NICE, FRANCE : Le sommet mondial sur les océans s'ouvre lundi à Nice, en France, avec des appels à interdire le chalutage de fond et à renforcer la protection des aires marines protégées dans le monde.
La ministre française de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé dimanche que cette conférence, décrite comme un sommet de « mobilisation », permettrait d'« augmenter le niveau de protection des eaux mondiales ».
Une vague de nouveaux engagements des États devrait déferler sur la Côte d'Azur où sont attendus 63 chefs d'État et de gouvernement, dont de nombreux dirigeants du Pacifique et d'Amérique latine.
« On n'a jamais rassemblé autant de monde dans l'histoire de l'humanité pour les océans », a souligné Emmanuel Macron, président français.
Cette semaine, les îles Samoa ont ouvert la voie en créant neuf nouveaux parcs marins interdits à la pêche, couvrant 30 % de leurs eaux nationales, sur 36 000 kilomètres carrés.
La France, pays hôte, a annoncé dès samedi, par la voix d'Emmanuel Macron, une limitation du chalutage de fond dans ses aires marines protégées (AMP) pour protéger les fonds marins, sans toutefois parvenir à convaincre les ONG, qui ont critiqué le « manque d'ambition » de ces annonces.
Lundi, le gouvernement britannique doit également annoncer son intention d'interdire le chalutage dans 41 zones protégées couvrant une superficie de 30 000 km (2). La moitié des AMP britanniques sera ainsi interdite au chalutage si le processus aboutit.
Mis en lumière dans le film « Ocean » du Britannique David Attenborough, le chalutage de fond est critiqué pour son impact carbone et les dommages qu'il engendre sur les habitats marins sensibles (herbiers, coraux, etc.).
D'autres pays devraient également profiter du sommet de Nice pour annoncer la création de nouvelles aires marines protégées dans leurs eaux nationales.
La communauté internationale s'est fixé un objectif de 30 % de protection des océans d'ici 2030 (objectif « 30X30 »). Seulement 8,36 % des océans sont protégés à ce jour, et selon Greenpeace, cet objectif ne sera pas atteint avant 2107 si l'on continue à ce rythme.
Selon le cabinet de Mme Pannier-Runacher, les annonces attendues à Nice devraient permettre d'atteindre une protection supérieure à 10 % à l'échelle mondiale.
« Un nombre historique de chefs d'État participent aux négociations sur les océans. Il faut que tous les pays agissent », a-t-il enjoint dans un communiqué, en appelant à « transformer les paroles en actions audacieuses et ambitieuses ».
Autre sujet brûlant : la ratification du traité sur la haute mer donnera lieu à un événement spécial lundi soir.
De nouvelles ratifications pourraient être officialisées pour ce traité destiné à protéger les eaux internationales, aujourd'hui ratifié par 31 pays et l'Union européenne.
La France, qui espérait franchir la barre des 60 ratifications à l'occasion de la cérémonie de signature du traité à Nice, a dû revoir ses ambitions à la baisse.
Dimanche, M. Macron a toutefois promis que cela entrerait en vigueur d'ici à la prochaine assemblée générale des Nations unies, prévue en septembre.
La première journée de la conférence sera également ponctuée d'annonces scientifiques, notamment le lancement de l'IPOS, une plateforme conçue pour conseiller les États sur leurs engagements en matière de développement durable de l'océan.
La société Mercator, qui surveille l'état de l'océan depuis plus de 20 ans, devrait quant à elle être transformée en organisation internationale à l'occasion de la signature d'un traité.
« C'est un événement majeur. L'océan sera désormais présent sur la table des discussions internationales », a salué Pierre Bahurel, son directeur général, alors qu'il n'existe pas d'organisation internationale spécifiquement dédiée aux océans.
Mercator œuvre notamment à concevoir un « jumeau numérique » de l'océan, qui pourrait aider à mieux comprendre les cyclones, par exemple.
Enfin, une coalition spatiale pour l'océan (Space4Ocean) devrait voir le jour afin de renforcer les efforts de préservation et de conservation des océans.