Comment les pays du Maghreb préparent chaque année leurs pèlerins pour La Mecque

Des fidèles musulmans se rassemblent pour prier autour de la Kaaba, dans la Grande Mosquée de la ville sainte de La Mecque, le 1er juin 2025, avant le pèlerinage annuel du Hadj. (Photo par HAZEM BADER / AFP)
Des fidèles musulmans se rassemblent pour prier autour de la Kaaba, dans la Grande Mosquée de la ville sainte de La Mecque, le 1er juin 2025, avant le pèlerinage annuel du Hadj. (Photo par HAZEM BADER / AFP)
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Publié le Lundi 02 juin 2025

Comment les pays du Maghreb préparent chaque année leurs pèlerins pour La Mecque

  • Les pays du Maghreb intensifient leurs préparatifs pour accompagner des dizaines de milliers de fidèles vers La Mecque.
  • Une attention particulière est portée aux personnes âgées, qui représentent une grande partie des pèlerins maghrébins.

RIYAD : À l’approche du Hajj, l’un des cinq piliers de l’islam, les pays du Maghreb intensifient leurs préparatifs pour accompagner des dizaines de milliers de fidèles vers La Mecque. Dans chaque pays, entre logistique, encadrement religieux, précautions sanitaires et émotion spirituelle, le départ pour les lieux saints est un moment d’une intensité rare. Arab News en français vous propose de découvrir les coulisses d'une grande organisation religieuse.

Avec un quota de plus de 42 000 pèlerins algériens pour 2025, l’organisation du Hajj est prise très au sérieux par les autorités. Le ministère des Affaires religieuses, en collaboration avec l’Office national du pèlerinage (ONPO), orchestre l’ensemble du processus : tirage au sort, formations religieuses, accompagnement médical, transport et hébergement.

Une attention particulière est portée aux personnes âgées, qui représentent une grande partie des pèlerins maghrébins. Nombre d’entre eux effectuent ce voyage sacré à un âge avancé, après des années d’attente et d’épargne. Mais avec des températures dépassant les 45 °C à La Mecque et des efforts physiques considérables (marche, longues stations debout, montée à Mina, séjour à Arafat), la santé devient une priorité absolue.

« J’ai attendu ce moment pendant plus de vingt ans. Quand j’ai vu mon nom sortir au tirage au sort, j’ai pleuré de gratitude », confie Mohamed, un retraité de Tizi Ouzou de 65 ans. « Maintenant, je me prépare chaque semaine à la mosquée. J’apprends les invocations, les rites, et surtout à purifier mon cœur avant ce grand voyage. »

Comme lui, de nombreux fidèles ont été conseillés par les autorités et leurs médecins de se préparer physiquement plusieurs mois à l’avance, voire une année entière, grâce à des exercices doux : marche régulière, alimentation équilibrée, contrôle du diabète ou de l’hypertension.

Aïcha, 59 ans, de Blida, déclare : « Avant de partir, j’ai demandé pardon à mes proches, réglé mes dettes, fait mon testament. Le Hajj, ce n’est pas juste un voyage. C’est un retour à l’essentiel. Mais je sais aussi que le corps doit être prêt. J’ai commencé à marcher tous les matins pour renforcer mes jambes. »

La Tunisie prévoit d’envoyer environ 10 000 pèlerins cette année. Le ministère des Affaires religieuses supervise les préparatifs avec l’aide de l’Office du pèlerinage et d’agences de voyages agréées. L’aspect sanitaire est également central, avec des visites médicales obligatoires et un accompagnement renforcé sur place.

