L'histoire tragique de Gaza montre l'effritement du droit international, selon Asim Iftikhar Ahmad

Asim Iftikhar Ahmad, représentant permanent du Pakistan auprès des Nations unies, dans une interview accordée à Arab News. (Photo AN)
Asim Iftikhar Ahmad, représentant permanent du Pakistan auprès des Nations unies, dans une interview accordée à Arab News. (Photo AN)
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Publié le Dimanche 20 juillet 2025

L'histoire tragique de Gaza montre l'effritement du droit international, selon Asim Iftikhar Ahmad

  • Alors que le Pakistan assume la présidence tournante du Conseil de sécurité, son représentant permanent dénonce l'incapacité de la communauté internationale à faire pression sur Israël.
  • Il considère la prochaine conférence sur la solution à deux États, dirigée par la France et l'Arabie saoudite, comme "une nouvelle occasion en or... de réaffirmer son soutien à la cause palestinienne".

NEW YORK : Défenseur de longue date de la cause palestinienne, le Pakistan profite de sa présidence du Conseil de sécurité de l'ONU pour aider à recentrer l'attention mondiale sur la crise à Gaza et sur le conflit israélo-palestinien au sens large.

Asim Iftikhar Ahmad, représentant permanent du Pakistan auprès de l'ONU, a exposé la vision de son pays lors d'une vaste interview accordée à Arab News, alors que le pays d'Asie du Sud assume la présidence tournante du Conseil de sécurité.

"C'est une histoire tragique. C'est une histoire tragique. C'est un détricotage du droit international, du droit humanitaire international", a déclaré M. Ahmad, en décriant la catastrophe humanitaire à Gaza et l'incapacité de la communauté internationale à faire pression sur Israël pour qu'il y mette un terme.

Il a réitéré la position de son pays à l'ONU : "Nous voulons un mouvement clair en direction de l'État palestinien, sur la base du droit à l'autodétermination, sur la base de la légitimité internationale et des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies.

Il a également souligné l'importance de la prochaine conférence sur la mise en œuvre de la solution à deux États, qui sera coprésidée par l'Arabie saoudite et la France du 28 au 30 juillet, la qualifiant de "nouvelle occasion en or pour la communauté internationale de se réunir et de réaffirmer son soutien à la cause palestinienne". 

Asim Iftikhar Ahmad, représentant permanent du Pakistan auprès des Nations unies, dans une interview accordée à Arab News. (Photo AN)
Asim Iftikhar Ahmad, représentant permanent du Pakistan auprès des Nations unies, dans une interview accordée à Arab News. (Photo AN)

Le vice-premier ministre et le ministre des affaires étrangères du Pakistan devraient être présents, offrant ainsi le plein soutien politique et diplomatique du pays.

M. Ahmad a indiqué que le Pakistan avait participé activement à huit tables rondes préparatoires portant sur les aspects politiques, sécuritaires, humanitaires et juridiques de la solution à deux États.

"Nous avons décrit comment nous allions soutenir un grand nombre de ces actions", a-t-il déclaré.

En ce qui concerne la coordination avec l'Arabie saoudite et les autres parties prenantes aux négociations sur le cessez-le-feu, M. Ahmad a indiqué que le Pakistan n'était "pas directement impliqué", mais qu'il restait en contact étroit avec les principales parties prenantes.

"Nous espérons que ce cessez-le-feu sera annoncé le plus tôt possible", a-t-il déclaré.

À la question de savoir si le Pakistan envisagerait de normaliser ses relations avec Israël si un État palestinien était reconnu et si la violence à Gaza cessait, M. Ahmad s'est montré sans équivoque.

"Malheureusement, il n'y a aucune indication du côté israélien sur la possibilité d'aller de l'avant avec la reconnaissance", a-t-il déclaré. "Ce que nous envisageons à ce stade, c'est la création d'un État palestinien dans le cadre de la solution à deux États. 

Vue générale de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur le conflit au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne, au siège de l'ONU à New York, le 16 juillet 2025. (AFP)
Vue générale de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur le conflit au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne, au siège de l'ONU à New York, le 16 juillet 2025. (AFP)

Un autre conflit non résolu concerne la région du Cachemire, disputée entre l'Inde et le Pakistan.

En mai, l'Inde a lancé l'opération Sindoor, tirant des missiles sur ce qu'elle affirme être des cibles militantes au Pakistan et dans le Cachemire administré par le Pakistan, en représailles à un attentat meurtrier perpétré le 22 avril à Pahalgam, dans le Cachemire administré par l'Inde, qui a tué 26 civils.

