Dernière pression dans la rue des syndicats avant l'annonce d'un budget

Selon plusieurs sources syndicalistes, l'intersyndicale attendra la semaine prochaine, lundi ou mardi, pour se réunir et décider de la suite. (AFP)
Selon plusieurs sources syndicalistes, l'intersyndicale attendra la semaine prochaine, lundi ou mardi, pour se réunir et décider de la suite. (AFP)
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Publié le Jeudi 02 octobre 2025

Dernière pression dans la rue des syndicats avant l'annonce d'un budget

  • "Les sacrifices pour le monde du travail, c'est fini", a déclaré la numéro un de la CGT Sophie Binet sur BFMTV/RMC. "Ça fait huit ans qu'on passe à la caisse, on n'en peut plus"
  • Transports, éducation, aérien ... La grève est globalement moins suivie, selon les premières remontées, pour cette deuxième journée convoquée par l'intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires)

PARIS: Quelques jours avant le discours de politique générale et les derniers arbitrages du Premier ministre, l'intersyndicale convoque une nouvelle journée de grèves et manifestations jeudi, pour tenter de décrocher des mesures de "justice sociale", mais la mobilisation s'annonce moins importante que le 18 septembre.

"Les sacrifices pour le monde du travail, c'est fini", a déclaré la numéro un de la CGT Sophie Binet sur BFMTV/RMC. "Ça fait huit ans qu'on passe à la caisse, on n'en peut plus".

"Le partage des efforts, c'est le mot d'ordre de cet après-midi", a indiqué de son côté la cheffe de file de la CFDT Marylise Léon sur RTL.

Près de 250 cortèges sont prévus dans tout le pays et 300.000 à 350.000 personnes - dont 20.000 à 40.000 à Paris - sont attendues, selon les autorités. Une participation en baisse comparée à la journée du 18 septembre qui avait rassemblé de 500.000 à plus d'un million de personnes, selon les autorités ou la CGT.

A Paris, où le cortège s'élancera à 14H00 depuis la place d'Italie vers la place Vauban, à quelques encablures de l'Assemblée nationale, quelque 5.000 policiers seront déployés, a précisé le préfet de police Laurent Nuñez.

Transports, éducation, aérien ... La grève est globalement moins suivie, selon les premières remontées, pour cette deuxième journée convoquée par l'intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires).

Ainsi, la circulation des TGV et de la quasi-totalité du réseau RATP est "normale", selon le ministère des Transports, qui table sur "quelques perturbations" dans les "TER, RER et Transilien et Intercités".

Dans le secteur aérien, 75 grévistes sont déclarés et "des retards sont à prévoir", mais avec "un impact limité", selon la même source, qui souligne qu'"aucune perturbation significative n'est à prévoir dans les aéroports parisiens".

Dans l'éducation, la proportion de grévistes dans les écoles s'annonce également plus faible, à 10% selon la FSU-Snuipp, contre 17,48% il y a deux semaines.

Côté étudiants, des blocages et débrayages devraient avoir lieu dans plusieurs universités comme à Montpellier, Paris 1, Caen, Nantes, Clermont ou Rennes.

A Bordeaux, quelques centaines de lycéens bloquaient un établissement de l'ouest de la ville, aux cris notamment de "Macron démission". D'autres blocages de lycées ont été signalés à Montpellier par la préfecture.

Quelque 76.000 policiers et gendarmes sont mobilisés, dont 5.000 à Paris, contre 80.000 lors des précédentes journées de mobilisation, a indiqué jeudi le ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau.

"Quel sera le budget ?" 

L'intersyndicale, déçue après sa rencontre avec le nouveau Premier ministre, qui n'a toujours pas de gouvernement et cherche un compromis pour faire adopter son budget, a lancé et maintenu sa journée de mobilisations estimant n'avoir toujours pas eu de réponses à ses questions.

Elle demande l'abandon de plusieurs mesures dont le "doublement des franchises médicales, l'année blanche (...), la suppression de 3.000 postes de fonctionnaires et la réforme de l'assurance chômage", ainsi que le "recul de l'âge légal de départ" à 64 ans.

Si Sébastien Lecornu a assuré les leaders syndicaux, dans un nouveau courrier mercredi, qu'il retiendrait dans le prochain budget de la Sécurité sociale "certaines mesures issues du +conclave+ sur les retraites, notamment celle relative à l'amélioration de la retraite des femmes", et se disait "à l'écoute de propositions" concernant le pouvoir d'achat, les syndicats eux, restent sur leur faim.