Souad, une institutrice de 48 ans originaire de Sfax, explique : « J’ai commencé mes préparatifs dès le mois de Rajab. J’ai suivi des cours religieux et consulté mon médecin. Ce qui est le plus émouvant, c’est de savoir qu’à La Mecque, tous les musulmans sont égaux, vêtus de simples habits blancs. »

Khaled, 71 ans, de Kairouan, témoigne : « Mon épouse est décédée il y a deux ans. C’était notre projet commun. Je pars en pensant à elle, avec sa photo dans ma poche et sa prière dans mon cœur. Mais à mon âge, j’ai aussi conscience des risques, je bois beaucoup d’eau, je me protège du soleil et je respecte scrupuleusement les recommandations médicales. »

Cette année, plus de 34 000 fidèles marocains effectueront le Hajj. Le ministère des Habous et des Affaires islamiques organise les départs en collaboration avec Royal Air Maroc et des agences privées encadrées.

Nawal, âgée de 54 ans et originaire de Fès, raconte : « Dans notre quartier, nous nous sommes réunis tous les samedis pour suivre des cours sur le Hajj. On nous a appris que le pèlerinage commence dans le cœur, bien avant l’avion. Et aussi dans le corps : on nous a conseillé de marcher, de monter les escaliers, de tester notre endurance. »

Rachid, 60 ans, de Marrakech, qui part avec son épouse, souligne : « Nous avons économisé pendant huit ans. Nous avons tout sacrifié pour vivre ce moment. Le Hajj, c’est une renaissance. Alors, on s’y prépare comme pour une nouvelle vie. »

Le royaume chérifien met aussi en place un encadrement religieux et médical renforcé, avec des délégations sur place à La Mecque et Médine. Les autorités veillent également à ce que les logements soient confortables, que les pèlerins s'hydratent correctement et qu'une assistance soit proposée aux personnes vulnérables.

Du Maghreb à La Mecque, les pèlerins algériens, tunisiens et marocains partagent un même rêve : marcher sur les traces du Prophète, demander pardon, prier pour leurs proches et revenir transformés. Mais tous savent aujourd’hui que la foi seule ne suffit pas : il faut aussi une bonne condition physique, un mental préparé et une vigilance de chaque instant face à la chaleur du désert et à l’effort intense que requiert ce pèlerinage.

Comme le résume Fatima, 62 ans, d’Alger : « Là-bas, personne ne verra nos passeports. Il n’y aura que des âmes tournées vers Dieu. » Mais Dieu nous a aussi confié nos corps, et nous devons en prendre soin pour accomplir ce rite jusqu’au bout. »


Le sermon d'Arafat met l'accent sur la foi et l'unité

Le sermon d'Arafat est considéré comme le moment spirituel central du Hajj. (SPA)
Le sermon d'Arafat est considéré comme le moment spirituel central du Hajj. (SPA)
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  • Cheikh Saleh bin Abdullah bin Hamid, imam et prédicateur de la Grande Mosquée, a prononcé jeudi le sermon annuel d'Arafat à la mosquée Namirah, marquant l'un des moments les plus sacrés du pèlerinage du Hadj.
  • Le sermon d'Arafat est considéré comme le cœur spirituel du pèlerinage, attirant chaque année des millions de musulmans sur le site où le prophète Mohommed a prononcé son sermon d'adieu il y a plus de 1 400 ans.

DUBAÏ :  Cheikh Saleh bin Abdullah bin Hamid, imam et prédicateur de la Grande Mosquée, a prononcé jeudi le sermon annuel d'Arafat à la mosquée Namirah, marquant l'un des moments les plus sacrés du pèlerinage du Hadj.

S'adressant aux pèlerins rassemblés dans les plaines d'Arafat, Cheikh Bin Hamid a décrit le jour d'Arafat comme une « grande étape de la foi » où s'incarnent les significations du monothéisme, de la piété et de l'unité entre les musulmans. Il a exhorté les fidèles à saisir l'opportunité spirituelle de cette journée en se souvenant, en rendant grâce et en adressant des supplications sincères à Allah. 

