Paris s’apprête à reconnaître un Etat palestinien, Tel Aviv s’insurge

Le président français Emmanuel Macron qui ne cache plus son intérêt croissant pour une telle reconnaissance, qu’il qualifie de « devoir moral » mais aussi d’ « exigence politique », reste toutefois prudent, « Cela ne peut se faire que sous certaines conditions », martèle-t-il depuis plusieurs semaines. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron qui ne cache plus son intérêt croissant pour une telle reconnaissance, qu’il qualifie de « devoir moral » mais aussi d’ « exigence politique », reste toutefois prudent, « Cela ne peut se faire que sous certaines conditions », martèle-t-il depuis plusieurs semaines. (AFP)
Short Url
Publié le Mardi 03 juin 2025

Paris s’apprête à reconnaître un Etat palestinien, Tel Aviv s’insurge

  • Alors que le conflit à Gaza continue de provoquer des drames humanitaires et d’enflammer la scène internationale, la France semble de plus en plus tentée de franchir un cap diplomatique vers la reconnaissance officielle d’un État palestinien
  • Cette perspective suscite une réaction virulente du gouvernement israélien et cristallise des tensions croissantes entre Paris et Tel Aviv

PARIS: La tension entre Paris et Tel Aviv est montée d’un cran ces derniers jours, le gouvernement israélien ne voyant pas d’un bon œil, l’évolution de la position française vers une reconnaissance d’un État palestinien.

Alors que le conflit à Gaza continue de provoquer des drames humanitaires et d’enflammer la scène internationale, la France semble de plus en plus tentée de franchir un cap diplomatique vers la reconnaissance officielle d’un État palestinien.

D’autre part, cette reconnaissance est l’un des principaux sujets qui seront au menu de la conférence internationale présidée par la France et l’Arabie Saoudite à New York, le 18 juin.

Cette perspective suscite une réaction virulente du gouvernement israélien et cristallise des tensions croissantes entre Paris et Tel Aviv.

L’objectif affiché par Paris est d’éviter qu’une reconnaissance, aussi légitime soit-elle sur le plan politique, ne soit instrumentalisée par les factions les plus radicales ou ne sape les perspectives de paix durable.

À la suite d’une réunion de préparation tenue récemment à New York, la diplomatie française a indiqué que la conférence pourrait être l’occasion d’annoncer une décision symboliquement puissante, bien que toujours conditionnée à plusieurs garanties.

Le président français Emmanuel Macron qui ne cache plus son intérêt croissant pour une telle reconnaissance, qu’il qualifie de « devoir moral » mais aussi d’ « exigence politique », reste toutefois prudent, « Cela ne peut se faire que sous certaines conditions », martèle-t-il depuis plusieurs semaines. 

Parmi ces conditions: la libération des otages encore détenus par le Hamas, l’exclusion du mouvement de la gouvernance d’un éventuel État palestinien, ainsi que la reconnaissance claire d’Israël et de son droit à vivre en sécurité.

Dans cette optique, la diplomatie française s’emploie à obtenir des assurances de la part des acteurs palestiniens et des pays arabes alliés. 

Lors du forum de défense Shangri-La Dialogue à Singapour, le président français a mis en garde contre le « deux poids deux mesures » des puissances occidentales. 

L’objectif affiché par Paris est d’éviter qu’une reconnaissance, aussi légitime soit-elle sur le plan politique, ne soit instrumentalisée par les factions les plus radicales ou ne sape les perspectives de paix durable.

C’est depuis l’Asie du Sud-Est, où il effectuait une tournée diplomatique fin mai, qu’Emmanuel Macron a haussé le ton.

Lors du forum de défense Shangri-La Dialogue à Singapour, le président français a mis en garde contre le « deux poids deux mesures » des puissances occidentales. 

« Si les Occidentaux abandonnent Gaza et laissent faire Israël, ils perdront toute crédibilité auprès du reste du monde », a-t-il averti.

Le président a également fustigé les « pays révisionnistes » qui cherchent à imposer leur domination par la force, une critique à peine voilée à l’égard de certaines pratiques israéliennes dans les territoires occupés. 

