Paris regrette que l'accord États-Unis et l'UE soit « déséquilibré » et n'apporte qu'une « stabilité temporaire »

Le président américain Donald Trump (à droite) serre la main de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen (à gauche) après avoir conclu un accord commercial entre les deux économies à la suite de leur réunion, à Turnberry, dans le sud-ouest de l'Écosse, le 27 juillet 2025. (Photo de Brendan SMIALOWSKI / AFP)
Le président américain Donald Trump (à droite) serre la main de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen (à gauche) après avoir conclu un accord commercial entre les deux économies à la suite de leur réunion, à Turnberry, dans le sud-ouest de l'Écosse, le 27 juillet 2025. (Photo de Brendan SMIALOWSKI / AFP)
Short Url
Publié le Lundi 28 juillet 2025

Paris regrette que l'accord États-Unis et l'UE soit « déséquilibré » et n'apporte qu'une « stabilité temporaire »

  • « L'accord commercial négocié par la Commission européenne avec les États-Unis apportera une stabilité temporaire aux acteurs économiques menacés par l'escalade douanière américaine, mais il est déséquilibré », a écrit M. Haddad sur X.
  • « Mais soyons lucides : l'état de fait n’est pas satisfaisant et ne peut pas être durable », a estimé le ministre, en observant que les États-Unis « font le choix de la coercition économique et du mépris complet des règles de l'OMC ». 

PARIS : Le ministre français délégué chargé de l'Europe, Benjamin Haddad, a regretté lundi que l'accord commercial entre les États-Unis et l'UE, qui établit à 15 % les droits de douane américains sur les produits européens, n'apporte qu'une « stabilité temporaire » et reste « déséquilibré ».

« L'accord commercial négocié par la Commission européenne avec les États-Unis apportera une stabilité temporaire aux acteurs économiques menacés par l'escalade douanière américaine, mais il est déséquilibré », a écrit M. Haddad sur X, mettant en garde contre le risque d'un « décrochage » des Européens s'ils « ne se réveillent pas ».

Il s'est félicité que l'accord exempte « des secteurs clés pour l’économie française (aéronautique, spiritueux, médicaments) », exclut « toute concession pour les filières agricoles sensibles » et « préserve la réglementation européenne sur des sujets comme le numérique ou le sanitaire ».

« Mais soyons lucides : l'état de fait n’est pas satisfaisant et ne peut pas être durable », a estimé le ministre, en observant que les États-Unis « font le choix de la coercition économique et du mépris complet des règles de l'OMC ». 

« Nous devons en tirer vite les conséquences, sous peine de disparaître », a-t-il écrit, avertissant : « Si les Européens ne se réveillent pas, les difficultés des autres paraîtront toutes relatives face à notre décrochage. »

L'accord a été annoncé lors d'une rencontre entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, dimanche en Écosse.

Il prévoit des droits de douane de 15 % sur les produits européens importés, tandis que l'UE s'engage à effectuer 750 milliards de dollars d'achats d'énergie — visant notamment à remplacer le gaz russe — et à réaliser 600 milliards d'investissements supplémentaires aux États-Unis.

Les deux puissances ont également décidé de supprimer réciproquement les droits de douane sur certains produits stratégiques, notamment les équipements aéronautiques, a ensuite précisé Mme von der Leyen lors d'une conférence de presse.


Droits de douane : « les filières économiques » seront réunies à Bercy mercredi

Le président américain Donald Trump (à droite) et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen (à gauche) s'adressent à la presse après avoir convenu d'un accord commercial entre les deux économies à la suite de leur réunion, à Turnberry, dans le sud-ouest de l'Écosse, le 27 juillet 2025. (Photo de Brendan SMIALOWSKI / AFP)
Le président américain Donald Trump (à droite) et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen (à gauche) s'adressent à la presse après avoir convenu d'un accord commercial entre les deux économies à la suite de leur réunion, à Turnberry, dans le sud-ouest de l'Écosse, le 27 juillet 2025. (Photo de Brendan SMIALOWSKI / AFP)
Short Url
  • La réunion, qui se tiendra en début d'après-midi, rassemblera les organisations patronales ainsi que les fédérations représentant les filières industrielles « impactées par les droits de douane américains », a précisé le ministère dans un communiqué.
  • Cette réunion est programmée au lendemain d'un déplacement du ministre de l'Économie auprès de filières industrielles affectées par l'accord, dont les modalités restent à préciser, selon Bercy.

PARIS : Le ministre de l'Économie, Éric Lombard, et celui des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, réuniront mercredi à Bercy « les filières économiques » pour évoquer « les conséquences » de l'accord intervenu dimanche entre l'UE et les États-Unis sur les droits de douane, a annoncé le ministère de l'Économie à l'AFP lundi.

