Les procureurs français considèrent le meurtre d'un Tunisien comme un acte terroriste présumé

Les procureurs français chargés de l'enquête sur le meurtre de Hichem Miraoui, un ressortissant tunisien de 46 ans, considèrent l'affaire comme une attaque raciste présumée, a rapporté le Times mardi. (X/@kkerima)
Les procureurs français chargés de l'enquête sur le meurtre de Hichem Miraoui, un ressortissant tunisien de 46 ans, considèrent l'affaire comme une attaque raciste présumée, a rapporté le Times mardi. (X/@kkerima)
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Publié le Mercredi 04 juin 2025

Les procureurs français considèrent le meurtre d'un Tunisien comme un acte terroriste présumé

  • Hichem Miraoui a été abattu de cinq balles par son voisin blanc la semaine dernière, dans ce que la police considère comme un meurtre raciste
  • Cette affaire fait suite aux préoccupations croissantes concernant les crimes de haine à l'encontre des musulmans dans le pays

LONDRES : Les procureurs français qui enquêtent sur le meurtre d'un Tunisien considèrent l'affaire comme une attaque raciste présumée, a rapporté le Times mardi.

Hichem Miraoui, un coiffeur de 46 ans qui vivait en France depuis 14 ans, a été abattu de cinq balles samedi par son voisin blanc, un homme de 53 ans nommé Christophe B.

L'implication de procureurs antiterroristes plutôt que de procureurs criminels dans l'affaire du meurtre présumé d'extrême droite est une première en France.

Elle fait suite aux préoccupations croissantes concernant les crimes de haine contre les musulmans dans le pays après qu'un Malien, Aboubakar Cisse, 22 ans, a été poignardé à mort à la sortie d'une mosquée en avril.

La semaine dernière, dans la ville de Puget-sur-Argens, dans le sud du pays, un Turc de 25 ans a également été abattu, mais il a survécu. Le tueur a pris la fuite en voiture, mais son compagnon a alerté la police, qui l'a arrêté.

Christophe B, passionné de tir sportif et titulaire d'un permis de port d'arme, avait précédemment publié sur les réseaux sociaux des vidéos dans lesquelles il déclarait avoir l'intention de tuer des étrangers.

Il exhortait ses compatriotes à faire de même et, dans une vidéo, il faisait l'éloge du défunt fondateur du Front national français, Jean-Marie Le Pen.

Le ministre de l'intérieur, Bruno Retailleau, a qualifié l'assassinat de Miraoui d'"acte raciste". Toutefois, le ministre avait déjà été critiqué pour ce que les groupes antiracistes ont qualifié de réponse inadéquate à l'assassinat de M. Cissé.

Les autorités antiterroristes ont également été mises en cause pour n'avoir pas traité l'assassinat du ressortissant malien comme un acte terroriste, l'enquête sur cette affaire étant menée par des procureurs pénaux.

Mardi, M. Retailleau s'est rendu à l'ambassade de Tunisie à Paris pour exprimer sa solidarité avec la communauté.

La diaspora tunisienne en France compte plus d'un million de personnes. Plus de 6 millions de musulmans résident dans le pays, soit environ 10 % de la population.

"Le racisme en France et ailleurs est un poison, et nous voyons bien que c'est un poison qui tue. Tout acte raciste est un acte anti-français", a déclaré M. Retailleau.

Les données officielles du gouvernement montrent que les crimes racistes, xénophobes et antireligieux ont augmenté de 11 % dans le pays l'année dernière.

Cependant, ces crimes en France sont également "largement sous-déclarés" parce que "les victimes ne font souvent pas confiance à la police ou aux autorités", a déclaré Jean-Marie Burguburu, président de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH).

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".


Restitutions coloniales: le gouvernement français annonce un projet de loi

La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
La ministre française de la Culture Rachida Dati (G) et la ministre française des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative Marie Barsacq quittent le Palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 30 juillet 2025, après la réunion hebdomadaire du conseil des ministres. (AFP)
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  • Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation
  • Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises

PARIS: Le gouvernement français a présenté mercredi en conseil des ministres un projet de loi-cadre visant à faciliter la restitution à leur pays d'origine de biens culturels pillés pendant la colonisation.

S'appliquant en priorité aux pays africains mais de "portée géographique universelle", ce texte vise à accélérer le retour dans leur pays d'origine de biens culturels appartenant aux collections nationales françaises.

Ils doivent revenir à des "Etats qui, du fait d'une appropriation illicite, en ont été privés" entre 1815 et 1972, selon le ministère français de la Culture.

Ce projet de loi-cadre crée une dérogation au principe d'inaliénabilité pour les œuvres des collections nationales françaises. Les oeuvres à restituer devront avoir été acquises "dans une situation de vol, de pillage, de cession ou de libéralité obtenue par contrainte ou violence ou d'une personne qui ne pouvait en disposer", a précisé le ministère.

La décision de sortie des collections pour opérer cette restitution ne passera plus par un processus législatif au cas par cas mais pourra intervenir sur seul décret du Conseil d'Etat et après avis, le cas échéant, d'une commission scientifique bilatérale.

Cette commission devra en effet documenter et déterminer, si besoin, le caractère illicite de l'appropriation des oeuvres réclamées à travers un travail qui associerait des experts et historiens français et l'Etat demandeur, selon le ministère.

Concernant la période historique retenue, 1815 correspond à la date d'un règlement des conquêtes napoléoniennes qui est dû à un premier mouvement de restitution d'œuvres à l'échelle européenne. 1972 est celle de l'entrée en application de la convention internationale de l'Unesco protégeant les biens culturels contre le trafic illicite.