France: fin du conclave sur les retraites, sujet explosif pour le gouvernement

François Bayrou, Premier ministre français (Photo AFP)
François Bayrou, Premier ministre français (Photo AFP)
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Publié le Lundi 23 juin 2025

France: fin du conclave sur les retraites, sujet explosif pour le gouvernement

  • Les partenaires sociaux de la conférence sur les retraites en France doivent écrire lundi après-midi leur dernier chapitre, avec ou sans accord.
  • Au vu des dernières déclarations des négociateurs, bien pessimistes, un compromis semble difficile à trouver.

PARIS : Les partenaires sociaux de la conférence sur les retraites en France, sujet explosif pour le gouvernement, doivent écrire lundi après-midi leur dernier chapitre, avec ou sans accord, après quatre mois d'une concertation impulsée par le Premier ministre François Bayrou.

Au vu des dernières déclarations des négociateurs, bien pessimistes, un compromis semble difficile à trouver.

Durant plusieurs mois en 2023, des centaines de milliers de personnes étaient descendues dans la rue partout en France pour protester contre la réforme des retraites.

Le défi auquel sont confrontés les partenaires sociaux est de taille : ils doivent trouver un terrain d'entente pour rendre la réforme des retraites de 2023, qui porte progressivement l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, moins impopulaire.

Le système des retraites doit également être rééquilibré sans contre-mesure, car il plongerait dans un déficit de 6,6 milliards d'euros en 2030, selon la projection du Conseil d'orientation des retraites (COR). 

Depuis le début, le « conclave » voulu par le Premier ministre a déjà laissé des partenaires sociaux sur le bord de la route : le syndicat Force Ouvrière a tourné les talons dès la première séance, et la CGT et l'U2P (patronat des artisans) ont jeté l'éponge mi-mars.

Mais selon les informations du journal économique La Tribune Dimanche, le Medef, organisation patronale, s'y rendra bien lundi avec une ultime proposition d'accord.

Seul le syndicat CFDT voit une issue favorable, évoquant des « avancées sociales à concrétiser ».

Le sujet de la réforme de l'âge du départ à la retraite, qui avait mis le feu aux poudres, n'est plus abordé. Le Medef s'est montré inflexible sur son maintien à 64 ans, sans surprise. Quoi qu'il arrive à l'issue de la réunion de la dernière chance, cette mesure phare et impopulaire de la réforme de 2023 restera donc en vigueur pour les salariés nés à partir du 1^(er) janvier 1968.

La quête de compromis doit maintenant principalement s'articuler autour de la carrière des femmes et de la pénibilité. 

Le premier point, consensuel, porte sur la revalorisation des pensions en fonction du nombre d'enfants. Dans le second, la prise en compte des ports de charge lourde, des vibrations mécaniques et des postures pénibles est proposée par la CFDT, qui défend des critères ergonomiques poussés.

Mais la finalité d'une reconnaissance de l'usure professionnelle n'est pas la même pour tous : les syndicats y voient une ouverture aux départs anticipés à la retraite, tandis que le patronat privilégie d'autres pistes.

Selon La Tribune Dimanche, le patronat envisage toutefois un geste en faveur de la pénibilité.

La fin du « conclave » est aussi un moment de vérité pour François Bayrou, qui a lancé ce nouveau format de discussions après avoir trouvé un compromis avec les socialistes pour éviter une censure du gouvernement. Le Premier ministre s'était engagé à en présenter les conclusions devant le Parlement.


Lecornu voit s'éloigner «les perspectives d'une dissolution»

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  • Après avoir consulté mardi notamment la droite et le centre, le Premier ministre démissionnaire s'est exprimé mercredi depuis Matignon avant de recevoir les responsables socialistes, les écologistes et les communistes
  • L'objectif sera de "voir quelles sont les concessions qu'elles (les formations de gauche) demandent aux autres formations politiques pour garantir une stabilité, quelles sont les concessions qu'elles sont prêtes à faire aussi", a détaillé M. Lecornu

PARIS: Sébastien Lecornu a mis en avant mercredi la "volonté" de plusieurs forces politiques d'avoir un budget "avant le 31 décembre", "une convergence évidemment qui éloigne les perspectives de dissolution" de l'Assemblée nationale, lors d'une allocution à Matignon.

