Trump ouvre la voie à un achat "sous conditions" de TikTok par Microsoft

L'acquisition sera soumise "à une évaluation complète et devra apporter des bénéfices économiques (...) au Trésor américain" a déclaré Microsoft (Photo, Cindy ORD/AFP)
L'acquisition sera soumise "à une évaluation complète et devra apporter des bénéfices économiques (...) au Trésor américain" a déclaré Microsoft (Photo, Cindy ORD/AFP)
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Publié le Mardi 04 août 2020

Trump ouvre la voie à un achat "sous conditions" de TikTok par Microsoft

  • "Une part substantielle va devoir aller dans les caisses des Etats-Unis, parce que nous faisons en sorte que cette transaction soit possible", a affirmé Trump
  • Vendredi soir, Donald Trump s'était opposé à un rachat, même par une entreprise américaine

SAN FRANCISCO: Après avoir soufflé le chaud et le froid, Donald Trump s'est finalement déclaré favorable à un rachat rapide par Microsoft de TikTok, propriété du Chinois ByteDance, tout en exigeant qu'une partie de la transaction soit versée dans "les caisses de l'Etat". Le président américain, qui accuse la très populaire application d'espionner ses utilisateurs pour le compte de la Chine, avait annoncé vendredi qu'il la bannissait totalement des Etats-Unis.
TikTok "fermera le 15 septembre à moins que Microsoft ou une autre entreprise américaine soit en mesure de l'acheter et de trouver un accord", s'est-il ravisé lundi. Il a ajouté qu'une partie de la somme négociée devait revenir au Trésor. "Une part substantielle du prix va devoir aller dans les caisses des Etats-Unis, parce que nous faisons en sorte que cette transaction soit possible", a-t-il dit à la presse à la Maison Blanche. "Ils n'ont aucun droit à moins qu'on le leur donne", a-t-il insisté.
Le message semblait avoir été reçu cinq sur cinq par Microsoft. L'acquisition sera soumise "à une évaluation complète de la sécurité et devra apporter des bénéfices économiques aux Etats-Unis, y compris au Trésor américain", avait déjà indiqué la société de Seattle dimanche.
Il faut dire que, vendredi soir, Donald Trump s'était opposé à un rachat, même par une entreprise américaine. Le patron de Microsoft, Satya Nadella, s'est entretenu dimanche avec lui, et est visiblement parvenu à l'amadouer.
Appli et diplomatie
Dans un contexte de tensions politiques et commerciales avec la Chine, Washington accuse depuis des mois la plateforme d'être utilisée par le renseignement chinois à des fins de surveillance. 
"Pour des raisons de sécurité, il ne faut pas être contrôlé par la Chine. Ils sont trop grands, trop envahissants", a assené le locataire de la Maison blanche.
TikTok a toujours fermement nié tout partage de données avec Pékin.
Le réseau social, très utilisé par les 15-25 ans, compte environ un milliard d'utilisateurs dans le monde qui créent et partagent de courts clips généralement musicaux, décalés ou humoristiques. ByteDance opère une application séparée en Chine, sur le même principe.
"TikTok pourrait être forcé de vendre ses activités américaines", a admis Zhang Yiming, le fondateur du groupe chinois, dans un courriel envoyé à ses employés et cité par le quotidien officiel Beijing Daily lundi. Le ministère chinois des Affaires étrangères a de son côté accusé Washington d'hypocrisie.
"Sous couvert d'une notion abusive de sécurité nationale, et sans preuves, les Etats-Unis (...) menacent des entreprises", s'est emporté le porte-parole Wang Wenbin.
"Cela va contre le principe de l'économie de marché et démontre leur hypocrisie (...) en termes de préservation des soi-disant (principes) d'impartialité et de liberté", a-t-il ajouté.
Si la transaction a lieu, Microsoft possèdera et dirigera le réseau social aux Etats-Unis, au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande. 
Le géant informatique a promis de "s'assurer que toutes les données des utilisateurs américains de TikTok soient transférées et restent aux Etats-Unis".
Exercice d'évacuation incendie
Plusieurs démocrates ont manifesté leur approbation. "Si Microsoft achète TikTok, tout le monde est gagnant", a tweeté Andrew Yang, l'ancien candidat à l'investiture de son parti pour la présidentielle.
Microsoft, dont le titre a pris plus de 5% à Wall Street lundi, aurait ainsi une chance de percer sur le marché très prisé des réseaux sociaux, même si les observateurs restent prudents.
Les aventures du groupe hors des marchés professionnels "ont eu des résultats mitigés, au mieux", remarque Rich Greenfield, analyste chez LightShed. "Pensez à Skype, Mixer, Hololens, Linkedin et même Minecraft, qui n'a pas pris l'ampleur qu'il aurait pu avec un autre acheteur".
Fin juin, la société a fermé sa plateforme de streaming de jeux vidéo Mixer, laissant le champ libre au géant du secteur Twitch (Amazon) et à ses deux rivaux, YouTube Gaming et Facebook Gaming.
"Ce n'est pas un mauvais propriétaire pour TikTok, mais nous ne pensons pas qu'avec Microsoft aux manettes l'appli va représenter une menace plus importante à l'égard de Snapchat, Facebook et Twitter (...)", a commenté Rich Greenfield.
L'analyse note aussi les incertitudes en termes de marchés - comment diviser un réseau social international par pays? - et aussi celles liées au contexte politique.
"Nous ne pouvons pas nous empêcher de nous demander si un gouvernement Biden (le candidat démocrate à la présidentielle de novembre aux Etats-Unis) ne donnerait pas plus de temps à ByteDance pour trouver la meilleure transaction possible, au lieu de ce qui ressemble en ce moment à un exercice d'évacuation incendie".
 


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
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  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
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  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
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  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.