"C'est un courrier qui ne répond en rien à la question du moment", estime Yvan Ricordeau, numéro deux de la CFDT, interrogé par l'AFP.

"Il n'y a pas de mesure sur la question du pouvoir d'achat, pas de mesure sur la conditionnalité des aides aux entreprises, rien sur la taxe sur les plus riches", poursuit-il.

Le Premier ministre "ne répond à aucune de nos exigences", abonde Sophie Binet, qui maintient, comme FO, la demande d'abrogation de la réforme des retraites de 2023.

Selon plusieurs sources syndicalistes, l'intersyndicale attendra la semaine prochaine, lundi ou mardi, pour se réunir et décider de la suite.

"On prendra nos décisions en fonction de [l]a copie" de Sébastien Lecornu, "on veut savoir quel sera le gouvernement, si ça sera lui le Premier ministre, et quel sera le budget", a indiqué Sophie Binet sur BFMTV-RMC.

"L'intersyndicale se décidera suite à cette journée, c'est évident qu'on va aussi un peu attendre le discours" de politique générale du Premier ministre pressenti pour mardi, a abondé le président de la CFTC Cyril Chabanier sur France 2.

 


Lecornu renonce au 49.3, les oppositions attendent des "ruptures" sur le fond

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu fait une déclaration à l'hôtel Matignon à Paris, le 3 octobre 2025, avant une série de consultations avec les partis politiques en vue de l'annonce du nouveau gouvernement. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu fait une déclaration à l'hôtel Matignon à Paris, le 3 octobre 2025, avant une série de consultations avec les partis politiques en vue de l'annonce du nouveau gouvernement. (AFP)
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  • Sébastien Lecornu renonce au 49.3 pour le budget, rendant ainsi la main au Parlement
  • Ce geste, présenté comme une "rupture", vise à apaiser les tensions démocratiques, mais reste jugé insuffisant par les oppositions

PARIS: Sébastien Lecornu a renoncé vendredi à l'article 49.3 de la Constitution et redonne ainsi la main au Parlement sur le budget, un geste salué par les oppositions mais jugé insuffisant pour balayer les menaces de censure.

Le Parti socialiste comme le Rassemblement national, qui détiennent les clefs de la survie du Premier ministre, ont dit attendre sa déclaration de politique générale pour se prononcer sur la question. Celle-ci est prévue mardi après-midi, de sources gouvernementale et parlementaire. Entre-temps, M. Lecornu aura constitué son gouvernement, probablement ce week-end.

"Renoncer à l'article 49.3", qui a permis de faire passer sans vote les budgets depuis 2022, "ne doit pas nous faire renoncer à ce que la France ait un budget au 31 décembre", a affirmé le Premier ministre sur le perron de Matignon, avant de recevoir les oppositions à l'exception de La France insoumise qui ne souhaite pas le rencontrer.

"Il n'y a donc plus aucun prétexte pour que ces débats (parlementaires) ne démarrent pas la semaine prochaine", et pour que chaque député puisse "prendre ses responsabilités", a-t-il lancé.

L'article 49.3 a été utilisé pour faire adopter tous les budgets depuis la réélection d'Emmanuel Macron en 2022. La décision d'y renoncer, présentée par Sébastien Lecornu comme une "rupture", a été prise en accord avec le chef de l'Etat, selon l'entourage de ce dernier.

Ce renoncement permettra-t-il d'éviter une censure ? "Il y a bien un début de rupture sur la forme, mais sur le fond rien n'a changé", a déploré après plus de deux heures d'entretien le patron du Parti socialiste Olivier Faure, qui avait promis de renoncer au 49.3 si la gauche était nommée à Matignon.

- Copie "insuffisante" -

La "copie" du Premier ministre sur le budget reste "très insuffisante et à bien des égards alarmante", a-t-il dénoncé.

Le patron des socialistes a notamment déploré que le Premier ministre ne se soit "pas engagé" à un débat et un vote sur la réforme impopulaire des retraites, adoptée en 2023 via le 49.3, et dit craindre une "caporalisation" par le gouvernement des débats parlementaires au moyen d'autres outils constitutionnels.

