L'Iran dit donner une «chance» à la diplomatie avant les pourparlers avec Washington

Des discussions inédites entre les deux pays ennemis doivent avoir lieu dans le sultanat d'Oman en vue de négocier un possible accord sur le nucléaire iranien, après l'annonce surprise faite lundi par le président américain, Donald Trump, de pourparlers "à haut niveau". (AFP)
Des discussions inédites entre les deux pays ennemis doivent avoir lieu dans le sultanat d'Oman en vue de négocier un possible accord sur le nucléaire iranien, après l'annonce surprise faite lundi par le président américain, Donald Trump, de pourparlers "à haut niveau". (AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 11 avril 2025

L'Iran dit donner une «chance» à la diplomatie avant les pourparlers avec Washington

  • Le précédent accord, conclu en 2015 entre l'Iran et les grandes puissances, était devenu caduc après le retrait des Etats-Unis en 2018, pendant le premier mandat de Donald Trump
  • L'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, ainsi que le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doivent participer à ces discussions

TEHERAN: L'Iran a affirmé vendredi donner une "véritable chance" à la diplomatie durant les pourparlers sur le nucléaire prévus samedi avec les Etats-Unis, malgré la pression croissante exercée par Washington.

Des discussions inédites entre les deux pays ennemis doivent avoir lieu dans le sultanat d'Oman en vue de négocier un possible accord sur le nucléaire iranien, après l'annonce surprise faite lundi par le président américain, Donald Trump, de pourparlers "à haut niveau".

Le précédent accord, conclu en 2015 entre l'Iran et les grandes puissances, était devenu caduc après le retrait des Etats-Unis en 2018, pendant le premier mandat de Donald Trump.

L'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, ainsi que le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doivent participer à ces discussions.

"Nous donnons une véritable chance à la diplomatie, en toute bonne foi et avec une vigilance totale. L'Amérique devrait apprécier cette décision, qui a été prise en dépit de sa rhétorique hostile", a déclaré vendredi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï, sur son compte X.

Ces pourparlers vont s'ouvrir après des semaines de guerre des mots entre les deux pays, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 45 ans, alors que l'Iran cherche à obtenir une levée des sanctions américaines qui étranglent son économie.

Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces allégations et affirme que ses activités dans le nucléaire se limitent à des fins civiles.

Mercredi, Donald Trump a déclaré qu'une intervention militaire contre l'Iran était "tout à fait" possible si les pourparlers n'aboutissaient pas à un accord.

Ali Shamkhani, conseiller principal du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a averti jeudi que de telles menaces pourraient entraîner des mesures telles que l'expulsion d'Iran des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

"Une escalade" 

Washington a réagi en déclarant qu'une telle mesure constituerait "une escalade et un mauvais calcul de la part de l'Iran".

Les pourparlers à Oman vont s'ouvrir après l'envoi en mars par M. Trump d'une lettre à M. Khamenei, l'exhortant à négocier et l'avertissant d'une éventuelle intervention militaire en cas de refus de Téhéran.

Téhéran a répondu quelques semaines plus tard en se disant ouvert à des négociations indirectes et en rejetant la possibilité de négociations directes tant que les Etats-Unis maintiendraient leur politique de "pression maximale".

M. Baghaï a déclaré vendredi que l'Iran n'émettrait "ni préjugé ni prédiction" avant les pourparlers. "Nous avons l'intention d'évaluer les intentions et le sérieux de l'autre partie samedi et d'ajuster nos actions en conséquence", a-t-il dit.

A l'approche de ces pourparlers, les Etats-Unis ont poursuivi cette semaine leur politique de "pression maximum" contre l'Iran en imposant de nouvelles sanctions visant le programme nucléaire iranien et le secteur pétrolier.

Un éventuel accord sur le nucléaire remplacerait le précédent conclu en 2015 entre l'Iran et les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni), plus l'Allemagne, qui prévoyait la levée de certaines sanctions internationales en échange d'un encadrement du programme nucléaire iranien.

En 2018, durant son premier mandat, Donald Trump avait retiré avec fracas son pays de l'accord et rétabli les sanctions américaines. En représailles, l'Iran a pris ses distances avec le texte et accéléré son programme nucléaire.

L'Iran et les Etats-Unis, proches alliés durant la monarchie Pahlavi, n'ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, après la prise d'otages de diplomates américains dans leur ambassade à Téhéran, dans la foulée de la Révolution islamique.


Frappe israélienne sur une route principale dans le sud du Liban: un mort 

Deux personnes avaient été tuées dimanche dans deux frappes séparées sur le sud du Liban, et trois autres samedi. (AFP)
Deux personnes avaient été tuées dimanche dans deux frappes séparées sur le sud du Liban, et trois autres samedi. (AFP)
Short Url
  • La frappe intervient au lendemain d'un week-end au cours duquel cinq personnes ont été tuées dans des frappes d'Israël, qui a récemment intensifié ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien, l'accusant de se réarmer
  • Selon le ministère de la Santé, "une frappe israélienne sur une voiture dans la localité de Baissariyé a fait un mort"

BEYROUTH: Une frappe israélienne contre une voiture qui circulait sur la route reliant les principales villes du sud du Liban a tué un homme lundi matin, selon le ministère de la Santé, au moment où Israël intensifie ses attaques dans ce secteur.