L'Inde, qui a accusé le Pakistan de soutenir le terrorisme dans le Cachemire sous administration indienne, a déclaré que des insurgés basés au Pakistan étaient à l'origine de l'attaque, ce qu'Islamabad dément.

Le Pakistan a répondu aux attaques de l'Inde par des tirs de missiles, de drones et d'artillerie le long de la ligne de contrôle et sur des installations militaires, dans le cadre de ce qu'il a appelé l'opération Bunyan-ul-Marsoos, qui a donné lieu à d'intenses échanges transfrontaliers jusqu'à l'instauration d'un cessez-le-feu le 10 mai.

M. Ahmad a établi un lien entre ces événements et le statut général non résolu de la région.

"Ce conflit récurrent est le résultat d'une agression indienne non provoquée contre le Pakistan, à laquelle ce dernier a dû répondre en vertu de son droit à l'autodéfense, conformément à la Charte des Nations unies", a-t-il déclaré.

Il a salué les efforts de médiation internationale et réitéré la position du Pakistan. "Nous voulons dialoguer avec l'Inde. Nous voulons aborder les questions qui nous opposent, et en particulier la question centrale du Jammu-et-Cachemire".

Il a rappelé la base juridique des revendications du Pakistan. "Cette position découle des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies sur le Jammu-et-Cachemire, qui appellent à un plébiscite pour le peuple cachemiri.

Cependant, "ce plébiscite n'a pas eu lieu parce que l'Inde a refusé de s'y conformer".

M. Ahmad a affirmé qu'une paix durable en Asie du Sud était peu probable si cette "question centrale" n'était pas résolue.

S'agissant de la crédibilité du Conseil de sécurité lui-même, M. Ahmad n'a pas mâché ses mots. "C'est très clair : les résolutions existent. Le problème, c'est la mise en œuvre", a-t-il déclaré, citant le Cachemire et la Palestine comme des questions négligées depuis longtemps.

Il s'est référé à l'article 25 de la Charte des Nations unies, qui affirme que toutes les résolutions du Conseil de sécurité sont contraignantes, qu'elles relèvent du chapitre VI ou du chapitre VII.

"Il devrait y avoir un examen, une évaluation de la manière dont le Conseil de sécurité a été en mesure de mettre en œuvre un grand nombre de ses résolutions", a-t-il déclaré.

Il a proposé que des envoyés spéciaux ou des représentants du secrétaire général contribuent à faire avancer la mise en œuvre. "Plus que l'adoption de ces résolutions, c'est leur mise en œuvre qui importe", a-t-il déclaré.

M. Ahmad a longuement parlé du rôle de leader que le Pakistan envisage au Conseil de sécurité, notamment de son engagement en faveur du multilatéralisme et de son engagement stratégique auprès des agences de l'ONU.

Au-delà de la paix et de la sécurité, le Pakistan reste activement engagé dans le travail des Nations unies en matière de développement, d'aide humanitaire et d'environnement.

"Le Pakistan, en tant que pays en développement, est confronté à des défis en matière de développement. Nous sommes particulièrement touchés par le changement climatique", a déclaré M. Ahmad, rappelant les inondations dévastatrices qui ont frappé le pays à plusieurs reprises ces dernières années.

Il a souligné le leadership du Pakistan en matière de diplomatie climatique, de réponse aux situations d'urgence et de réduction de la pauvreté grâce à la collaboration avec les agences spécialisées des Nations unies.

"Nous faisons partie des pays qui mènent le discours international sur le développement et le changement climatique", a-t-il déclaré.

Selon M. Ahmad, le Pakistan est actif non seulement à New York, mais aussi dans d'autres centres de l'ONU, notamment à Genève, Rome et Nairobi, contribuant aux droits de l'homme, au développement durable et à la résilience climatique.

Sur des questions allant de la Palestine et du Cachemire à la réforme du Conseil de sécurité, le Pakistan fait pression pour une action fondée sur la Charte des Nations unies et le droit international. Pour M. Ahmad, la présidence de juillet est l'occasion de "remettre l'accent" sur les principes sur lesquels l'ONU a été fondée.

Au cœur de cette approche se trouve un nouvel accent sur le multilatéralisme, une valeur que M. Ahmad qualifie de "pierre angulaire de la politique étrangère pakistanaise".

Dans un monde de plus en plus divisé, il a souligné que "l'attachement à l'ONU, à la charte, au droit international et à la capacité des États membres à travailler ensemble par l'intermédiaire de l'ONU" reste vital.

