RIYAD: Au cours des huit dernières décennies, les relations entre l’Arabie saoudite et les États-Unis se sont progressivement transformées en un partenariat riche et diversifié, couvrant des domaines clés tels que la défense, le commerce, l’éducation, le tourisme, et bien d’autres. Cette relation s'appuie sur des liens solides à tous les niveaux – des responsables politiques jusqu'aux citoyens ordinaires.
Ce n’est pas un hasard si le président Donald Trump a choisi l’Arabie saoudite, aux côtés des Émirats arabes unis et du Qatar, comme première étape de son premier voyage officiel à l’étranger durant son mandat.

Depuis 1974, six présidents américains ont effectué des visites officielles en Arabie saoudite, preuve de l’importance stratégique continue du Royaume en tant que pôle de stabilité dans une région souvent marquée par des tensions.
«Aujourd'hui, les relations américano-saoudiennes sont plus fortes que jamais, renforcées par les interactions à tous les niveaux entre nos deux pays, des responsables gouvernementaux aux citoyens ordinaires», a écrit Michael A. Ratney, le dernier ambassadeur des États-Unis en Arabie saoudite, dans une tribune publiée par Arab News le 22 septembre de l'année dernière.
Il a ajouté: «Cette force est palpable dans notre vaste coopération, qu'il s'agisse de sécurité, de commerce, de culture ou de nos efforts conjoints pour résoudre les conflits régionaux au Soudan, au Yémen et ailleurs.»
De la première coopération en matière de défense et d'énergie à la collaboration moderne dans les domaines de l'éducation, de la technologie, du tourisme et des arts, les relations bilatérales se sont approfondies au fil du temps, au gré des événements régionaux, des bouleversements mondiaux et des intérêts communs.

L'éducation est restée une pierre angulaire, notamment grâce au programme de bourses du roi Abdallah, qui a envoyé des milliers d'étudiants saoudiens aux États-Unis. Des étudiants américains sont également venus en Arabie saoudite grâce à l'université islamique de Médine et à des initiatives d'échange telles que le programme Fulbright et des partenariats tels que celui conclu entre l'université d'État de l'Arizona et le ministère saoudien de l'Éducation.
Ces dernières années, l'initiative Vision 2030 a insufflé un nouveau dynamisme à la collaboration entre l'Arabie saoudite et les États-Unis, ouvrant la voie à l'échange de connaissances et attirant des milliards de dollars d'investissements mutuels.

Comme les États-Unis, l'Arabie saoudite est une nation d'innovation, qui valorise l'esprit d'entreprise et le progrès technologique. Nombreux sont ceux qui font remonter l'élan des relations à la visite de Trump en 2017 ou à l'initiative Vision 2030. Mais les fondations ont été posées des décennies plus tôt.
Les racines remontent aux années 1940, après l'unification du Royaume par le roi Abdelaziz al-Saoud – alors connu en Occident sous le nom d'Ibn Saoud – qui a réuni les tribus de Najd et de Hijaz en 1932 pour former l'Arabie saoudite.
Le 14 février 1945, alors que la Seconde Guerre mondiale touchait à sa fin, le président Franklin D. Roosevelt a rencontré le roi Abdelaziz à bord de l'USS Quincy dans le Grand Lac Amer en Égypte, à la suite de la conférence de Yalta. Cette rencontre a marqué un tournant historique. Roosevelt demande l'avis du roi Abdelaziz sur la question des réfugiés juifs d'Europe et considère l'Arabie saoudite comme un acteur clé dans l'élaboration de l'ordre d'après-guerre.
Roosevelt avait compris que, même si la Seconde Guerre mondiale approchait de sa fin, un nouvel ordre mondial se dessinait déjà en toile de fond – et que l’Arabie saoudite serait un partenaire stratégique incontournable pour les États-Unis. Le président américain et le roi Abdelaziz ont noué une relation fondée sur un respect mutuel. En témoignage de cette amitié naissante, Roosevelt offrit au souverain saoudien un avion de ligne DC-3, bientôt suivi de deux autres, un geste symbolique qui contribua à la création de la compagnie aérienne nationale Saudia .
Roosevelt est décédé deux mois après cette rencontre historique, connue sous le nom de «Pacte du Quincy», qui posa les fondations d’une alliance durable. En 1953, les deux pays scellèrent officiellement leur coopération militaire en signant un accord d’assistance mutuelle en matière de défense.
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En 1957, le roi Saoud est devenu le premier monarque saoudien à se rendre aux États-Unis, rencontrant le président Dwight D. Eisenhower à l'aéroport national de Washington. Cette visite a mis l'accent sur la nécessité de trouver des solutions durables aux problèmes régionaux et a débouché sur un engagement à renforcer les forces armées saoudiennes.