Avant même la fin de son entretien avec le PS, le chef du gouvernement a fait savoir qu'il proposait la création d'une "taxe sur le patrimoine financier" des holdings familiales, utilisées pour contourner l'impôt, mais pas la taxe Zucman, réclamée par la gauche, qu'il juge "dangereuse" pour l'économie et l'emploi.

Olivier Faure a répondu qu'il fallait regarder le "rendement" de cette nouvelle taxe. "On nous dit qu'on ferait 1,5 milliard. (...) Ca n'est pas tout à fait ce que nous, nous présentons".

Selon un participant, les socialistes réunis vendredi en bureau national étaient partagés entre l'option d'une censure dès le discours de politique générale, ou la participation aux débats budgétaires. Et attendent d'ici mardi que M. Lecornu montre "que c'est vers nous qu'il se tourne, pas vers le RN".

Tout cela est "très flou, très décevant", a commenté la patronne des Ecologistes Marine Tondelier, à sa sortie de Matignon.

Reçue en première, Marine Le Pen, cheffe de file des députés RN, a jugé que renoncer au 49.3 était "plus respectueux de la démocratie". Mais elle n'a pas non plus tranché sur la censure, espérant des "ruptures" dans la déclaration de politique générale.

- "Raide" de censurer -

Le renoncement au 49.3 pourrait néanmoins retarder le couperet.

Le patron du Parti communiste Fabien Roussel trouve ainsi "raide" de censurer d'emblée un gouvernement qui renonce à utiliser cet outil. Il s'est toutefois dit "déçu par l'absence d'ouverture sur" les retraites après son entretien à Matignon.

LFI entend pour sa part toujours déposer une motion de censure "dès la nomination" du gouvernement. "On ne te croit pas, tu n'as pas l'intention de gouverner sans nous forcer, le moment venu", a lancé le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon à l'adresse du locataire de Matignon.

Le camp présidentiel a, lui, salué la décision de renoncer au 49.3, à commencer par Elisabeth Borne, qui y a pourtant recouru 23 fois comme Première ministre.

Le patron des Républicains et ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau a en revanche craint que ce renoncement ne conduise à "une coalition des démagogues" pour faire adopter un budget "contraire aux intérêts supérieurs de notre pays". Il avait prévenu la veille qu'"à ce stade", la participation de LR au gouvernement n'était "pas acquise du tout".

Le renoncement au 49.3, si l'Assemblée nationale ne parvient pas à se mettre d'accord, pourrait conduire le gouvernement à passer le budget par ordonnances, a souligné de son côté une source parlementaire.


Raphaël Glucksmann, le vent dans le dos, mais sans convaincre le reste de la gauche

Raphaël Glucksmann, positionné sur une stratégie de rupture avec La France insoumise, a le vent en poupe pour 2027 selon les sondages, mais le leader de Place publique doit encore s'imposer dans le débat politique national et convaincre le reste de la gauche. (AFP)
Raphaël Glucksmann, positionné sur une stratégie de rupture avec La France insoumise, a le vent en poupe pour 2027 selon les sondages, mais le leader de Place publique doit encore s'imposer dans le débat politique national et convaincre le reste de la gauche. (AFP)
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  • Un sondage critiqué par la gauche sur sa méthode, mais qui conforte Raphaël Glucksmann dans sa "stratégie de rupture claire" avec La France insoumise, même s'il se refuse encore à officialiser sa volonté de concourir à l'élection
  • Le patron du Parti socialiste Olivier Faure, qui se verrait bien lui aussi sur la ligne de départ, n'en fait pourtant pas le prétendant naturel de la gauche: Raphaël Glucksmann "n’est pas le candidat des socialistes"

PARIS: Raphaël Glucksmann, positionné sur une stratégie de rupture avec La France insoumise, a le vent en poupe pour 2027 selon les sondages, mais le leader de Place publique doit encore s'imposer dans le débat politique national et convaincre le reste de la gauche.

Alors que se tiennent samedi et dimanche à La Réole (Gironde) les Rencontres de Place Publique, l'eurodéputé est auréolé d'un sondage Ifop qui le place en situation de concurrencer Édouard Philippe et lui laisse entrevoir une qualification au second tour de la présidentielle.

