Des commerçants du Caire déplorent le report de l'ouverture du Grand Musée Egyptien

Après s'être préparés des mois pour l'inauguration officielle du Grand Musée Egyptien (GEM), prévue en juillet, des professionnels du tourisme rongent leur frein en raison de son report. (AFP)
Après s'être préparés des mois pour l'inauguration officielle du Grand Musée Egyptien (GEM), prévue en juillet, des professionnels du tourisme rongent leur frein en raison de son report. (AFP)
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Publié le Mardi 15 juillet 2025

Des commerçants du Caire déplorent le report de l'ouverture du Grand Musée Egyptien

  • Comme d'autres, l'agence de voyage Time Travel se frottait les mains en vue de l'inauguration de ce projet culturel pharaonique destiné, selon les autorités, à attirer jusqu'à 5 millions de visiteurs par an
  • "Nous avions structuré toute notre offre été-automne autour de l'ouverture du musée", explique Nadine Ahmed, 28 ans, une employée de l'agence

LE CAIRE: "J'avais tout misé sur cette ouverture", déplore Mona dans sa boutique de souvenirs au Caire. Après s'être préparés des mois pour l'inauguration officielle du Grand Musée Egyptien (GEM), prévue en juillet, des professionnels du tourisme rongent leur frein en raison de son report.

Comme d'autres, l'agence de voyage Time Travel se frottait les mains en vue de l'inauguration de ce projet culturel pharaonique destiné, selon les autorités, à attirer jusqu'à 5 millions de visiteurs par an.

"Nous avions structuré toute notre offre été-automne autour de l'ouverture du musée", explique Nadine Ahmed, 28 ans, une employée de l'agence. "Entre les annulations de groupes, les remboursements et les modifications de circuits, nous avons perdu plusieurs dizaines de milliers de dollars".

Moins de trois semaines avant la grande inauguration, prévue le 3 juillet, les autorités ont annoncé son report pour le dernier trimestre 2025.

Une décision prise en raison des tensions géopolitiques régionales et pour pouvoir offrir à l'événement "l'ampleur mondiale qu'il mérite", a justifié le Premier ministre Moustafa Madbouly.

Plus de 20 ans de travaux 

Après plus de vingt ans de travaux, l'ouverture de ce musée dédié à la civilisation pharaonique avait déjà été retardée à plusieurs reprises, en raison notamment de bouleversements politiques, de crises économiques et de la pandémie mondiale.

En attendant l'inauguration officielle, le GEM accueille déjà des visiteurs dans plusieurs galeries depuis quelques mois, mais le clou des expositions, le trésor de Toutankhamon, n'a pas encore été dévoilé.

Dans sa petite boutique de souvenirs, Mona contemple les bustes de pharaons entassés sur les étagères. "J'ai emprunté pour refaire la devanture, renouveler les stocks et j'ai même commandé des pièces spéciales inspirées des collections du musée", confie à l'AFP cette femme de 43 ans, inquiète de ne pas voir le flux promis de touristes.

Mohamed Mamdouh Khattab, commerçant de 38 ans, n'a pas ménagé ses efforts non plus. "L'ouverture du musée, c'est une étape importante. C'est un projet qui aurait dû être lancé depuis longtemps", commente-il.

Toute sa famille travaille dans le tourisme depuis les années 1970, et lui-même tient depuis plus de vingt ans un vaste bazar de bijoux artisanaux et de statuettes antiques. Il s'était activement préparé à l'événement officiel: embauches, formations, renouvellement des stocks.

Après des années plombées par l'instabilité politique des Printemps arabes, puis par une série d'attentats et enfin par la pandémie de Covid-19, le tourisme a cependant repris des couleurs en Egypte: 3,9 millions de visiteurs y ont été accueillis au premier trimestre 2025, soit +25% comparé à la même période en 2024, année déjà record.

Devises étrangères 

Dans un atelier de papyrus, la guide touristique Sara Mahmoud, 30 ans, s'impatiente aussi. "Des événements comme le transfert des momies royales (entre deux musées du Caire en 2021) ou l'inauguration de l'Avenue des Sphinx à Louxor (dans le Sud, en 2021) ont attiré une foule immense", rappelle-t-elle.

Alors que le tourisme emploie environ 10% de la population active, le nouveau musée, d'un coût de plus d'un milliard de dollars, a été présenté comme un moteur puissant pour ce secteur vital pour l'économie égyptienne.

"Toute initiative qui augmente les recettes en devises étrangères a de fortes chances d'avoir un bon retour sur investissement", note Ragui Assaad, professeur d'économie à l'université du Minnesota.

"Comparé aux autres méga-projets, souvent peu rentables, celui-ci se distingue", estime-t-il alors que le président Abdel Fattah al-Sissi a lancé depuis son arrivée au pouvoir en 2013 des projets pharaoniques comme la création d'une nouvelle capitale.

L'enjeu économique est de taille pour ce pays de plus de 107 millions d'habitants, dont la monnaie a perdu depuis 2022 plus des deux tiers de sa valeur face au dollar, alimentant une inflation vertigineuse.

