PARIS: Les investissements aux Etats-Unis ont encore nettement progressé l'an dernier au détriment de l'Europe, mais "l'incertitude totale" créée par la politique de Donald Trump finira par peser sur eux, estime auprès de l'AFP Bruno Bonnell, le patron d'un vaste plan d'investissements français.
M. Trump "est totalement imprévisible, on ne sait absolument pas ce qu'il va décider demain, souligne-t-il, jugeant que "cela s'est quand même pas mal refroidi" aux Etats-Unis, ajoute M. Bonnell.
Selon M. Bonnell, les Etats-Unis ont "attrapé beaucoup d'entreprises, mais par des effets d'aubaine". Or "l'effet d'aubaine, on sait quand cela commence, on ne sait pas quand cela finit", observe-t-il, insistant sur "l'incertitude totale sur les décisions que peut prendre aujourd'hui l'administration américaine".
"Certaines entreprises disent qu'elles vont arriver à négocier en tête-à-tête avec M. Trump" sur les droits de douane, "mais en réalité personne ne sait ce qui se passe dans sa tête", insiste encore Bruno Bonnell dans cet entretien mené juste avant le sommet Choose France.
Ce sommet rassemble lundi pour la huitième année des entreprises étrangères autour du président Emmanuel Macron au château de Versailles, alors qu'EY classe la France premier pays européen pour les investissements étrangers pour la sixième année consécutive. L'an dernier, 15 milliards d'euros de projets y avaient été annoncés.
France 2030 est le plan d'investissement sur cinq ans de 54 milliards d'euros en soutien d'entreprises lancé en 2021 par Emmanuel Macron pour "rattraper le retard industriel français".
Dans un but similaire, l'administration Biden a mis en place en 2022 un plan massif baptisé IRA (Inflation Reduction Act) offrant des subventions aux entreprises voulant développer des projets dans les industries d'avenir, et attirant ainsi de nombreux candidats.
Selon le baromètre du cabinet EY publié mercredi et se basant sur les chiffres de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (Cnuced), les investissements aux Etats-Unis ont progressé de 20% l'an dernier sur un an, contribuant au recul de l'attractivité européenne.
Cependant, dès son accession à la Maison Blanche, le président américain Donald Trump a souhaité remettre en cause le projet de son prédécesseur.
Il a annoncé le 2 avril de très fortes hausses des droits de douanes sur les produits importés - 20% pour les produits européens par exemple - qu'il a suspendues la semaine suivante pour trois mois, tout en gardant une hausse-plancher générale de 10%.
M. Trump entend attirer les investissements étrangers et les créations d'emplois en imposant ces droits de douane, afin d'encourager les entreprises à s'implanter aux Etats-Unis pour y échapper.