Liban: trois morts dans des frappes israéliennes

Des soldats de l'armée libanaise se tiennent à côté d'une voiture détruite lors d'une attaque de drone israélien à Abu al-Aswad, dans le sud du Liban, le 17 mai 2025. (AFP)
Des soldats de l'armée libanaise se tiennent à côté d'une voiture détruite lors d'une attaque de drone israélien à Abu al-Aswad, dans le sud du Liban, le 17 mai 2025. (AFP)
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Publié le Jeudi 22 mai 2025

Liban: trois morts dans des frappes israéliennes

  • Le ministère libanais de la Santé a fait état mercredi de trois morts dans des frappes israéliennes sur le sud du pays, où Israël continue de cibler régulièrement le Hezbollah malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis novembre

BEYROUTH: Le ministère libanais de la Santé a fait état mercredi de trois morts dans des frappes israéliennes sur le sud du pays, où Israël continue de cibler régulièrement le Hezbollah malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis novembre.

Selon le ministère, "une personne a été tuée dans un raid de drone de l'ennemi israélien visant une voiture dans le village de Aïn Baal", dans le district de Tyr.

D'autres attaques par drone ont tué une personne dans le village de Yater et une autre à Aitaroun, deux localités proches de la frontière israélienne.

De son côté, l'armée israélienne a dit avoir "éliminé le terroriste Hussein Nazih Barja" dans une frappe visant la région de Tyr, sans préciser le nom du village.

Selon elle, Hussein Barja était un ingénieur clef dans la production locale d'armement du Hezbollah, également chargé de développer l'infrastructure de production de missiles sol-sol du mouvement.

L'armée israélienne a en outre affirmé avoir "éliminé un commandant" de la force al-Radwan, l'unité militaire d'élite du Hezbollah, dans la localité de Yater et frappé un "terroriste du Hezbollah" à Aitaroun.

Un responsable local de Yater a déclaré que l'attaque sur son village avait tué un homme qui utilisait un bulldozer pour dégager les décombres de sa maison endommagée par la dernière guerre, a rapporté l'Agence nationale d'information Ani.

Il s'agit de la quatrième attaque israélienne en trois jours sur le sud du Liban. Mardi, neuf personnes ont été blessées. Israël a affirmé de son côté avoir "éliminé un commandant local du Hezbollah".

Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre, l'armée israélienne continue de bombarder le Liban en disant viser combattants et infrastructures du Hezbollah, et a maintenu cinq positions dans le sud du territoire libanais.

Le Liban appelle régulièrement la communauté internationale à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses attaques et se retire de son territoire.

Les affrontements entre le Hezbollah et Israël, déclenchés dans la foulée de la guerre à Gaza en octobre 2023, ont tourné à la guerre ouverte entre septembre et novembre 2024.

La formation libanaise pro-iranienne est sortie affaiblie de cette confrontation au cours de laquelle elle a perdu son chef, Hassan Nasrallah, tué dans une frappe israélienne.

L'accord de trêve parrainé par les Etats-Unis et la France prévoit notamment le démantèlement de son infrastructure militaire entre le fleuve Litani et la frontière israélienne, à une trentaine de kilomètres au sud.

Mardi, l'émissaire américaine adjointe pour le Moyen-Orient, Morgan Ortagus, a déclaré que le Liban avait encore "beaucoup à faire" pour désarmer le Hezbollah, et "pas seulement au sud du Litani" mais également "dans tout le pays".


Aoun et Abbas: «Le Liban ne servira pas de base à des attaques contre Israël»

Le président libanais Joseph Aoun et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas défilent ensemble devant la garde d'honneur au palais présidentiel de Baabda, le 21 mai 2025. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas défilent ensemble devant la garde d'honneur au palais présidentiel de Baabda, le 21 mai 2025. (AFP)
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  • L'ère des armes échappant à l'autorité de l'État libanais est révolue, affirment les présidents
  • Les dirigeants appellent également à une paix juste et durable dans la région

BEYROUTH: Les présidents libanais et palestinien sont convenus que les factions palestiniennes n'utiliseraient pas le Liban comme base de lancement pour des attaques contre Israël.

Les deux parties ont également décidé, mercredi, de retirer les armes qui ne sont pas sous l'autorité de l'État libanais.

L'annonce a été faite au début de la visite de trois jours du président palestinien Mahmoud Abbas au Liban.