Ce langage direct et justifié, au regard du rejet persistant d’Israël de toute proposition de Trèves à Gaza, et de la poursuite de la destruction méthodique de l’enclave sans se soucier des victimes, a suscité l’ire de Tel Aviv.

Le ministère israélien de la défense Israël Katz a réagi avec une rare virulence, accusant Macron d’être « en croisade contre l’État juif ».

Il l’a également accusé de vouloir « récompenser les terroristes djihadistes » en reconnaissant un État palestinien. 

« Il ne fait aucun doute que sa fête nationale sera désormais le 7 octobre », a-t-il même lancé dans un communiqué incendiaire, en référence à l’attaque du Hamas en octobre 2023.

Sur le même ton belliqueux, repris d’ailleurs par des figures politiques israéliennes, Katz a qualifié la reconnaissance d’un État palestinien de « déclaration de papier » vouée à finir « dans la poubelle de l’histoire ».

Il a affirmé que l’État hébreu continuerait de bâtir « sur le terrain », en allusion à une intensification de la colonisation.

D’ailleurs, ces propos surviennent à la suite de l’annonce par le gouvernement israélien d’un projet majeur d’expansion des implantations israéliennes en Cisjordanie.

Cette escalade coïncide avec une sorte de retournement de l’opinion publique en France, où au bout de plus de 19 mois d’opérations sanglantes à Gaza, le soutien à une reconnaissance de la Palestine gagne du terrain. 

Selon un sondage Odoxa pour Public Sénat, 63 % des Français se disent favorables à cette initiative. 

Sur les mesures concrètes évoquées, 75 % des sondés soutiennent l’arrêt de la livraison d’armes à Israël, 62 % souhaitent suspendre l’accord d’association entre l’UE et Israël, et 58 % se prononcent en faveur d’un embargo sur les produits israéliens. 

En adoptant des positions de plus en plus critiques contre Israël, Macron semble vouloir repositionner la diplomatie française sur une ligne plus équilibrée au risque d’entrer en collision avec les orientations du gouvernement israélien.

La France n’est pas isolée dans cette démarche, L’Espagne, l’Irlande et la Norvège ont d’ores et déjà reconnu l’État palestinien.

Cependant, une reconnaissance française de l’Etat palestinien est particulièrement irritante pour Israël, d’autant plus que la plus grande communauté juive d’Europe est française et compte environ 600 milles personnes.

S’il est vrai qu’elles n’ont pas radicalement changé la donne sur le terrain, ces reconnaissances ont redonné une visibilité à la solution à deux États, longtemps reléguée au second plan.

Emmanuel Macron, souvent critiqué pour son approche prudente sur ce dossier, semble vouloir s’inscrire dans cette dynamique européenne, mais en gardant un levier diplomatique et affirme qu’il reconnaîtra la Palestine « lorsque ce sera utile », dans l’espoir de relancer un processus politique crédible.

La date du 18 juin, fixée pour la conférence internationale, pourrait marquer un tournant, ce jour-là, Macron pourrait prendre la parole depuis le siège des Nations unies pour annoncer la reconnaissance française de la Palestine, dans le cadre d’une démarche collective.

Mais cette décision reste suspendue à de nombreuses inconnues, dont en premier lieu la position des États-Unis, la dynamique interne de l’Union européenne, et l’évolution de la situation humanitaire à Gaza. 

En adoptant des positions de plus en plus critiques contre Israël, Macron semble vouloir repositionner la diplomatie française sur une ligne plus équilibrée au risque d’entrer en collision avec les orientations du gouvernement israélien.

 


A New York, Paris et Riyad unis pour arrêter la guerre à Gaza et relancer la dynamique de paix dans la rėgion

Co-présidée par Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, et le prince Faisal ben Farhane, ministre saoudien des Affaires étrangères, cette rencontre entend non seulement réaffirmer le soutien de la communauté internationale à la solution des deux États, mais aussi enclencher une dynamique politique concrète en faveur de la paix au Proche-Orient. (AFP)
Co-présidée par Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, et le prince Faisal ben Farhane, ministre saoudien des Affaires étrangères, cette rencontre entend non seulement réaffirmer le soutien de la communauté internationale à la solution des deux États, mais aussi enclencher une dynamique politique concrète en faveur de la paix au Proche-Orient. (AFP)
Short Url
  • Malgré l’absence remarquée des États-Unis et d’Israël, la conférence sur la solution à deux États, organisée au siège des Nations unies à New York, a rassemblé 125 délégations et marqué une étape diplomatique majeure
  • Co-présidée par Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, et le prince Faisal ben Farhane, ministre saoudien des Affaires étrangères, cette rencontre entend réaffirmer le soutien international à la solution des deux États