La frappe intervient au lendemain d'un week-end au cours duquel cinq personnes ont été tuées dans des frappes d'Israël, qui a récemment intensifié ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien, l'accusant de se réarmer.

Selon le ministère de la Santé, "une frappe israélienne sur une voiture dans la localité de Baissariyé a fait un mort".

Un journaliste de l'AFP a vu une voiture calcinée sur la route entre Saïda, principale ville du Liban sud, et Tyr, plus au sud. Des secouristes rassemblaient des restes humains, au milieu d'un embouteillage monstre sur cette route très fréquentée.

Deux personnes avaient été tuées dimanche dans deux frappes séparées sur le sud du Liban, et trois autres samedi.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, à l'issue de plus d'un an d'hostilités avec le Hezbollah, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du mouvement pro-iranien au Liban en l'accusant de chercher à reconstituer ses capacités militaires.

Le Hezbollah a été très affaibli par la dernière guerre avec Israël et les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour le désarmer, ce que le mouvement islamiste refuse.


Sanctions contre le Hezbollah: le Liban dit lutter contre le blanchiment d'argent

Jeudi, les Etats-Unis, alliés d'Israël, ont imposé des sanctions à plusieurs membres du Hezbollah accusés d'avoir "facilité le transfert de dizaines de millions de dollars de l'Iran vers le Hezbollah en 2025, en utilisant des bureaux de change". (AFP)
Jeudi, les Etats-Unis, alliés d'Israël, ont imposé des sanctions à plusieurs membres du Hezbollah accusés d'avoir "facilité le transfert de dizaines de millions de dollars de l'Iran vers le Hezbollah en 2025, en utilisant des bureaux de change". (AFP)
Short Url
  • La visite de la délégation à Beyrouth, menée par Sebastian Gorka, le chef de la lutte antiterroriste à la Maison Blanche, intervient alors que Washington cherche à couper les sources de financement du Hezbollah
  • Cette déclaration survient quelques jours après que Washington a pris des sanctions économiques contre des personnes accusées de blanchir de l'argent servant à financer les activités du Hezbollah

BEYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a affirmé dimanche à des responsables américains en visite au Liban que son pays appliquait "scrupuleusement" des mesures pour prévenir le blanchiment d'argent et le "financement du terrorisme".

Cette déclaration survient quelques jours après que Washington a pris des sanctions économiques contre des personnes accusées de blanchir de l'argent servant à financer les activités du mouvement libanais pro-iranien Hezbollah.

La visite de la délégation à Beyrouth, menée par Sebastian Gorka, le chef de la lutte antiterroriste à la Maison Blanche, intervient alors que Washington cherche à couper les sources de financement du Hezbollah, tout en continuant à exercer des pressions sur les autorités libanaises pour qu'elles désarment ce mouvement.

Dans un communiqué publié à l'issue de la rencontre, M. Aoun a déclaré avoir informé la délégation que "le Liban applique scrupuleusement les mesures adoptées pour prévenir le blanchiment d'argent, la contrebande ou leur utilisation dans le financement du terrorisme".

Jeudi, les Etats-Unis, alliés d'Israël, ont imposé des sanctions à plusieurs membres du Hezbollah accusés d'avoir "facilité le transfert de dizaines de millions de dollars de l'Iran vers le Hezbollah en 2025, en utilisant des bureaux de change".

Le mouvement "utilise ces fonds pour soutenir ses forces paramilitaires, reconstruire son infrastructure terroriste et résister aux efforts du gouvernement libanais visant à affirmer son contrôle souverain sur l'ensemble du territoire libanais", indique le communiqué du ministère américain des Finances.

"Nous avons discuté des moyens avec lesquels nous pouvons collaborer pour stopper le flux d’argent en provenance d’Iran à destination du Hezbollah et créer un Liban plus sûr et plus prospère", a déclaré dimanche sur X le secrétaire adjoint au Trésor chargé du terrorisme et du renseignement financier, John Hurley, qui faisait partie de la délégation.

En septembre, l'émissaire américain Tom Barrack avait affirmé que le groupe recevait "60 millions de dollars par mois".

Affaibli par la guerre qui l'a opposé l'an dernier à Israël, le Hezbollah est sous intense pression pour désarmer.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre ses bastions au Liban.

