d'entrée et l'acheminement d'une aide suffisante permettraient de sauver les plus vulnérables. Un enfant de moins de 2 ans sur trois souffre de malnutrition aiguë dans le nord de la bande de Gaza. (Photo, AN)

Dans ce long entretien, M. Elder a décrit le rôle irremplaçable joué dans la réponse humanitaire par l'Office de secours et de travaux des nations unies (Unrwa), à court d'argent. Il a en outre souligné les obligations non respectées d'Israël en vertu du droit international pour permettre l'entrée d'une aide suffisante à Gaza.

M. Elder a également évoqué «l'anéantissement» des villes de Gaza et les menaces qui pèsent sur les travailleurs de l'ONU ainsi que sur les bénéficiaires de l'aide dans le cadre des combats. Ces derniers ont fait du territoire palestinien «l'endroit potentiellement le plus dangereux de la planète».

Un rapport soutenu par les Nations unies et publié au mois de mars a averti que si les hostilités ne cessaient pas et que si l'aide n'était pas autorisée à entrer sans restriction dans la bande de Gaza, la famine pourrait survenir d'ici à la fin du mois de mai. Le rapport indique que 70% des 2,3 millions d'habitants de Gaza connaissent des niveaux catastrophiques de faim et d'insécurité alimentaire.

La Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye a prévenu jeudi que «la famine est en train de s'installer» en raison des restrictions continues imposées par Israël à l'acheminement de l'aide.

Dans un arrêt unanime, la plus haute juridiction des Nations unies a ordonné à Israël de prendre «toutes les mesures nécessaires et efficaces» pour garantir que les denrées alimentaires de base parviennent sans délai au peuple palestinien.

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Des travailleurs de l'ONU préparent une aide alimentaire humanitaire dans un entrepôt/centre de distribution de l'UNRWA à Rafah pour la distribution aux réfugiés palestiniens, dans un contexte de combats incessants entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. L’entrepôt a été partiellement touché par une frappe israélienne le 13 mars 2024. (AFP)

S'il est possible de sauver la population de Gaza de la famine, il faudra plus de temps pour s'attaquer à des problèmes tels que les maladies, la dévastation du système de santé, des hôpitaux, des systèmes d'approvisionnement en eau et des égouts, a fait savoir M. Elder.

Depuis qu'Israël a lancé son opération à Gaza en représailles à l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre, l'enclave est devenue un cimetière pour au moins 13 000 enfants, selon les chiffres de l'ONU.

La malnutrition aiguë touche désormais 31% des enfants de moins de 2 ans dans les gouvernorats du nord, tandis qu'au moins 23 enfants sont déjà morts de faim et de déshydratation.

La création de ces conditions pourrait constituer un crime de guerre, a déclaré jeudi à la BBC Volker Türk, le responsable des droits de l'homme des Nations unies, ajoutant qu'il était «plausible» qu'Israël utilise la famine comme arme de guerre dans la bande de Gaza.

«Le droit humanitaire international est très clair sur les proportions et sur ce que les factions en guerre peuvent faire. Nous avons vu tant de violations dans cette guerre, et le sujet des enfants ne semble pas faire de différence à l'heure actuelle. Les enfants ne comprennent pas si le droit international est respecté ou non», a affirmé M. Volker.

«Pour l'instant, tout ce qu'ils font, c'est affronter la gravité d'une situation qu'aucun enfant ne devrait jamais, au grand jamais, avoir à subir.»

Au cours des premiers mois du conflit, l'essentiel de la distribution de l'aide et du travail de secours a été effectué par l'Unrwa, qui soutient les réfugiés palestiniens à Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, en Syrie et au Liban depuis 1949.

En janvier, plus d'une douzaine de pays ont suspendu le financement de l'Unrwa après qu'Israël a affirmé que 12 membres du personnel de l'agence des Nations unies avaient participé à l'attaque du 7 octobre, tandis que 450 autres étaient des «agents militaires de groupes terroristes».

Bien qu'une enquête interne et une autre, indépendante, aient été lancées pour examiner ces allégations, la plus grande partie du financement de l'Unrwa n'a toujours pas été rétablie, ce qui met ses opérations à Gaza au bord de l'effondrement.

M. Elder a précisé que l'Unicef et d'autres agences d'aide n'étaient pas en mesure d'assumer les responsabilités de l'Unrwa en cas de faillite.

«L'Unrwa est l'épine dorsale de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza», a-t-il précisé. «Il compte des milliers et des milliers de travailleurs très courageux, d'enseignants, de médecins, de pharmaciens, d'infirmières, entre autres.»