PARIS: Deux jours après l’annonce française d’une reconnaissance prochaine de l’État de Palestine, la conférence internationale pour la solution à deux États s’est ouverte à New York les 28 et 29 juillet. Il s'agit d’une initiative diplomatique inédite, portée conjointement par Paris et Riyad, dans un contexte de guerre ravageuse à Gaza.

Malgré l’absence remarquée des États-Unis et d’Israël, la conférence sur la solution à deux États, organisée au siège des Nations unies à New York, a rassemblé 125 délégations et marqué une étape diplomatique majeure.
Co-présidée par Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, et le prince Faisal ben Farhane, ministre saoudien des Affaires étrangères, cette rencontre entend non seulement réaffirmer le soutien de la communauté internationale à la solution des deux États, mais aussi enclencher une dynamique politique concrète en faveur de la paix au Proche-Orient.

Dès l’ouverture des travaux, les deux ministres ont affiché une ligne commune claire : l’arrêt immédiat de la guerre à Gaza.
« Ce qui se passe à Gaza est épouvantable », a déclaré Jean-Noël Barrot. « Gaza est aujourd’hui au bord de la catastrophe totale. Les armes doivent se taire et laisser place à un cessez-le-feu durable. Tous les otages doivent être libérés sans condition et dans la dignité. »

Ben Farhane: Mettre fin à la catastrophe humanitaire

Le prince Faisal ben Farhane a, pour sa part, insisté sur l’urgence de mettre fin à la catastrophe humanitaire.
« Cette guerre ne peut plus durer. Les violations massives des droits de l’homme, les expulsions, les blocus doivent cesser. Il est temps de rendre justice au peuple palestinien, de soutenir la reconstruction de ses institutions et de mettre fin à la logique de violence. »

Les deux diplomates ont souligné que cette exigence de cessez-le-feu s’accompagne d’une volonté ferme de bâtir une alternative politique crédible à la logique de guerre.
« La seule voie possible pour répondre aux aspirations légitimes des Israéliens et des Palestiniens, c’est celle des deux États », a martelé Jean-Noël Barrot. « Il n’existe pas d’alternative. »

Cette conférence intervient dans la foulée de l’annonce faite par la France de sa volonté de reconnaître officiellement l’État de Palestine en marge de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre. Une décision que Jean-Noël Barrot a justifiée par la nécessité de « relancer un processus politique menacé plus que jamais » et de « créer les conditions d’une paix juste et durable. »

La conférence de New York ne se veut pas un simple forum : elle repose sur un travail diplomatique en profondeur. Huit groupes de travail ont été constitués, chacun co-présidé par plusieurs États, pour traiter de manière technique et opérationnelle les différents volets de la solution à deux États : politique, sécuritaire, économique et humanitaire.
Les 17 co-présidents de ces groupes ont mené un vaste processus de consultation avec les États membres de l’ONU, la société civile, les ONG internationales et les instances multilatérales.

« Ces groupes sont la force motrice de notre initiative diplomatique », a affirmé Jean-Noël Barrot. « Leurs recommandations concrètes vont nous permettre de poser les fondations d’un chemin politique irréversible vers une paix durable. »

L’un des résultats politiques les plus significatifs de cette dynamique a été obtenu en amont de la conférence : le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a adressé une lettre conjointe au président français Emmanuel Macron et au prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane.
Dans ce document, il s’engage à plusieurs réformes majeures : condamnation claire des attaques terroristes du 7 octobre 2023, organisation d’élections dans l’année, et refonte institutionnelle pour favoriser la déradicalisation et la transparence.
Un geste salué par les deux co-présidents de la conférence.
« Ce sont des engagements forts qui montrent que le leadership palestinien comprend l’urgence de reprendre la main politiquement », a noté Barrot.
Le prince Faisal ben Farhane a, quant à lui, souligné « la volonté du Royaume de soutenir la reconstruction des institutions palestiniennes dans un esprit de responsabilité et d’ouverture. »

