Syrie: l'envoyé spécial de l'ONU appelle à la fin "immédiate" des attaques israéliennes

Des soldats israéliens montent la garde alors que des hommes druzes manifestent en solidarité avec la communauté druze syrienne près de la barrière frontalière dans le village de Majdal Shams sur le plateau du Golan annexé par Israël, le 30 avril 2025. (AFP)
Des soldats israéliens montent la garde alors que des hommes druzes manifestent en solidarité avec la communauté druze syrienne près de la barrière frontalière dans le village de Majdal Shams sur le plateau du Golan annexé par Israël, le 30 avril 2025. (AFP)
Short Url
Publié le Samedi 03 mai 2025

Syrie: l'envoyé spécial de l'ONU appelle à la fin "immédiate" des attaques israéliennes

  • L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie a appelé samedi Israël à "cesser immédiatement" ses attaques contre ce pays
  • Plus de 20 frappes israéliennes ont visé des sites militaires à travers la Syrie dans la nuit de vendredi à samedi - les  "les plus violentes" cette année selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH)

DAMAS: L'envoyé spécial de l'ONU pour la Syrie a appelé samedi Israël à "cesser immédiatement" ses attaques contre ce pays, après de nouvelles frappes dans la nuit de l'armée israélienne, qui a annoncé être "déployée" dans le sud syrien "prête" à y protéger les villages druzes.

Plus de 20 frappes israéliennes ont visé des sites militaires à travers la Syrie dans la nuit de vendredi à samedi - les  "les plus violentes" cette année selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) - après un raid aérien d'Israël contre un secteur proche du palais présidentiel à Damas.

Israël a annoncé avoir mené ce bombardement samedi à l'aube en guise d'avertissement contre toute atteinte à la minorité druze de Syrie, après des violences confessionnelles en début de semaine entre groupes armés liés au pouvoir syrien et combattants druzes ayant fait plus de 100 morts, selon l'OSDH.

"Je condamne fermement les violations continues et croissantes de la souveraineté de la Syrie par Israël, y compris les multiples frappes aériennes à Damas et dans d'autres villes", a indiqué dans un communiqué l'envoyé spécial de l'ONU, Geir Pedersen.

Il a demandé "que ces attaques cessent immédiatement et qu'Israël cesse de mettre en danger les civils syriens et respecte le droit international".

L'agence officielle syrienne Sana a annoncé qu'un "civil" avait été tué par les frappes nocturnes, qui ont visé, selon l'armée israélienne, des infrastructures militaires près de la capitale de la Syrie, pays avec lequel Israël est toujours en état de guerre.

Depuis l'arrivée au pouvoir à Damas, le 8 décembre, d'une coalition menée par des islamistes sunnites, qu'il considère avec la plus grande méfiance, Israël a pris fait et cause pour les druzes de Syrie. Cette communauté à la pratique religieuse très secrète, issue d'une branche de l'islam chiite, est également implantée en Israël et au Liban.

- "Dangereuse escalade" -

En dépit des condamnations onusiennes, et de mises en garde internationales sur le risque de déstabilisation de la Syrie, l'armée israélienne a de son côté annoncé samedi être "déployée dans le sud de la Syrie et prête à empêcher l'entrée de forces hostiles dans la zone des villages druzes", sans précision sur le nombre et la répartition de ses forces.

Selon un responsable druze local de la province de Soueïda, "il n'y a eu aucun déploiement de soldats israéliens" dans ce secteur, bastion de la minorité druze dans le sud syrien.

"Leur présence serait limitée à la province de Quneitra", plus à l'ouest, "où ils ont établi des positions après la chute du régime [de Bachar] al-Assad" en décembre, a-t-il dit à l'AFP.

Après la chute du pouvoir Assad, l'armée israélienne avait annoncé s'être déployée dans cette zone, théoriquement démilitarisée à l'est de la ligne de cessez-le-feu de 1973 entre la Syrie et Israël sur le Golan syrien, pour prévenir toute action hostile venant du pays voisin. Israël occupe depuis 1967 une partie du Golan syrien, qu'il a annexée en 1981.

Selon l'armée israélienne, 15 druzes syriens ont aussi été admis dans un hôpital de Safed (nord d'Israël) pour y être soignés après avoir été blessés en Syrie depuis mercredi.

La présidence syrienne a condamné comme une "dangereuse escalade" la frappe près du palais présidentiel.

- "Peser dans la balance" -

Les combats lundi et mardi - à Jaramana, en banlieue de Damas à majorité druze, à Sahnaya, à 15 kilomètres de la capitale, où vivent des druzes et des chrétiens, et à Soueïda - ont été déclenchés par une attaque de groupes armés affiliés au pouvoir après la diffusion d'un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet.

Les autorités syriennes, qui ont depuis réaffirmé leur "engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze", ont mis en cause des éléments échappant à leur contrôle.

Mais ces affrontements meurtriers interrogent sur leur capacité à contrôler le pays, multiethnique et multiconfessionnel, morcelé par 14 ans de guerre civile.