M. Aoun a appelé dimanche à "faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques".


Israël a reçu la dépouille de Hadar Goldin, tué en 2014 à Gaza

Après onze ans d'attente, Israël a annoncé dimanche le rapatriement du corps de l'officier israélien Hadar Goldin, tué en 2014 dans la bande de Gaza, remis plus tôt à la Croix-Rouge par le Hamas dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu dans le territoire palestinien. (AFP)
Après onze ans d'attente, Israël a annoncé dimanche le rapatriement du corps de l'officier israélien Hadar Goldin, tué en 2014 dans la bande de Gaza, remis plus tôt à la Croix-Rouge par le Hamas dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu dans le territoire palestinien. (AFP)
Short Url
  • Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyau a indiqué que la dépouille rendue à la mi-journée par le mouvement islamiste avait été identifiée comme celle du lieutenant Hadar Goldin
  • Le Hamas a ainsi remis 24 des 28 corps retenus en otages à Gaza qu'il s'est engagé à rendre dans le cadre de la trêve entrée en vigueur le 10 octobre

JERUSALEM: Après onze ans d'attente, Israël a annoncé dimanche le rapatriement du corps de l'officier israélien Hadar Goldin, tué en 2014 dans la bande de Gaza, remis plus tôt à la Croix-Rouge par le Hamas dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu dans le territoire palestinien.

Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyau a indiqué que la dépouille rendue à la mi-journée par le mouvement islamiste avait été identifiée comme celle du lieutenant Hadar Goldin.

Le Hamas a ainsi remis 24 des 28 corps retenus en otages à Gaza qu'il s'est engagé à rendre dans le cadre de la trêve entrée en vigueur le 10 octobre.

"Onze ans d'attente" 

Dimanche matin, la branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine al-Qassam, avait annoncé qu'elle allait remettre le corps de l'officier "trouvé hier dans un tunnel" de Rafah.

Des représentants de l'armée ont "informé la famille du soldat enlevé et tombé au combat, le lieutenant Hadar Goldin, que leur proche avait été rapatrié en Israël et son identification confirmée", a annoncé plus tard le bureau de M. Netanyahu.

"Je sais les souffrances que sa famille a endurées (...) et aujourd'hui, nous sommes unis dans la remise (du corps) à ses parents et à sa famille", a commenté M. Netanyahu sur X.

Le président Isaac Herzog s'est aussi félicité sur X du retour de la dépouille "après 11 années longues et douloureuses".

La guerre "a prouvé que, lorsque nous nous battons pour nos soldats, nous réussissons. La victoire signifie ramener tous les otages à la maison et ramener nos soldats en Israël", a déclaré pour sa part le père du soldat, Simcha Goldin.

Pour Judith Touati, habitante de Ramla, dans le centre d'Israël, "c'est un soulagement, il est temps que cette famille puisse enfin faire son deuil".

Selon l'armée, Hadar Goldin a été tué à 23 ans le 1e août 2014 pendant une mission de reconnaissance dans un tunnel près de Rafah lors d'une précédente guerre à Gaza.

"Des terroristes sont sortis d'un tunnel", ont attaqué des soldats, abattu Hadar Goldin et traîné son corps dans le tunnel, a affirmé dimanche la porte-parole du gouvernement, Shosh Bedrosian.

En janvier dernier, le corps de Oron Shaoul, tué, lui, en opération à Gaza-ville à 21 ans le 20 juillet 2014, avait été ramené par l'armée de Gaza à Israël.

Pendant des années, les dépouilles des deux soldats ont été au centre de négociations indirectes entre Israël et le Hamas en vue notamment de la libération de prisonniers palestiniens.

Retrouver "une vie normale" 

Quatre dépouilles d'otages restent encore retenues à Gaza, appartenant à trois Israéliens et un Thaïlandais, morts lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël du 7 octobre 2023 qui a déclenché la guerre à Gaza.

Au début de la trêve, le Hamas avait libéré les 20 derniers otages vivants du 7-Octobre, et remis au fur et à mesure des dépouilles des otages morts.

En échange, Israël a libéré près de 2.000 prisonniers palestiniens, et rendu les corps de 15 Palestiniens tués pour chaque otage israélien décédé rendu.

En dépit de ces avancées dans l'application de l'accord de trêve, Samah Deeb, déplacée du nord de Gaza vers le centre du territoire dévasté, reste "inquiète" au vu de l'incertitude pesant sur "la prochaine étape du cessez-le-feu, qui prévoit le désarmement du Hamas et l'administration de la bande de Gaza".

"Nous nous sentons toujours prisonniers de la situation", déclare cette trentenaire à l'AFP.

"Nous voulons le retrait d'Israël. Nous voulons retourner dans nos maisons détruites (...), rebâtir les infrastructures et les écoles, et redonner une vie normale à nos enfants", abonde un autre Gazaoui déplacé, Mohammed Zamlout.

L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.221 personnes côté israélien, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Depuis lors, plus de 69.176 Palestiniens, essentiellement des civils, ont été tués dans la bande de Gaza par la campagne militaire israélienne de représailles, selon le ministère de la Santé de Gaza, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU. La guerre a plongé le territoire dans une grave crise humanitaire.