La coopération précoce s'est étendue aux infrastructures, l'architecte américain Minoru Yamasaki ayant conçu le terminal de l'aviation civile de Dhahran en 1958. Les visites diplomatiques se sont poursuivies dans les années 1960 et 1970, consolidant les liens bilatéraux.
En 1966, le roi Fayçal a rencontré le président Lyndon Johnson lors d'une visite d'État, suivie en 1971 d'une autre visite officielle, cette fois avec le président Richard Nixon.
En 1974, les liens économiques se sont approfondis avec la création de la commission économique mixte États-Unis-ASK, axée sur le développement industriel, l'éducation, la technologie et l'agriculture. Cette année-là, le président Nixon a également effectué une visite historique en Arabie saoudite, réaffirmant ainsi le développement du partenariat.
En 1982, le vice-président George H. W. Bush s'est rendu à Riyad pour présenter ses condoléances à la suite du décès du roi Khalid, un geste qui souligne la dimension personnelle des relations bilatérales.

La coopération militaire s'est intensifiée pendant la guerre du Golfe en 1990-1991, lorsque les troupes saoudiennes se sont jointes aux forces américaines et alliées pour libérer le Koweït. Le déploiement des troupes américaines en Arabie saoudite a souligné le rôle stratégique du Royaume dans la défense régionale.
En 2002, le dialogue stratégique américano-saoudien a été lancé lors de la visite du roi Abdallah au ranch du président George W. Bush à Crawford, au Texas. Il visait à renforcer la coopération en matière de lutte contre le terrorisme, d'énergie, d'éducation et d'affaires économiques.
Cet esprit de collaboration s'est poursuivi en 2005 avec le lancement du programme de bourses d'études du roi Abdallah, conçu pour investir dans le capital humain de l'Arabie saoudite. La phase pilote a permis à plus de 9 000 étudiants saoudiens d'aller étudier aux États-Unis, un nombre qui s'est multiplié depuis.
Les engagements de haut niveau se sont poursuivis avec la visite de la première dame Laura Bush en 2007, suivie du premier voyage présidentiel du président Barack Obama en Arabie saoudite en 2009.

En 2012, le Forum stratégique CCG-États-Unis a été créé, et la secrétaire d'État de l'époque, Hillary Clinton, a assisté à la réunion ministérielle inaugurale à Riyad, renforçant ainsi le rôle du Conseil de coopération du Golfe dans la stratégie régionale des États-Unis.
Le partenariat entre les États-Unis et l’Arabie saoudite a franchi une nouvelle étape en 2017, lorsque le président Donald Trump s'et rendu à Riyad lors de son premier mandat. Sa visite a été marquée par trois sommets majeurs: le sommet arabo-islamo-américain, le sommet bilatéral entre Washington et Riyad, ainsi que le sommet entre les États-Unis et le Conseil de coopération du Golfe (CCG). Ces rencontres ont porté essentiellement sur le renforcement des relations militaires et commerciales.
Alors que le Royaume transforme son économie et redéfinit sa place sur la scène internationale à travers l'initiative Vision 2030, les partenariats avec les États-Unis demeurent fondamentaux – notamment dans les domaines de la transition énergétique, des technologies propres et de la transformation numérique.
La visite de retour du président Trump lundi, son premier voyage officiel à l'étranger au cours de son second mandat, devrait renforcer ces efforts – en se concentrant sur l'investissement, l'innovation et le renouvellement des liens interpersonnels.
Depuis la rencontre historique de 1945 entre Roosevelt et le roi Abdelaziz jusqu'à la nouvelle ère de coopération stratégique, les liens entre l'Arabie saoudite et les États-Unis ont résisté aux guerres, aux bouleversements économiques et aux changements politiques. Alors que les deux nations se tournent vers l'avenir, leur partenariat reste un point d'ancrage essentiel pour la stabilité et les opportunités mondiales.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com