Le Pakistan, a-t-il dit, vise à faire progresser la paix et la sécurité par une coopération constructive avec tous les États membres, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du Conseil.

Reflétant cet objectif, le débat public organisé par le Pakistan la semaine prochaine portera sur "la manière dont nous pouvons mieux utiliser le multilatéralisme et le règlement pacifique des différends pour promouvoir la paix et la sécurité internationales".

L'objectif, a-t-il ajouté, est de "ramener cette discussion au Conseil" et de réaffirmer les outils fournis par la Charte des Nations unies, en particulier le chapitre VI sur le règlement pacifique des différends, le chapitre VIII sur les accords régionaux et le rôle du secrétaire général en matière de diplomatie préventive.

"Nous voulons rassembler et réaffirmer l'engagement du Conseil de sécurité à utiliser réellement ces outils", a déclaré M. Ahmad.

Bien que certains s'attendaient à ce que l'événement phare du Pakistan mette l'accent sur les préoccupations nationales, M. Ahmad a précisé que le débat "n'est pas spécifique à une situation". Il vise plutôt à promouvoir "une approche globale de la prévention des conflits et de la diplomatie préventive" et à "régler pacifiquement les différends".

"Le Pakistan ne croit pas que nous sommes au Conseil de sécurité uniquement pour promouvoir nos propres questions ou programmes. Notre programme est large et fondé sur le droit international", a-t-il déclaré.

M. Ahmad a affirmé qu'une telle approche holistique était essentielle pour résoudre bon nombre des crises actuellement à l'ordre du jour du Conseil, notamment celles de Gaza et du Cachemire. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le président Ahmad al-Chareh discute de la relance économique de la Syrie avec des ministres saoudiens

Le président de la République arabe syrienne Ahmad al-Chareh et le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane. (SPA)
Le président de la République arabe syrienne Ahmad al-Chareh et le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane. (SPA)
Le président de la République arabe syrienne Ahmad al-Chareh et le ministre saoudien de l'Intérieur, le prince Abdulaziz ben Saud ben Naif. (SPA)
Le président de la République arabe syrienne Ahmad al-Chareh et le ministre saoudien de l'Intérieur, le prince Abdulaziz ben Saud ben Naif. (SPA)
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  • Al-Chareh prendra la parole lors de la neuvième conférence de l’Initiative pour l’investissement futur à Riyad
  • Il a rencontré le ministre des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, et le ministre de l’Intérieur, le prince Abdelaziz ben Saoud ben Nayef

LONDRES : Le président de la République arabe syrienne, Ahmad al-Chareh, et le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, ont examiné les moyens de renforcer et de développer la coopération dans divers domaines lors d’une rencontre à Riyad.

Al-Chareh est arrivé mardi en Arabie saoudite pour participer à la neuvième édition de la conférence de l’Initiative pour l’investissement futur (FII), qui se tient jusqu’à jeudi et réunit dirigeants et ministres du monde entier.

Les deux parties ont également évoqué les opportunités de coopération économique dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie, des infrastructures et de la technologie, alors que la Syrie aspire à atteindre une stabilité économique, selon l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Assad Hassan Al-Shaïbani, ainsi que le Dr Mousaed ben Mohammed Al-Aiban, ministre d’État saoudien et membre du Conseil des ministres, ont assisté à la réunion.

Lors d’une autre rencontre, Al-Chareh a discuté avec le ministre saoudien de l’Intérieur, le prince Abdelaziz ben Saoud ben Nayef, des différents aspects de la coopération sécuritaire, économique, ainsi que du développement régional et international.

Il s’est également entretenu avec le ministre de l’Investissement, Khalid Al-Falih, accompagné d’Al-Shaïbani et du ministre syrien de l’Économie, Mohammad Nidal Al-Shaar, au sujet des partenariats en matière d’investissement, de développement et de reconstruction, ainsi que des efforts visant à soutenir la reprise économique de la Syrie.

Al-Chareh doit prendre la parole lors de la conférence FII9 et rencontrer des représentants de sociétés internationales d’investissement pour discuter de la coopération et de la croissance économique régionale.

Selon l’Agence arabe syrienne d’information (SANA), la visite officielle comprend également des entretiens avec le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane.

Lancée en 2017, la FII — souvent surnommée « Davos du désert » — est devenue une plateforme clé pour l’Arabie saoudite afin de présenter sa stratégie de diversification économique dans le cadre de la Vision 2030.

