ALGER : Les autorités algériennes ont ouvert une enquête pour « terrorisme » après la récente auto-immolation d'un homme, qui serait liée selon les enquêteurs à un supposé complot avec des ramifications à l'étranger, a indiqué mardi un procureur du tribunal d'Alger.
Faouzi Zegout a été gravement brûlé lorsqu'il s'est aspergé d'essence le 1er juin devant le ministère algérien de la Justice pour protester contre une affaire dans laquelle il était accusé.
Dans une vidéo du drame largement diffusée sur les réseaux sociaux, l'homme déclare : « C'est à cause d'un juge... qui m'a menacé d'une peine de 10 ans d'emprisonnement sans aucune raison ».
Des agents chargés de la sécurité du bâtiment, doté de caméras de surveillance, ont rapidement éteint les flammes avec un extincteur et, selon des sources informées, le jeune homme d'une trentaine d'années n'a subi que des blessures légères.
Mardi, le tribunal a précisé que cinq personnes avaient été arrêtées, quatre d'entre elles ayant été placées en détention provisoire et la cinquième ayant été remise en liberté sous contrôle judiciaire. L'affaire a été transférée à une division antiterroriste.
Selon les enquêteurs, l'acte a été orchestré par un « groupe criminel organisé » soupçonné d'avoir des liens avec l'étranger.
Ce groupe aurait planifié l'incident et distribué les rôles, notamment celui de filmer et de publier l'immolation en ligne, dans le but de « troubler l'ordre public et de perturber les institutions », a stipulé le tribunal.
Ce dernier ajoute que l'auteur de la vidéo a « communiqué avec des personnes à l'étranger », possédait « plusieurs comptes bancaires » et avait « reçu des transferts d'argent ».
Le tribunal souligne également que le vidéaste a vécu à l'étranger pendant deux ans.
M. Zegout, un militant associatif, a expliqué avoir récemment comparu devant un tribunal pour avoir lancé, sans autorisation officielle, une collecte de fonds destinée à financer des traitements médicaux pour les malades.
Il devait comparaître devant le tribunal de Frenda, sa ville natale située à environ 340 kilomètres à l'ouest d'Alger, le jour où il s'est immolé.
De tels gestes suicidaires sont rares en Algérie, contrairement à d'autres pays de la région comme la Tunisie.