La réunion, qui se tiendra en début d'après-midi, rassemblera les organisations patronales ainsi que les fédérations représentant les filières industrielles « impactées par les droits de douane américains », a précisé le ministère dans un communiqué.

« Lors de cette réunion, les ministres aborderont avec les représentants des secteurs économiques les conséquences de l'accord UE-États-Unis sur les différentes filières, ainsi que la suite des négociations sur l'application des droits de douane », selon le ministère.

Les ministres Marc Ferracci (Industrie et Énergie), Véronique Louwagie (Commerce, Artisanat et PME), Clara Chappaz (Numérique) et Laurent Saint-Martin (Commerce extérieur) seront également présents.

Cette réunion est programmée au lendemain d'un déplacement du ministre de l'Économie auprès de filières industrielles affectées par l'accord, dont les modalités restent à préciser, selon Bercy.

Dimanche, en Écosse, le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont conclu un accord douanier prévoyant que les produits européens exportés aux États-Unis soient taxés à 15 %. M. Trump avait menacé d'appliquer un taux de 30 % à partir du 1^(er) août en l'absence d'accord.

Les Européens espèrent ainsi éviter une escalade commerciale.

Toutefois, lundi, M. Saint-Martin a estimé que cet accord était « déséquilibré », reprenant le terme utilisé par le ministre délégué chargé de l'Europe, Benjamin Haddad, un peu plus tôt sur X, ainsi que par M. Ferracci sur RTL.


Les Jeux de Paris soufflent leur première bougie en bord de Seine

Des kayaks, des paddles et des bateaux à rames naviguent sur la Seine avec l'Hôtel de Ville en arrière-plan pour marquer le premier anniversaire des Jeux olympiques de Paris 2024 à Paris, le 26 juillet 2025. (AFP)
Des kayaks, des paddles et des bateaux à rames naviguent sur la Seine avec l'Hôtel de Ville en arrière-plan pour marquer le premier anniversaire des Jeux olympiques de Paris 2024 à Paris, le 26 juillet 2025. (AFP)
Short Url
  • Pour souffler leur première bougie, les Jeux de Paris s'offrent samedi une parade de canoës sur la Seine qui fut l'une des stars de ces JO, un tour en Seine-Saint-Denis, avant une ascension de Montmartre dimanche
  • Un an après un été festif et sportif, les JO ont déjà un peu fait leur retour depuis plus d'un mois avec la réinstallation de la vasque olympique qui prend son envol chaque soir comme l'été dernier aux Tuileries

PARIS: Pour souffler leur première bougie, les Jeux de Paris s'offrent samedi une parade de canoës sur la Seine qui fut l'une des stars de ces JO, un tour en Seine-Saint-Denis, avant une ascension de Montmartre dimanche par le peloton du Tour de France.

Un an après un été festif et sportif, les JO ont déjà un peu fait leur retour depuis plus d'un mois avec la réinstallation de la vasque olympique qui prend son envol chaque soir comme l'été dernier aux Tuileries.

Pour commémorer ce "souvenir commun", comme le dit le chef d'orchestre de la cérémonie d'ouverture Thomas Jolly, un retour en Seine était inévitable. Une parade nautique de canoës, paddles, kayaks, sur le fleuve qui avait accueilli le soir du 26 juillet 2024 le défilé des délégations du monde entier, a démarré cette journée anniversaire.

Deux grandes phryges, les mascottes à succès des JO, grimpées sur un zodiac, ont salué depuis le fleuve la délégation institutionnelle en promenade, tandis quelques "merci! merci!" fusaient.

"Les Jeux ont changé la ville profondément, ils nous ont donné beaucoup de bonheur, beaucoup de joie", a commenté depuis le pont Saint-Louis la maire PS de Paris Anne Hidalgo, évoquant "l'héritage très très important, comme la baignade en Seine".

"Aucune nostalgie, mais des souvenirs merveilleux qui sont toujours très forts et très présents", a lancé Tony Estanguet, l'ex-patron du comité d'organisation. Pour son premier déplacement en France, la nouvelle présidente du CIO Kirsty Coventry a trouvé "merveilleux d'être de retour à Paris et de voir tout l'héritage laissé derrière" des JO, a-t-elle lancé, aux côtés de Thomas Bach, son prédécesseur, qui a suivi de très près pendant des années la préparation des Jeux de Paris.