« Le jour d'Arafat est un moment où les musulmans se tiennent unis devant leur créateur, égaux dans leur foi, dépouillés de toute distinction mondaine, parés des valeurs de servitude et d'humilité », a-t-il déclaré. « C'est un jour où les prières sont exaucées et les bonnes actions multipliées. »

Le sermon a été suivi par de hauts responsables saoudiens et des chefs religieux, notamment le prince Saud bin Mishal bin Abdulaziz, vice-gouverneur de la région de La Mecque et vice-président du Comité central du Hadj, le grand mufti du royaume, Cheikh Abdulaziz Al Al-Sheikh, le ministre des Affaires islamiques, Cheikh Abdullatif Al Al-Sheikh, ainsi que le ministre du Hadj et de la Omra, Tawfiq Al-Rabiah.

Le sermon d'Arafat est considéré comme le cœur spirituel du pèlerinage, attirant chaque année des millions de musulmans sur le site où le prophète Mohommed a prononcé son sermon d'adieu il y a plus de 1 400 ans.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


Le bateau pour Gaza avec Rima Hassan et Greta Thunberg porte secours à des réfugiés en mer

La militante suédoise pour le climat Greta Thunberg organise une manifestation contre la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP29) devant un bureau de représentation de l'ONU à Erevan, le 15 novembre 2024. (Photo de KAREN MINASYAN / AFP)
La militante suédoise pour le climat Greta Thunberg organise une manifestation contre la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP29) devant un bureau de représentation de l'ONU à Erevan, le 15 novembre 2024. (Photo de KAREN MINASYAN / AFP)
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  • « Quatre personnes se sont jetées en mer au moment de l'intervention de la Garde côtière libyenne, nous les avons secourues et elles sont avec nous sur notre bateau », a écrit l'eurodéputée sur les réseaux sociaux.
  • Sur les images publiées par l'élue ainsi que par d'autres passagers du navire, on peut en effet voir plusieurs dizaines de personnes regroupées sur une petite embarcation en pleine mer.

PARIS : En route vers Gaza à bord d'un navire humanitaire en compagnie de l'activiste suédoise Greta Thunberg, l'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan a affirmé que le bateau avait dévié jeudi de son itinéraire pour porter secours à quatre « réfugiés originaires du Soudan ».

« Quatre personnes se sont jetées en mer au moment de l'intervention de la Garde côtière libyenne, nous les avons secourues et elles sont avec nous sur notre bateau », a écrit l'eurodéputée sur les réseaux sociaux, photos et vidéos à l'appui, tout en expliquant qu'il s'agissait de « réfugiés originaires du Soudan ».

Rima Hassan se trouve à bord d'un voilier de la Coalition de la flottille pour la liberté depuis dimanche. Le bateau a quitté la Sicile en direction de Gaza pour y apporter de l'aide humanitaire.

Mais jeudi matin, le bateau a « changé de direction » à la suite d'un « appel de détresse », a expliqué l'eurodéputée. Le voilier se trouvait alors en mer Méditerranée, au sud de la Grèce, du nord de la Libye et de l'Égypte. 

Sur les images publiées par l'élue ainsi que par d'autres passagers du navire, on peut en effet voir plusieurs dizaines de personnes regroupées sur une petite embarcation en pleine mer.

Quelques-unes d'entre elles flottaient dans l'eau à l'aide de pneus lorsque le bateau de la Garde côtière libyenne, selon l'équipage, est intervenu à proximité de l'embarcation.

L'embarcation « était en train de couler » et certains « ont sauté dans l'eau », a raconté sur Instagram l'activiste brésilien Thiago Avila, qui est un autre membre de l'équipage. « Nous appelons désormais les gardes-côtes grecs à intervenir et à prendre la responsabilité de les mettre en sécurité », a-t-il ajouté.

Ces personnes « dérivaient sans moteur depuis deux jours, après cinq jours en mer », a indiqué Rima Hassan dans un communiqué, transmis à l'AFP par son mouvement La France insoumise.

Elle a estimé leur nombre à « près de 40 » et assuré que les quatre réfugiés secourus étaient « sains et saufs ».