Il n'a pas abordé la question cruciale d'une éventuelle suspension de la très contestée réforme des retraites de 2023 sur laquelle il était très attendu.

Après avoir consulté mardi notamment la droite et le centre, le Premier ministre démissionnaire s'est exprimé mercredi depuis Matignon avant de recevoir les responsables socialistes, les écologistes et les communistes.

L'objectif sera de "voir quelles sont les concessions qu'elles (les formations de gauche) demandent aux autres formations politiques pour garantir une stabilité, quelles sont les concessions qu'elles sont prêtes à faire aussi", a détaillé M. Lecornu.

Il présentera ensuite au président Emmanuel Macron "les solutions qui sont sur la table" et s’exprimera au 20H00 de France 2.

Mercredi matin, l'ex-ministre des Armées a aussi relevé, après les consultations des forces politiques, que "la cible de déficit public doit être tenue (...) entre 4,7% et 5%" du PIB dans le budget 2026, et plus nécessairement à 4,7%.

A part le budget, il a souligné qu'il y avait un autre "sujet de préoccupation majeur" à régler, la Nouvelle-Calédonie.

La crise politique perturbe en effet le calendrier acté dans la foulée des négociations de Bougival, signé en juillet entre les non-indépendantistes, l'État et les indépendantistes.

Selon ce calendrier, les prochaines semaines devaient permettre de reporter les élections provinciales et de dégeler le corps électoral en Nouvelle-Calédonie. Une loi organique, avant novembre, est nécessaire pour acter ce report.

Enfin, sur un autre sujet, qui "a ému un certain nombre de Françaises et de Français", Sébastien Lecornu a assuré que les nouveaux membres du gouvernement, nommés dimanche et qui n'auront été en poste que quelques heures, "n'auront pas le droit" aux trois mois d'indemnités auxquelles ils auraient pu prétendre.

"On ne peut pas vouloir faire des économies si on ne maintient pas par ailleurs une règle d'exemplarité et de rigueur", a-t-il fait valoir.


Dernières heures de tractations pour tenter de sortir de l'impasse politique

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  • Nouvelle dissolution de l'Assemblée après celle de l'été 2024, départ du président... Tous les scénarios sont évoqués depuis la démission surprise lundi matin de Sébastien Lecornu
  • Une annonce qui a précipité la France dans une crise politique sans précédent et ravive les inquiétudes des investisseurs quant à la situation politique et budgétaire du pays

PARIS: Le Premier ministre démissionnaire français Sébastien Lecornu tente mercredi d'ultimes pourparlers pour tenter de sortir le pays de l'impasse politique, au dernier jour fixé par le président Emmanuel Macron, qui voit lui-même se multiplier les appels à la démission.

Nouvelle dissolution de l'Assemblée après celle de l'été 2024, départ du président... Tous les scénarios sont évoqués depuis la démission surprise lundi matin de Sébastien Lecornu, seulement 14 heures après avoir dévoilé son gouvernement.

Une annonce qui a précipité la France dans une crise politique sans précédent et ravive les inquiétudes des investisseurs quant à la situation politique et budgétaire du pays.

Chargé d'ici mercredi soir de composer une coalition, le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République consulte au pas de charge pour ce qui s'apparente à une mission de la dernière chance.

Après s'être entretenu mardi avec les responsables de la droite et du centre, ainsi que les présidents des deux chambres du Parlement, il doit rencontrer mercredi matin les socialistes, qui lorgnent sur le poste de chef de gouvernement, puis les écologistes.