- baignade en Seine -

Après avoir découvert le projet de "monument des championnes et champions" qui sera installé pont Saint-Louis d'ici fin 2025 pour rendre hommage aux milliers de médaillés de toute nationalité des JO, l'ensemble de la délégation s'est rendu à l'espace de baignade situé bras Marie.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont déjà baignées dans la Seine depuis l'ouverture des trois zones de baignade début juillet mais la météo pluvieuse a contraint la mairie de Paris à les fermer depuis le début de semaine. Elles étaient encore fermées ce samedi.

La délégation du CIO s'est ensuite rendue dans le nord de Paris, rue de la Chapelle, pour voir les dix statues de femmes célèbres conçues pour la cérémonie d'ouverture des JO désormais installées dans ce quartier.

Après un moment réservé aux discours au Grand Palais, lieu emblématique des compétitions d'escrime olympique, le convoi institutionnel se rendra en Seine-Saint-Denis samedi après-midi. Au menu: visite du centre aquatique olympique à Saint-Denis, gratuit pour cette journée anniversaire, et du parc Georges-Valbon à la Courneuve où seront installés les anneaux olympiques. Il s'y déroulera aussi un grand concert.

- baisse du budget sport -

Sur la Tour Eiffel, un drapeau avec les anneaux olympiques a déjà été accroché et sera éclairé samedi soir. Pour réinstaller des anneaux en dur, volonté affichée d'Anne Hidalgo, il faudrait modifier la législation mais pour l'instant le Sénat a rejeté cette possibilité dans la loi olympique qui passera à l'Assemblée cet automne.

Si le monde sportif a envie de fêter la quinzaine olympique, il a surtout une sérieuse gueule de bois en regardant les coupes budgétaires qui ont amputé les crédits du sport dès les Jeux paralympiques terminés en septembre 2024.

Dernier coup dur en date: le projet de baisse de 17,6% pour les missions jeunesse et sport dans le budget 2026 présenté par le Premier ministre François Bayrou.

"C'est un message incompréhensible alors que la France va investir dans de grands évènements" comme les JO d'hiver 2030, a protesté vendredi l'adjoint au JO et au sport de la mairie de Paris Pierre Rabadan, se disant "hyper en colère". L'ex-ministre des Sports et des JO, Amélie Oudéa Castéra, désignée fin juin présidente du comité olympique français, dénonce elle une coupe "disproportionnée".

"On n'aurait pas dû dire qu'il y aurait un héritage", avait lâché il y a quelques mois la championne olympique d'escrime, Manon Apithy-Brunet.


Macron franchit un pas symbolique: la reconnaissance de la Palestine en septembre prochain

Après des mois d’hésitation, la France a tranché : le président Emmanuel Macron reconnaîtra officiellement l’État de Palestine en marge de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre prochain. (AFP)
Après des mois d’hésitation, la France a tranché : le président Emmanuel Macron reconnaîtra officiellement l’État de Palestine en marge de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre prochain. (AFP)
Short Url
  • La décision a été transmise ce jeudi 24 juillet par le consul général de France à Jérusalem, Nicolas Cassianides, au président palestinien Mahmoud Abbas, en réponse à une lettre adressée le 9 juin par ce dernier
  • Dans sa réponse, le chef de l’État français affirme sa volonté de donner corps à l’engagement historique de la France pour une paix juste au Proche-Orient, dans le sillage du discours de François Mitterrand à la Knesset en 1982 et du vote français de 2012

PARIS: Après des mois d’hésitation, la France a tranché : le président Emmanuel Macron reconnaîtra officiellement l’État de Palestine en marge de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre prochain.

Cette décision intervient dans un contexte d’escalade sans précédent de la violence israélienne à Gaza et en Cisjordanie. Elle se veut également, selon l’Élysée, un geste diplomatique « exigeant », loin d’un quelconque « cadeau » au mouvement Hamas.

La décision a été transmise ce jeudi 24 juillet par le consul général de France à Jérusalem, Nicolas Cassianides, au président palestinien Mahmoud Abbas, en réponse à une lettre adressée le 9 juin par ce dernier à Emmanuel Macron et au prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Le récent vote de la Knesset en faveur de l’annexion pure et simple de la Cisjordanie a été qualifié par la diplomatie française de « coup supplémentaire porté aux aspirations légitimes des Palestiniens ».

Dans sa réponse, le chef de l’État français affirme sa volonté de donner corps à l’engagement historique de la France pour une paix juste au Proche-Orient, dans le sillage du discours de François Mitterrand à la Knesset en 1982 et du vote français de 2012 en faveur du statut d’État non membre de la Palestine à l’ONU.