Bien avant qu'ils n'éclatent, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dont le pays a multiplié les frappes contre des sites militaires dans le pays voisin, avait "exigé la démilitarisation totale du sud de la Syrie" afin de "contrer toute menace" contre son pays.

Israël "espère à la fois se trouver des alliés locaux, particulièrement dans le sud syrien, mais aussi peser dans la balance à un moment où le futur de la Syrie reste incertain", décrypte l'analyste indépendant Michael Horowitz.


L'unification de la Syrie ne doit pas se faire par la force, a déclaré le président

 Le président par intérim syrien, Ahmad al-Chareh (Photo AFP)
Le président par intérim syrien, Ahmad al-Chareh (Photo AFP)
Short Url
  • « Nous avons renversé le régime (de Bachar al-Assad) pour libérer la Syrie, et il nous reste une autre bataille : unifier la Syrie », a-t-il déclaré devant de hauts responsables et des notables de la province d'Idleb (nord-ouest).
  • « Elle ne doit pas se faire dans le sang ou par la force militaire, mais dans le cadre d'une entente, car la Syrie est fatiguée de la guerre », a-t-il ajouté.

DAMAS : Le président par intérim syrien, Ahmad al-Chareh, a affirmé que l'unification de la Syrie, après des années de guerre civile, ne devait pas se faire « par la force militaire », et a accusé Israël d'ingérence dans le sud du pays.

M. Chareh, dont les propos ont été rapportés dimanche par les médias officiels, s'est exprimé samedi, jour où des centaines de personnes ont manifesté dans la province méridionale de Soueida, à majorité druze, pour dénoncer les violences communautaires de juillet et réclamer le droit à l'autodétermination.

« Nous avons renversé le régime (de Bachar al-Assad) pour libérer la Syrie, et il nous reste une autre bataille : unifier la Syrie », a-t-il déclaré devant de hauts responsables et des notables de la province d'Idleb (nord-ouest).

« Elle ne doit pas se faire dans le sang ou par la force militaire, mais dans le cadre d'une entente, car la Syrie est fatiguée de la guerre », a-t-il ajouté.

Il a affirmé que « la Syrie n'est pas menacée de division. Certains veulent cela, ainsi que la création de cantons, mais c'est impossible. » « Certaines parties cherchent le pouvoir à travers des puissances régionales, Israël ou autres », a-t-il accusé.

Lors du rassemblement à Soueida, certains manifestants ont brandi le drapeau israélien et réclamé l'autodétermination de la région. « Soueida libre » ou « Al-Jolani dégage », ont-ils scandé, en référence à M. Chareh, connu jadis sous son nom de guerre, Abou Mohammad al-Jolani, lorsqu'il dirigeait un groupe rebelle islamiste. 

Les affrontements, qui ont éclaté le 13 juillet entre combattants druzes et bédouins sunnites à Soueida, ont duré une semaine avant de s'étendre avec l'intervention des forces gouvernementales et de volontaires venus d'autres régions.

Damas affirme que ses troupes sont intervenues pour mettre fin aux violences. Toutefois, des témoins, des factions druzes et l'Observatoire syrien des droits de l'homme les ont accusées d'avoir pris parti pour les Bédouins et d'avoir commis des exactions contre les Druzes.

Selon l'OSDH, les violences ont fait environ 1 600 morts, principalement des civils druzes.

M. Chareh a reconnu que Soueida « a été le théâtre de nombreuses violations commises par toutes les parties, dont des membres des forces de sécurité et de l'armée ». Les auteurs de ces violations devront répondre de leurs actes. »

Il a accusé Israël, son voisin, « d'intervenir directement à Soueida en mettant en œuvre des politiques visant à affaiblir l'État syrien ».

Israël, qui prétend vouloir protéger les Druzes et réclame une démilitarisation du sud de la Syrie, a bombardé les forces gouvernementales syriennes pendant les violences à Soueida.

Par ailleurs, concernant l'accord sur l'intégration des institutions kurdes au sein de l'État, M. Chareh a déclaré qu'il « sera appliqué ». Nous discutons des modalités de mise en œuvre. »

Les Kurdes contrôlent une grande partie du nord-est de la Syrie et réclament la décentralisation, ce que rejette Damas.


L'armée israélienne a annoncé avoir bombardé un « site énergétique » au Yémen

Ci-dessus, des Yéménites armés lors d'un rassemblement dans la capitale Sanaa, contrôlée par les Houthis, le 15 août 2025. (AFP)
Ci-dessus, des Yéménites armés lors d'un rassemblement dans la capitale Sanaa, contrôlée par les Houthis, le 15 août 2025. (AFP)
Short Url
  • Au Yémen, une source de la défense civile citée par la chaîne de télévision Al-Massira, contrôlée par les Houthis, a fait état d'une « agression » contre une centrale électrique de Sanaa, la capitale du Yémen, aux mains des rebelles.
  • Selon l'armée, les rebelles Houthis « opèrent sous la direction et le financement du régime iranien, dans le but de nuire à l'État d'Israël et à ses alliés ».