Un sondage critiqué par la gauche sur sa méthode, mais qui conforte Raphaël Glucksmann dans sa "stratégie de rupture claire" avec La France insoumise, même s'il se refuse encore à officialiser sa volonté de concourir à l'élection.

Le patron du Parti socialiste Olivier Faure, qui se verrait bien lui aussi sur la ligne de départ, n'en fait pourtant pas le prétendant naturel de la gauche: Raphaël Glucksmann "n’est pas le candidat des socialistes", ni celui "du reste de gauche", a-t-il asséné jeudi en marge de la manifestation parisienne.

Et pour cause, Raphaël Glucksmann refuse de participer au processus d'union pour 2027 - initié notamment par les Écologistes et le PS -, qui devrait passer par une primaire.

Il argumente que les Écologistes ont aussi invité LFI, alors que l'eurodéputé de 45 ans défend une ligne social-démocrate émancipée de la gauche radicale, dont il critique notamment les positions sur l'Ukraine, la Russie, la Chine, et le rapport à la démocratie.

"Si on fait une primaire avec Jean-Luc Mélenchon, ça veut dire qu'on imagine que s'il gagne on va se battre derrière lui. Dans ce moment de l'histoire, je dis non", a-t-il expliqué le weekend dernier à la patronne des Écologistes Marine Tondelier, qui sera présente à La Réole.

Cette dernière rétorque que les insoumis ont déjà clairement rejeté toute primaire, et qu'en installant le duel avec Jean-Luc Mélenchon, Raphaël Glucksmann risque de faire gagner le RN.

L'eurodéputé se veut pourtant en première ligne dans le combat contre l'extrême droite.

Mais il plaide pour la "clarté" politique, et pour qu'il y ait deux offres politiques à gauche, puisqu'elles sont selon lui "irréconciliables".

"François Mitterrand, quand il a gagné en 1981, ce n’était pas sur la base d’une union avec les communistes, mais d’un rapport de force", rappelle l'essayiste qui veut s'imposer dans les sondages pour incarner le vote utile.

"Mon angoisse, ce n’est pas que la gauche soit désunie, c'est qu’elle plafonne à 25 %", avance-t-il, espérant attirer un électorat plus centriste.

"Raphaël est désormais une voix qui compte", veut croire un de ses proches, soulignant qu'"il a été invité par le Premier ministre Lecornu". "Personne ne l'a pris au sérieux quand il a dit qu'il voulait créer un parti de masse, mais on a 12.000 adhérents", ajoute un député de Place publique.

Pas de leadership 

Mais les critiques fusent à gauche.

Les Insoumis, qui en ont fait leur premier opposant, le décrivent comme "un nouveau Macron".

Et si l'ex-ministre Aurélie Filippetti vient d'annoncer son ralliement à Place publique, socialistes et écologistes soulignent que l'eurodéputé ne dispose que de deux députés et deux sénateurs, et peine à s'imposer dans le débat.

"Personne ne sait réellement ce qu'il pense sur de nombreux sujets nationaux", remarque une élue écologiste, qui ne sent "pas une Glucksmann mania" autour d'elle.

"Je ne vois pas comment il incarne la rupture avec le macronisme, c’est quand même la gauche caviar", assène la même, réitérant le procès en parisianisme qui poursuit le fils du philosophe André Glucksmann.

Le compagnon de la journaliste Léa Salamé a tout de même les faveurs de certains socialistes pour 2027, même si d'autres remarquent qu'il n'a pas "une position centrale" à gauche pour rassembler.

Une macroniste avoue ne pas croire "une seule seconde qu’il sera candidat". Elle rappelle qu'au soir de la dissolution, alors qu'il était arrivé en tête des européennes, il n'avait "pas pris le leadership" à gauche, se laissant imposer l'accord du Nouveau Front populaire, avec LFI.

"C’est un type sympa, brillant, un excellent porte-parole, mais profondément pas un homme politique, il en a fait la démonstration ce jour-là".