M. Abbas et le président libanais Joseph Aoun ont affirmé leur «engagement à respecter le principe de la possession exclusive des armes par l'État libanais et à mettre fin à toute manifestation sortant du cadre de l'État libanais».

Dans une déclaration conjointe, les autorités libanaises et palestiniennes ont réaffirmé leur attachement au respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale du Liban. Elles ont souligné leur conviction que «l’ère des armes échappant à l’autorité de l’État libanais est révolue», insistant sur les sacrifices considérables consentis par les peuples libanais et palestinien au fil des décennies.

La partie palestinienne a pour sa part réaffirmé son engagement à ne pas utiliser le territoire libanais comme base pour des opérations militaires, ainsi que son respect de la politique de non-ingérence du Liban et de son souci d’éviter toute implication dans des conflits régionaux.

Les deux parties ont exprimé leur accord sur la nécessité d’œuvrer à une paix juste et durable au Proche-Orient, permettant au peuple palestinien d’établir un État indépendant, conformément aux résolutions internationales. Elles ont également insisté sur le respect des droits légitimes de tous les peuples de la région.

La déclaration conjointe condamne fermement l’agression israélienne en cours dans la bande de Gaza, pointant les pertes humaines considérables et la catastrophe humanitaire sans précédent qui en découle. Elle appelle la communauté internationale à intervenir rapidement et sérieusement pour mettre fin à cette situation et garantir la protection des civils palestiniens.

Le président palestinien Mahmoud Abbas, arrivé à Beyrouth vers 13 heures, s’est immédiatement rendu au palais présidentiel. Selon une source officielle, les entretiens ont notamment porté sur la question des armes présentes dans les camps palestiniens au Liban, l’extension de l’autorité de l’État libanais sur ces zones, ainsi que sur le cadre de mise en œuvre du plan convenu.

Enfin, les présidents Joseph Aoun et Mahmoud Abbas ont souligné l’urgence de renforcer le rôle des Nations unies et de ses institutions dans la protection du peuple palestinien, ainsi que dans le respect du droit international et l’application des résolutions de la légitimité internationale.

Les dirigeants libanais et palestinien ont condamné les attaques israéliennes répétées contre le Liban et ont appelé la communauté internationale – en particulier les États-Unis et la France – à faire pression sur Israël pour qu’il respecte l’accord conclu en novembre 2024 sous leur égide. Cet accord prévoit notamment la cessation des hostilités, le retrait israélien des collines occupées, ainsi que la libération des prisonniers libanais.

La mise en œuvre de ces engagements est jugée indispensable pour permettre à l’armée libanaise de se déployer pleinement jusqu’aux frontières internationalement reconnues, conformément à la résolution 1701 de l’ONU, à laquelle le Liban reste résolument attaché.

Les deux parties ont également insisté sur l’importance d’une coordination renforcée entre les autorités libanaises et palestiniennes afin d’assurer la stabilité au sein et autour des camps de réfugiés palestiniens. Elles se sont engagées à coopérer dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme, et à veiller à ce que les camps ne deviennent pas des refuges pour des groupes radicaux.

Concernant la situation des réfugiés palestiniens au Liban, les responsables ont souligné la nécessité de soutenir durablement l’Unrwa, afin qu’elle puisse poursuivre ses missions et bénéficier de ressources financières suffisantes pour répondre aux besoins des populations.

Ils sont également convenus de la création d’un comité mixte libano-palestinien, chargé de suivre l’évolution de la situation dans les camps, de veiller à l’amélioration des conditions de vie des réfugiés, tout en respectant la souveraineté et les lois du Liban.

Au cours de sa visite à Beyrouth, le président Mahmoud Abbas doit rencontrer plusieurs hauts responsables, dont le président du Parlement Nabih Berri, le Premier ministre Nawaf Salam, ainsi que des représentants des factions palestiniennes présentes dans les camps.

Par ailleurs, l’Académie Hani Fahs pour le dialogue et la paix remettra à M. Abbas, ce jeudi, le Prix 2025 des artisans de la paix, en hommage à ses efforts pour favoriser la réconciliation libano-palestinienne.

Il est à noter que la question des armes dans les camps palestiniens au Liban n’est pas nouvelle. Elle avait déjà été abordée dans l’accord de Doha de 2006, puis de nouveau lors du dialogue national libanais en 2008, sous la présidence de Michel Sleiman.

La discussion a porté sur la nécessité de désarmer les factions palestiniennes dans les camps de réfugiés et dans les communautés palestiniennes bénéficiant d'une protection politique.

