Macron face à la difficulté de faire aboutir ses initiatives diplomatiques

Le président français Emmanuel Macron tient une conférence de presse après les séances de travail du Conseil européen à Bruxelles, le 26 juin 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron tient une conférence de presse après les séances de travail du Conseil européen à Bruxelles, le 26 juin 2025. (AFP)
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Publié le Samedi 28 juin 2025

Macron face à la difficulté de faire aboutir ses initiatives diplomatiques

  • Les efforts volontaristes d'Emmanuel Macron en faveur de l'Ukraine butent sur un dirigeant américain visiblement peu pressé d'imposer à la Russie ces "sanctions massives" que la France et ses alliés européens brandissent en vain
  • Le dirigeant français a dit "espérer" pouvoir convoquer à nouveau en juillet la conférence à l'ONU sur la solution dite "à deux Etats" qu'il doit coprésider avec l'Arabie saoudite

PARIS: Ils se sont reparlé. Emmanuel Macron et Donald Trump ont échangé jeudi, après leurs tensions publiques du G7 et un sommet de l'Otan sans tête-à-tête qui avaient semblé symboliser les difficultés du président français, engagé sur plusieurs fronts diplomatiques qui peinent à aboutir.

Lors du retour du tonitruant milliardaire à la Maison Blanche en janvier, "il y a eu un électrochoc du côté des Européens" et "Emmanuel Macron s'est posé en tête de file pour essayer de faire en sorte que cet électrochoc soit durable", analyse Lukas Aubin, de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

"On a l'impression en ce moment que le soufflé retombe", dit ce chercheur à l'AFP.

Selon lui, "le caractère imprévisible de Donald Trump rend les Européens un peu hésitants", oscillant entre la nécessité de prendre en main leur défense, comme le prône la France de longue date, et la tentation de s'en remettre encore un peu au soutien des Etats-Unis si leur président continue d'afficher de meilleures dispositions à leur égard, comme cette semaine à l'Otan.

Les efforts volontaristes d'Emmanuel Macron en faveur de l'Ukraine butent sur un dirigeant américain visiblement peu pressé d'imposer à la Russie ces "sanctions massives" que la France et ses alliés européens brandissent en vain depuis leur visite à Kiev le 10 mai.

Quant à ses mots très durs contre le blocus humanitaire israélien pour Gaza, ils ont été relégués au second plan par la guerre entre l'Iran et Israël, qui a surtout retardé sa grande initiative censée accélérer la création d'un Etat palestinien.

Le dirigeant français a dit "espérer" pouvoir convoquer à nouveau en juillet la conférence à l'ONU sur la solution dite "à deux Etats" qu'il doit coprésider avec l'Arabie saoudite. Mais plusieurs diplomates redoutent un coup d'épée dans l'eau si elle intervient à contre-temps.

- "Faits accomplis" -

Cette passe difficile a coïncidé avec un apparent refroidissement de sa relation avec Donald Trump, qui l'a publiquement rabroué en quittant le sommet du G7 au Canada, il y a dix jours.

"Volontairement ou pas, Emmanuel ne comprend jamais rien", avait lâché le républicain new-yorkais.

Le Français a eu beau minimiser une "péripétie", le sommet de l'Alliance atlantique qui a suivi cette semaine à La Haye n'a pas permis de mettre en scène cette complicité qu'il s'efforçait d'entretenir depuis le début de l'année. Le "tête-à-tête" espéré par Emmanuel Macron n'a pas eu lieu aux Pays-Bas, et aucune image des deux hommes côte-à-côte n'a filtré.

Au contraire, s'il a salué la "crédibilité" de Washington à la suite des frappes américaines "efficaces" sur le nucléaire iranien et du cessez-le-feu imposé à Israël et à l'Iran, le président français a été l'un des rares dirigeants l'Otan à élever le ton face à Donald Trump en lui disant que "se faire la guerre commerciale" entre alliés était "une aberration".

L'Elysée a donc tenu à faire savoir que le président américain avait finalement appelé jeudi son homologue français au téléphone pour un long entretien sur l'Ukraine et le Moyen-Orient.

A Paris, on s'agace aussi des commentaires qui ont accompagné le sommet de l'Otan, centrés sur les louanges flagorneuses du chef de l'Alliance Mark Rutte à l'égard de Donald Trump, et sur l'impression de marginalisation du dossier ukrainien.