Si les États-Unis n’ont pas pris part à la conférence, la France et l’Arabie saoudite se sont bien gardées de présenter leur initiative comme une alternative concurrente.
« Nos efforts sont très complémentaires », a assuré Jean-Noël Barrot. « Nous partageons avec Washington l’objectif à court terme d’un cessez-le-feu immédiat, et à long terme celui de la stabilité régionale. »

Paris a ainsi réaffirmé son soutien aux futurs Accords d’Abraham que pourrait relancer l’administration américaine, tout en soulignant que « l’inaction n’est pas une option ». En attendant que ces initiatives se concrétisent, « nous devons agir pour éviter que Gaza ne s’effondre totalement ».

Une dynamique irréversible 

La coopération régionale est également au cœur de l’initiative. L’Arabie saoudite a notamment salué les positions constructives prises par la Jordanie et insisté sur l’importance de la coordination entre États arabes modérés pour faire pression sur les acteurs du conflit.

Au-delà des discours, cette conférence marque une inflexion diplomatique majeure : celle du retour de la communauté internationale au cœur du processus de paix.
Jean-Noël Barrot a insisté sur ce point : « Nous avons remis au centre des efforts diplomatiques l’impératif de paix, la réforme de la gouvernance palestinienne, la sécurité d’Israël, et la viabilité d’un État palestinien. »
Il a également évoqué, en marge de la conférence, la rencontre organisée à Paris le 13 mars dernier entre représentants des sociétés civiles syrienne, israélienne et palestinienne, pour « réfléchir ensemble à la sortie de la guerre par le dialogue ».

La dynamique lancée à New York se veut donc inédite et irréversible.
« Nous avons enclenché une dynamique qui commence déjà à porter ses fruits », a conclu Barrot.
Reste à transformer l’élan diplomatique en décisions concrètes, notamment en matière d’aide humanitaire, de réforme politique et de garanties sécuritaires.
L’absence d’Israël et des États-Unis à New York rappelle les limites du moment, mais la France et l’Arabie saoudite misent sur une stratégie à long terme : repositionner la solution à deux États comme l’unique voie politique crédible, reconstruire la légitimité palestinienne, mobiliser les pays arabes et européens, et forcer le retour des puissances clés dans le jeu diplomatique.


Droits de douane : « les filières économiques » seront réunies à Bercy mercredi

Le président américain Donald Trump (à droite) et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen (à gauche) s'adressent à la presse après avoir convenu d'un accord commercial entre les deux économies à la suite de leur réunion, à Turnberry, dans le sud-ouest de l'Écosse, le 27 juillet 2025. (Photo de Brendan SMIALOWSKI / AFP)
Le président américain Donald Trump (à droite) et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen (à gauche) s'adressent à la presse après avoir convenu d'un accord commercial entre les deux économies à la suite de leur réunion, à Turnberry, dans le sud-ouest de l'Écosse, le 27 juillet 2025. (Photo de Brendan SMIALOWSKI / AFP)
Short Url
  • La réunion, qui se tiendra en début d'après-midi, rassemblera les organisations patronales ainsi que les fédérations représentant les filières industrielles « impactées par les droits de douane américains », a précisé le ministère dans un communiqué.
  • Cette réunion est programmée au lendemain d'un déplacement du ministre de l'Économie auprès de filières industrielles affectées par l'accord, dont les modalités restent à préciser, selon Bercy.

PARIS : Le ministre de l'Économie, Éric Lombard, et celui des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, réuniront mercredi à Bercy « les filières économiques » pour évoquer « les conséquences » de l'accord intervenu dimanche entre l'UE et les États-Unis sur les droits de douane, a annoncé le ministère de l'Économie à l'AFP lundi.

La réunion, qui se tiendra en début d'après-midi, rassemblera les organisations patronales ainsi que les fédérations représentant les filières industrielles « impactées par les droits de douane américains », a précisé le ministère dans un communiqué.

« Lors de cette réunion, les ministres aborderont avec les représentants des secteurs économiques les conséquences de l'accord UE-États-Unis sur les différentes filières, ainsi que la suite des négociations sur l'application des droits de douane », selon le ministère.