La clause n'a cependant pas été appliquée, ce qui a conduit à des affrontements dans le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared entre l'armée libanaise et des factions palestiniennes soutenues par l'ancien régime syrien.

La question a été de nouveau abordée lors de la visite de M. Abbas au Liban en 2013. Lors d'une rencontre avec l'ancien président Sleiman, il a déclaré que les Palestiniens étaient «des invités au Liban et qu'ils étaient soumis à la loi».

«La présence palestinienne au Liban est temporaire et l'unité et la souveraineté du territoire libanais sont une question sacrée pour nous. Nous comptons sur le gouvernement libanais pour protéger la sécurité des réfugiés palestiniens et assurer leur bien-être», a-t-il déclaré.

Aïn el-Heloué – le camp de réfugiés palestiniens le plus grand et le plus peuplé du Liban – a été le théâtre d'affrontements armés en 2013 entre les factions Jound al-Cham et Fateh al-Islam, qui ont entraîné la mort de 16 soldats libanais.

M. Abbas s'est également rendu au Liban en 2017 et s'est entretenu avec l'ancien président Michel Aoun. L'année suivante, des affrontements sanglants ont éclaté au sein d'Aïn el-Heloué entre le mouvement Fatah et des extrémistes armés, entraînant des dissensions entre les factions palestiniennes sur place.

D'autres affrontements ont eu lieu en 2023 entre des membres du Fatah et des individus affiliés à des groupes extrémistes proches du Hamas.

Selon un recensement effectué en 2017 par l'Administration centrale des statistiques du Liban et le Bureau central palestinien des statistiques, 174 422 réfugiés palestiniens vivaient dans des camps et d'autres poches au Liban.

Il existait également des centres militaires palestiniens affiliés à des factions palestiniennes fidèles au régime syrien, situés en dehors des camps palestiniens, notamment dans la Békaa, qui ont été remis à l'armée libanaise après la chute du régime de Bachar el-Assad.

La crise de l'armement palestinien a atteint son paroxysme après la mise en œuvre de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah en novembre de l'année dernière, lorsque des membres du Hamas ont lancé à plusieurs reprises des roquettes sur la partie israélienne depuis le sud du Liban.

L'armée libanaise a poursuivi et appréhendé plusieurs suspects, mais quatre d'entre eux ont échappé à la capture et se sont cachés dans des camps de réfugiés palestiniens à Tyr. Trois d'entre eux se sont ensuite rendus au Hamas à la suite des pressions exercées par le gouvernement libanais sur ses dirigeants, tandis que le quatrième, qui serait un religieux, est toujours en fuite.

Haitham Zaiter, membre du Conseil national et central palestinien, a déclaré que la visite de M. Abbas était porteuse d'un «message de soutien au Liban».

Lors des réunions prévues, il sera rappelé que les Palestiniens présents au Liban sont considérés comme des invités, appelés à respecter la souveraineté nationale et à se conformer aux lois libanaises, en attendant leur retour légitime dans leur patrie d’origine – un droit imprescriptible, qui, selon les termes employés, «ne se renie pas et ne s’éteint pas avec le temps».

Les discussions porteront également sur les droits sociaux, civils et économiques des réfugiés palestiniens, notamment le droit au travail et à la propriété, aujourd’hui restreints par la législation en vigueur. À ce titre, la nécessité de réformer certaines lois sera évoquée, tout en soulignant que toute personne palestinienne sur le territoire libanais demeure soumise au cadre juridique national.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Offensive à Gaza : Netanyahu prêt à un «cessez-le-feu temporaire» pour libérer des otages

Un enfant palestinien se tient près du corps d'une personne tuée lors de frappes aériennes israéliennes, le 21 mai 2025, dans l'enceinte de l'hôpital arabe Al-Ahli de la ville de Gaza, également connu sous le nom d'hôpital baptiste. (AFP)
Un enfant palestinien se tient près du corps d'une personne tuée lors de frappes aériennes israéliennes, le 21 mai 2025, dans l'enceinte de l'hôpital arabe Al-Ahli de la ville de Gaza, également connu sous le nom d'hôpital baptiste. (AFP)
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  • Israël est prêt à accepter un "cessez-le-feu temporaire" permettant de libérer des otages
  • Réitérant son plan de prendre le contrôle de toute la bande de Gaza, il a concédé qu'Israël devait "éviter une crise humanitaire" pour garder sa liberté d'action

JERUSALEM: Israël est prêt à accepter un "cessez-le-feu temporaire" permettant de libérer des otages, a déclaré mercredi soir le Premier ministre Benjamin Netanyahu, tout en affirmant que l'armée contrôlerait "toute la bande de Gaza" à l'issue de l'offensive en cours dans le territoire palestinien.