L'entourage d'Emmanuel Macron préfère voir le verre à moitié plein d'une Europe qui se réarme enfin pour être plus indépendante, et d'un président américain qui a rencontré son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky sans dire non à un soutien accru.

Au sommet de l'Etat, on estime que jusqu'ici, la stratégie présidentielle a plutôt marché, permettant "d'empêcher" Donald Trump de "pousser l'Ukraine à la capitulation".

Mais depuis, les efforts pour mettre fin à cette guerre sont dans l'impasse.

"Macron a tenté de dire à Trump: +je te donne une carte à jouer avec la Russie+, mais le problème c'est que Trump ne veut pas jouer. Tant qu'il n'est pas prêt à faire pression sur Moscou, les cartes de Macron sont vaines", constate Célia Belin, cheffe du bureau parisien du Conseil européen pour les relations internationales (ECFR).

Pour cette chercheuse, le conflit Iran-Israël a montré que "Trump ne respecte que les faits accomplis qui lui apportent immédiatement un bénéfice sur le terrain". "Si la France et l'Europe arrivent à trouver une manière de changer la donne tout seuls, et que le président américain y voit un bénéfice, peut-être qu'il montera à bord."


Bayrou prendra « tous les risques » et présentera un « budget courageux »

Le Premier ministre français François Bayrou s'exprime lors d'une conférence de presse à l'issue de plusieurs mois de négociations sur la réforme des retraites avec les syndicats et les organisations patronales, à l'Hôtel de Matignon à Paris, le 26 juin 2025. (Photo : Thomas SAMSON / AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou s'exprime lors d'une conférence de presse à l'issue de plusieurs mois de négociations sur la réforme des retraites avec les syndicats et les organisations patronales, à l'Hôtel de Matignon à Paris, le 26 juin 2025. (Photo : Thomas SAMSON / AFP)
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  • Le Premier ministre François Bayrou présentera un budget 2026 "courageux" pour ramener le déficit public sous les 3 % du PIB, prenant "tous les risques" malgré la menace d’une motion de censure selon Patrick Mignola.
  • Après le 14 juillet, le Premier ministre doit présenter un vaste plan de redressement des finances publiques, incluant 40 milliards d’euros d’économies pour le budget 2026.

PARIS : Le Premier ministre François Bayrou présentera un budget 2026 "courageux" pour ramener le déficit public sous les 3 % du PIB, prenant "tous les risques" malgré la menace d’une motion de censure, a affirmé dimanche le ministre des Relations avec le Parlement, Patrick Mignola, dans un entretien à La Tribune Dimanche.

M. Bayrou devrait échapper mardi à la motion de censure déposée par les socialistes, à la suite de l’échec du conclave sur les retraites. Le Rassemblement national, dont les voix sont décisives, a annoncé qu’il ne s’y associerait pas.

Après le 14 juillet, le Premier ministre doit présenter un vaste plan de redressement des finances publiques, incluant 40 milliards d’euros d’économies pour le budget 2026.

"Nous saurons prendre tous les risques. Nous dirons toute la vérité et proposerons toutes les solutions nécessaires pour qu’en 2029, la France ramène son déficit sous la barre des 3 %, conformément à ses engagements et pour éviter l’intervention du FMI", a déclaré Patrick Mignola, proche de François Bayrou. "Nous présenterons un budget courageux", a-t-il insisté.

Le ministre juge que le dialogue reste possible avec le Parti socialiste, dont la motion de censure marque selon lui la fin d’une séquence politique, tout en répondant à des logiques internes au parti.

Avec son congrès de Nancy à la mi-juin, "le PS a traversé un débat interne assez rude", observe-t-il. "Pour panser les plaies, il a ressenti le besoin d’une motion de censure capable de rassembler à la fois les courants d’Olivier Faure et de Nicolas Mayer-Rossignol."

Patrick Mignola réfute également les critiques sur l’inaction supposée du Premier ministre.

"Ce procès en mollesse et en immobilisme est souvent intenté aux centristes, car ils privilégient le compromis au conflit", explique-t-il. Il souligne que "50 textes ont été définitivement adoptés par le Parlement" depuis l’arrivée de François Bayrou à Matignon il y a six mois.