Les ministres Marc Ferracci (Industrie et Énergie), Véronique Louwagie (Commerce, Artisanat et PME), Clara Chappaz (Numérique) et Laurent Saint-Martin (Commerce extérieur) seront également présents.

Cette réunion est programmée au lendemain d'un déplacement du ministre de l'Économie auprès de filières industrielles affectées par l'accord, dont les modalités restent à préciser, selon Bercy.

Dimanche, en Écosse, le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont conclu un accord douanier prévoyant que les produits européens exportés aux États-Unis soient taxés à 15 %. M. Trump avait menacé d'appliquer un taux de 30 % à partir du 1^(er) août en l'absence d'accord.

Les Européens espèrent ainsi éviter une escalade commerciale.

Toutefois, lundi, M. Saint-Martin a estimé que cet accord était « déséquilibré », reprenant le terme utilisé par le ministre délégué chargé de l'Europe, Benjamin Haddad, un peu plus tôt sur X, ainsi que par M. Ferracci sur RTL.


Paris regrette que l'accord États-Unis et l'UE soit « déséquilibré » et n'apporte qu'une « stabilité temporaire »

Le président américain Donald Trump (à droite) serre la main de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen (à gauche) après avoir conclu un accord commercial entre les deux économies à la suite de leur réunion, à Turnberry, dans le sud-ouest de l'Écosse, le 27 juillet 2025. (Photo de Brendan SMIALOWSKI / AFP)
Le président américain Donald Trump (à droite) serre la main de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen (à gauche) après avoir conclu un accord commercial entre les deux économies à la suite de leur réunion, à Turnberry, dans le sud-ouest de l'Écosse, le 27 juillet 2025. (Photo de Brendan SMIALOWSKI / AFP)
Short Url
  • « L'accord commercial négocié par la Commission européenne avec les États-Unis apportera une stabilité temporaire aux acteurs économiques menacés par l'escalade douanière américaine, mais il est déséquilibré », a écrit M. Haddad sur X.
  • « Mais soyons lucides : l'état de fait n’est pas satisfaisant et ne peut pas être durable », a estimé le ministre, en observant que les États-Unis « font le choix de la coercition économique et du mépris complet des règles de l'OMC ». 

PARIS : Le ministre français délégué chargé de l'Europe, Benjamin Haddad, a regretté lundi que l'accord commercial entre les États-Unis et l'UE, qui établit à 15 % les droits de douane américains sur les produits européens, n'apporte qu'une « stabilité temporaire » et reste « déséquilibré ».

« L'accord commercial négocié par la Commission européenne avec les États-Unis apportera une stabilité temporaire aux acteurs économiques menacés par l'escalade douanière américaine, mais il est déséquilibré », a écrit M. Haddad sur X, mettant en garde contre le risque d'un « décrochage » des Européens s'ils « ne se réveillent pas ».

Il s'est félicité que l'accord exempte « des secteurs clés pour l’économie française (aéronautique, spiritueux, médicaments) », exclut « toute concession pour les filières agricoles sensibles » et « préserve la réglementation européenne sur des sujets comme le numérique ou le sanitaire ».

« Mais soyons lucides : l'état de fait n’est pas satisfaisant et ne peut pas être durable », a estimé le ministre, en observant que les États-Unis « font le choix de la coercition économique et du mépris complet des règles de l'OMC ». 

« Nous devons en tirer vite les conséquences, sous peine de disparaître », a-t-il écrit, avertissant : « Si les Européens ne se réveillent pas, les difficultés des autres paraîtront toutes relatives face à notre décrochage. »

L'accord a été annoncé lors d'une rencontre entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dimanche en Écosse.

Il prévoit des droits de douane de 15 % sur les produits européens importés, tandis que l'UE s'engage à effectuer 750 milliards de dollars d'achats d'énergie — visant notamment à remplacer le gaz russe — et à réaliser 600 milliards d'investissements supplémentaires aux États-Unis.

Les deux puissances ont également décidé de supprimer réciproquement les droits de douane sur certains produits stratégiques, notamment les équipements aéronautiques, a ensuite précisé Mme von der Leyen lors d'une conférence de presse.