Cette annonce, dans un contexte de pressions internationales accrues sur Israël pour sa conduite de la guerre à Gaza, est intervenue dans la foulée d'un tollé suscité mercredi par des tirs de "coups de semonce" de l'armée israélienne lors d'une visite de diplomates étrangers organisée par l'Autorité palestinienne à Jénine, en Cisjordanie occupée.

Au cours d'une conférence de presse mercredi soir à Jérusalem, M. Netanhayu n'a pas commenté l'incident déploré par l'UE, l'ONU, la Turquie, l'Uruguay et plusieurs pays européens. L'armée israélienne avait auparavant expliqué que la délégation internationale s'était "écartée de l'itinéraire approuvé" et que des soldats avaient "tiré des coups de semonce pour les éloigner".

Le Premier ministre a en revanche laissé entrevoir une possible pause dans l'offensive d'envergure lancée samedi dans le but affiché de libérer les otages et d'anéantir le Hamas.

"S'il y a une option de cessez-le-feu temporaire, pour libérer des otages, nous serons prêts", a-t-il déclaré, affirmant que 20 des 58 otages (dont un soldat tué en 2014) toujours à Gaza sont "en vie de façon certaine".

Réitérant son plan de prendre le contrôle de toute la bande de Gaza, il a concédé qu'Israël devait "éviter une crise humanitaire" pour garder sa liberté d'action.

100 nouveaux camions d'aide à Gaza 

En début de soirée, Israël a annoncé l'entrée mercredi à Gaza de 100 camions d'aide humanitaire de l'ONU, après 93 la veille et une dizaine lundi après plus de deux mois et demi de blocus total du territoire palestinien dévasté par la guerre.

"Cent camions appartenant à l'ONU et à la communauté internationale, transportant de l'aide humanitaire - notamment de la farine, de la nourriture pour bébés et du matériel médical - ont été transférés aujourd'hui (mercredi) vers la bande de Gaza par le point de passage de Kerem Shalom", a affirmé dans un communiqué le Cogat, un organisme du ministère de la Défense israélien.

Mais vers 16H00 GMT, "aucune des provisions" n'avait pu "quitter la zone de chargement de Kerem Shalom", où les marchandises doivent être transbordées, a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU.

Mardi, le Royaume-Uni avait annoncé la suspension de ses négociations avec Israël sur un accord de libre-échange, et l'Union européenne a décidé un réexamen de son accord d'association avec Israël, soutenu par 17 Etats membres.

"Les pressions extérieures ne détourneront pas Israël de sa voie pour défendre son existence et sa sécurité", avaient réagi les Affaires étrangères israéliennes.

Et le ministère israélien avait jugé que le réexamen de l'accord d'association reflétait "une incompréhension totale de la réalité complexe à laquelle Israël" fait face et encourageait "le Hamas à rester sur ses positions".

L'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles.  251 personnes avaient été enlevées.

La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 53.655 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

L'armée israélienne a intercepté mercredi une roquette tirée de la bande de Gaza, selon un communiqué militaire, après que des sirènes d'alerte aient retenti dans des zones du sud d'Israël.

Le ministère libanais de la Santé a pour sa part fait état de trois morts dans des frappes israéliennes sur le sud du pays, où Israël continue de cibler régulièrement le Hezbollah malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis novembre.


Tollé après des tirs israéliens pendant une visite de diplomates en Cisjordanie

Plusieurs pays européens ainsi que l'UE, l'ONU, le Japon et le Canada ont exprimé de vives protestations après qu'Israël a effectué mercredi des tirs, que son armée a qualifiés de "semonce", lors d'une visite de diplomates organisée par l'Autorité palestinienne en Cisjordanie occupée. (AFP)
Plusieurs pays européens ainsi que l'UE, l'ONU, le Japon et le Canada ont exprimé de vives protestations après qu'Israël a effectué mercredi des tirs, que son armée a qualifiés de "semonce", lors d'une visite de diplomates organisée par l'Autorité palestinienne en Cisjordanie occupée. (AFP)
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  • L'Autorité palestinienne a accusé des soldats israéliens d'avoir ouvert le feu "à balles réelles" sur des diplomates étrangers participant à une visite organisée par ses soins à Jénine
  • Selon l'agence de presse palestinienne Wafa, la délégation comprenait des diplomates de nombreux pays, notamment de France, du Royaume-Uni, d'Espagne, du Canada, de Russie, de Turquie, du Brésil, d'Inde, d'Egypte, du Chili et du Japon