«L'Unicef s'est spécialisé dans la protection de l'enfance, la nutrition, etc., mais la population de Gaza a besoin de l'Unrwa pour disposer d'une main-d'œuvre complète dans toute la bande de Gaza.»

«Cinquante pour cent de l'aide alimentaire apportée aux civils dans le nord était fournie par l'Unrwa. Cette aide est désormais bloquée. C'est une catastrophe accélérée», a-t-il ajouté.

La bande de Gaza est devenue un endroit extrêmement dangereux pour les organisations humanitaires.

«Des gens ont été tués en recevant de l'aide, des travailleurs humanitaires aussi. Plus de travailleurs humanitaires, plus de mes collègues des Nations unies ont été tués dans cette guerre qu'à n'importe quel moment depuis les débuts de l’organisation. Telle est la réalité à laquelle les gens sont confrontés», a déploré M. Elder.

«Les Nations unies travaillent dans des endroits très dangereux. L'Afghanistan, le Soudan, l'Ukraine, ici, à Gaza. Mais nous devons être très clairs. Le droit international humanitaire est sans équivoque. Israël a l'obligation légale de faciliter l'acheminement de l'aide, non seulement en la faisant entrer, mais aussi en veillant à ce qu'elle soit distribuée en toute sécurité à ceux qui en ont le plus besoin.»

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Des travailleurs de l'ONU préparent une aide alimentaire humanitaire dans un entrepôt/centre de distribution de l'UNRWA à Rafah pour la distribution aux réfugiés palestiniens, dans un contexte de combats incessants entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. L’entrepôt a été partiellement touché par une frappe israélienne le 13 mars 2024. (AFP)

Au cours de son voyage le long de la bande de Gaza, M. Elder a été consterné par l'ampleur de la catastrophe humanitaire. Alors qu'il traversait le poste-frontière de Rafah en venant d'Égypte, il a vu «des centaines de camions bloqués avec de l'aide vitale du mauvais côté de la frontière».

«Nous sommes loin de recevoir suffisamment d'aide», a-t-il ajouté.

Plus tard, lors de sa visite dans le nord de Gaza, il a vu «des gens qui s'accrochent à la vie, des enfants et des familles qui ont un besoin urgent de nourriture». Et pourtant, «il y a des points de passage qui pourraient être ouverts, d'anciens points de passage où l'aide serait acheminée en dix ou quinze minutes».

L'accès routier à Gaza étant limité par les forces israéliennes, les organisations humanitaires ont examiné les possibilités de créer un corridor maritime. À la mi-mars, l'Open Arms a quitté Chypre avec à son bord 200 tonnes de farine, de protéines et de riz à destination de Gaza.

«Toute aide est utile, mais le navire transportait l'équivalent d'environ 12 camions», a indiqué M. Elder. «De l'autre côté de la frontière, il y a 50 fois 12 camions.»

Les États-Unis, la Jordanie et l'Égypte cherchent également à contourner le problème de l'accès à l'aide en procédant à des parachutages d'aide dans la bande de Gaza.

Toutefois, les parachutages sont généralement utilisés «lorsque les populations sont massivement coupées de l'aide humanitaire – lors d'une inondation ou d'une catastrophe naturelle», a expliqué M. Elder. «Ici, ils ne sont pas isolés. Il y a un réseau routier. La route est le moyen le plus efficace. C'est grâce aux routes qu'un cessez-le-feu permettra d'éviter cette catastrophe humanitaire.»

Le 25 mars, le Conseil de sécurité des nations unies a adopté une résolution qui exige un cessez-le-feu immédiat à Gaza pour le mois sacré du ramadan, qui se termine dans moins de quinze jours.

M. Elder a déclaré que la résolution devait être «substantielle, et non symbolique», car un cessez-le-feu «permet aux Nations unies d'inonder la bande de Gaza d'aide humanitaire et nous pouvons renverser cette famine imminente».

Un cessez-le-feu, a ajouté M. Elder, permettrait également à Israël de rapatrier ses citoyens retenus en otage à Gaza depuis le 7 octobre. «Il y a des enfants ici, quelque part dans les souterrains ou ailleurs, qui endurent des supplices épouvantables», a-t-il déclaré. «Mettez fin aux tourments, ramenez les otages chez eux.»

Il a ajouté: «Un cessez-le-feu signifie que les familles – une mère et un enfant – peuvent aller se coucher avec la certitude absolue qu'ils se réveilleront. Ils n'ont pas eu cette certitude depuis de nombreux mois.»