Mais les chances de compromis sont minces. Le Rassemblement national (extrême droite) a décliné l'invitation tout comme La France insoumise (gauche radicale), qui tous deux réclament des législatives anticipées.

Le chef de l'Etat a déjà fait savoir par son entourage qu'il "prendrait ses responsabilités" en cas d'échec mercredi, laissant planer la menace d'une nouvelle dissolution de l'Assemblée actuellement divisée en trois blocs sans majorité nette (gauche, centre et droite, extrême droite).

"La démission n'existe pas" 

M. Macron a jusqu'ici toujours exclu de démissionner, comme le demande sans relâche la gauche radicale.

La pression est toutefois montée d'un cran avec des appels émanant de proches dont son ancien Premier ministre Edouard Philippe (2017-2020), candidat déclaré à la présidentielle.

Cet allié traditionnel a lâché une bombe en l'exhortant à organiser "une élection présidentielle anticipée" après l'adoption d'un budget pour 2026, évoquant un Etat qui n'est selon lui "pas tenu".

M. Lecornu, qui a dit qu'en toute hypothèse il ne prendrait pas la tête du prochain gouvernement, est le quatrième locataire de Matignon depuis la dissolution surprise décidée - et perdue - par M. Macron au printemps 2024.

"On ne va pas faire durer ce que nous vivons depuis six mois pendant 18 mois encore (jusqu'à la présidentielle de 2027, ndlr), c'est beaucoup trop long", a lancé M. Philippe.

La veille, un autre ex-chef du gouvernement, jadis proche d'Emmanuel Macron, Gabriel Attal, avait sèchement pris ses distances avec le président, dont il ne comprend "plus les décisions", sans pour autant l'appeler à écourter son mandat.

"La question de la démission n'existe pas", Emmanuel Macron restera en place "jusqu'à la dernière minute de son mandat", a répondu mardi la porte-parole démissionnaire du gouvernement, Aurore Bergé.

Pour espérer arracher un compromis, M. Lecornu a convenu de "concentrer" les discussions mercredi sur le budget pour 2026 et l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, archipel français du Pacifique sud.

Ultime concession, il a "ouvert la porte" à une "suspension" de la réforme des retraites, une mesure phare du deuxième quiquenat Macron décriée par la gauche et les syndicats.

La ministre démissionnaire Elisabeth Borne s'est elle-même dite mardi ouverte à une "suspension" de cette réforme, qu'elle avait fait adopter au moyen du vote bloqué quand elle était Première ministre.

 


France: ultimes négociations pour former une coalition, Macron lâché par ses alliés

 Dissolution, présidentielle anticipée... La crise politique en France s'enflamme mardi et le président Emmanuel Macron, qui a demandé au Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu de poursuivre "d'ultimes négociations" pour tenter de composer une coalition, se trouve plus isolé que jamais. (AFP)
Dissolution, présidentielle anticipée... La crise politique en France s'enflamme mardi et le président Emmanuel Macron, qui a demandé au Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu de poursuivre "d'ultimes négociations" pour tenter de composer une coalition, se trouve plus isolé que jamais. (AFP)
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  • Coup de théâtre, l'ancien Premier ministre (2017-2020) Édouard Philippe l'exhorte à partir avant la fin de son mandat. Il lui a demandé d'organiser "une élection présidentielle anticipée" après l'adoption d'un budget pour 2026
  • Évoquant "l'affaissement de l'État" qui n'est, selon lui, "pas tenu", cet allié traditionnel du président a estimé qu'"on ne va pas faire durer ce que nous vivons depuis six mois pendant 18 mois encore"

PARIS: Dissolution, présidentielle anticipée... La crise politique en France s'enflamme mardi et le président Emmanuel Macron, qui a demandé au Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu de poursuivre "d'ultimes négociations" pour tenter de composer une coalition, se trouve plus isolé que jamais.