La canicule s'étend dans le sud de l'Europe

Des touristes se protègent du soleil avec des parapluies lors d'une balade en gondole dans la lagune de Venise, le 27 juin 2025. Le ministère italien de la Santé a mis en garde les habitants et les touristes le 27 juin 2025.  (Photo par ANDREA PATTARO / AFP)
Des touristes se protègent du soleil avec des parapluies lors d'une balade en gondole dans la lagune de Venise, le 27 juin 2025. Le ministère italien de la Santé a mis en garde les habitants et les touristes le 27 juin 2025. (Photo par ANDREA PATTARO / AFP)
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  • L'épisode de canicule se poursuivra samedi dans le sud de l'Europe, en particulier en France où les risques d'incendie seront multipliés.
  • Le phénomène s'annonce encore plus sévère dimanche en Italie, en Espagne et au Portugal.

MARSEILLE, FRANCE : L'épisode de canicule se poursuivra samedi dans le sud de l'Europe, en particulier en France où les risques d'incendie seront multipliés.

Le phénomène s'annonce encore plus sévère dimanche en Italie, en Espagne et au Portugal.

En France, dimanche et lundi, le mercure devrait atteindre au moins 35 °C sur les deux tiers du pays, ce qui promet des nuits « très désagréables » durant lesquelles le thermomètre ne devrait pas descendre en dessous de 20 degrés, selon Tristan Amm, prévisionniste chez Météo-France.

Le phénomène touche le sud du pays pour la deuxième journée consécutive samedi, avant de s'étendre vers le nord, entraînant notamment des risques d'incendies multipliés. Il devrait durer au moins jusqu'à mardi.

Météo-France s'attend à ce que les températures atteignent 34 à 38 °C samedi après-midi sur les départements concernés par la vigilance orange, et qu'elles approchent « ponctuellement les 40 °C près de la Méditerranée ».

En France, ce pic est dû à un « dôme de chaleur », un anticyclone puissant qui forme une couvercle bloquant l'air en basses couches et le réchauffant progressivement, empêchant ainsi l'entrée de perturbations.

À Marseille (sud), la mairie a annoncé que les piscines municipales seraient gratuites et a publié une cartographie des lieux publics disposant de la climatisation.

La ville de Nice (sud) assure pour sa part que près de 250 ventilateurs portables « ont été livrés ces deux dernières semaines » aux écoles et qu'une distribution de ventilateurs aux personnes âgées isolées a été mise en place.

En Italie, 17 villes sont placées en alerte rouge (niveau 3) samedi, aussi bien dans le nord, comme à Milan, Bologne et Turin, que dans le sud, notamment à Naples et Palerme, avec des pics de température attendus à 39 °C. 

La vague de chaleur frappera encore plus fort dimanche, 21 villes étant placées en alerte rouge.

Certaines régions, comme la Ligurie et la Sicile, ont émis des arrêtés interdisant le travail en extérieur pendant les heures les plus chaudes de la journée et les syndicats se mobilisent pour étendre cette mesure à d’autres régions.

Selon l'agence Ansa, la chaleur a provoqué une augmentation du nombre d'appels aux secours au cours de la dernière semaine.

À Rome, le thermomètre affichait déjà 30 °C à 10 h 00 (8 h 00 GMT) et les températures devraient atteindre 37 °C, selon les prévisions.

Samedi, les nombreux touristes visitant la Cité éternelle tentaient tant bien que mal de se protéger de la chaleur, avec chapeaux, masques et crème solaire ou en se désaltérant dans l'une des fontaines publiques.

« J'essaie de ne pas y penser, mais je bois beaucoup d'eau et je ne reste jamais immobile, car c'est à ce moment-là qu'on attrape une insolation », a confié vendredi à l'AFPTV Siane Minà, étudiante italienne, à l’AFPTV. 

En Espagne, plusieurs régions sont en alerte orange samedi en raison de la première vague de chaleur de l'été, qui pourrait atteindre 42 °C dans certaines zones, selon l'Agence météorologique de l'État espagnol (Aemet).

Le pic de l'épisode est attendu pour dimanche et, avec une marge d'erreur plus importante, pour lundi, lorsque les thermomètres pourraient dépasser les 40 °C dans le sud-ouest du pays et dans certaines zones du nord-est.