L’édition de cette année, qui se poursuit jusqu’au 30 octobre, réunit décideurs mondiaux, investisseurs et dirigeants d’entreprise pour débattre des tendances qui façonnent l’économie mondiale et explorer les partenariats dans les secteurs émergents.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
 


Le pape priera au port de Beyrouth au cours de son premier voyage

Le pape Léon XIV dirige une messe dans le cadre du Jubilé du monde de l'éducation à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 27 octobre 2025. (AFP)
Le pape Léon XIV dirige une messe dans le cadre du Jubilé du monde de l'éducation à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 27 octobre 2025. (AFP)
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  • Le pape Léon XIV effectuera son premier voyage à l’étranger depuis son élection en mai, visitant la Turquie pour le 1.700e anniversaire du Concile de Nicée et le Liban, où il priera sur le site de l’explosion du port de Beyrouth de 2020
  • Lors de ce voyage, il rencontrera des dirigeants politiques et religieux, célébrera des messes publiques et œcuméniques, et rendra hommage aux victimes et aux figures saintes du Liban

Cité du Vatican, Saint-Siège: Le pape Léon XIV priera sur le site de l'explosion il y a cinq ans au port de Beyrouth, après une rencontre avec le président turc, Recep Tayyip Erdogan, lors d'un voyage en Turquie et au Liban en novembre, a annoncé le Vatican lundi.

Ce sera le premier voyage à l'étranger du pape américain depuis qu'il est devenu chef des 1,4 milliard de catholiques en mai, après le décès du pape argentin François.

Le voyage de Léon débutera en Turquie, à l'occasion du 1.700e anniversaire du Concile de Nicée.

Le pape arrivera le 27 novembre à Ankara, où il rencontrera Recep Tayyip Erdogan ainsi qu'un groupe de responsables, d'organisations de la société civile et de diplomates, avant de se rendre à Istanbul.

Le 28 novembre, il effectuera une excursion d'une journée à Iznik, la ville actuelle où se trouvait Nicée, pour diriger une prière œcuménique.

En l'an 325, le premier concile œcuménique de l'histoire du christianisme avait rassemblé 300 évêques de l'Empire romain et établi des bases doctrinales toujours reconnues par de nombreuses confessions chrétiennes.

Le lendemain, le pape visitera la célèbre Mosquée Bleue d'Istanbul et rencontrera le patriarche orthodoxe Bartholomée Ier, avant de célébrer une messe publique.

Le pape Léon se rendra à Beyrouth le 30 novembre, où il rencontrera le président libanais, Joseph Aoun, et le Premier ministre, Nawaf Salam.

Il se rendra le 1er décembre sur la tombe du saint patron du Liban, Saint Charbel Makhlouf, au monastère Saint Maron d’Annaya, au nord de Beyrouth.

Dans ce qui sera probablement un moment chargé d'émotion, il tiendra le 2 décembre une prière silencieuse sur le site de l'explosion au port de Beyrouth en 2020, qui a fait plus de 220 morts et dévasté une grande partie de la capitale libanaise. Il célébrera également une messe publique.

Le dernier pape à avoir visité le Liban était Benoît XVI en 2012, tandis que la dernière visite papale en Turquie remonte à 2014, lorsque François s'était rendu à Ankara et Istanbul.

Ce déplacement devait initialement être effectué fin mai par le pape François, mort le 21 avril à 88 ans.


Le Kosovo explore une nouvelle ère tech aux côtés de l’Arabie saoudite, selon Vjosa Osmani

La rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Noor Nugali, s'entretient avec la présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, à Riyad, lundi. (Photo AN de Jafar Saleh)
La rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Noor Nugali, s'entretient avec la présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, à Riyad, lundi. (Photo AN de Jafar Saleh)
La rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Noor Nugali, s'entretient avec la présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, à Riyad, lundi. (Photo AN de Jafar Saleh)
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La rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Noor Nugali, s'entretient avec la présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, à Riyad, lundi. (Photo AN de Jafar Saleh)
La rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Noor Nugali, s'entretient avec la présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, à Riyad, lundi. (Photo AN de Jafar Saleh)
La rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Noor Nugali, s'entretient avec la présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, à Riyad, lundi. (Photo AN de Jafar Saleh)
La rédactrice en chef adjointe d'Arab News, Noor Nugali, s'entretient avec la présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, à Riyad, lundi. (Photo AN de Jafar Saleh)
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  • Osmani exprime sa gratitude pour le soutien historique du Royaume au Kosovo et appelle à des échanges culturels, éducatifs et jeunesse plus approfondis
  • Lors d’une intervention à Riyad avant le FII, Osmani appelle à une coopération élargie dans la tech, l’investissement et l’innovation numérique pour le DAK 2030

RIYAD : Le Kosovo et l’Arabie saoudite peuvent s’appuyer sur leurs solides bases d’amitié grâce à une coopération émergente dans la technologie et l’innovation, a déclaré la présidente Vjosa Osmani à Arab News, lors d’une visite à Riyad pour la 9ᵉ édition du Future Investment Initiative (FII).

