Israël cesse de fournir de l'électricité à Gaza, avant de nouvelles négociations sur la trêve

L'unique ligne électrique entre Israël et Gaza alimente la principale usine de dessalement d'eau du territoire, qui dessert plus de 600.000 personnes. Les Gazaouis dépendent principalement de panneaux solaires et générateurs à essence pour s'approvisionner en électricité. (AFP)
L'unique ligne électrique entre Israël et Gaza alimente la principale usine de dessalement d'eau du territoire, qui dessert plus de 600.000 personnes. Les Gazaouis dépendent principalement de panneaux solaires et générateurs à essence pour s'approvisionner en électricité. (AFP)
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Publié le Lundi 10 mars 2025

Israël cesse de fournir de l'électricité à Gaza, avant de nouvelles négociations sur la trêve

  • Le Hamas a dénoncé un "chantage inacceptable", condamnant "fermement la décision (d'Israël) de couper l'électricité à Gaza, après l'avoir privée de nourriture, médicaments et eau", selon un communiqué d'Izzat al-Rishq
  • L'unique ligne électrique entre Israël et Gaza alimente la principale usine de dessalement d'eau du territoire, qui dessert plus de 600.000 personnes

JERUSALEM: Israël a annoncé dimanche qu'il cessait de fournir de l'électricité à Gaza, à la veille de nouvelles négociations indirectes prévues au Qatar sur les modalités de la poursuite de la trêve avec le Hamas, entrée en vigueur le 19 janvier.

Le ministre de l'Energie, Eli Cohen, a annoncé avoir signé "l'ordre d'arrêter immédiatement de fournir de l'électricité à la bande de Gaza", une semaine après le blocage de l'acheminement de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien assiégé.

"Nous allons utiliser tous les outils à notre disposition pour ramener tous les otages et assurer que le Hamas ne soit plus à Gaza le jour d'après" la guerre, a-t-il ajouté.

Le Hamas a dénoncé un "chantage inacceptable", condamnant "fermement la décision (d'Israël) de couper l'électricité à Gaza, après l'avoir privée de nourriture, médicaments et eau", selon un communiqué d'Izzat al-Rishq, membre du bureau politique du mouvement.

L'unique ligne électrique entre Israël et Gaza alimente la principale usine de dessalement d'eau du territoire, qui dessert plus de 600.000 personnes. Les Gazaouis dépendent principalement de panneaux solaires et générateurs à essence pour s'approvisionner en électricité.

Cette décision israélienne intervient alors que de nouvelles négociations indirectes sur les modalités de la poursuite du cessez-le-feu doivent s'engager  au Qatar.

Après plusieurs réunions au Caire, une délégation du Hamas menée par Mohammed Darwish s'est rendue dimanche à Doha, a dit à l'AFP un responsable du mouvement palestinien.

Israël a également annoncé l'envoi lundi d'une délégation à Doha, à "l'invitation des médiateurs soutenus par les Etats-Unis", afin de "faire avancer les négociations".

Selon des médias locaux, le cabinet de sécurité doit établir dimanche soir le cadre du mandat de cette délégation.

L'armée israélienne a mené dimanche une frappe aérienne contre des combattants palestiniens qui "tentaient de cacher un engin explosif" dans le nord de Gaza, selon elle, et un nombre indéterminé de "terroristes" ont été tués.

Arraché par les médiateurs - Etats-Unis, Qatar, Egypte - après des mois de négociations, l'accord de cessez-le-feu a fait taire les armes après 15 mois d'une guerre dévastatrice à Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

Dimanche, l'envoyé spécial américain pour les otages retenus à Gaza a évoqué un accord sur leur libération "dans les semaines à venir" et a qualifié de "très utiles" ses récentes discussions directes sans précédent avec le Hamas.

Durant la première phase de la trêve, qui s'est achevée le 1er mars, le Hamas a rendu 33 otages israéliens, dont huit morts, et Israël a libéré environ 1.800 détenus palestiniens.

Les désaccords portent sur la suite du processus, le Hamas campant sur le passage à la deuxième phase qui prévoit selon lui, aux termes de l'accord initial, un cessez-le-feu permanent, le retrait complet israélien de Gaza et la libération des otages enlevés le 7-Octobre et encore retenus - 58 dont 34 morts selon l'armée israélienne.

Réunion du cabinet de sécurité 

"Nous exhortons les médiateurs en Egypte et au Qatar, ainsi que l'administration américaine à veiller à ce que l'occupant respecte l'accord, autorise l'entrée de l'aide humanitaire et procède à la deuxième phase", a déclaré à l'AFP le porte-parole du Hamas, Hazem Qassem.

Israël souhaite de son côté une extension de la première phase du cessez-le-feu jusqu'à la mi-avril. Il réclame la "démilitarisation totale" de Gaza, le départ du Hamas du territoire palestinien qu'il dirige depuis 2007, et le retour des derniers otages avant la deuxième phase.

Invoquant le refus du Hamas de se plier à ces conditions, l'armée israélienne, qui contrôle les points de passage avec Gaza, a bloqué l'entrée de l'aide humanitaire vitale pour les quelque 2,4 millions d'habitants assiégés par Israël depuis 17 mois.

"Identifier les pays" d'accueil 

Début février, le président Donald Trump a lancé l'idée d'une prise de contrôle de Gaza par les Etats-Unis pour la reconstruire et en faire la "Riviera du Moyen-Orient". Pour cela, ses habitants seraient déplacés vers l'Egypte et la Jordanie, deux pays voisins qui ont rejeté cette option.

Le projet "prend forme, il y a des actions en cours, en coordination avec l'administration" américaine, a affirmé dimanche le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, figure de l'extrême droite, précisant notamment qu'il fallait "identifier les pays" d'accueil.

En riposte à l'attaque du 7-Octobre, Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une offensive tous azimuts à Gaza qui a fait au moins 48.458 morts, majoritairement des civils, d'après les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU. Elle a aussi provoqué un désastre humanitaire dans le territoire palestinien.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.218 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité après leur enlèvement ce jour-là.


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com