En novembre et décembre de l'année dernière, M. Elder a fait savoir qu’il avait visité l'hôpital Al-Nasr, à Khan Younès, où les «incroyables» travailleurs de la santé «faisaient des gardes de vingt-quatre à trente-six heures dans une zone de guerre».

«Ils faisaient ce travail qu’ils aimaient et pour lequel ils étaient nés, comme certains l'avaient dit, mais ils étaient terrifiés parce que leurs familles étaient à l'extérieur.»

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Des Palestiniens inspectent le site d'une frappe israélienne sur une maison à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 29 mars 2024. (Reuters)

De retour à Khan Younès ces derniers jours, M. Elder a affirmé: «J'ai traversé la ville et elle est tout simplement anéantie. Dans chaque rue, il y a des décombres partout. Je n'avais jamais vu un tel niveau de dévastation, ce qui m'a fait penser à Rafah et à la raison pour laquelle nous ne pouvons pas voir cela se produire ici.»

Aujourd'hui, c'est comme si Khan Younès et Gaza City n'existaient plus. «Il n'y a que des décombres et de l'acier à perte de vue ainsi que des gens qui ont l'air stupéfaits, car les maisons ont été détruites les unes après les autres», a-t-il déploré.

Rafah, quant à elle, «est une ville de tentes. C'est une ville d'enfants. C'est ici que les familles étaient censées se rendre pour rester en sécurité. Il y a du désespoir ici, mais il y a aussi de la solidarité. Les gens font ce qu'ils peuvent pour les autres».

M. Elder a ajouté: «Je me suis rendu dans toute la bande de Gaza. Dans le nord, il y a un niveau de souffrance que les mots ne suffisent pas à décrire; on en arrive au stade où on voit des enfants mourir de malnutrition, de déshydratation.»

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Une personne endeuillée porte le corps d'un enfant palestinien tué lors d'une frappe israélienne à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 29 mars 2024. (Reuters)

«Vous voyez des parents en larmes devant le berceau d'un enfant, un enfant maigre comme du papier. C'est une mère qui a fait tout ce qu'elle pouvait pour protéger son enfant de ces bombardements incessants. Désormais, elle essaie de protéger son enfant de la famine.»

«Ces mères et ces pères apprennent que les vraies décisions relatives à la sécurité de leurs enfants sont prises par d'autres personnes. Il y a donc un niveau de stress et d'anxiété dans l’ensemble de la bande de Gaza».

M. Elder a fait savoir que la situation à Gaza témoignait «du traumatisme mental de plus d'un million d'enfants».

«Comme me l'a dit un psychologue pour enfants, nous sommes en territoire inconnu en ce qui concerne la santé mentale des filles et des garçons de Gaza.»

Ce texte est la traduction d’un papier paru sur Arabnews.com


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.


L'Arabie saoudite, le Qatar et la Chine condamnent l'attaque terrestre israélienne à Gaza

De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
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  • L'Arabie saoudite a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à mettre fin à l'escalade
  • Le Qatar a réitéré son soutien à la création d'un État palestinien indépendant

RIYADH : L'Arabie saoudite, la Chine et le Qatar ont condamné mercredi l'extension des opérations militaires israéliennes à Gaza, avertissant que l'assaut violait le droit international et menaçait la stabilité régionale.

Dans une déclaration, le ministère saoudien des affaires étrangères a dénoncé ce qu'il a appelé "la poursuite des crimes" par les forces d'occupation israéliennes et a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à prendre des mesures efficaces pour mettre fin à l'escalade.

Le Royaume a réaffirmé son rejet des actions qui portent atteinte au droit humanitaire international et a appelé à des efforts internationaux urgents pour mettre fin à la violence et assurer la protection des civils à Gaza.

Le ministère des affaires étrangères du Qatar a également condamné l'opération terrestre israélienne "dans les termes les plus forts", la qualifiant d'extension de la guerre contre le peuple palestinien et de "violation flagrante du droit international".

Il a averti que les actions d'Israël compromettaient les perspectives de paix par des politiques de "colonisation, d'agression et de racisme", et a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures décisives pour garantir le respect des résolutions internationales.

Le Qatar a réitéré son soutien à la cause palestinienne et à la création d'un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

À Pékin, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré que la Chine "s'oppose fermement à l'escalade des opérations militaires d'Israël à Gaza et condamne tous les actes qui portent atteinte aux civils et violent le droit international", en référence au bombardement de la ville de Gaza.