JERUSALEM : L'armée israélienne a annoncé dimanche avoir bombardé « un site énergétique » utilisé par les Houthis à Sanaa, la dernière frappe en date contre ces rebelles yéménites qui ont mené plusieurs attaques de missiles contre Israël.

Au Yémen, une source de la défense civile citée par la chaîne de télévision Al-Massira, contrôlée par les Houthis, a fait état d'une « agression » contre une centrale électrique de Sanaa, la capitale du Yémen, aux mains des rebelles.

« Tsahal a mené une frappe à quelque 2 000 kilomètres d'Israël, en plein cœur du Yémen, visant un site d'infrastructure énergétique utilisé par le régime terroriste houthi », a indiqué l'armée israélienne dans un communiqué.

« Ces raids ont été menés en réponse aux attaques répétées » menées par les Houthis « contre l'État d'Israël et ses citoyens, y compris le lancement de missiles sol-sol et de drones », a-t-elle ajouté.

Selon l'armée, les rebelles Houthis « opèrent sous la direction et le financement du régime iranien, dans le but de nuire à l'État d'Israël et à ses alliés », et « mènent des activités terroristes contre le transport maritime mondial et les routes commerciales ».

Elle a affirmé être « déterminée à éliminer toute menace contre Israël, où que cela soit nécessaire ».

Soutenus par l'Iran, ennemi juré d'Israël, les Houthis lancent régulièrement des attaques aux missiles et aux drones contre Israël, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens de Gaza.

Le territoire palestinien est ravagée par une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque du mouvement islamiste Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023. L'offensive israélienne de représailles a fait des dizaines de milliers de morts à Gaza et provoqué une catastrophe humanitaire.

Israël a mené plusieurs frappes de représailles au Yémen, visant des zones sous contrôle des Houthis, notamment des ports de l'ouest du pays et l'aéroport de Sanaa. 


Gaza : la Défense civile annonce 40 morts dans des tirs et raids israéliens

Une vue de la bande de Gaza bombardée par Israël. (AFP)
Une vue de la bande de Gaza bombardée par Israël. (AFP)
Short Url
  • Mahmoud Bassal, a indiqué que 40 Palestiniens, dont plusieurs enfants, ont été tués par les tirs et les frappes de l'armée israélienne à travers la bande de Gaza.
  • « Depuis près d'une semaine, l'ennemi sioniste mène une offensive soutenue dans les quartiers est et sud de la ville de Gaza, en particulier dans le quartier Zeitoun.

GAZA, TERRITOIRES PALESTINIENS : La Défense civile de Gaza a annoncé samedi la mort de 40 Palestiniens, dont des enfants, dans l'offensive israélienne sur le territoire, où l'armée se prépare à évacuer les civils en prévision d'une offensive imminente sur la ville de Gaza.

Le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, a indiqué à l'AFP qu'un quartier de Gaza-ville (nord) était bombardé intensément depuis près d'une semaine.

« Nous estimons que plus de 50 000 personnes restent dans le quartier de Zeitoun, la plupart sans eau ni nourriture », a-t-il déclaré, accusant Israël de « nettoyage ethnique » à Zeitoun et dans le quartier voisin de Tal al-Hawa. « Nos équipes n'ont pas accès aux blessés. »

Selon lui, 40 Palestiniens, dont plusieurs enfants, ont été tués par les tirs et les frappes de l'armée israélienne à travers la bande de Gaza. Ce bilan a été actualisé après la mort d'une personne dans une frappe sur le camp d'Al-Nousseirat.

L'armée israélienne a toutefois mis en doute ces chiffres, affirmant à l'AFP que « les institutions à Gaza sont contrôlées et dirigées par le Hamas, et donc soumises à son agenda ».

M. Bassal s'est pour sa part alarmé de la « situation catastrophique » à Gaza-ville : « Les habitants n'ont aucun endroit où se réfugier. » 

Ghassan Kashko, âgé de 40 ans, y vit avec sa famille dans une école transformée en refuge. « Nous avons oublié ce qu'est le sommeil. Les raids aériens et les tirs de char ne s'arrêtent pas. Nous n'avons plus ni nourriture ni eau potable », a-t-il raconté par téléphone à l'AFP.

« Depuis près d'une semaine, l'ennemi sioniste mène une offensive soutenue dans les quartiers est et sud de la ville de Gaza, en particulier dans le quartier Zeitoun, où des avions de guerre, de l'artillerie et des robots explosifs procèdent à une destruction systématique de la zone », a affirmé le Hamas dans un communiqué.

« Les crimes commis dans la bande de Gaza sont perpétrés au vu et au su du monde, avec une intention claire et une déclaration publique », a accusé le mouvement islamiste.

L'armée a indiqué à l'AFP qu'elle s'engageait à réduire les dommages causés aux civils lors d'activités opérationnelles, « en stricte conformité avec le droit international ». Elle « utilise divers moyens pour évaluer l'impact potentiel de ses opérations sur la population civile, tout en distinguant entre civils et combattants ».