JENINE: Plusieurs pays européens ainsi que l'UE, l'ONU, le Japon et le Canada ont exprimé de vives protestations après qu'Israël a effectué mercredi des tirs, que son armée a qualifiés de "semonce", lors d'une visite de diplomates organisée par l'Autorité palestinienne en Cisjordanie occupée.

Cet incident survient dans un contexte de pressions internationales accrues sur Israël pour sa conduite de la guerre à Gaza, au but affiché d'anéantir le Hamas. Les Européens, en particulier, avaient haussé le ton en début de semaine.

L'Autorité palestinienne a accusé des soldats israéliens d'avoir ouvert le feu "à balles réelles" sur des diplomates étrangers participant à une visite organisée par ses soins à Jénine, zone au coeur d'une offensive militaire israélienne dans le nord de la Cisjordanie occupée.

Selon l'agence de presse palestinienne Wafa, la délégation comprenait des diplomates de nombreux pays, notamment de France, du Royaume-Uni, d'Espagne, du Canada, de Russie, de Turquie, du Brésil, d'Inde, d'Egypte, du Chili et du Japon.

Dernier en date, le gouvernement japonais a dit jeudi regretter "profondément qu'un tel incident se soit produit", soulignant que "cela ne doit pas se reproduire". "Le gouvernement japonais a protesté auprès de la partie israélienne et a demandé une explication", a précisé un porte-parole.

Le Premier ministre canadien, Mark Carney, a qualifié mercredi soir de "totalement inacceptables" cet incident. Quatre Canadiens faisaient partie de la délégation.

"Nous attendons une explication immédiate sur ce qui s'est passé. C'est totalement inacceptable", a-t-il déclaré, ajoutant que sa ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, avait convoqué l'ambassadeur d'Israël à Ottawa pour exiger des réponses.

Toute menace contre la vie de diplomates est "inacceptable", a de son côté réagi à Bruxelles la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas.

Une opinion partagée par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres qui a réclamé une "enquête minutieuse" des autorités israéliennes.

L'Allemagne, la Belgique, l'Espagne, l'Irlande, les Pays-Bas, la Roumanie, la Turquie, la Jordanie, l'Arabie saoudite et l'Egypte ont également condamné les tirs. Rome, Paris, Madrid et Lisbonne ont également l'intention de convoquer les ambassadeurs d'Israël ou à défaut le chargé d'affaires.

En Amérique latine, l'Uruguay a convoqué mercredi l'ambassadrice d'Israël en Uruguay, Michal Hershkovitz, pour "clarifier les faits", tandis que le Mexique a également annoncé qu'elle demanderait à Israël des "clarifications".

L'Autorité palestinienne a dénoncé pour sa part un "crime odieux commis par les forces d'occupation israéliennes".

L'armée israélienne a exprimé ses regrets dans un communiqué et expliqué que "la délégation s'est écartée de l'itinéraire approuvé et est entrée dans une zone où elle n'était pas autorisée à se trouver". "Des soldats en opération dans la zone ont tiré des coups de semonce pour les éloigner", a-t-elle ajouté.

"Cessez-le-feu temporaire" 

Lors d'une conférence de presse en début de soirée, le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'est dit prêt à accepter un "cessez-le-feu temporaire" permettant de libérer des otages, affirmant que 20 des 58 otages (dont un soldat tué en 2014) toujours à Gaza sont "en vie de façon certaine".

Israël a ensuite annoncé l'entrée mercredi à Gaza de 100 camions d'aide humanitaire de l'ONU, après 93 la veille et une dizaine lundi après plus de deux mois et demi de blocus total du territoire palestinien dévasté par la guerre.

La défense civile de Gaza a pour sa part fait état de 19 personnes, "pour la plupart des enfants" tuées dans des raids aériens israéliens à travers le territoire "la nuit dernière et tôt" mercredi.

L'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien qui a déclenché la guerre le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles.

La campagne de représailles israéliennes a fait au moins 53.655 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.