« On s'attend à ce que les températures dépassent 42 °C dans la zone du Guadalquivir, du Guadiana et du Tage, sans exclure l'Èbre », a indiqué l'Aemet.

La forte sensation de chaleur contribue également au fait que les eaux maritimes de la péninsule et des îles Baléares dépassent les 26 °C : un chiffre record pour ces dates, typique de la mi-août, a souligné l'Aemet sur X.

Les trois dernières années ont déjà été les plus chaudes de l'histoire de l'Espagne.

Au Portugal, les deux tiers du pays seront en alerte orange dimanche, avec des températures de 42 °C prévues à Lisbonne et un risque maximal d'incendie.


Le Pen exhorte ses troupes à se préparer à tout, y compris à une dissolution

French far-right Rassemblement National's parliamentary group President Marine Le Pen takes part in a 'national unity' convention between the Rassemblement National (RN) party and the Union des droites pour la Republique (UDR) party, at the National Assembly in Paris, on June 28, 2025. (Photo by Julie SEBADELHA / AFP)
French far-right Rassemblement National's parliamentary group President Marine Le Pen takes part in a 'national unity' convention between the Rassemblement National (RN) party and the Union des droites pour la Republique (UDR) party, at the National Assembly in Paris, on June 28, 2025. (Photo by Julie SEBADELHA / AFP)
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  • « Il serait assez dangereux, je crois, de se convaincre qu'il n'y aura pas de dissolution », a lancé la cheffe de file du RN, en ouvrant à l'Assemblée une « convention de l'Union nationale »
  • La présidente du groupe RN à l'Assemblée a revendiqué une « victoire stratégique », avec la « dislocation du bloc central »

PARIS : « Ne procrastinez pas ! » : Marine Le Pen a appelé samedi les parlementaires RN à se préparer aux prochaines batailles électorales, y compris à la possibilité d'une dissolution de l'Assemblée nationale en réponse à « l'affaissement parlementaire » du gouvernement.

« Il serait assez dangereux, je crois, de se convaincre qu'il n'y aura pas de dissolution », a lancé la cheffe de file du RN, en ouvrant à l'Assemblée une « convention de l'Union nationale », réunissant des parlementaires nationaux et européens de l'alliance RN-UDR, presque un an jour pour jour après le premier tour des dernières élections législatives.

La présidente du groupe RN à l'Assemblée a revendiqué une « victoire stratégique », avec la « dislocation du bloc central » réunissant les groupes de l'ancienne majorité (Renaissance-MoDem-UDR) et LR, qui « ne semble plus obéir à aucune direction » selon elle.

Eric Ciotti, patron de l'UDR, a lui lancé un appel aux électeurs et aux militants de son ancien parti LR : « Rejoignez-nous, l'espoir est là, le courage est là ». 

Brandissant « l'affaissement parlementaire » du binôme exécutif Emmanuel Macron-François Bayrou, la présidente du Rassemblement national a estimé que « le bloc central (...) ne pouvait pas laisser ce phénomène de délitement se prolonger indéfiniment ».

« Alors Emmanuel Macron peut être tenté de dissoudre », a ajouté Mme Le Pen, qui ne pourrait pas concourir aux législatives en attendant son procès en appel dans l'affaire des assistants d'eurodéputés FN.

À l'approche de la date du 8 juillet, à laquelle Emmanuel Macron récupérera son pouvoir de dissolution, elle a évoqué une « possibilité, pas une probabilité », ajoutant que « l'histoire ne repassera pas les plats : s'il y a une dissolution, nous devons l'emporter ».

« Nous sommes tous d'accord pour dire que ce gouvernement ne restera pas en place très longtemps, car il est frappé du sceau de l'impuissance », a ajouté Jordan Bardella, président du RN, avant l'ouverture de cette convention, à la fois anniversaire de l'alliance RN-UDR et journée de conférences avec des invités.

Selon une source au sein du groupe, les parlementaires devraient échanger notamment avec André Merlin, ingénieur et industriel, ancien patron de RTE, François Ecalle, haut fonctionnaire à Bercy spécialiste des finances publiques, ou encore le haut fonctionnaire Christophe Eoche-Duval, sur le thème de la simplification.