Cette reconnaissance, que Macron évoque depuis février 2024 — notamment lors d’une conférence de presse commune avec le roi Abdallah de Jordanie — se concrétise alors que le conflit israélo-palestinien entre dans une phase particulièrement meurtrière, marquée par des bombardements intensifs sur Gaza et des menaces d’annexion de la Cisjordanie.

Le choix du calendrier n’est pas anodin. Depuis les attaques du 7 octobre 2023 menées par le Hamas, Israël mène une offensive d’une violence inouïe sur la bande de Gaza.

Le président français avait condamné avec fermeté les attentats terroristes du Hamas, mais il a exprimé des doutes sur les objectifs militaires poursuivis par le gouvernement Netanyahou.

Les conséquences sont connues de tous : des dizaines de milliers de morts, une population déplacée à répétition, soumise à la famine et à la malnutrition, et une enclave totalement ravagée.

En Cisjordanie, la situation est loin d’être plus stable. L’intensification de la colonisation, en particulier le projet de construction dans la colonie d’Ewan, menace de morceler irrémédiablement le territoire et de rendre impossible la création d’un État palestinien viable.

Le récent vote de la Knesset en faveur de l’annexion pure et simple de la Cisjordanie a été qualifié par la diplomatie française de « coup supplémentaire porté aux aspirations légitimes des Palestiniens ».

Dans ce contexte, Macron estime que la reconnaissance de la Palestine s’inscrit dans une stratégie diplomatique plus large, fruit d’une coopération franco-saoudienne.

Une première conférence de haut niveau se tient cette semaine à New York, avec la participation de 40 ministres. Une deuxième phase aura lieu en septembre, à un niveau plus élevé. Ni Israël ni les États-Unis n’ont cependant confirmé leur participation à la réunion ministérielle, laissant supposer qu’ils seront absents.

Face aux critiques, le président Macron a tenu à clarifier une chose : la reconnaissance de l’État palestinien n’est en rien un signe d’acquiescement envers le Hamas. Bien au contraire, elle vise à redonner un rôle central aux acteurs politiques ayant renoncé à la violence, et à isoler les groupes terroristes.

Cette initiative vise à définir un « cadre politique collectif » déjà énoncé à maintes reprises : cessez-le-feu à Gaza, libération des otages, stabilisation régionale, désarmement du Hamas et réforme en profondeur de l’Autorité palestinienne.

La reconnaissance française se fonde aussi sur des engagements « clairs et sans précédent » pris par Mahmoud Abbas : la condamnation explicite des attentats du 7 octobre, l’engagement pour le désarmement du Hamas, et surtout l’annonce d’élections législatives et présidentielles en 2026.

Une loi interdisant la participation des partis refusant la renonciation à la violence et la reconnaissance d’Israël est en cours d’élaboration.

Face aux critiques, le président Macron a tenu à clarifier une chose : la reconnaissance de l’État palestinien n’est en rien un signe d’acquiescement envers le Hamas. Bien au contraire, elle vise à redonner un rôle central aux acteurs politiques ayant renoncé à la violence, et à isoler les groupes terroristes.

« C’est l’inverse d’un cadeau au Hamas », affirme l’Élysée. « C’est un effort pour réhabiliter une Autorité palestinienne affaiblie, mais qui reste la seule entité palestinienne à avoir reconnu Israël et renoncé au terrorisme. »

Sur la scène intérieure, la décision de Macron suscite des réactions contrastées, voire virulentes. Le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) parle d'une « faute morale », tandis que l’ambassadeur d’Israël en France, Joshua Zarka, fustige une décision « dangereuse ».

À l’extrême droite, la cheffe de file du Rassemblement national, Marine Le Pen, dénonce « la légitimation des massacreurs du 7 octobre » et affirme que « reconnaître un État palestinien aujourd’hui, c’est reconnaître un État Hamas ».

À droite, les critiques sont moins outrancières mais tout aussi sceptiques, arguant que cette reconnaissance est précipitée, voire contre-productive. Les partis de gauche et d’extrême gauche l’ont accueillie avec froideur, saluant le symbole, mais regrettant le manque d’effets concrets immédiats sur le terrain.

Reste la grande question : que changera réellement cette reconnaissance pour les Palestiniens, pour les habitants de Gaza soumis à une catastrophe humanitaire d’ampleur, et pour les territoires morcelés de Cisjordanie menacés d’annexion ?

La décision française reste avant tout symbolique. Elle tente de rouvrir une voie diplomatique dans un paysage ravagé, mais elle n’effacera ni l’asymétrie des forces sur le terrain, ni l’impasse militaire et politique actuelle, avec l’échec des pourparlers à Doha. Et elle ne soignera en rien les stigmates de ce que les Gazaouis endurent depuis bientôt deux ans.