Lecornu reçoit le PS et le RN, clefs de sa survie

Sébastien Lecornu après avoir assisté à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
Sébastien Lecornu après avoir assisté à la présentation du supercalculateur Asgard au Mont Valérien à Suresnes, près de Paris, le 4 septembre 2025. (AFP)
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  • Sébastien Lecornu tente ce vendredi de convaincre les socialistes de ne pas voter la motion de censure contre son gouvernement, faute de majorité à l’Assemblée
  • Si les socialistes maintiennent leur opposition, l’avenir du gouvernement pourrait dépendre de l’abstention du Rassemblement national

PARIS: Sébastien Lecornu convaincra-t-il les socialistes de ne pas le censurer ? Le Premier ministre les reçoit vendredi matin, ainsi que le Rassemblement national, pour un rendez-vous de la dernière chance, au lendemain d'une mobilisation syndicale qui s'est essoufflée.

"C'est le D-Day", glisse un proche du président Emmanuel Macron, qui avait demandé à son Premier ministre de "travailler" avec les socialistes dans le but d'obtenir leur bienveillance pour faire passer le budget. Sans succès jusqu'à présent.

Si le nouveau locataire de Matignon ne parvenait pas à les dissuader d'une censure, promise déjà par tous les autres partis de gauche, son sort se retrouverait entre les mains de l'extrême droite. Le RN détient le plus gros groupe à l'Assemblée nationale, où Sébastien Lecornu, comme ses prédécesseurs, reste privé de majorité.

Le Premier ministre reçoit à 09H00 Marine Le Pen, la cheffe de file des députés RN, sans Jordan Bardella, puis à 10H30 Olivier Faure, premier secrétaire du PS, avant Les Ecologistes et le PCF. LFI a de son côté toujours refusé de le rencontrer.

Jeudi, les responsables socialistes ont battu le pavé avec les syndicats pour tenter de peser sur le budget, en réclamant une nouvelle fois davantage de "justice sociale". Mais les défilés étaient plus clairsemés que ceux du 18 septembre, altérant le rapport de force qu'ils souhaitent instaurer.

- "En deçà" -

Pendant cette journée de mobilisation, Sébastien Lecornu a suggéré de nouvelles mesures en faveur des salariés (défiscalisation et allègement des charges sociales sur les heures supplémentaires, rétablissement de certaines dispositions de la prime Macron...).

Dans un courrier aux syndicats rendu public mercredi, il a aussi promis de reprendre une disposition pour les femmes issues du conclave sur les retraites.

Mais il a écarté leurs principales revendications: la taxe Zucman sur les hauts patrimoines, le rétablissement de l'Impôt sur la fortune (ISF) ou la suspension de la réforme des retraites.

Au final, "c'est très en deçà de ce que nous attendons", a réagi le patron du PS Olivier Faure, même s'il souhaite encore "donner sa chance" au Premier ministre vendredi.

Echaudés par l'échec du conclave sur les retraites, après que son lancement avait permis à l'ex-Premier ministre François Bayrou d'obtenir la neutralité du PS, les socialistes attendent cette fois un "changement majeur d'orientation" du futur gouvernement.

Sébastien Lecornu, un proche d'Emmanuel Macron, ne veut pas non plus perdre la droite dans sa fragile coalition gouvernementale.

- "Dégagisme" -

Il a reçu jeudi le patron des Républicains et ministre démissionnaire de l'Intérieur Bruno Retailleau, juste après la FNSEA, premier syndicat agricole.

"A ce stade, la participation de la droite au gouvernement n'est pas acquise du tout", a prévenu le président de LR juste après ce rendez-vous alors que Sébastien Lecornu est en train de finaliser son équipe.

Si le compromis n'est pas possible avec les socialistes, le Premier ministre se tournera-t-il vers le RN comme Michel Barnier à la fin de l'année dernière ?

"C'est un parti populiste qui veut le désordre", estime un ancien ministre macroniste qui ne croit pas à l'indulgence du RN, parti grâce auquel son camp a tout de même ravi jeudi la tête de quasiment toutes les commissions de l'Assemblée nationale, dont deux à la gauche, grande perdante de la bataille des postes-clés qui s'est jouée sur deux jours au Palais Bourbon.

A l'Elysée, on considère que le RN se range désormais comme LFI du côté du "dégagisme" et qu'il est hors de question de rechercher des accords avec lui, selon un proche du président.

Le parti d'extrême droite reste flou sur ses intentions, et a indiqué qu'il ne prendra position qu'après la déclaration de politique générale que Sébastien Lecornu prononcera lundi ou mardi.

Le député du Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy a soufflé le chaud et le froid, affirmant que son parti ne censurerait pas le gouvernement s'il y a dans son budget des baisses d'impôts et de dépenses.