Coup de théâtre, l'ancien Premier ministre (2017-2020) Édouard Philippe l'exhorte à partir avant la fin de son mandat. Il lui a demandé d'organiser "une élection présidentielle anticipée" après l'adoption d'un budget pour 2026.

Évoquant "l'affaissement de l'État" qui n'est, selon lui, "pas tenu", cet allié traditionnel du président a estimé qu'"on ne va pas faire durer ce que nous vivons depuis six mois pendant 18 mois encore (jusqu'à la présidentielle de 2027, ndlr), c'est beaucoup trop long".

Déjà la veille, un autre ex-chef du gouvernement (janvier-septembre 2024), jadis très proche d'Emmanuel Macron, Gabriel Attal avait lancé l'offensive, prenant sèchement ses distances avec le chef de l'Etat dont il "ne comprend plus les décisions".

Dans le même temps, les opposants continuent de dénoncer la crise politique inédite dans laquelle la France est plongée depuis la démission surprise lundi du gouvernement de Sébastien Lecornu nommé... quatorze heures plus tôt.

Socle commun ? 

Le terrain est au moins glissant, sinon miné, pour celui qui est devenu le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République, avant d'être à nouveau chargé lundi soir par le président de mener d'"ultimes négociations" d'ici mercredi pour "définir une plateforme d'action et de stabilité".

Le ministre de l'Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, qui avait provoqué la crise en menaçant dimanche de quitter ce gouvernement pour notamment protester contre la nomination de l'ancien ministre de l'Economie Bruno Le Maire, a tempéré sa position mardi.

Il a proposé que son parti, Les Républicains, participe à un gouvernement de "cohabitation" avec la macronie à condition que LR "ne se dilue pas" dans le camp présidentiel.

Mais, dans le même temps, il a refusé de participer à une réunion mardi matin à Matignon du "socle commun", alliance entre le centre et la droite LR qui a tenu cahin-caha depuis la dissolution de l'Assemblée de 2024.

Ces nouvelles tractations, si elles devaient aboutir à un compromis, ne se traduiront pas nécessairement par une reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon, selon l'entourage d'Emmanuel Macron.

En cas d'échec, ce dernier prendra ses "responsabilités" selon la même source, faisant planer la menace d'une nouvelle dissolution de l'Assemblée divisée en trois blocs sans majorité nette (gauche, centre et droite, et extrême droite).

Gauche dispersée 

Au tour de force de ressouder le socle commun s'ajoute la menace de censure, toujours brandie par la gauche et le Rassemblement national.

"Il peut réussir", considérait lundi soir un conseiller de l'exécutif, "s'il décroche la suspension de la réforme des retraites par exemple", une exigence des socialistes.

Le patron du Parti socialiste (PS) Olivier Faure a lui demandé "un changement de cap" avec l'arrivée d'un "gouvernement de gauche" à Matignon.

Une cohabitation également réclamée par la patronne des Ecologistes Marine Tondelier, qui souhaite toutefois se préparer "à toutes les hypothèses". Elle a ainsi proposé à "toutes" les formations de gauche, de se réunir mardi matin.

Mais le PS a annoncé dans la soirée qu'il ne participerait pas "en présence" du parti de gauche radicale LFI.

Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, qui plaide pour une "solution claire, nette, franche et massive", ne varie pas de sa ligne et continuera de demander la démission d'Emmanuel Macron, en brandissant l'arme de la motion de destitution dont la recevabilité doit être examinée mercredi devant le Bureau de l'Assemblée.

Quant au Rassemblement national, il ne trace lui aussi que deux chemins possibles: la dissolution "absolument incontournable", selon sa cheffe de file Marine Le Pen, et la "démission" d'Emmanuel Macron, qui serait "sage".

Le parti d'extrême droite et ses alliés ont l'intention de censurer "systématiquement tout gouvernement" jusqu'à la dissolution ou la démission.