Alors que des dirigeants mondiaux, entrepreneurs et investisseurs se réunissent cette semaine dans la capitale saoudienne pour le FII — surnommé le « Davos du désert » — Osmani a affirmé que l’événement « ouvrira de nouveaux chapitres de coopération » entre les deux nations.

La participation du Kosovo représente une opportunité précieuse de créer des liens commerciaux, d’attirer des investissements et d’échanger des expertises avec le Royaume, qu’elle décrit comme « l’un des leaders mondiaux en matière de progrès technologique et d’intelligence artificielle ».

« Nous nous sentons très privilégiés par les relations bilatérales que nous entretenons avec l’Arabie saoudite », a déclaré Osmani.

« C’est l’un des pays qui a soutenu le peuple du Kosovo dans les heures les plus sombres de notre histoire, mais qui est également resté à nos côtés à chaque étape de notre progression en tant que pays vivant désormais dans la liberté, l’indépendance et la prospérité. »

L’Arabie saoudite fut l’une des premières nations à reconnaître l’indépendance du Kosovo en 2008, suite à l’intervention de l’OTAN en 1999 et à une période d’administration de l’ONU — un geste toujours profondément significatif pour Pristina.

« Au fil des années, nous avons développé d’excellentes relations, car l’Arabie saoudite fut l’un des premiers pays à reconnaître notre indépendance, notre lutte pour la liberté et à nous soutenir », a-t-elle précisé.

« Je crois que cette visite ne fera qu’ouvrir de nouveaux chapitres de coopération et, espérons-le, porter cette relation entre nos deux pays vers de nouveaux sommets. »

Le FII, maintenant à sa neuvième année, est devenu l’un des rassemblements mondiaux les plus influents pour l’investissement et l’innovation. Osmani a déclaré que la participation du Kosovo parmi les nations présentes constitue un honneur et une reconnaissance du potentiel du pays dans l’économie numérique.

« Il y a un potentiel énorme que nous pouvons percevoir ici au FII », a-t-elle expliqué. « Bien qu’il s’agisse d’un forum relativement jeune comparé à tant d’autres, il a su attirer des milliers de représentants, qu’ils soient politiques ou économiques.

« Et je pense que ce mélange permet également à nous, en tant que dirigeants politiques, d’apprendre beaucoup du monde des affaires sur la manière de renforcer nos relations et de garantir que les relations politiques et économiques profitent aux populations que nous représentons.

« D’après ce que nous avons vu, le FII est un lieu où les relations ne s’arrêtent pas à la fin du forum mais se poursuivent juste après, avec de nombreux contrats signés, de nombreux accords négociés et de nombreuses relations politiques renforcées. »

Le Kosovo, jeune république comptant l’une des populations les plus connectées d’Europe, a lancé l’ambitieux programme « Digital Agenda Kosovo 2030 » (DAK 2030) pour devenir une « société gigabit » reposant sur la connectivité 5G, la gouvernance électronique et l’innovation en intelligence artificielle.

Osmani estime que le partenariat avec l’Arabie saoudite — qui elle-même développe son agenda numérique et IA dans le cadre de Vision 2030 — peut être transformateur.

« Nous voyons que l’Arabie saoudite devient l’un des leaders mondiaux en matière de progrès technologique et d’IA en particulier », a-t-elle déclaré.

« Étant donné que le Kosovo est leader dans notre région pour la deuxième année consécutive, pays avec le taux de compétitivité IT le plus élevé et une population jeune, connectée et innovante… nous croyons fortement au potentiel énorme d’attirer des investissements directs étrangers dans ce domaine vers le Kosovo. »

Elle a ajouté : « Pour de nombreux représentants ici, qu’ils soient politiques ou économiques, le Kosovo peut être une destination attractive pour l’investissement ou la coopération avec nos entreprises locales.