« Cet incident dramatique souligne une fois de plus l’urgence d’une réponse politique européenne respectueuse du droit international et de la Convention relative aux réfugiés », a ajouté Mme Hassan.


Comment rester au frais pendant le Hajj

Le kit d'information sur le Hadj de cette année conseille aux pèlerins de s'hydrater régulièrement et d'utiliser des parapluies pour réduire leur exposition directe au soleil. (Abdulrahman Alshalhoub/AN)
Le kit d'information sur le Hadj de cette année conseille aux pèlerins de s'hydrater régulièrement et d'utiliser des parapluies pour réduire leur exposition directe au soleil. (Abdulrahman Alshalhoub/AN)
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  • Afin de minimiser les risques liés aux maladies causées par la chaleur pendant le pèlerinage de cette année, le ministère de la Santé du Royaume a lancé un kit de sensibilisation en huit langues.
  • Le kit conseille aux pèlerins de s'hydrater régulièrement et d'utiliser des parapluies pour limiter leur exposition directe au soleil.

RIYAD : Cette année, des millions de pèlerins locaux et internationaux se sont préparés à affronter la chaleur estivale en Arabie saoudite en emportant le nécessaire et en s'hydratant régulièrement afin d'éviter tout coup de chaleur.

En 2024, environ 225 pèlerins ont été pris en charge pour stress thermique et fatigue au centre médical de La Mecque, principalement en raison d'épuisement dû à la chaleur et d'insolation.

Afin de minimiser les risques de maladies liées à la chaleur pendant le pèlerinage de cette année, le ministère de la Santé du Royaume a lancé un kit de sensibilisation en huit langues.

Ce kit fournit des conseils pour aider les pèlerins à prévenir les coups de chaleur. Il comprend des vidéos, des publications sur les réseaux sociaux et des documents imprimables disponibles en arabe, anglais, français, ourdou, persan, indonésien, malaisien et turc. 

Le kit conseille aux pèlerins de s'hydrater régulièrement et d'utiliser des parapluies pour limiter leur exposition directe au soleil.

Huda Almubarak, une kinésithérapeute saoudienne ayant accompli le hadj il y a 11 ans, a expliqué comment elle s'était préparée physiquement avant le pèlerinage en faisant de l'exercice pour améliorer son endurance.

« Sur le plan physique, j'ai fait de l'exercice pour améliorer mon endurance. J'ai également suivi des cours sur le hadj, qui vous aident à vous préparer à ce voyage spirituel. »

Pour éviter la déshydratation, Almubarak a bu de l'eau à température ambiante en petites quantités tout au long de la journée, a suivi un régime alimentaire sain et a porté des vêtements respirants.

« J'ai mangé beaucoup de fibres et évité les aliments gras. Je conseille aux pèlerins de porter des vêtements en coton et des chaussures adaptées qui soutiennent bien les pieds. » Pour se protéger du soleil, elle recommande d'utiliser de la crème solaire, de porter un parapluie et un chapeau ou une casquette. 

Almubarak a souligné l'importance de reconnaître les symptômes de l'épuisement dû à la chaleur, qui se manifestent par des maux de tête, une transpiration excessive, des vertiges, de la fatigue, une bouche sèche, des difficultés de concentration et une peau pâle.

« Il y a des centres médicaux partout », a-t-elle ajouté. « Il vaut mieux les consulter si vous ressentez des symptômes ou un malaise. »

Grâce à ces mesures de précaution, Almubarak a décrit son expérience du Hajj comme « unique sur le plan spirituel ».

« Le pèlerinage m'a permis d'apprécier tous les efforts et le travail acharné de notre gouvernement pour le rendre plus fluide et plus sûr. »

Le kit de sensibilisation à la santé est disponible en téléchargement à l'adresse suivante : 

http://www.moh.gov.sa/HealthAwareness/Pilgrims_Health/Pages/Hajj.aspx

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com