"Il y a eu des jours où je n'ai vendu qu'un seul bracelet", déplore Mona qui a hérité de la boutique de son père et regrette les années où "les touristes arrivaient en masse".

 


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".

 


Liban: l'armée annonce six arrestations après une attaque visant des Casques bleus

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
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  • L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban
  • "Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité

BEYROUTH: Six personnes ont été arrêtées au Liban, soupçonnées d'être impliquées dans une attaque d'une patrouille de Casques bleus jeudi dans le sud du pays, qui n'a pas fait de blessés, a annoncé l'armée libanaise samedi.

L'incident s'était produit jeudi soir, selon un communiqué de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) quand "des Casques bleus en patrouille ont été approchés par six hommes sur trois mobylettes près de Bint Jbeil". "Un homme a tiré environ trois coups de feu sur l'arrière du véhicule. Personne n'a été blessé".

L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban, où, déployée depuis 1978, elle est désormais chargée de veiller au respect du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

"Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité.

Bastion du Hezbollah, le sud du Liban subit ces dernières semaines des bombardements réguliers de la part d'Israël, qui assure viser des cibles du mouvement chiite et l'accuse d'y reconstituer ses infrastructures, en violation de l'accord de cessez-le-feu.

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre.

Mercredi, le quartier général de la Finul a accueilli à Naqoura, près de la frontière avec Israël, de premières discussions directes, depuis des décennies, entre des responsables israélien et libanais, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le président libanais, Joseph Aoun, a annoncé de prochaines discussions à partir du 19 décembre, qualifiant de "positive" la réunion tenue dans le cadre du comité de surveillance du cessez-le-feu, disant que l'objectif était d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban.


Les efforts pour panser les «profondes divisions» de la Syrie sont ardus mais «pas insurmontables», déclare Guterres

Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
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  • Antonio Guterres salue "la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", "la résilience et le courage" des Syriens
  • La transition offre l'opportunité de "forger une nation où chaque Syrien peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité"

NEW YORK : Les efforts pour guérir les "profondes divisions" de la Syrie seront longs et ardus mais les défis à venir ne sont "pas insurmontables", a déclaré dimanche le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'occasion du premier anniversaire de la chute du régime Assad.

Une offensive surprise menée par une coalition de forces rebelles dirigées par Hayat Tahrir al-Sham et des milices alliées a rapidement balayé les zones tenues par le régime à la fin du mois de novembre 2024. En l'espace de quelques jours, elles se sont emparées de villes clés et ont finalement capturé la capitale Damas.

Le 8 décembre de l'année dernière, alors que les défenses du régime s'effondraient presque du jour au lendemain, le président de l'époque, Bachar Assad, a fui la République arabe syrienne, mettant fin à plus de 50 ans de règne brutal de sa famille.

"Aujourd'hui, un an s'est écoulé depuis la chute du gouvernement Assad et la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", a déclaré M. Guterres, saluant la "résilience et le courage" des Syriens "qui n'ont jamais cessé de nourrir l'espoir en dépit d'épreuves inimaginables".

Il a ajouté que cet anniversaire était à la fois un moment de réflexion sur les sacrifices consentis en vue d'un "changement historique" et un rappel du chemin difficile qui reste à parcourir pour le pays.

"Ce qui nous attend est bien plus qu'une transition politique ; c'est la chance de reconstruire des communautés brisées et de guérir de profondes divisions", a-t-il déclaré, ajoutant que la transition offre l'occasion de "forger une nation où chaque Syrien - indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique - peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité".

M. Guterres a souligné que les Nations Unies continueraient à soutenir les Syriens dans la mise en place de nouvelles institutions politiques et civiques.

"Les défis sont importants, mais pas insurmontables", a-t-il déclaré. "L'année écoulée a montré qu'un changement significatif est possible lorsque les Syriens sont responsabilisés et soutenus dans la conduite de leur propre transition.

Il a ajouté que les communautés à travers le pays construisent de nouvelles structures de gouvernance et que "les femmes syriennes continuent de mener la charge pour leurs droits, la justice et l'égalité".

Bien que les besoins humanitaires restent "immenses", il a souligné les progrès réalisés dans la restauration des services, l'élargissement de l'accès à l'aide et la création de conditions propices au retour des réfugiés et des personnes déplacées.

Des efforts en matière de justice transitionnelle sont en cours, a-t-il ajouté, ainsi qu'un engagement civique plus large. M. Guterres a exhorté les gouvernements à soutenir fermement une "transition dirigée par les Syriens et prise en charge par les Syriens", précisant que le soutien doit inclure le respect de la souveraineté, la suppression des obstacles à la reconstruction et un financement solide pour le redressement humanitaire et économique.

"En ce jour anniversaire, nous sommes unis dans un même but : construire les fondations de la paix et de la prospérité et renouveler notre engagement en faveur d'une Syrie libre, souveraine, unie et ouverte à tous", a ajouté M. Guterres.