« Nous croyons fermement que le développement de la technologie et de l’IA doit bénéficier à l’humanité — rendre la croissance économique plus durable, trouver des remèdes à de nombreuses maladies, garantir la qualité de l’éducation et de la santé. »

Osmani a également souligné le soutien de longue date de l’Arabie saoudite à la population majoritairement musulmane du Kosovo, notant que chaque année environ 1 500 Kosovars effectuent le pèlerinage à La Mecque et Médine.

« Nous sommes reconnaissants envers l’Arabie saoudite pour leur coopération à cet égard », a-t-elle dit. « Les Kosovars ont toujours vécu une expérience très enrichissante et spirituelle ici.

« C’est un domaine dans lequel le chef de la communauté islamique, notre mufti M. Ternava, a très bien coopéré avec l’Arabie saoudite et avec votre ministère du Hajj.

« Nous avons eu des visites de l’Arabie saoudite pour discuter de la manière de renforcer cette coopération. Nous sommes très reconnaissants de leur soutien et espérons pouvoir l’amplifier à l’avenir. »

Osmani a salué le « rôle croissant de l’Arabie saoudite pour la paix et la stabilité, non seulement dans la région mais dans le monde », en référence aux efforts de médiation du Royaume concernant Israël-Palestine, Russie-Ukraine et d’autres conflits.

Elle a précisé que le Kosovo soutient le leadership du Royaume « pour s’assurer qu’il non seulement intervient à l’échelle mondiale mais réussisse, car garantir la paix dans le monde est l’une des missions les plus nobles ».

Pour Osmani, paix et stabilité ne sont pas des idéaux abstraits mais des réalités vécues, ancrées dans l’histoire douloureuse du Kosovo.

« Je crois que ces efforts de médiation fonctionnent », a-t-elle affirmé. « Pour certains, la paix est écrite sur le papier ; pour nous, c’est notre vie.

« Nous avons grandi en enfants de guerre. Nous avons subi une guerre génocidaire. Chaque génération, y compris celle de nos parents, grands-parents et arrière-grands-parents, a traversé des guerres.

« Nos enfants sont la première génération dans l’histoire de notre nation à vivre en paix. Il n’y a rien de plus important que de s’assurer que chaque enfant de notre pays puisse s’endormir paisiblement, sans peur de la guerre. »

Elle a ajouté : « Nous serons toujours reconnaissants envers tous ceux dans le monde qui nous ont soutenus pour sauver nos vies, libérer notre pays et nous donner les moyens de reconstruire après la guerre.

« Aujourd’hui, nous sommes un pays rétabli, un pays en plein essor, économiquement prospère, sous la règle de droit et dans les relations internationales. »

Osmani a salué les « efforts et le leadership de Son Altesse Royale (le prince héritier Mohammed ben Salmane), en coopération avec le président des États-Unis et de nombreux dirigeants mondiaux », en référence au récent cessez-le-feu à Gaza.

Elle a déclaré que le Kosovo « soutient pleinement ces efforts, car nous comprenons combien la paix est précieuse et combien sont bénies les nations qui vivent en paix, car c’est la seule voie vers la prospérité ».

Au-delà de la politique et de l’investissement, Osmani a souligné l’importance du contact direct entre les peuples saoudien et kosovar — via l’éducation, la culture et les programmes jeunesse.

« Vous avez raison, les liens entre les peuples ont toujours été forts », a-t-elle affirmé. « Nous devons trouver de nouvelles façons pour que cette relation fleurisse davantage, que ce soit dans l’éducation, la culture ou d’autres domaines.

« Il y a une opportunité énorme, et c’est pourquoi je suis ici — pour nous assurer que nous élargissons ces opportunités. »

Elle a ajouté : « J’encouragerai notre jeune génération à visiter l’Arabie saoudite, et j’aimerais encourager les jeunes Saoudiens à venir au Kosovo. En se rencontrant, en partageant idées et expériences, c’est ainsi que se créent ces relations. »

Osmani a également lancé une invitation à la direction saoudienne : « Nous serions honorés si Son Altesse Royale visitait également la République du Kosovo à sa convenance, afin que le peuple du Kosovo puisse remercier l’ensemble des dirigeants et du peuple saoudien pour leur soutien. »

Pour Osmani, investir dans la jeunesse est essentiel pour maintenir la vitalité de cette relation.

« Pour que deux pays et deux peuples entretiennent d’excellentes relations, il faut toujours impliquer la jeune génération », a-t-elle précisé. « Ils ont le plus d’énergie et peuvent faire le meilleur travail pour renforcer ces liens entre les peuples. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com